Clavecin - Composition | l'Encyclopédie Canadienne

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Clavecin - Composition

Clavecin - Composition. Au Canada comme en Europe, le piano avait éclipsé le clavecin dès le début du XIXe siècle. S'il y eut auparavant des oeuvres écrites pour le clavecin par des Canadiens, elles n'ont pas survécu.

Au Canada comme en Europe, le piano avait éclipsé le clavecin dès le début du XIXe siècle. S'il y eut auparavant des oeuvres écrites pour le clavecin par des Canadiens, elles n'ont pas survécu.

Au XXe siècle, le clavecin connut un certain regain de sa popularité d'autrefois et les musiciens canadiens le redécouvrirent peu à peu. Au début des années 1950, il était considéré au Canada, surtout dans les grands centres, comme préférable au piano pour l'exécution de la musique créée à l'origine pour cet instrument - même si les éloquentes interprétations au piano de la musique pour clavecin de Bach par Glenn Gould et Rosalyn Tureck conservaient la faveur d'un grand nombre de mélomanes. Toutefois, au fur et à mesure que les sociétés musicales importantes ainsi que les départements de musique des universités commencèrent à se procurer des clavecins (s'ils n'en avaient pas déjà), des compositions canadiennes originales pour cet instrument firent leur apparition. Parmi les oeuvres « pionnières » des années 1950, Trois-huit (1950) de Gilles Tremblay et Trois Pièces pour « La Légende dorée » (1956) de Clermont Pépin étaient destinées au « clavecin ou piano », tandis que le Concerto pour clavecin et huit instruments à vent (1954) de R. Murray Schafer et la Sonata da camera (1957, pour flûte, hautbois et clavecin) de Kelsey Jones ne laissaient aucune équivoque. Jones, claveciniste du Trio baroque de Montréal, écrivit plus tard Prelude, Fughetta and Finale (1963) pour cordes et clavecin et une Sonata da Chiesa (1967) pour son trio. Parmi d'autres oeuvres pour clavecin écrites par des Canadiens pendant les années 1960 et 1970, citons Canzona (avec flûte et hautbois, 1961) et Ostinato and Dance (1962) de Barbara Pentland; Suite (tirée de la musique de scène pour Le Bourgeois gentilhomme de Molière, 1964), Trois Ricercars (avec hautbois, 1966) et Grande Chaconne (tirée de la musique de scène pour Galileo Galilei de Brecht, 1971) de Gabriel Charpentier; Circle, with Tangents (avec 13 instruments à cordes, 1967) de John Beckwith; Sonate et Toccate (toutes deux 1968) et Divisions II (avec piano, 1972) de John Fodi; Nocturnes (avec flûte, clarinette, violon, violoncelle, guitare et percussion, 1969) et Dyarchie (1971) de Jean Papineau-Couture; On Mrs. Arabella Hunt Singing (avec soprano et viole de gambe, 1970) de Bernard Naylor; At Your Memory the Transparent Tears Fall Like Molten Lead (avec viole de gambe, 1976) de Rudolf Komorous.

Parmi les oeuvres écrites à partir de 1980 pour clavecin seul, on trouve Cappriccio I de Bengt Hambraeus, Kore de Rodney Sharman (toutes deux 1980); Rondeaujourd'hui de Denis Gougeon, Phantasmagoria de Ka Nin Chan et Melboac de Hope Lee (toutes 1985); Harpsichord Piece de Jan Jarvlepp, Toccare de David Eagle et Arc d'Alice Ho (toutes 1986); La Tentation d'Arlequin (1984) et Tanatopsis (1986) de Jean Lesage; Vers la quatrième terre d'André Villeneuve (1987); Two Pieces for Harpsichord de Wendy Prezament (1987); Cinéma-mode d'emploi de Pierre Desrochers, Gravity de Linda C. Smith et Déploration de Brian Cherney (toutes 1988); Hommage à Morton Feldman de Cherney (1989); À perte d'espace de François Rose et Saumur de Bruce Mather (toutes deux 1990).

Parmi les autres oeuvres pour clavecin, on remarque Doubling de Tim Brady (avec guitare électrique, 1988); Acchord de Prezament et In the Beginning was the End de Lee (avec accordéon, toutes deux 1989); Cinéma Vérité de Desrochers (pour six clavecins, 1987); Les Unités discrètes de Lesage (1987), Crètes de Serge Provost (1980) et La Nuova Ricordanza de Denis Lorrain (1986), toutes pour deux clavecins; The Desert Speaks de Bruce Pennycook (1988), Turbo Toccata de David Keane (1989) et Retors de Stéphane Volet (1990), toutes pour clavecin MIDI; Miroirs de Micheline Coulombe Saint-Marcoux (1976), Reaching Past de Brady (1988) et Physics of Seduction de Paul Dolden (1991), toutes pour clavecin et bande. Keyboard Practice (1979), A Concert of Myths (1983) et Avowals (1985) de Beckwith comportent aussi d'importantes parties au clavecin.

Loin d'être marquées d'un quelconque archaïsme, ces oeuvres exploitent les textures et les sonorités du clavecin selon les divers langages du XXe siècle. De tous les compositeurs mentionnés, Gabriel Charpentier est probablement celui qui a fait appel à l'instrument de la manière la plus suivie. Outre les oeuvres citées, Quand nous serons heureux (1968-76), Trois Oraisons (1971) et Processional (1974) ainsi que beaucoup de sa musique de scène comportent d'importantes parties de clavecin.

Le CAC a beaucoup encouragé les nouvelles compositions pour clavecin. Le CAO et le MACQ ont aussi apporté leur contribution en passant des commandes. La plupart des oeuvres qui ont été écrites pour clavecin au Canada à partir du milieu de 1970 sont conçues pour des répliques d'instruments anciens (Dowd, Hubbard), et non pour le grand clavecin moderne (comme le Pleyel ou le Neupert) dont le jeu lourd ressemble à celui du piano (pédale pour changements de jeu, cordes filées de 16 pieds, cadre métallique). L'indication « pour piano ou clavecin » qui figure sur beaucoup de partitions des années 1950, 1960 et au début des années 1970 était une indication de la prolifération de ce dernier instrument, dont la popularité a décliné au milieu des années 1970; beaucoup de morceaux écrits pour ce clavecin ne sont pas jouables sur les répliques d'instruments anciens. Beaucoup d'écoles, de collèges, d'universités et d'orchestres possèdent des répliques de clavecins anciens.

Vivienne Spiteri s'est spécialisée en interprétation de nouvelles oeuvres pour clavecin et elle en a commandées beaucoup. L'augmentation du répertoire canadien pour le clavecin commençant vers 1986 est due en grande partie à Spiteri, qui donna son premier récital consacré à la nouvelle musique pour clavecin à la Music Gallery de Toronto en mai 1986.

Voir aussi Clavecin - Pratique et enseignement.