Vernon Harper | l'Encyclopédie Canadienne

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Vernon Harper

Vernon Harper (aussi Asin ou Asini en cri; couramment appelé Vern Harper), aîné cri, guérisseur, défenseur des droits des Autochtones, ancien combattant et boxeur (né le 17 juin 1936 à Toronto, en Ontario; décédé le 12 mai 2018 à Toronto). Dirigeant communautaire bien connu, Vernon Harper lutte pour la préservation et la promotion de la culture autochtone dans une variété de contextes, notamment lors de l’American Indian Movement (mouvement indien américain) des années 1960 et 1970. Il s’implique également dans des centres d’amitié, des écoles, des établissements correctionnels et des institutions de soins de santé, et ce, surtout dans les centres urbains.

Jeunesse

La mère de Vernon Harper quitte la Première nation de Mistawasis, en Saskatchewan, et s’installe à Toronto dans les années 1930. Son père est quant à lui d’ascendance irlandaise et crie. Selon Vernon Harper, son père abandonne la famille tôt, laissant ainsi sa mère seule avec quatre enfants.

De santé fragile, elle décède alors que Vernon a environ quatre ans, ce qui propulse les enfants dans le système de placement en famille d’accueil. Ils sont alors envoyés dans un foyer d’accueil de protestants blancs, où ils sont isolés de leur culture et de leur langue maternelle, le cri. Durant cette période, Vernon Harper fréquente l’école seulement pendant une courte durée.

À l’âge de 15 ans, Vernon Harper fait de l’auto-stop de Toronto à la réserve de Mistawasis pour retrouver les proches de sa mère. En Saskatchewan, il se familiarise avec les traditions spirituelles et les cérémonies cries. Cette expérience le mène plus tard à s’intéresser à la préservation des récits oraux et des langues autochtones.

Début de carrière

Au début des années 1950, Vernon Harper rejoint l’armée américaine et participe à la guerre de Corée. À la suite d’une blessure, il retourne en Saskatchewan en 1953.

Après son retour à Toronto, Vernon Harper se lance dans une carrière professionnelle de boxeur dans la catégorie de poids mi-lourd. (Voir aussi Boxe.) Connu sous le nom d’Hurricane Harper, il ne perd que 7 matchs sur 61.

Militantisme

Attiré par le radicalisme politique, Vernon Harper devient un leader de l’American Indian Movement (mouvement indien américain) de Toronto. Après plusieurs années d’abus de substances psychoactives, il arrête de consommer en 1972 dans le but d’améliorer sa vie et celle des autres Autochtones au Canada grâce à son militantisme et son engagement communautaire. La même année, il décroche le poste de vice-président de l’Association des Métis et Indiens non inscrits de l’Ontario, qu’il occupe pendant deux ans. (Voir aussi Métis et Indien.)

En 1974, avec sa femme de l’époque, Pauline Shirt, il organise la Native People’s Caravan (Caravane des Premières nations), une traversée du pays allant de Vancouver à Ottawa, où se crée un rassemblement de longue durée se poursuivant jusqu’en 1975. La caravane rassemble différents groupes autochtones cherchant à attirer l’attention du public sur les griefs contre le gouvernement fédéral, notamment en ce qui a trait aux traités non respectés. L’expérience de Vernon Harper, qu’il décrit dans Following the Red Path: The Native People’s Caravan, 1974, est publiée en 1979. (Voir aussi Autochtones : organisations et activisme politiques.)

Engagement communautaire

Vernon Harper concentre principalement ses activités communautaires dans les centres urbains, ce qui lui vaut le surnom de « urban elder » (aîné urbain). Urban Elder est également le titre d’un film de 1997 racontant sa vie et son travail dans diverses sphères, comme l’éducation, l’accompagnement spirituel et les soins de santé.

Éducation

En 1976, Vernon Harper et sa femme de l’époque, Pauline, fondent la Wandering Spirit Survival School, à Toronto. Aujourd’hui connue sous le nom de First Nations School of Toronto, elle a pour objectif de responsabiliser les jeunes Autochtones grâce à une bonne connaissance de leur culture, de leurs traditions et de leurs langues. Pendant un certain temps, Vernon Harper siège également en tant qu’aîné au Aboriginal Education Centre du conseil scolaire du district de Toronto. (Voir aussi Éducation des Autochtones au Canada.)

Accompagnement spirituel

En tant que guérisseur et aîné respecté, Vernon Harper offre des services d’accompagnement spirituel aux Autochtones de milieux variés. En 2007, aux funérailles de l’artiste Norval Morrisseau, c’est lui qui présente les offrandes, les bénédictions et les contes traditionnels. Vernon Harper crée également une suerie à Guelph pour les familles autochtones, où il tient le rôle de gardien. (Voir aussi Autochtones : religion et spiritualité.)

Vernon Harper est l’un des premiers aînés à obtenir le statut d’aumônier tel que défini par le Service correctionnel du Canada. Dans les prisons, il offre de l’accompagnement spirituel, des cérémonies de suerie et des rencontres traditionnelles aux détenus autochtones et non autochtones. Il travaille également auprès des jeunes délinquants autochtones, occupant le poste de travailleur social auprès des tribunaux pour les services juridiques autochtones de Toronto. Vernon Harper s’implique activement dans la réhabilitation des hommes et des femmes autochtones, guidant les jeunes Autochtones vers une vie exempte de criminalité.

LE SAVIEZ-VOUS?
L’aîné lakota Henry Crow Dog, leader de l’American Indian Movement à la fin des années 1960, et son fils, le chef Leonard Crow Dog, confèrent à Vernon Harper le titre d’Heyoka, qui fait référence à une personne qui utilise le pouvoir de l’humour et des contrastes dans des situations difficiles pour favoriser la guérison et la restauration. Le guérisseur serait la première personne non lakota à recevoir cet honneur.

Soins de santé

Vernon Harper est pendant un certain temps aîné résident au Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto. Il milite alors pour la création d’une suerie, qui est construite sur les terres de cérémonie du centre, utilisées pour les services autochtones. Vernon Harper est un pionnier de l’activisme exigeant l’ajout de pratiques spirituelles autochtones dans les traitements occidentaux pour la dépendance et la santé mentale.

Décès et héritage

Vernon Harper décède le 12 mai 2018 à Toronto. Sa mort est annoncée par le Grand Conseil de la nation Anishinaabeg, ce qui représente un signe de respect pour les aînés cris. Le chef du Conseil, Patrick Madahbee, annonce qu’il restera dans les mémoires grâce à sa volonté d’aider les autres et de défendre les droits des Autochtones.