Zacharie Vincent dit Telariolin est un artiste autochtone (né le 28 janvier 1815 au village de la Jeune-Lorette, au Québec – appelé autrefois Village-Huron, aujourd’hui la réserve de Wendake; mort le 9 octobre 1886 à Québec). Ses œuvres, peintes dans le grand style européen, sont vendues aux visiteurs de la Jeune-Lorette, aux militaires de la garnison britannique ainsi qu'à certains membres de l’élite politique, tels Lord Elgin et la princesse Louise du Royaume-Uni. Une partie de sa production est aujourd’hui conservée au Musée du Château Ramezay (Montréal), au Musée canadien de l’histoire (Gatineau) et au Musée national des beaux-arts du Québec (Québec), de même que dans les collections privées.
Jeunesse
Zacharie Vincent est issu de la communauté huronne-wendat qui a migré de la région des Grands Lacs durant la seconde moitié du 17e siècle, à la suite d’épidémies et de conflits avec les Iroquois, afin de vivre dans la région de Québec sous la tutelle des missionnaires. Après plusieurs déplacements, les Wendat s’installent définitivement à la Jeune-Lorette en 1697 et y vivent de la chasse et de l’industrie artisanale. Zacharie Vincent est le fils du chef Gabriel Vincent et de Marie Otisse (Otis, Hôtesse). Auprès de la population coloniale, il a la réputation d’être « le dernier Huron de race pure ». En 1845, il épouse une Iroquoise, la veuve Marie Falardeau, qui lui donne 4 enfants : Cyprien (1848-1895), Gabriel (1850-1850), Zacharie (1852-1855) et Marie (1854-1884), lesquels n'auront pas de descendants.
Formation
Étant donné que ses œuvres ne comportent aucune signature, il est difficile d’évaluer son niveau d’alphabétisme, d’autant plus que l’instruction ne devient obligatoire au sein de la communauté de Lorette qu’à partir de 1830, alors qu’il est adolescent. L’artiste demeure toutefois parmi les rares, au 19e siècle, à maîtriser encore la langue wendat. Il jouit ainsi d’une culture orale dont il a sans doute transposé certains codes et rhétoriques dans son œuvre picturale. En 1838, le peintre Antoine Plamondon réalise un portrait de Vincent, alors dans la jeune vingtaine, Le Dernier des Hurons. Ce portrait symbolique permet d’exprimer de manière détournée la crainte qu’ont les Canadiens-français de subir le même sort que les communautés autochtones face aux pressions d’assimilation. L’œuvre véhicule également l’image courante de l’Autochtone : un sujet fragilisé par le métissage et l’envahissement colonial qui est donc voué à disparaître. La même année, l’artiste Henry Daniel Thielcke réalise un portrait de groupe, Présentation d’un chef nouvellement élu au Conseil de la tribu huronne de Lorette, réunissant des membres de la communauté huronne-wendat de la Jeune-Lorette lors de la nomination du militaire Robert Symes comme chef honoraire. Les membres de la chefferie, vêtus du costume protocolaire composé d’une redingote et d’un chapeau haut-de-forme, entourent Symes. Afin de montrer son originalité et sa distinction et d’afficher son héritage culturel, Zacharie Vincent porte alors une couronne d’argent garnie de plumes, un couvre-chef de sa création. Dès lors, il entreprend de remplacer l’image homogène, passive, passéiste et défaitiste de l’Autochtone par une vision positive, optimiste et active.