Grace Susan Shewan Major (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Grace Susan Shewan Major (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.


Grace Shewan
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De gauche à droite: Grace Shewan (née Major), Vivienne Hawke et Vi (assise, nom inconnu) à l'extérieur de leur cantonnement à Overstand, Angleterre, en 1945.
Grace Shewan
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Article de journal mentionnant les efforts de Grace Shewan (née Major) et des autres WAAF opératrices radars qui ont aidé à envoyer de la nourriture aux civils hollandais.
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De gauche à droite: Hilda, Grace Shewan (née Major) et Sylvia, en 1942. Elles sont restées bonnes amies dans la vie civile.
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De gauche à droite: Vi, Grace Shewan (née Major) et Jean en uniforme de combat à Norfolk, Angleterre, été 1945.
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Mariage de Grace et Arnold Shewan le 1er mars 1944. Ils se sont mariés dans la chapelle d'une église qui a été bombardée à Greenwich, Angleterre. La petite soeur de Grace apporte ici aux mariés un fer à cheval porte-bonheur.
Grace Shewan

Transcription

En Angleterre, à 19 ans, tout le monde nous voulait partout. Nous avions une entrevue avec quelqu’un qui s’assurait que nous allions contribuer à l’effort de guerre, travailler dans une usine ou rejoindre les forces armées. Je l’admets, j’étais comptable et on m’a proposé un poste dans un bureau du gouvernement, ce que je n’ai jamais dit à mes parents. J’ai commencé à vouloir défendre mon pays et j’ai rejoint la Women’s Auxiliary Air Force.

Lorsque je suis entrée dans l’armée de l’air, j’ai pensé que j’allais devenir chauffeuse et conduire tous les gros bonnets. Quoi qu’il en soit, après les tests qu’on vous fait passer, notamment celui de QI, ils voulaient que je passe au radar. J’ai bien sûr demandé ce que c’était. J’ai bien aimé être au radar; ensuite j’ai été affectée à Rosehearty (RAF) en Écosse. Il y avait de ces stations radars tout le long de la côte : on pouvait ainsi voir les avions arriver. Au bout d’un an, j’ai suivi un autre cours, celui-là sur le système de navigation Oboe. C’était un autre type de radar.

Oboe nous permettait de demeurer en contact avec les chasseurs-bombardiers de Havilland DH-98 Mosquito. Nous pouvions leur dire exactement où larguer leurs fusées éclairantes, ces fusées spéciales que les Allemands ne pouvaient pas reproduire, sur la cible qu’ils voulaient bombarder. Ils devançaient les bombardiers, larguaient les fusées et s’en allaient, puis les bombardiers venaient derrière eux et bombardaient. Ce sera unanime dans toutes les sources, c’était un tournant dans la guerre de pouvoir faire une telle chose.

Nous avions notre tube, comme ceux des téléviseurs. C’était un indicateur panoramique, nous pouvions voir et entendre où se trouvait le Mosquito, s’il était sur la bonne trajectoire. Le pilote était dans son avion et il pouvait entendre s’il était ou non sur la bonne trajectoire. S’il déviait de sa trajectoire, le son serait différent, par exemple.

C’est le largage de nourriture aux Pays-Bas auquel j’ai participé qui est resté gravé dans ma mémoire. Là, nous disons aux Pathfinders, comme on les appelait dans le journal, un escadron d’élite du Bomber Command de la RAF, exactement où larguer la nourriture. C’est donc eux qui partaient en premier. C’était une aide précieuse et nous l’avons utilisée tous les jours pendant un certain temps. C’était agréable de savoir que nous pouvions aider un peu.

Je me souviens du jour de la Victoire en Europe, car je ne sais pas comment nous en sommes arrivés là, mais tout le monde a décidé de quitter la station, de ne plus travailler et rien de tout ça. Nous étions donc sur la côte est, je crois que nous avons fait du stop jusqu’à York. Nous sommes arrivés sur l’autoroute et nous attendions là, tout un tas de soldats de l’armée de l’air et de l’armée de terre, nous nous tenions tous sur la route et un grand camion à plateforme est arrivé. Énorme. Tout le monde a sauté dessus, on s’est assis sur le côté avec les pieds qui pendaient. Nous sommes allés jusqu’à Londres comme ça. Ça fait ressurgir des émotions chez moi, c’était tout simplement merveilleux. Nous avons traversé une ville et tout le monde criait. C’était vraiment quelque chose.

Je suis descendue à Londres parce que c’était là où j’habitais et où je voulais être. Lorsque tout le monde était parvenu à la maison, les gens ont bien sûr dansé dans les rues et tout le reste. C’était toute une aventure.

En temps de guerre, on ne se préoccupe pas de l’avenir. On vit un peu plus au jour le jour. Je ne me serais probablement pas mariée si tôt si ce n’était parce que mon mari pensait être transféré en France. Donc nous nous sommes mariés à l’avance. Nous avons un peu forcé les choses. On ne pensait pas autant à l’avenir. Le but était d’être avec l’être aimé sur le moment et c’était tout. Ce n’était pas rien. Bien sûr, c’est un peu différent quand il s’agit de quitter la famille.

Mon mari avait fait ses trois ans en Angleterre et, à un moment donné, il était censé être transféré en France, mais à cause d’un autre événement, si je ne m’abuse, le transfert a été annulé. Il avait fait ses trois ans, donc il devait être rapatrié. On m’a alors dit que je pouvais éventuellement venir avec lui. J’ai donc immédiatement présenté mes papiers à de l’armée de l’air pour voir si je pouvais être libérée. Tout roulait comme sur des roulettes, sauf que dès que le jour de la Victoire en Europe est arrivé, on a empêché toutes les mariées d’aller où que ce soit parce qu’ils voulaient renvoyer tous les hommes chez eux. Après la victoire en Europe, l’armée voulait que tous ses hommes reviennent au Canada. C’est donc ce qui a été fait. Ils ont commencé à revenir et on a empêché les épouses de venir.

Mon mari est donc rentré dans sa ville natale de Thames, où je vis maintenant, et je pense que c’était la veille ou le jour même de la Victoire au Japon. Je ne savais pas ce que j’allais faire, je suis restée en contact avec le bureau canadien des épouses de guerre à Londres qui m’a dit ignorer ce qui allait se passer. J’ai donc simplement cherché un emploi et j’ai travaillé en tant que sténodactylo intérimaire. J’ai travaillé pendant six mois avant d’obtenir mon autorisation de séjour.