Diefenbunker, Musée canadien de la guerre froide | l'Encyclopédie Canadienne

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Diefenbunker, Musée canadien de la guerre froide

Le « Diefenbunker » est un bunker souterrain conçu pour résister à la force d’une explosion nucléaire. Il a été construit à Carp, en Ontario, lors des plus fortes tensions de la Guerre froide entre 1959 et 1961, et a été nommé en l’honneur du premier ministre John Diefenbaker. Il est aujourd’hui l’emplacement du Musée canadien de la Guerre froide.

Entrance tunnel for the Diefenbunker
An office inside the Diefenbunker.
John Diefenbaker

Angoisses de la Guerre froide

Les années 1950 sont une période d’escalade de tensions entre l’Occident dirigé par les Américains, et le bloc communiste, mené par les Soviétiques. Les Canadiens ont été ébranlés par la crise de Suez de 1956 et par la menace nucléaire du nouveau premier ministre soviétique Nikita Khrouchtchev, ainsi que par la prolifération de missiles balistiques intercontinentaux à la fois dans les pays de l’OTAN et de l’Union soviétique. En 1957, Nikita Khrouchtchev lance un défi aux États‑Unis pour un « tournoi de tir », et l’année suivante il exige que l’Occident quitte Berlin. En 1959, la révolution cubaine est déclenchée et l’insurrection des Viet Cong communistes est organisée au Vietnam. La position géographique du Canada, qui est placé directement entre l’Union soviétique et les États‑Unis, met sérieusement la nation en danger.

En réponse à la crise internationale grandissante, John Diefenbaker annonce en 1958 « qu’on procèdera au développement d’un système fédéral décentralisé de gouvernement d’urgence avec des éléments centraux, régionaux et locaux ». Le premier ministre John Diefenbaker autorise la construction d’un réseau de 50 abris antinucléaires à travers le Canada afin de protéger certains membres du gouvernement dans l’éventualité d’une attaque. Le projet est appelé Projet EASE (Emergency Army Signals Establishment en anglais, et Centre expérimental des transmissions de l’armée en français) pour dissimuler son véritable objectif. Un journaliste du Toronto Telegram découvre la vraie signification du projet alors qu’il survole le chantier de construction d’un abri, et il publie sa découverte, au grand dam de John Diefenbaker.

Explosion de cinq mégatonnes

Le plus grand quartier général du gouvernement d’urgence est construit à la Station des Forces canadiennes de Carp, une petite ville située à 30 km à l’ouest d’Ottawa. Il a suffisamment de ravitaillement pour abriter 535 personnes pendant 30 jours. Avec une superficie de plus de 9 290 m2, le bunker est composé de quatre étages souterrains et de plus de 350 pièces, qui incluent une salle de décontamination, des installations médicales et dentaires, un centre de crise, des salles à manger et des dortoirs. L’abri est construit sur une ancienne ferme protégée par une vallée naturelle et se trouve à distance d’évacuation de la capitale.

La construction de l’abri, qui est conçu pour résister à une explosion de cinq mégatonnes, nécessite 32 000 verges cubes de béton et 5 000 tonnes d’acier. Le projet coûte plus de 20 millions de dollars. Un personnel de 100 à 150 personnes travaille 24 heures sur 24 sur le site pour permettre les communications secrètes du ministère de la Défense nationale pendant le reste de la durée de la Guerre froide.

Le saviez-vous ?

Des bunkers souterrains ont également été construits au niveau provincial afin d’assurer la continuité du gouvernement à la suite d’une attaque nucléaire. Ils étaient connus sous le nom de Siège régional du gouvernement d’urgence. Six provinces (Nouvelle-Écosse, Québec, Ontario, Manitoba, Alberta, et Colombie-Britannique) étaient pourvues de bunkers entièrement protégés, construits sur des bases militaires. Lorsque le gouvernement de Pierre Elliot Trudeau est arrivé au pouvoir dans les années 1960, il a fait cesser toute construction. Les quatre provinces restantes (Terre-Neuve-et-Labrador, Île-du-Prince-Édouard, Nouveau-Brunswick, et Saskatchewan) ont reçu des « installations provisoires non-protégées ».


Musée de la guerre froide

En 1994, trois ans après l’effondrement de l’Union soviétique, le ministère de la Défense nationale déclasse la Station des Forces canadiennes Carp et se retire du site. Cette même année, l’abri est déclaré lieu historique national. Un nombre suffisant de personnes du public expriment leur intérêt à visiter l’ancienne station et un groupe de développement privé l’achète et ouvre le musée Diefenbunker en 1998. Ce musée est à l’origine géré par des bénévoles de Carp qui décident de former le Diefenbunker Development Group lorsqu’ils constatent l’enthousiasme du public pour les visites.

Depuis son ouverture, le musée est devenu l’une des destinations touristiques les plus populaires en Ontario, attirant près de 70 000 visiteurs en 2019. Il présente des expositions permanentes et des expositions présentées en alternance, et il renferme plus de 3 000 livres dans ses archives et sa bibliothèque. Fonctionnant en tant qu’organisme à but non lucratif, le musée est financé par la vente de billets, les subventions gouvernementales et les dons privés.

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