Matton, Roger | l'Encyclopédie Canadienne

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Matton, Roger

Roger Matton. Compositeur, professeur, ethnomusicologue (Granby, Québec, 18 mai 1929- Québec, 7 juin 2004 ).

Matton, Roger

Roger Matton. Compositeur, professeur, ethnomusicologue (Granby, Québec, 18 mai 1929- Québec, 7 juin 2004 ). Après avoir étudié le piano et l'écriture avec sœur Yvette Dufault (1941-1943), il entre au Conservatoire de musique du Québec à Montréal où il travaille sous la direction de Claude Champagne (composition), Gabriel Cusson (formation auditive), Isabelle Delorme (solfège, harmonie) etArthur Letondal (piano). Il poursuit ses études à Paris avec Andrée Vaurabourg-Honegger, d'abord en cours particuliers (1950) puis à l'École normale de musique (1952-1953). Nadia Boulanger lui enseigne aussi l'analyse, le contrepoint, et la composition en cours particuliers (1952-1955), et il fréquente au Conservatoire de Paris la classe d'analyse d'Olivier Messiaen (1950, 1953-1954). Il reçoit, en 1954, une bourse de la Fondation du Canada.

Études de musique folklorique
De retour à Montréal en 1955, il écrit de la musique de scène pour la radio et la télévision de la SRC. À la fin de cette année, il s'établit définitivement à Québec. Déjà sensibilisé à la musique folklorique lors de ses études avec Champagne, il fait en 1956 un stage d'études et d'apprentissage au Musée national du Canada (Musée canadien des civilisations) auprès de Marius Barbeau avant d'entrer aux Archives de folklore de l'Université Laval à titre de recherchiste et d'ethnomusicologue (1956-1976). De 1957 à 1959, il procède à la transcription musicale de près de 300 chansons acadiennes, enregistrées sur bande par Dominique Gauthier, dont 70 sont publiées dans Chansons de Shippagan (Archives de folklore, vol. XVI, Québec 1975), ouvrage dont Matton rédige l'introduction. Les enregistrements Acadie et Québec (1959, RCA LCP-1020 et RCA CGP-139) et Documents d'enquête (1974, Cible RQA-2) sont réalisés sous sa direction. Il poursuit cependant son activité de compositeur et la plupart de ses œuvres subissent dans une certaine mesure l'influence de ce contact avec le folklore, notamment le Concerto pour deux pianos et percussion, L'Escaouette et L'Horoscope (deux commandes de la SRC), ainsi que le Te Deum.

Professeur
Parallèlement, il enseigne à l'Université Laval, d'abord la composition (Alain Gagnon est son élève) et l'histoire de la musique contemporaine (1960-1963) à l'École de musique, puis l'ethnomusicologie (1963-1989) au département d'études canadiennes et au département d'histoire.

Compositeur
La pensée de Matton face à l'écriture contemporaine est révélée au critique Marc Samson : « Ma musique, je l'écris pour qu'elle soit écoutée et non pas pour le papier. Pour cela, je fais appel à la mémoire auditive, aux limites de la mémoire auditive, et à l'acoustique. Car je crois aux vertus acoustiques de la musique, non pas à des données cérébrales » (Le Soleil, Québec, 19 décembre 1970). Serge Garant dit de son Concerto pour deux pianos et orchestre, dédié au duo Bouchard et Morisset, qu'« il est d'une admirable écriture. On y trouve l'agressivité, le dynamisme, et ce lyrisme vrai, jamais sentimental, qui caractérise si bien sa musique. Assez près de Bartók, la musique de Matton demeure traditionnelle. La rythmique, l'écriture pianistique et orchestrale appartiennent encore au monde sonore pré-webernien » (Journal des Jeunesses musicales du Canada, janvier 1966).

Orchestrateur aux ressources nombreuses et variées, sa production est en majeure partie pensée en fonction d'un grand effectif instrumental. « Sa musique se caractérise par un style très original, d'un rythme vibrant, un sens sûr de la composition symphonique et une expression qui, tout en étant tout à fait moderne, conserve une charpente de tonalité » (Trente-quatre biographies). Son Mouvement symphonique II, commande de l'Orchestre symphonique de Montréal pour sa tournée européenne de 1962, est créé à Montréal puis joué à Moscou, Leningrad et Kiev. C'est probablement l'une des premières œuvres symphoniques d'un compositeur canadien à être exécutée en Union soviétique. Son monumental Te Deum, écrit en 1967 en vue de l'inauguration du Grand Théâtre de Québec, est cependant créé lors du 65<sup>e</sup> anniversaire de l'Orchestre symphonique de Québec. Il est chanté en Europe en 1969, par le chœur et l'orchestre de l'Office de la radiodiffusion-télévision française, puis repris lors du 125e anniversaire de l'Université Laval (1977). Le Te Deum est suivi d'une période de silence de sept ans après laquelle le Mouvement symphonique III (commande du Grand Théâtre de Québec) est créé en 1974. Le Mouvement symphonique IV est au programme de l'Orchestre symphonique de Québec en 1980 et de l'Orchestre symphonique de Montréal en 1983. En 1984, l'organiste Claude Lagacé crée son œuvre Tu es Petrus à l'occasion de la visite du pape Jean-Paul II à Québec. Ces dernières années, Matton est peu entendu pour cause de maladie, mais ses œuvres continuent d'être interprétées.

Prix et enregistrements
Matton se vot décerner le Prix de création musicale canadienne au Congrès du spectacle (1965) et, l'année suivante, l'enregistrement de son Concerto pour deux pianos (voir Pianistes et duettistes) et orchestre par le duo Bouchard-Morisset remporte le Prix Pierre-Mercure lors du Festival du disque. Matton reçoit également le Prix de musique Calixa-Lavallée 1969. Il est le récipiendaire en 1975 du prix Lynch-Staunton du Conseil des arts du Canada. En 1977, il est nommé membre d'honneur de la Chorale Elgar de Montréal, et en 1984, officier de l'Ordre du Canada. Le 8 septembre 1977, la SRC diffuse un documentaire sur Matton. RCI lui consacre un coffret de sa collection Anthologie de la musique canadienne, paru en 1987 (5-ACM 29). Plus récemment, son Concerto for Two Pianos and Orchestra est enregistré par Leslie Kinton, James Anagnoson et l'Orchestre symphonique de Kitchener-Waterloo (CBC Records SMCD 5120). Matton est compositeur agréé du Centre de musique canadienne et membre de la Ligue canadienne des compositeurs.

Compositions (Sélection)

Orchestre
Danse lente (Gymnopédie) : 1947 (Sherbrooke 1947); orch chamb; ms.

Pax : 1950; grand orch; ms.

Mouvement symphonique I : 1960 (Québec 1960); grand orch; Ric 1978; RCI 454 et 5-ACM 29 (Orchestre symphonique de Québec).

Mouvement symphonique II (Musique pour un drame) : 1962 (Mtl 1962); grand orch; Ric 1979; RCI 230, RCA LSC-2980, Vic VICS-1040, Mel SMLP-4039 et 5-ACM 29 (OSM), Bell 1987 (O du Conservatoire de musique du Québec).

Mouvement symphonique III : 1974 (Québec 1974); grand orch; ms.

Mouvement symphonique IV : 1978 (Québec 1980); grand orch; Ric 1982; 5-ACM 29 (OSM).

Voir aussi L'Horoscope.

Soliste(s) et orchestre
Concerto : 1948 (Mtl 1948); sax, orch cdes; ms.

L'Escaouette (traditionnel acadien) : 1957 (Mtl 1957); sop, mezzo, tén, bar, SATB, grand orch; ms; CBC SMCD-5090 (Orchestre métropolitain).

Concerto : 1964 (Québec 1964); 2 p, orch; ms; CRI SD-317, Cap SW-6123 et 5-ACM 29 (V. Bouchard).

Te Deum (F.-A. Savard) : 1967 (Québec 1967); bar, SATB, orch, bande; ms; RCI 290, Sel SSC-24.188 et 5-ACM 29 (R. Savoie).

Musique de chambre
Étude : 1946; cl, p; ms.

Esquisse : 1949; quat cdes; ms.

Concerto : 1955; 2 p, perc; ms; RCI 145 et 5-ACM 29 (J. Dufresne), RCI 442 (D. Morton).

Clavier
Berceuse : 1945; p; ms; RCI 135 et 5-ACM 29 (J. Dufresne).

Danse brésilienne : 1946 (rév orch 1971); 2 p (orch); Dob-Yppan 1986 (2 p); (2 p) RCI 145 et 5-ACM 29 (J. Dufresne), RCI 442 (D. Morton).

Trois Préludes : 1949; p; Dob-Yppan 1985; RCI 135 et 5-ACM 29 (J. Dufresne).

Suite de Pâques : 1952; org; Ostiguy 1985; RCI 481 (H. McLean), 5-ACM 29 (Arel).

Tu es Petrus : 1984; org; Ex Arte 1986; 5-ACM 29 (Arel).

Écrits

« J'étais élève de Claude Champagne », Culture vivante, II (déc. 1968).

« Mouvement symphonique no 2 de Roger Matton », VM, XVII, sept. 1970).

Bibliographie

Noël BISBROUCK, « À "L'Heure du concert", un compositeur canadien : Roger Matton », SemRC, XV (20-26 fév. 1965).

« Un musicien canadien, Roger Matton », Culture information (20 juil.-20 août 1966).

Helen WEINZWEIG, « La Vie créatrice de Roger Matton », CompCan, XXXIII (oct. 1968).

Maryvonne KENDERGI, « Roger Matton : Te Deum », CaCM, II (print.-été 1971).

Irène BRISSON, « La Musique de Matton ne suit pas la vogue », ScM, CCIIIC (sept.-oct. 1977).

Juliette BOURASSA-TRÉPANIER, « Roger Matton », Variations, II (sept.-oct. 1978).

SDE Canada Ltée, « Roger Matton », dépliant (1978).

Alan HUSTAK, « Quebec composer incorporated folk melodies », Montreal Gazette (16 juin 2004).

Compositeurs canadiens contemporains.

Dictionary of Contemporary Music.

Lecture supplémentaire