Centrales syndicales régionales et de districts | l'Encyclopédie Canadienne

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Centrales syndicales régionales et de districts

Ces centrales regroupent les syndicats industriels et professionnels d'une ville, d'une région ou d'une province. En général, ils se constituent en période de conflits de travail intenses, notamment entre 1870 et 1890, entre 1910 et 1920 et entre 1935 et 1950.

Centrales syndicales régionales et de districts

Ces centrales regroupent les syndicats industriels et professionnels d'une ville, d'une région ou d'une province. En général, ils se constituent en période de conflits de travail intenses, notamment entre 1870 et 1890, entre 1910 et 1920 et entre 1935 et 1950. La forme initiale et la plus durable de coopération entre syndicats est le conseil du travail d'une ville donnée. En 1863, les syndicats de métiers d'Hamilton lancent la première assemblée de métiers du Canada. En 1871, c'est au tour de l'assemblée des métiers de Toronto de voir le jour. Bientôt, la plupart des grandes villes auront de tels organismes, qu'on appelle habituellement conseils des métiers et du travail. Jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, ces conseils jouent un rôle important, puisqu'ils se réunissent souvent et sont en mesure de donner suite rapidement aux préoccupations des travailleurs. Il leur incombe de créer des partis travaillistes ou des fédérations régionales du travail plus larges. En 1900, une autre forme d'organisation apparaît déjà à l'échelle municipale, soit les conseils de travailleurs qualifiés dans des métiers connexes de la même industrie, particulièrement dans l'imprimerie, la construction et la métallurgie.

Les centrales régionales du travail sont de deux types. D'une part, il y a les fédérations provinciales de syndicats d'une même industrie. Les mineurs forment, en 1877, la Miners' Mutual Protective Society, en Colombie-Britannique, et la Provincial Workmen's Association en Nouvelle-Écosse deux ans plus tard. À partir des années 1880, d'autres groupes de travailleurs créent des organismes régionaux semblables, à même la structure de leurs syndicats internationaux, dans une tentative d'établir des conditions d'emploi communes. Après la Première Guerre mondiale, ces organismes s'affaiblissent ou disparaissent.

D'autre part, il y a les fédérations provinciales qui unissent les sections locales et les organismes de districts d'une même province. Administrées par un conseil exécutif avec souvent peu ou pas de personnel à temps plein, elles se réunissent une fois par année pour discuter des préoccupations des salariés et pour préparer des programmes d'action commune, y compris des campagnes électorales indépendantes. Elles font aussi régulièrement des recommandations aux gouvernements provinciaux en matière de législation du travail.

La première centrale syndicale à réclamer une compétence nationale, la Canadian Labor Union, est en fait un organisme régional sans aucune affiliation en dehors du centre du pays. De même, le CONGRÈS DES MÉTIERS ET DU TRAVAIL DU CANADA (CMTC), qui se réunit pour la première fois en 1883, ne compte aucun membre à l'extérieur de l'Ontario et du Québec jusqu'en 1890. Par la suite, il continue d'être dominé par le centre du Canada. À chacun des congrès du CMTC, des dirigeants provinciaux sont élus pour aller faire part des préoccupations syndicales à leurs gouvernements provinciaux respectifs.

Les premières fédérations provinciales distinctes voient le jour à l'extérieur du CMTC et s'opposent parfois même aux politiques de celui-ci. En Colombie--Britannique, les premières organisations provinciales sont éphémères, dont la Workingmen's Protective Association (1878-1882) et le Federated Labor Congress (1890-1891). En Nouvelle-Écosse, la Provincial Workmen's Association (PWA) s'étend d'abord à l'extérieur des champs houillers, en 1881, et atteint sa plus grande représentation ouvrière entre 1899 et 1904. À la fin du XIXe siècle, la PWA édite le Trades Journal, que dirige son secrétaire, Robert Drummund. Après 1904, elle redevient purement une association de mineurs et fusionne plus tard avec les Travailleurs unis de la mine d'Amérique.

La Labour Educational Association of Ontario, créée en 1903 en dehors du cadre du CMTC, est un organisme dont la structure est plutôt flexible et qui défend les intérêts des ouvriers du Sud de l'Ontario, surtout par l'entremise de l'Industrial Banner, dirigé par son secrétaire, Joseph T. Marks. Les efforts acharnés qu'elle déploie pour promouvoir les réformes irritent parfois des syndicalistes ontariens à l'esprit plus étroit. Le comité exécutif provincial du CMTC continue d'affirmer ses droits de représenter les intérêts ouvriers auprès du gouvernement provincial. Néanmoins, l'association s'était acquittée de la plupart des fonctions d'une fédération provinciale quand vient la Première Guerre mondiale, et organise le congrès de fondation de l'Independent Labor Party of Ontario en 1917.

Le CMTC forme des fédérations provinciales en Colombie-Britannique en 1910, en Alberta en 1911, au Nouveau-Brunswick en 1913 et en Nouvelle-Écosse entre 1919 et 1921. Les deux organisations de l'Ouest ne tardent pas à devenir des foyers d'opposition aux politiques principales du CMTC, surtout par leur appui ouvert au socialisme radical et au syndicalisme industriel. Le périodique ouvrier de la Colombie-Britannique, le BC Federationist, dirigé par R.P. Pettipiece, est le porte-parole de ces idées. Après la Première Guerre mondiale, les deux organismes appuient le ONE BIG UNION, qui dissout la fédération de la Colombie-Britannique en 1920.

Aucune autre fédération provinciale ne voit le jour jusqu'en 1935, année où le Congrès du travail pancanadien , rival du CMTC, forme le Conseil du travail du Nouveau-Brunswick. Au cours des 15 années suivantes, tandis que le mouvement ouvrier affiche une croissance considérable et que les syndicats industriels se regroupent, la plupart des fédérations provinciales sont créées. Toutefois, jusqu'en 1956, on trouve des affiliés provinciaux distincts du CMTC, qui regroupe de syndicats de métiers, et du CONGRÈS CANADIEN DU TRAVAIL (CCT), qui fédère des syndicats industriels : viennent se joindre aux organisations du CMTC de l'Alberta et du Nouveau-Brunswick des organismes parallèles du Québec en 1938, de l'Ontario en 1946, de Terre-Neuve en 1949, de la Colombie-Britannique et de la Saskatchewan en 1953 et de la Nouvelle-Écosse et du Manitoba en 1954. Les affiliés du CCT sont formés en Nouvelle-Écosse en 1942, en Ontario en 1943, en Colombie-Britannique en 1944, en Saskatchewan en 1945, en Alberta en 1948 et au Québec en 1953. Après la fusion des deux organisations nationales en 1956, les fédérations provinciales autonomes se retrouvent unies en un seul organisme. Aujourd'hui, le rôle de ces centrales syndicales régionales et de districts est surtout politique. Elles représentent les intérêts communs des travailleurs auprès des gouvernements provinciaux à qui la Constitution délègue la plupart des pouvoirs en matière de RELATIONS DE TRAVAIL.