Mon Pays | l'Encyclopédie Canadienne

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Mon Pays

Composée à l’origine pour l’indicatif musical d’un film, la chanson intitulée Mon pays, de Gilles Vigneault, exprime le nationalisme, la solidarité et l’attachement aux paysages nordiques, et a été adoptée comme hymne québécois.
<em>Mon Pays</em> par Gilles Vigneault

Contexte et signification

Gilles Vigneault est mandaté par l’Office national du film du Canada pour écrire l’indicatif musical du film d’Arthur Lamothe sorti en 1965, La neige a fondu sur la Manicouagan. Gilles Vigneault écrit à la fois les paroles et la musique, et achève la chanson en 1964. Chanson phare du répertoire québécois, celle-ci prend rapidement une connotation politique. Dans son ouvrage La chanson québécoise, Benoît L’Herbier la décrit comme « un hymne québécois, s’il en est un, que l’on fredonne avec orgueil et fierté ». Cependant, Gilles Vigneault démentira constamment avoir eu l’intention de composer un hymne québécois.

La phrase d’ouverture (« Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver ») illustre bien la dimension métaphorique de la chanson. Gilles Vigneault évoque le vent, le froid, la neige et la glace, faisant du climat du nord du Québec une métaphore de son isolement culturel. Mais « Dans ce pays de poudrerie », l’auteur se jure de demeurer fidèle et hospitalier, comme son père avant lui, qui y fait bâtir sa maison : « La chambre d’amis sera telle qu’on viendra des autres saisons pour se bâtir à côté d’elle ». Il évoque également dans le deuxième couplet la solitude des grands espaces et l’idéal de fraternité et de solidarité. Puis, Gilles Vigneault conclut par ces paroles : « Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’envers d’un pays qui n’était ni pays ni patrie. Ma chanson ce n’est pas une chanson, c’est ma vie. C’est pour toi que je veux posséder mes hivers ».

Disques et publications

« Mon pays » figure sur les 33 tours À la Comédie-Canadienne (1965), Mon Pays (1966) et Les Grands Succès de Gilles Vigneault (1971), et sur les compilations Les Chansonniers du Québec, J’ai vu le loup, le renard et le lion et Les Chansons d’or du Québec. Le texte seul est publié dans l’ouvrage Avec Les Vieux Mots (1964), un recueil des poèmes de Gilles Vigneault. Les paroles et la musique de la chanson paraissent dans le livre de chants d’Edith Fowke, Canadian Vibrations. La partition (harmonisation et arrangements de Gaston Rochon) est publiée par les Éditions du Vent qui vire.

Mon pays II

Gilles Vigneault compose une seconde version de la chanson, Mon pays II, publiée à l’origine par la même maison d’édition (toujours avec l’harmonisation et les arrangements de Gaston Rochon), puis, en 1969, par l’éditeur français Sibecar. Les paroles de Mon pays II réduisent dans un premier temps le pays à des dimensions minuscules pour le comparer ensuite à une ville, à une province, puis, finalement, à une planète « que sur le bord d’une fenêtre un enfant fait tourner du doigt ».

Reprises

Plusieurs artistes ont enregistré la chanson, parmi lesquels Salome Bey, Neil Chotem (version instrumentale), Roger Doucet, l’Ensemble Claude-Gervaise, Judy Lander (sous le titre My Country), Danielle Licari, Monique Leyrac, Ginette Reno, Gaston Rochon, Catherine Sauvage, Michel Louvain, Michèle Richard et René Simard. André Gagnon utilise la musique de la chanson dans le premier mouvement du quatrième de ses concertos intitulés Mes quatre saisons. La chanteuse acadienne Patsy Gallant enregistre une version disco en français et une en anglais sous le titre From New York to L.A., avec des paroles complètement différentes de celles de l’original. Cette version, désavouée par Gilles Vigneault, est un succès international en 1976.

Récompenses et héritage

Mon pays vaut à Gilles Vigneault, entre autres récompenses, le prix Félix-Leclerc, qui lui est remis lors du Festival du disque de Montréal (1965). Pour son interprétation de la chanson de Gilles Vigneault, Monique Leyrac remporte en 1965 le Grand prix du Festival international de la chanson de Sopot, en Pologne. En 1987, Mon pays est élue meilleure chanson québécoise lors d’un concours organisé par Radiomutuel. En 2006, la chanson est introduite au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens.

Paroles

Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver
Mon jardin ce n’est pas un jardin, c’est la
plaine
Mon chemin ce n’est pas un chemin, c’est la neige
Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver

Dans la blanche cérémonie
Où la neige au vent se marie
Dans ce pays de
poudrerie
Mon père a fait
bâtir maison
Et je m’en vais être
fidèle
À sa manière, à son modèle
La chambre d’amis sera
telle
Qu’on viendra des autres saisons
Pour se bâtir à côté d’elle

Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver
Mon refrain ce n’est pas un refrain, c’est
rafale
Ma maison ce n’est pas ma maison, c’est
froidure
Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver

De mon grand pays
solitaire
Je crie avant que de
me taire
À tous les hommes de la terre
Ma maison c’est votre maison
Entre mes quatre murs de glace
Je mets mon temps et mon
espace
À préparer le feu, la place
Pour les humains de l’horizon
Et les humains sont de ma race

Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver
Mon jardin ce n’est pas un jardin, c’est la plaine
Mon chemin ce n’est pas un chemin, c’est la neige
Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver

Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’
envers
D’un pays qui n’était ni pays ni
patrie
Ma chanson ce n’est pas une chanson, c’est ma vie
C’est pour toi que je veux
posséder mes hivers