Série de baladodiffusion Pensionnats indiens épisode 2 : Les expériences des Métis | l'Encyclopédie Canadienne

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Série de baladodiffusion Pensionnats indiens épisode 2 : Les expériences des Métis

Les Métis sont parfois décrits comme le «peuple oublié», particulièrement lorsqu’il est sujet de l’expérience des pensionnats indiens. Dans cet épisode, la Dre Tricia Logan, une historienne métisse et chercheuse au Residential School History and Dialogue Centre de l’Université de la Colombie-Britannique, décrit les expériences complexes et nuancées des élèves métis à l’intérieur du système. Les survivants Linda Blomme, Larry Langille et Louis Bellrose racontent leurs expériences dans le système de pensionnats indiens. Animé par Eve Ringuette, voici Pensionnats indiens : Les expériences des Métis.

Eve Ringuette : Avertissement à nos auditeurs: cet épisode traite d’un sujet pouvant potentiellement déclencher des émotions fortes. Il inclut des témoignages de survivants des pensionnats indiens.

Larry Langille : « Je ne sais pas ce que j’aurais été si je n’avais pas passé par ce système. Je sais que j’aurais eu une certaine éducation.”

ER : Vous venez d’entendre Larry Langille. En 1948, il a été emmené au pensionnat indien de Morley, en Alberta. Près de 60 ans plus tard, il a raconté son histoire à la Fondation autochtone de l’espoir.

LL : “...Je n’ai eu aucune éducation. Je ne peux ni lire ni écrire – ils s’en fichaient… Plus de 150 000 enfants Métis, Inuits et des Premières Nations ont été place en institutions. Des milliers sont morts, soit au pensionnat, soit en conséquence de leurs expériences vécues dans le système."

ER : Bonjour, je suis votre animatrice Eve Ringuette, et vous écoutez « Pensionnats indiens », une série en trois parties, produite par Historica Canada, sur l’histoire et l’héritage des pensionnats indiens. Dans cet épisode, nous discutons des expériences des Métis aux pensionnats indiens.

Dans les années1800, le gouvernement fédéral a commencé à collaborer avec les églises chrétiennes pour mettre sur pied un système de pensionnats indiens à travers le pays. Ces pensionnats religieux, parrainés par le gouvernement, faisaient partie d’un objectif plus considérable: l’assimilation forcée des peuples autochtones et leur intégration à la société euro-canadienne.

TEL : Les Métis étaient considérés, et ce particulièrement par le gouvernement fédéral, comme étant quelque chose qui devait, entre guillemets, « être géré par les provinces ».

ER : Voici docteure Tricia Logan, une historienne métisse. Elle travaille à l’Université de la Colombie-Britannique, au Residential School History and Dialogue Centre. Elle a passé les deux dernières décennies à faire de la recherche et à écrire sur le sujet de l’expérience des Métis dans les pensionnats indiens.

En 1876, le gouvernement a présenté la Loi sur les Indiens. Cette loi lui conférait d’immenses pouvoirs sur la vie et le sort des peuples des Premières Nations du Canada.

Cependant, les Métis n’étaient pas inclus.

TEL : « Alors souvent, les Métis ne recevaient pas le même genre de soutien, de financement ou de services en matière d’écoles et de santé, parce qu’ils se trouvaient dans une espèce de zone grise juridictionnelle, ou parce que les provinces ou le gouvernement fédéral avaient simplement décidé de ne pas les soutenir du tout. »

ER : J’aimerais faire une mention avant que nous allions plus loin: dans les documents historiques, les termes Métis et « Sang-Mêlé » se réfèrent généralement aux peuples autochtones dont la patrie historique s’étend du nord-ouest de l’Ontario vers l’ouest. « Sang-Mêlé » est un terme péjoratif particulièrement utilisé par les entités gouvernementales pour décrire les membres de ce qui est maintenant considéré comme la Nation métisse.

Mais même l’utilisation du terme Métis est complexe. Parmi les personnes ayant été catégorisées comme étant Métis, on en trouve qui ne s’identifie pas nécessairement comme telles.

De 1955 à 1966, Linda Blomme a fréquenté le pensionnat de Pine Creek à Camperville, au Manitoba. Sa mère était métisse et son père était un membre des Premières Nations de la réserve voisine. Linda s’identifie comme une personne visée par un traité.

Linda Blomme : « Nous avions une vie un peu insouciante lorsque nous grandissions à la maison. Ma mère était métisse. Elle venait de Camperville. C’est là qu’elle a grandi. Là-bas, ils parlaient le michif, alors nous avons appris le michif. Et mon autre grand-mère, la mère de mon père, elle ne parlait que le cri, alors nous lui parlions en cri. Nous avons appris le cri. »

ER : Dans les années1900, le gouvernement a classé les enfants métis en trois grandes catégories pour décider qui irait à l’école et où. Écoutons Tricia nous lire un extrait d’une lettre signée par une équipe de responsables scolaires du Manitoba, de la Saskatchewan et de l’Alberta:

TEL : « Les Sang-Mêlés peuvent être regroupés en trois catégories assez bien définies. Premièrement, ceux qui vivent selon des conditions de vie ordinaires et sédentaires rurales, à divers degrés. Deuxièmement, ceux qui vivent selon le mode de vie indien à divers degrés. Et troisièmement, ceux qui — et ils forment la classe la plus démunie de la communauté — sont la progéniture illégitime d’une femme indienne, et n’ont pas été reconnus par un homme blanc. »

ER : Dans un langage plus simple, le gouvernement et l’église ont placé les Métis par catégories…

TEL : « ...donc selon eux, il y avait ceux qui vivaient dans des conditions ordinaires et sédentaires rurales, essentiellement comme les Blancs… ceux qui vivaient selon le mode de vie indien, ou le mode de vie faisant honneur à la communauté métisse, bref ce que le gouvernement considérait comme étant un mode de vie indien… et finalement ceux qui étaient considérés comme des enfants illégitimes. »

ER : Les soi-disant catégories des Métis dépendaient souvent de l’endroit et de la manière dont ils vivaient. Mais ces conditions de vie étaient en fait le résultat des politiques gouvernementales. Les lois privaient les Métis de leurs droits fonciers et forçaient plusieurs d’entre eux à vivre en marge de la société…

TEL : «Concrètement, les réserves routières étaient la portion située entre le bord de la route et l’endroit où la clôture d’un fermier ou les terres de la Couronne commençaient. Les communautés métisses ayant été forcées de quitter leurs communautés ont créé leurs propres communautés, souvent le long de ces réserves routières.

Et donc le peuple métis a souvent été reconnu comme étant le peuple des réserves routières, et ils étaient souvent considérés comme des marginaux en quelque sorte. Et pendant un certain temps, ils ont été désignés comme les peuples oubliés, bien qu’ils étaient souvent très visibles dans ces grandes communautés sur les bords des réserves routières.»

ER : Une grande partie des inscriptions de Métis aux pensionnats indiens n’a pas été enregistrée, principalement parce que plusieurs élèves étaient transférés entre les pensionnats des Premières Nations financés par le gouvernement fédéral et certains pensionnats inuits, afin de remplir les quotas, et au bout du compte, ils étaient renvoyés chez eux.

TEL : « Parfois, ce sont les enfants métis qui faisaient la navette d’un pensionnat indien à l’autre pour augmenter le nombre d’enfants dans un certain pensionnat, parce que plus les pensionnats avaient d’enfants, plus ils recevaient du financement. Et c’est sur cette base que le nombre d’enfants fréquentant votre pensionnat déterminait le fait que vous alliez recevoir plus d’argent… »

ER :Tricia affirme que le système de catégories qui gouvernait la vie des Métis à l’extérieur des pensionnats indiens s’est lentement glissé à l’intérieur de ceux-ci…

TEL : « Il y avait certains jours, lorsqu’un agent des Indiens venait faire une visite, certains se souviennent, des survivants se souviennent d’avoir été vêtus de leur uniforme ce jour-là afin d’être comptés dans les rangs avec les autres enfants. Mais les autres jours. Ils n’avaient pas le droit de se trouver sur les mêmes lieux que tous les autres enfants. »

ER : Linda se souvient très clairement de son arrivée au pensionnat indien.

LB : «Je ne sais pas combien de marches il y avait pour monter au bureau. C’est mon père qui m’y a emmenée. J’étais de son côté droit et mon frère était de son côté gauche. Je me souviens d’être fière, d’être heureuse, d’être fière de qui j’étais. Et je me souviens de marcher la tête haute, et je n’avais que 5 ans. Eh bien, cela n’a pas duré très longtemps parce qu’une fois à l’intérieur, ça s’est arrêté là.»

ER : La série de baladodiffusion sur les Pensionnats indiens fait partie d’une plus vaste campagne de sensibilisation créée par Historica Canada et financée par le gouvernement du Canada dans l’esprit de réconciliation présenté par la Commission de vérité et réconciliation du Canada. En plus de la série de baladodiffusion, Historica Canada propose également une série de vidéos, un guide pédagogique et plusieurs nouveaux articles dans L’Encyclopédie canadienne sur l’histoire et l’héritage des pensionnats. Consultez le site Web encyclopediecanadienne.ca pour plus d’informations.

Alors que les enfants métis servaient à remplir les quotas des autres pensionnats, les pensionnats spécifiques aux Métis étaient financés de façon irrégulière par le gouvernement.

Des installations et un personnel médiocres, de la malnutrition et des maladies répandues, ces choses étaient courantes dans les pensionnats indiens, mais les survivants métis se souviennent avoir été traités différemment par le personnel, et même par leurs camarades de classe.

Au milieu des années1940, au moment où Louis Bellrose se trouvait au pensionnat indien de St-Bernard, les élèves métis constituaient la moitié de l’ensemble des élèves de l’école.

Il se souvient que le personnel lui avait donné un nom particulier…

Louis Bellrose : « Quand j’allais au pensionnat, on nous appelait les “externes”. Je ne crois pas que ce soit un mot du dictionnaire ou quoi que ce soit… »

ER : Être un « externe » signifiait que Louis n’était pas autorisé à rester au pensionnat indien la nuit. Peu importait le fait qu’il vivait si loin du pensionnat. Il devait marcher plus de six kilomètres et demi chaque jour.

Mais les enfants métis d’âge scolaire comme Louis n’avaient pas vraiment le choix: ils étaient souvent considérés comme « trop Indiens » pour fréquenter les écoles publiques provinciales, et « trop blancs » pour les pensionnats indiens. Tricia explique que les parents ne disposaient donc que de peu d’options pour l’éducation de leurs enfants.

TEL : «Comme le gouvernement n’était pas disposé à payer pour que ces enfants soient là, ou qu’il ne voulait pas qu’ils soient là, ils ont en quelque sorte demandé aux familles métisses de faire des contributions. »

ER : Parfois, cela signifiait que les élèves devaient passer du temps à traire les vaches ou à pelleter le fumier pendant que les autres élèves étaient en classe.

Certains survivants métis se souviennent même d’avoir dû utiliser les toilettes extérieures en plein hiver alors que les autres élèves utilisaient les installations intérieures.

LB : « Ils nous appelaient les sauvages dans n’importe quelle langue, “sauvages” en français bien sûr, et “savages” en anglais. Ils avaient toutes sortes de noms pour nous. »

ER : Le système de classe à part dont les Métis faisaient partie, selon plusieurs, peut être retracé jusqu’aux résistances de 1869 et de 1885.

À l’automne de 1869, un groupe de cavaliers métis, dirigé par Louis Riel, a affronté une équipe d’arpenteurs qui évaluait les terres à l’ouest de la rivière Rouge en vue de l’arrivée des colons. L’un des cavaliers, certains disent qu’il s’agissait de Louis Riel lui-même, a mis le pied sur la chaîne d’un arpenteur, indiquant ainsi clairement qu’il s’opposait fermement à l’expansion du Canada vers l’ouest.

Comme on le dit, le reste appartient à l’histoire. Les résistances ont donné lieu à l’application de la loi canadienne dans l’Ouest et ont solidifié la perception qu’avait le gouvernement des Métis, ceux-ci étant désormais perçus comme un groupe dangereux et rebelle.

Écoutons à nouveau Tricia.

TEL : « Il y avait beaucoup de correspondance, de préoccupations et de questions de la part du gouvernement sur l’efficacité des pensionnats indiens à créer de bons citoyens canadiens, de bons et loyaux citoyens canadiens. Et donc beaucoup de questions persistaient quant aux communautés métisses et à l’incidence des tentatives d’assimilations sur un peuple métis considéré comme étant, entre guillemets, très rebelle. »

ER : Tricia dit qu’au pensionnat, on a enseigné la résistance de 1885, ainsi que la pendaison de Louis Riel, à certains élèves métis – non pas dans le cadre d’un cours d’histoire, mais pour démontrer les conséquences d’être rebelle.

Pour se protéger, certaines familles métisses sont allées jusqu’à nier leur véritable identité.

TEL : « C’est quelque chose qui arrivait assez souvent dans les communautés métisses, chez les personnes qui s’identifiaient comme étant français, certains disaient que leurs grands-parents étaient italiens... »

ER : Larry Langille se souvient que sa grand-mère lui avait dit quelque chose de semblable...

Larry Langille : « Les gens me regardent d’une drôle de manière, car ils ne réalisent pas que c’est ma culture, parce que je n’ai pas l’air d’être autochtone. J’ai eu beaucoup de chance, ma grand-mère m’a dit que j’ai eu beaucoup de chance. Parce que les gens me regardaient et ils ne le savaient pas. Ils ne le savaient pas...»

ER : Il est à noter ici que la section suivante décrit en détail des cas particuliers d’abus qui pourraient troubler certains auditeurs. Des émotions complexes pourraient surgir. Prenez des pauses et contactez une personne de confiance. Si possible, demandez de l’aide à quelqu’un de bien informé sur les pensionnats et leur héritage. Il peut s’agir d’un aîné, de transmetteurs du savoir autochtones ou d’autres professionnels de la santé de votre communauté.

Au pensionnat indien, tout acte rebelle était souvent sévèrement puni. Larry se souvient d’une occasion en particulier alors qu’il n’avait que six ans.

LL : «J’étais connu comme étant un coureur. Cela veut dire que vous êtes du genre à vous enfuir. Eh bien, ils savaient comment m’empêcher de courir. Il y avait ces longs bancs en bois, et chaque fois qu’on vous prenait à faire quelque chose de mal, vous deviez vous tenir debout sur ces bancs, sur une baguette, avec des bibles dans chaque main. C’était très douloureux. Les religieuses portaient des chaussures à gros talons épais. Elles m’ont cassé cet os dans mon orteil, le gros os. Et elles m’ont dit: “Maintenant, cours”. »

ER : Mais il y a aussi des histoires d’élèves qui ciblaient leurs pairs métis au pensionnat…

Raphael Ironstand est allé au Pensionnat indien de Pine Creek. Il a décrit un incident à la Commission de vérité et réconciliation au cours duquel des pairs cris l’ont brutalement battu.

« Ils m’appelaient “Monias” tout en me disant que l’école était réservée aux Indiens. J’ai essayé de leur dire que je n’étais pas un Monias, je savais que ça signifiait homme blanc, mais que j’étais vraiment un Indien. Et cela a déclenché leur attaque, tous en même temps. J’ai reçu des coups de pied, des coups de poing, j’ai été mordu, et ils m’ont arraché les cheveux par les racines. Mes vêtements étaient déchiquetés, mais soudainement les Cris ont disparu, ils m’ont laissé là, allongé sur le sol, saignant et meurtri. »

Des abus sexuels avaient également lieu entre les étudiants.

Un ancien élève non identifié d’Île-à-la-Crosse a déclaré à la Commission de vérité et réconciliation que la violence physique et sexuelle était courante entre les garçons plus âgés et les élèves plus jeunes dans les dortoirs la nuit.

C’est un comportement appris. Un autre survivant a décrit la manière dont le personnel du pensionnat exploitait la solitude des élèves. Il semblerait que les prêtres et les superviseurs agressaient sexuellement leurs soi-disant « garçons préférés ».

À un moment donné, la famille de Linda Blomme vivait en face du pensionnat indien. Elle se souvient de regarder dehors et d’avoir vu sa mère à la fenêtre de sa maison.

LB : « Je me souviens avoir regardé dehors une fois et je frappais à la fenêtre et elle ne m’entendait pas. Je frappais et frappais parce que j’étais enfermée dans le dortoir pour m’être mal comportée. Je ne sais pas ce que j’avais fait, mis à part d’être une enfant normale. Mais je ne pouvais pas l’être parce que ça me causait des ennuis. »

ER : De nombreux élèves métis pouvaient rentrer chez eux à la fin de la journée, soit parce qu’ils fréquentaient un externat, soit parce qu’ils n’étaient pas autorisés à dormir au pensionnat indien. Le fait qu’ils puissent retourner à la maison pouvait être une bonne chose. Ainsi entourés de leurs familles, certains ont pu conserver leur langue et leur culture.

Mais au pensionnat, nous dit Louis Bellrose, parler sa propre langue avait comme conséquence une punition sévère.

LB : « Il nous était interdit de parler notre langue. Les enseignants l’appelaient la langue du diable. Nous étions très sévèrement punis lorsque nous tentions de parler notre propre langue, notre langue maternelle. »

ER : Malgré ces expériences très réelles et complexes, les Métis sont souvent considérés comme la partie oubliée du système des pensionnats indiens. Lorsque Tricia Logan a commencé à écrire sur les pensionnats indiens à l’université, un professeur lui a dit qu’elle ne pouvait pas inclure les Métis étant donné que seuls les enfants des Premières Nations avaient fréquenté les pensionnats indiens. Mais Tricia savait personnellement que ce n’était pas le cas.

TEL : « Je savais que ma propre famille avait fréquenté des pensionnats indiens, et j’ai rencontré beaucoup de membres de la communauté métisse qui ont également fréquenté les pensionnats, ainsi que certains externats. Et je le savais de par ma propre expérience, ma propre vie et mes propres preuves anecdotiques et les conversations que j’avais eues, je savais sans l’ombre d’un doute que les Métis avaient fréquenté les pensionnats indiens, et qu’il était difficile de trouver les dossiers, et qu’il était difficile de voir des registres de présence… Mais c’est une partie du travail que j’ai fait avec les communautés, de trouver ces histoires. »

ER : Tricia a commencé à travailler sur ce sujet au début des années2000. À bien des égards, elle a donné une voix aux survivants.

Premier Ministre Stephen Harper :“M. le Président, Je me lève aujourd'hui pour présenter nos excuses aux anciens élèves des pensionnats indiens. Le traitement des enfants dans ces pensionnats est un triste chapitre de notre histoire.”

ER : En 2008, au nom du gouvernement fédéral et en présence de survivants et de la Chambre des communes, le premier ministre de l’époque, Stephen Harper, a présenté des excuses officielles aux survivants des pensionnats indiens.

SH : “Le gouvernement du Canada a érigé un système d’éducation dans le cadre duquel de très jeunes enfants ont souvent été arrachés à leur foyer et, dans bien des cas, emmenés loin de leur communauté. Bon nombre d’entre eux étaient mal nourris, mal vêtus et mal logés. Tous étaient privés des soins et du soutien de leurs parents, de leurs grands-parents et de leur communauté. Les langues et les pratiques culturelles des Premières nations, des Inuits et des Métis étaient interdites dans ces écoles.”

ER : Les excuses ont été présentées après la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens. Cependant, de nombreux pensionnats indiens, tout particulièrement les externats et les pensionnats qui comptaient principalement des élèves métis, n’étaient pas inclus dans ce règlement.

TEL : « Au fur et à mesure que le gouvernement fédéral et les représentants des églises se sont impliqués dans ce processus, une ligne a dû être tracée à savoir quels pensionnats seraient inclus et quels pensionnats ne le seraient pas. Et donc beaucoup de lignes ont été tracées selon le financement que les pensionnats ont reçu du gouvernement fédéral. »

ER : Encore une fois, les Métis restaient en marge.

Mais cela a lentement changé. Plus d’une décennie plus tard, en 2019, le gouvernement fédéral a approuvé le règlement d’un recours collectif indemnisant des milliers d’anciens élèves qui ont fréquenté les externats. Plusieurs de ces survivants sont métis.

LB : "Eh bien, quand cette petite boîte de Pandore s’est ouverte pour nous, et je l’appelle ainsi parce que c’est ce que c’était, beaucoup d’entre nous avions mis toutes ces émotions, toutes ces blessures, tous ces souvenirs dans notre propre petite boîte de Pandore. Nous avions jeté la clé. »

ER : Linda n’est pas la seule à avoir essayé d’oublier. Comme Tricia nous le rappelle, il semble que le pays dans son ensemble a tenté de laisser les pensionnats indiens dans le passé.

TEL : « Pendant longtemps, le reste du Canada ne s’est pas vraiment intéressé, ou ne savait pas grand-chose sur l’histoire des pensionnats indiens… »

ER : Mais, dit-elle, tout cela a changé avec la Commission de vérité et réconciliation. Alors que les survivants ont commencé à s’ouvrir et à parler de leurs expériences, le pays s’est trouvé confronté à son propre passé, et à ce que cela signifie dans le temps présent.

TEL : « Quand je pense aux survivants qui offrent leurs histoires à la Commission de vérité et réconciliation, je pense que si nous les écoutons, nous pouvons voir que les histoires de ces survivants ne sont pas prises hors de leur contexte, ce qui signifie qu’à plusieurs reprises, les survivants ont dit: “Vous ne pouvez pas écouter nos histoires sur ce qui nous est arrivé au pensionnat indien sans tenir également compte de ce qui se passe aujourd’hui”. »

ER : Linda a fait écho à ces propos lors de son entrevue avec la Fondation autochtone de l’espoir, il a plus de dix ans.

LB : « Quand ils m’ont demandé de me présenter ici, et m’ont demandé si j’étais disposé à le faire, j’ai pensé que cela fera partie d’un espace où je serai pour toujours, et que cela pourra peut-être aider quelqu’un en cours de route à comprendre ce qu’un parent a vécu, ce que leurs grands-parents ont vécu. J’ai des petits-enfants et je les gâte. Mais je voudrais qu’ils puissent entendre mon histoire un jour. Vous comprenez… alors c’est ce que j’aimerais laisser.»

ER : Dans notre prochain épisode, nous nous pencherons sur les expériences des Inuits aux pensionnats indiens.

Piita Irniq : « Ils ont pris tous nos vêtements traditionnels et pour la première fois, j’ai vu et porté des souliers. Pour la première fois, j’ai vu une paire de jeans. Du jour au lendemain, nous étions devenus des hommes blancs et des femmes blanches, des petits enfants. »

ER : Si vous ou quelqu’un de votre entourage a besoin d’aide ou de soutien immédiat, voici quelques ressources:

Ligne d’écoute nationale — pensionnats indiens: 1-866-925-4419

Ligne d’écoute d’espoir: 1-855-242-3310 (services disponibles en cri, ojibwé, inuktitut, français et anglais)

La Ligne d’écoute d’espoir offre aussi de l’aide en ligne: espoirpourlemieuxetre.ca

Jeunesse, J’écoute 1-800-668-6868

Je suis Eve Ringuette.

La baladodiffusion « Pensionnats indiens » a été écrite et produite par Historica Canada. La série a été rendue possible en partie grâce au financement du gouvernement du Canada.

Merci à Louis Bellrose, Linda Blomme, Larry Langille et à tous les survivants qui ont partagé leurs histoires avec nous.

Un merci tout spécial à nos consultants: Tricia Logan, Larry Chartrand et Guy Freedman.

Merci à la Fondation autochtone de l’espoir pour les témoignages des survivants, à l’Université de Regina pour le livre numérique « Rompre le silence », et à la Commission de vérité et réconciliation pour ses conclusions.

Vérification des faits par Nicole Schmidt.

Abonnez-vous à la série Pensionnats indiens sur Apple Podcasts, Spotify, ou partout où vous écoutez vos balados.

Merci de nous avoir écoutés.


Un merci tout spécial aux survivants Linda Blomme, Larry Langille et Louis Bellrose. Les témoignages des survivants de cet épisode ont été fournis par la Fondation autochtone de l’espoir. Parmi les ressources additionnelles utilisées, on retrouve Rompre le silence, de l’Université de Regina et le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation, Honorer la vérité, réconcilier pour l’avenir.

Merci à nos consultants : Guy Freedman, Métis de Flin Flon et président et associé principal au First Peoples Group, et Larry Chartrand, professeur à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa et coauteur d’Histoire et expériences des Métis et les pensionnats au Canada(2006).

Lectures additionnelles: