Gauthier Guité Roy | l'Encyclopédie Canadienne

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Gauthier Guité Roy

La firme Gauthier Guité Roy s'est formée en 1966 lorsque l'architecte Jean-Marie Roy (St-Léon de Standon, 1925 - ) a rejoint Paul Gauthier (Gaspé, 1935 - ) et Gilles Guité (Bonaventure, 1935 - ), deux jeunes diplômés de l'Université de Montréal associés depuis 1962.

Gauthier Guité Roy

La firme Gauthier Guité Roy s'est formée en 1966 lorsque l'architecte Jean-Marie Roy (St-Léon de Standon, 1925 - ) a rejoint Paul Gauthier (Gaspé, 1935 - ) et Gilles Guité (Bonaventure, 1935 - ), deux jeunes diplômés de l'Université de Montréal associés depuis 1962. Gauthier et Guité s'étaient déjà fait remarquer en concevant la faculté d'agriculture (le Pavillon Paul-Comtois - 1964) sur le campus de l'Université Laval à Québec. Ce bâtiment se distingue des pavillons antérieurs du campus par son implantation en rupture par rapport au schéma « beaux-arts » du plan directeur d'Edouard Fiset, et par son modernisme affirmé: modules de béton préfabriqués, absence de « façade », traitement brut des surfaces sur les tours d'escalier, et une aile montée sur pilotis. Aujourd'hui, le Pavillon Paul-Comptois est reconnu comme une œuvre majeure de l'architecture québécoise des années 1960.

L'association de Paul Gauthier et de Gilles Guité avec Jean-Marie Roy fait suite à leur collaboration au grand projet du Campus intercommunautaire de Saint-Augustin, près de Québec, dont le plan d'ensemble a été dessiné par ce dernier (1962-1966). Parmi les bâtiments du campus, la firme Gauthier Guité a conçu la Résidence des Pères assomptionnistes, alors que Roy a lui-même assuré les plans de plusieurs autres pavillons (l'École normale Notre-Dame-de-Foy, le Pavillon André-Coindre, la Résidence des Pères de la Consolata, et le Séminaire Saint-Augustin).

Le contexte de la Révolution tranquille permet à la firme Gauthier Guité Roy de s'affirmer parmi les leaders de l'architecture moderne au Québec. Leurs œuvres sont empreintes d'un esprit d'expérimentation et d'innovation que favorisait l'effervescence de ces années. Leur interprétation du modernisme associe le raffinement formel à une excellente maîtrise de la structure et des matériaux. On retrouve ces caractéristiques, sous différentes formes, dans des oeuvres telles que le Musée d'Art contemporain (Gauthier Guité - 1967) à la Cité du Havre à Montréal, et l'édifice de la CEQ (Centrale des Enseignants du Québec) à Québec (Gauthier Guité Roy - 1967). L'Édifice Marie-Guyart ou Complexe G (Gauthier Guité Roy avec Fiset et Deschamps, 1968) - grand immeuble à bureaux avec tour sur la colline parlementaire à Québec - constitue un des exemples les plus achevés de cette architecture de la Révolution tranquille. Le projet fait preuve d'une conception urbaine fluide, intégrant espaces intérieurs et extérieurs tout en négociant avec les édifices parlementaires anciens et la topographie particulière du lieu. Le Pavillon de l'Éducation physique et des Sports, ou PEPS (Gauthier Guité Roy - 1969-71) de l'Université Laval, quant à lui, s'intègre à la topographie inclinée du site par une série de volumes horizontaux, de terrasses et de passerelles, selon une approche qui tient autant de Rudolph que de Wright.

Cet esprit se poursuit dans les années 1970, avec des projets comme Les Forges du Saint-Maurice (Gauthier Guité Roy - 1977) et l'immeuble résidentiel Les Jardins Mérici (Gauthier Guité Roy - Québec, 1978). Le projet pour la réhabilitation des Forges du Saint-Maurice a gagné un concours architectural qui demandait spécifiquement la création de volumes expressifs. La firme a conçu une série de formes pyramidales en acier qui évoquent l'architecture ancienne autant qu'elles articulent le paysage du site.

Parallèlement, Gauthier Guité Roy dessinent de nombreuses résidences dans la région de Québec et ils continuent de développer une architecture de bois qui contribue fortement à leur réputation (la Résidence Gobeil, à Sept-Îles, 1967). L'utilisation des structures de bois, dont l'inspiration remonte aux modernistes scandinaves comme Alvar Aalto (Villa Mairea, 1937-38), rejoint ici l'américanité caractérisant l'ensemble de leur oeuvre.

Dans les années 1980, avec une situation économique difficile, d'une part, et la vague postmoderniste envahissant la scène architecturale, d'autre part, le Mouvement moderne fait face à un certain nombre de remises en question. Gauthier Guité Roy ont su se démarquer de plusieurs firmes en sachant répondre aux nouvelles préoccupations tout en préservant leur attitude moderniste. C'est le cas du projet du Faubourg Laudance Phase 1, sur la rue du Campanile à Québec (Gauthier Guité Roy avec D'Anjou, Moisan et Associés, 1985). C'est un projet très réussi dans lequel, les architectes exploitent les principes d'une organisation urbaine plus traditionnelle tout en évitant l'historicisme superficiel du postmodernisme.

Suite au départ à la retraite de Jean-Marie Roy en 1988, la firme Gauthier Guité connaît un nouveau souffle en s'associant aux architectes Daoust et Lestage. En plus du bureau de Québec, la firme Gauthier Guité Daoust Lestage maintient un bureau à Montréal de 1988 à 1996. Elle se distingue par le développement d'une approche originale du contexte urbain, respectueuse de l'histoire tout en restant ouvertement contemporaine, comme on le voit à l'École navale sur la Pointe-à-Carcy à Québec (1992) et au Centre d'Interprétation de Place-Royale, aussi à Québec (1997).

La firme a aussi conçu le Centre de Recherche Forintek (Québec, 1994), un édifice dont la structure en bois de grandes dimensions a été présenté par la revue The Canadian Architect (juin 1996) comme un exemple à suivre. Ce bâtiment leur a d'ailleurs valu les prix du Conseil canadien du bois, de l'American Wood Council de Washington DC, ainsi que le Prix d'excellence de l'Ordre des Architectes du Québec.

La firme Gauthier Guité Roy s'est ainsi maintenue comme un grand bureau d'architecture au Québec pendant plus de trente ans. À travers les différentes étapes de son développement, elle s'est méritée de nombreuses marques de reconnaissance, dont la Médaille Massey (le chalet Paul Gauthier, 1969), le Prix du Gouverneur Général (les Forges du Saint-Maurice, 1986; le Faubourg Laudance Phase 1, 1990), le Prix d'excellence de l'Ordre des Architectes du Québec (les Jardins Mérici, 1978; l'École Navale de Pointe-à-Carcy, 1995; le Centre de Recherches Forintek, 1996), et le Prix du Conseil canadien de l'Habitation (Les Jardins Mérici, 1974).

Gilles Guité s'étant retiré en 2000, Paul Gauthier est demeuré avec les architectes Daoust et Lestage jusqu'en 2003 et depuis, c'est sous le nom de Paul Gauthier Architecte qu'il continue à pratiquer en s'associant à différentes firmes selon les projets.