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Amiante

Le terme amiante vient d'un mot grec qui signifie inextinguible (on lui attribue, à tort, le sens d'incombustible). Dans beaucoup de langues, le terme utilisé pour désigner l'amiante tire son origine du latin amianthus, qui signifie « non contaminé ».

Amiante

Le terme amiante vient d'un mot grec qui signifie inextinguible (on lui attribue, à tort, le sens d'incombustible). Dans beaucoup de langues, le terme utilisé pour désigner l'amiante tire son origine du latin amianthus, qui signifie « non contaminé ». Les deux termes font référence aux propriétés de résistance à la chaleur de l'amiante, lesquelles, combinées au fait qu'il est possible de le tisser afin d'en faire un textile, le rendent irremplaçable pour l'isolation, la protection contre la chaleur, les filtres et la construction.

Amiante est un terme générique, qui désigne deux groupes distincts de silicates : le groupe serpentine et le groupe amphibole. L'amiante est de nature fibreuse (la fibre d'amiante est beaucoup plus longue que large) et comprend six minéraux (voir minéral) exploités pour leurs propriétés physiques (grande résistance à la traction, résistance aux températures élevées et isolation électrique) et chimiques. Le chrysotile est le seul amiante de serpentine. L'amosite, la crocidolite, l'anthophyllite, la trémolite et l'actinolite sont les cinq variétés d'amiante du groupe amphibole. Par le passé, le chrysotile, l'amosite et la crocidolite étaient les trois variétés extraites de façon intensive à des fins commerciales. De nos jours, le chrysotile est le seul amiante extrait pour sa valeur commerciale, bien que l'on pense que la crocidolite serait encore extraite en Afrique du Sud, principalement pour consommation à l'échelle locale et régionale. Aujourd'hui, la plus grande partie du chrysotile produit pour le marché mondial est extraite au Québec. La production mondiale d'amiante a considérablement diminué depuis 1975, et la plupart des pays développés imposent maintenant des restrictions strictes ou des interdictions formelles en ce qui à trait à l'utilisation de l'amiante en raison des problèmes de santé qui y sont reliés.

« Fibre miracle »

Il y a plus de 2000 ans, les Romains utilisaient un tissu d'amiante pour envelopper leurs morts avant de les brûler. À une certaine époque, on appelle l'amiante la fibre miracle, et au XXe siècle il est utilisé dans plus de 3000 produits. Mais, à cause des problèmes de santé qu'elle provoque, on ne l'utilise plus à l'état pur, sauf pour quelques produits. De nos jours, on l'utilise principalement dans l'industrie de l'amiante-ciment (voir cimenteries), qui consomme entre 85 p. 100 et 90 p. 100 de la production mondiale. On l'utilise aussi dans les matériaux de friction (garnitures de frein et d'embrayage), les matériaux de revêtement de toitures, les joints d'étanchéité statique et pour d'autres usages spéciaux. Aujourd'hui, la teneur en amiante des produits varie de 1 p. 100 ou moins à 30 p. 100 environ.

L'amiante est découvert pour la première fois en Amérique du Nord en 1860, dans la région de la rivière Des Plantes au Québec. La production canadienne commence en 1878 à Thetford Mines (Québec). Industrie autrefois prospère, avec des exploitations en Colombie-Britannique, à Terre-Neuve, en Ontario et au Québec, l'industrie canadienne de l'amiante est maintenant concentrée au Québec, où deux compagnies, LAB Chrysotile inc. (le plus grand producteur canadien) et JM Asbestos inc., exploitent des mines à quatre endroits. En fait, en 1995 le Québec produit la totalité de la production canadienne avec 510 800 tonnes d'amiante, ce qui représente 0,04 p. 100 du PIB pour cette année-là. En 1992, la production d'amiante chrysotile cesse en Colombie-Britannique, avec la faillite de la Cassiar Mining Corporation. À Terre-Neuve, la production d'amiante chrysotile arrête en 1995, lorsque la Teranov Mining Corporation cesse le retraitement des résidus par broyage humide.

À l'exception de Terre-Neuve, qui utilise le retraitement par broyage humide, au Canada on utilise un procédé mécanique de broyage à sec qui sépare les fibres de la roche par un concassage répété auquel sont soumises les roches non désintégrées. Viennent ensuite le séchage, la séparation des fibres de la roche par aspiration à chacune des étapes, le nettoyage, la classification et l'emballage. Le système de classification canadien établit les catégories suivantes : amiante brut; fibres triées à la main provenant d'un filon croiseur (qui peut comprendre jusqu'à 10 p. 100 ou plus de la roche); et amiante d'atelier. Toutes ces catégories sont obtenues par traitement mécanique du minerai.

À la fin des années 90, le Canada est le deuxième producteur d'amiante chrysotile au monde après la Russie, ce qui représente 22,2 p. 100 de la production mondiale, estimée à 2,3 millions de tonnes. La production combinée de la Russie et du Kazakhstan représente environ 43 p. 100 de la production mondiale. La plus grande partie de la production canadienne est exportée, ce qui fait du Canada le plus grand exportateur d'amiante chrysotile au monde. La politique canadienne visant à encourager l'exportation d'amiante a été critiquée dans le monde entier. Les producteurs canadiens, l'Institut de l'amiante et le gouvernement du Québec ont été accusés d'encourager l'exportation d'un matériau dangereux vers des pays qui ne sont pas préparés à se prémunir des dangers qu'il représente au moyen d'une réglementation efficace en matière de santé et de sécurité au travail.

PATRICK MOREL-A-L'HUISSIER, révisé par TEE L. GUIDOTTI

Effets de l'amiante sur la santé

Dès 1898, les chercheurs en médecine soupçonnent que l'inhalation de la poussière d'amiante peut avoir des effets nocifs sur la santé. Cependant, il faudra attendre une série d'études commencées dans les années 1950 pour finalement démontrer que l'exposition à des concentrations de poussières d'amiante, alors habituelles dans le lieu de travail, occasionne diverses maladies professionnelles, dont les plus importantes sont l'amiantose, la plaque pleurale, le mésothéliome et le cancer du poumon.

L'amiantose est une maladie particulière qui apparaît après des années d'exposition à des concentrations relativement élevées de poussières d'amiante et entraîne la formation de tissu cicatriciel dans les poumons. Il s'ensuit des problèmes respiratoires, une mauvaise oxygénation du sang et une augmentation du risque d'avoir ultérieurement un cancer. Ces effets sont souvent la cause d'une invalidité et peuvent parfois provoquer la mort. Le terme « amiantose » ne devrait jamais être utilisé comme terme générique désignant les maladies liées à l'amiante. Il faudrait le réserver à cette affection précise.

L'amiante cause également une forme de lésion de la paroi membraneuse du thorax, lésion que l'on appelle « plaque pleurale ». Ce type de lésion est répandu chez les personnes qui ont été modérément ou considérablement exposées à l'amiante, et ne constitue pas un problème en soi.

Cancer

Le mésothéliome malin est un cancer de la paroi membraneuse du thorax ou de l'abdomen. Généralement mortel, le mésothéliome est très rare, sauf chez les personnes exposées à l'amiante. Il apparaît généralement 30 ans ou plus après une exposition modérée ou importante. Il n'est pas nécessaire d'avoir subi une exposition importante pour être affecté d'un mésothéliome malin, mais il semble que ce soit plus fréquent lorsque l'exposition a eu lieu pendant la jeunesse. Il n'y a aucune relation entre le fait de fumer et le mésothéliome malin. Quelquefois, le cancer est difficile à diagnostiquer, parce qu'au microscope son apparence peut être analogue à celle d'autres maladies. Le mésothéliome revêt diverses formes, mais le pronostic est aussi sombre pour tous et les traitements conventionnels sont inefficaces. Le mésothéliome ne devrait jamais être confondu avec la plaque pleurale.

Le cancer du poumon peut apparaître 20 ans ou plus après la première exposition à l'amiante, même en l'absence d'amiantose ou d'autres effets visibles. Le fait de fumer augmente considérablement le risque de cancer du poumon chez une personne exposée à l'amiante, mais affecte peu ou pas l'apparition des autres maladies mentionnées ci-dessus. Le cancer du poumon associé à l'amiante est similaire au cancer du poumon résultant d'autres causes : environ 80 p. 100 des cas sont mortels en moins de 5 ans. Bien que le cancer du poumon puisse se manifester chez des travailleurs souffrant d'amiantose, et qu'il est l'une des principales causes de décès chez ces derniers, il peut se manifester tout seul.

L'amiante, principalement la crocidolite et l'amosite, est associé à une épidémie mondiale de ces types de cancer. Après la Deuxième Guerre mondiale, l'utilisation de l'amiante augmente de façon considérable. Dans les années 60 et 70, un grand nombre de travailleurs exposés à l'amiante sont atteints de cancers. Dans les années 80, le nombre de nouveaux cas diminue à mesure que les travailleurs vieillissent et meurent de cancer ou d'autres causes. L'épidémie continuera aussi longtemps qu'un nombre considérable de ces travailleurs sera encore vivant. Ce problème donne lieu à des poursuites importantes. Chose curieuse cependant, peu de ces cas sont liés aux mines d'amiante, car le minerai extrait ne présente pas un aussi grand risque que lorsqu'il est raffiné. De plus, l'amiante extrait au Canada est le chrysotile, et il existe des preuves indiquant que le chrysotile serait moins dangereux que l'amosite et la crocidolite.

Toutefois, toutes les variétés d'amiante devraient être considérées comme potentiellement dangereuses. Les chercheurs canadiens, et en particulier ceux des institutions québécoises, ont été parmi les premiers au monde à établir les risques relatifs à l'exposition à l'amiante. L'innocuité des produits de substitution tels que les fibres vitreuses (minérales) fabriquées fait encore l'objet de recherches. Il semble que certains de ces produits présentent les mêmes risques que l'amiante, mais à un niveau moins élevé. D'autres, cependant, semblent être sans dangers pour la santé.

Dans toutes les provinces, la réglementation en matière d'exposition professionnelle requiert le contrôle des concentrations de poussières dans l'air afin de maintenir des niveaux qui ne présentent pas de dangers pour la santé. De plus, la plupart des provinces exigent que les travailleurs qui manipulent l'amiante se soumettent à un examen médical périodique. De telles réglementations, une meilleure technologie pour maîtriser les concentrations de poussières, la sensibilisation de l'industrie ainsi que l'éducation des travailleurs sont tous des facteurs qui diminuent l'ampleur du problème d'exposition à l'amiante. Il semble qu'aujourd'hui le plus grand problème consiste à enlever, sans risque, l'amiante utilisé par le passé comme isolant dans les bâtiments.

TEE L. GUIDOTTI

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