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La bibliothéconomie et la science de l'information, qui englobent toutes les fonctions rattachées à la gestion de l'information et aux opérations d'une bibliothèque, constituent un programme d'études universitaires de cycle supérieur structuré qu'il faut avoir suivi pour être reconnu comme membre de la profession. Au début du 20e siècle, la langue de la discipline reflète la situation de celle-ci dans les bibliothèques. La plupart des bibliothécaires canadiens acquièrent leur formation en milieu de travail; ceux qui sont titulaires d'une formation officielle la reçoivent aux États-Unis. C'est pendant l'été 1904, avec la tenue d'une séance de formation de trois semaines à l'U. McGill, que l'on commence à offrir sporadiquement ce genre de cours de courte durée. En 1927, McGill institue un programme d'un an au premier cycle. L'U. de Toronto, pour sa part, ouvre une école de bibliothéconomie en 1928. Les écoles de bibliothéconomie de McGill et de Toronto instaurent, en 1931 et en 1936 respectivement, des programmes de deuxième et de troisième cycle reconnus par l'American Library Association (ALA). Puis, dans les années 30, on fonde trois autres écoles de bibliothéconomie, soit à l'U. d'Ottawa, à Montréal (École de bibliothécaires) et à Mount St. Vincent à Halifax. Ces écoles ne sont jamais agréées et finissent par disparaître.

McGill et Toronto demeurent les chefs de file dans le domaine de l'enseignement de la bibliothéconomie, mais avec l'expansion de la discipline dans les années 60, elles ne suffisent plus à la demande, ce qui incite certaines institutions, dont l'U. de la Colombie-Britannique (1961), l'U. de Montréal (1961) et l'U. de l'Alberta (1968), à ouvrir de nouvelles écoles de bibliothéconomie. En général, elles offrent un baccalauréat en bibliothéconomie (B. Bibl.) qui, puisqu'il faut déjà détenir un diplôme de premier cycle pour y être admis, est considéré comme l'équivalent de la Master of Library Science (MLS, maîtrise en bibliothéconomie) américaine. Toutes ces écoles canadiennes sont reconnues par l'ALA.

Au début des années 70, les écoles de bibliothéconomie canadiennes se différencient assez nettement du modèle américain. Devant l'élargissement du champ de la discipline, le besoin croissant de bibliothécaires spécialisés et la demande continue de généralistes, les écoles canadiennes doublent la durée de leurs programmes et accordent une maîtrise en bibliothéconomie plutôt qu'un baccalauréat. Un programme de maîtrise de deux ans existe depuis 1964 à McGill. Les U. de Toronto, de Montréal et de la Colombie-Britannique établissent le leur avant 1972, puis l'U. de l'Alberta fait de même en 1976. Les écoles de bibliothéconomie de l'U. de Western Ontario (1967) et de l'U. de Dalhousie (1979) n'ont toujours offert que le programme de maîtrise. Les programmes de formation en bibliothéconomie et en science de l'information sont donc considérablement plus longs au Canada qu'aux États-Unis et ailleurs, mais certaines institutions américaines commencent à suivre l'exemple canadien.

Parmi les progrès notoires observés au cours des années 70, on remarque la création du programme de doctorat (Toronto et Western Ontario), la construction d'installations imposantes et l'augmentation rapide des inscriptions. Les U. de Toronto et de Western Ontario figurent aujourd'hui parmi les plus importantes du continent. En 1986-1987, les sept écoles offrant des cours de cycle supérieur en bibliothéconomie décernent 457 diplômes de maîtrise en bibliothéconomie. De ce nombre, l'U. de Montréal, la seule institution francophone, en remet 71. On accorde aussi 2 doctorats.

Au cours des années 80, la conception traditionnelle de la nature et de la portée de cette discipline est l'objet d'une remise en question; jusque-là, la bibliothéconomie a été liée aux activités effectuées dans une bibliothèque et par une bibliothèque. Ses constituantes de base sont la sélection et l'acquisition de documents, le catalogage, la classification et l'analyse documentaire, le service aux usagers et certaines questions comme le rôle social d'une bibliothèque. Ces aspects ont toujours leur importance, mais la bibliothéconomie n'est plus aussi étroitement identifiée à la bibliothèque comme institution. L'usage de plus en plus répandu de la technologie de l'information pour appuyer des activités traditionnelles de la bibliothèque conduit la plupart des programmes à ajouter le mot « information » à leur nom, et par conséquent au diplôme, de sorte que « bibliothèque » et « information » apparaissent tous les deux sur les diplômes décernés par l'U. de Montréal (1981), l'U. McGill et l'U. Western (1986), et l'U. Dalhousie (1988). Après 1988, l'U. de Toronto reconnaît cette transition dans la discipline en accordant deux diplômes, la maîtrise en bibliothéconomie et la maîtrise en science de l'information.

La bibliothéconomie s'intéresse à tous les aspects du fonctionnement d'une bibliothèque et plus généralement à tout le processus de transfert d'information, qu'il s'effectue par support imprimé ou par voie électronique. En 1988, quand les sept anciennes écoles de bibliothéconomie portent un nom où figure l'expression « science de l'information », toutes ces institutions accordent une importance considérable à la technologie de l'information, au stockage et au repérage de l'information par voie électronique, de même qu'aux théories de l'information et de la communication. Ainsi, les diplômés canadiens des écoles de bibliothéconomie et des programmes de science de l'information sont en voie de devenir, non plus de simples bibliothécaires, mais plutôt des professionnels de l'information. La plupart, bien sûr, se voient toujours affectés à des bibliothèques publiques, à des bibliothèques d'institutions d'enseignement ou spécialisées, mais d'autres peuvent très bien travailler dans des milieux moins traditionnels comme l'édition, la recherche, les cabinets d'avocats, la gestion des archives et même lancer leur propre entreprise. En fait, tout poste exigeant des connaissances approfondies des méthodes de sélection, d'organisation ou de recherche de documents, de la technologie des télécommunications et du vidéotex et de l'élaboration de bases de données convient au diplômé en bibliothéconomie et en science de l'information. Par souci de conformité avec la convergence des disciplines liées à l'information, l'U. de Colombie-Britannique (1981) et l'U. de Montréal offrent des diplômes en archivistique.

Cette évolution se poursuit au cours des années 90 sous l'influence grandissante d'Internet. En 1994, l'U. de Toronto élimine le terme « bibliothèque » du nom de sa Faculté d'études en science de l'information, qui commence à accorder un diplôme de maîtrise en études sur l'information (MISt) dans trois domaines de spécialisation : l'archivistique, les systèmes d'information et la bibliothéconomie et la science de l'information. En 1998, le programme d'études supérieures de l'U. Western Ontario en bibliothéconomie et en science de l'information est intégré à la Faculté d'études sur l'information et les médias, en reconnaissance de l'interdisciplinarité qui existe entre les disciplines de l'information. Bien que les programmes de bibliothéconomie et de science de l'information continuent d'offrir des cours sur les bibliothèques publiques et sur l'histoire du livre, les changements qui ont eu lieu dans la profession se reflètent dans les intitulés des cours comme : « Commercialisation des services d'information », « Systèmes et technologie de l'information » et « Systèmes multimédias ». La création de page Web et les compétences en culture informationnelle en sont les composantes de base. Conséquents face aux autres disciplines, les programmes canadiens de bibliothéconomie et de science de l'information ont également mis en place une nouvelle programmation en faveur de l'éducation permanente. L'U. McGill, par exemple, offre un diplôme universitaire supérieur en bibliothéconomie et en science de l'information depuis 1996, à l'appui de son programme d'éducation permanente. Dalhousie accueille régulièrement des conférences publiques à l'intention de la communauté. À titre de deuxième école de bibliothéconomie de langue française en importance dans le monde, l'U. de Montréal joue un rôle de premier plan dans ces études au niveau international. L'U. de Toronto a un programme d'éducation permanente qui englobe les cours basés sur le Web, les programmes de certificat et un programme de gestion des connaissances qui est en évolution.

Dans de nombreuses universités canadiennes, en plus du programme de cycle supérieur en bibliothéconomie, la faculté d'éducation offre un cours de premier cycle en bibliothéconomie scolaire, formant des bibliothécaires chargés d'une bibliothèque scolaire ou des enseignants bibliothécaires. Ce dernier terme reflète le point de vue selon lequel le bibliothécaire scolaire devrait être avant tout un éducateur qui aide l'enseignant à offrir aux écoliers des méthodes efficaces de consultation du matériel didactique. En outre, au cours des années 80 les bibliothèques scolaires engagent de plus en plus des techniciens en documentation possédant des compétences définies par la Canadian School Library Association pour les techniciens en documentation travaillant dans les bibliothèques scolaires (1984).

Pour ce qui est des programmes de formation des techniciens en documentation, le Canada dispose d'une infrastructure bien développée : 23 institutions, depuis la fondation de celle de Winnipeg en 1962. Dans les quatre provinces de l'Ouest, ces programmes sont offerts par les collèges communautaires ou les instituts de technologie; en Ontario, par les écoles d'arts appliqués et de technologie et par l'U. de Lakehead, qui propose un programme de trois ans en technique de documentation et, au Québec, par les collèges d'enseignement général et professionnel (cégeps), l'U. Concordia et le John Abbott College. Dans les provinces de l'Atlantique, des programmes de formation en technique de documentation sont offerts au Nova Scotia Community College, au département de l'éducation permanente de l'U. Memorial (Terre-Neuve) et au Nouveau-Brunswick où l'on a créé un programme d'aide-bibliothécaire. En général, les programmes de formation en technique de documentation représentent deux ans d'études, la moitié de cette période étant consacrée aux cours sur le travail en bibliothèque. À l'exception du Québec, la plupart des institutions se conforment aux directives sur la formation des bibliotechniciens (1982) publiées par la Canadian Library Association. Cette dernière parraine d'ailleurs fréquemment des études internes dans le but de maintenir des normes de qualité élevées dans l'élaboration de ses programmes. Ainsi, le Canada prend une position d'avant-garde dans les domaines de la bibliothéconomie et de la science de l'information.

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