Marché du travail | l'Encyclopédie Canadienne

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Marché du travail

Le terme marché du travail est un concept généralisé qui désigne l'interaction entre l'offre (nombre de personnes disponibles pour travailler), la demande (nombre d'emplois disponibles) et le taux de salaire.

Marché du travail

Le terme marché du travail est un concept généralisé qui désigne l'interaction entre l'offre (nombre de personnes disponibles pour travailler), la demande (nombre d'emplois disponibles) et le taux de salaire. L'analyse du marché du travail est compliquée du fait qu'il faut tenir compte non seulement de l'offre et de la demande de travail à court terme, mais aussi de leur répartition par région, profession et industrie. De plus, comme de nombreuses institutions influent sur la répartition des travailleurs et la règlent, les économistes élaborent divers types d'analyse du marché, dont l'analyse néoclassique, l'analyse radicale et l'analyse institutionnelle. Ces deux dernières comprennent ce qu'on appelle aujourd'hui le modèle de « segmentation du marché du travail ».

Les nombreux marchés du travail du Canada ne sont pas clairement divisés et peuvent parfois se chevaucher. Les deux divisions les plus logiques se font selon les régions et les professions. Ainsi, le marché du travail non qualifié se limiterait normalement à l'échelle locale, tandis que celui des professionnels hautement qualifiés s'étendrait à l'échelle internationale. Il y a cependant des exceptions. Le Canada fait venir des travailleurs agricoles des Antilles plutôt que de payer des salaires et d'assurer des conditions de travail convenables qui encourageraient les travailleurs canadiens à accepter des emplois dans cette industrie saisonnière.

Par contre, l'excédent d'enseignants compétents dans la plupart des principaux centres urbains fait que les conseils scolaires ont rarement besoin de recruter à l'extérieur de leur propre région. En ce sens, la taille du marché du travail varie selon la mobilité des travailleurs, à savoir leur capacité et leur volonté de se déplacer d'un marché à un autre, tant sur le plan professionnel que géographique. De surcroît, un nombre considérable d'entreprises, surtout de grandes entreprises, ne recrutent pas à même le marché libre, sauf pour pourvoir aux postes de premier échelon ou « postes de débutants ». Elles ont plutôt recours à la promotion au sein de leur propre personnel pour pourvoir aux postes vacants.

La loi aussi peut agir sur le choix d'un emploi ou d'un candidat à un emploi. Par exemple, les avocats et les médecins ne peuvent pratiquer dans une province que s'ils y sont agréés. En vertu des lois actuelles sur l'immigration, sous réserve de quelques restrictions et de quelques exceptions aux termes de l'Accord de libre-échange nord-américain, les employeurs ne peuvent engager des étrangers à moins de pouvoir prouver l'absence au Canada de personnel qualifié disponible. Certaines conventions collectives stipulent que les employeurs ne peuvent faire de l'embauche à l'extérieur du syndicat local. L'exercice de diverses professions et emplois techniques requiert l'obtention d'un certificat attestant la formation d'un individu (un grade universitaire ou un certificat de compagnon à la suite d'un apprentissage, par exemple).

Le total de l'offre de travail dépend de la taille de la population adulte, soit aux fins des statistiques, toutes les personnes âgées de 15 ans ou plus. En réalité, seulement une portion de la POPULATION ACTIVE potentielle participe au marché du travail, les principaux facteurs déterminants étant l'âge et le sexe, la conjoncture économique, les institutions sociales et les attitudes. Beaucoup de jeunes personnes fréquentent jusqu'au milieu de la vingtaine l'école ou d'autres établissements de formation. En outre, la participation baisse rapidement à mesure que les travailleurs approchent les 60 ans ou les dépassent.

Le taux de participation des femmes, particulièrement celles âgées entre 25 et 64 ans, est traditionnellement beaucoup moins élevé que celui des hommes. Toutefois, cette tendance est en train de changer tandis qu'augmente le nombre de femmes mariées qui se joignent à la population active. On attribue cette participation accrue des FEMMES DANS LA POPULATION ACTIVE à l'évolution des attitudes sociales, à la chute du taux de natalité et de la taille des familles (ce qui est peut-être une conséquence plutôt qu'une cause), à la hausse du niveau de scolarité, à l'accroissement du nombre de débouchés, à la nécessité de maintenir le revenu familial pour compenser la baisse du salaire réel des hommes, et à d'autres pressions économiques.

L'offre globale de travail ne se répartit pas également entre les régions ou même entre les sous-régions, ni entre les marchés du travail ruraux et urbains. Elle varie dans chaque localité non seulement en fonction de la taille et du taux d'activité de la population locale et du taux d'accroissement naturel de la population, mais aussi en fonction de la migration vers les marchés et hors de ceux-ci. Comme le taux de migration est directement lié aux possibilités de développement économique, la croissance relative de la main-d'oeuvre dans différentes régions du Canada reflète le développement économique du pays. Au début du XXe siècle, l'avènement de l'économie axée sur la production de blé entraîne une forte croissance dans les Prairies. Plus tard, cette expansion se concentre dans le centre du pays. Récemment toutefois, elle favorise de nouveau l'Ouest, jusqu'au ralentissement de l'économie de cette région dans les années 80. Depuis, on note un certain mouvement des Prairies vers la Colombie-Britannique, sans aucune autre tendance importante dans la répartition de la main-d'oeuvre.

Pour des motifs d'ordre pratique et administratif ainsi qu'en raison de son étendue, le Canada est divisé en 71 régions économiques aux fins de l'enquête sur la population active. Toutefois, les 470 régions qui disposent d'un centre d'emploi du Canada en 1991 offrent une meilleure représentation du nombre de marchés du travail locaux, sauf que les principaux centres urbains ont plus d'un centre, ce qui occasionne peut-être une surestimation du nombre de marchés. Depuis, le ministère du Développement des ressources humaines, l'ancien ministère de l'Emploi et de l'Immigration (renommé en 1993), compte de plus en plus sur les guichets électroniques (terminaux vidéo) pour fournir des renseignements et des services en matière d'emploi. En agissant de la sorte, il traite le marché du travail canadien comme s'il était un marché national.

Pour ce qui est de la répartition de la main-d'oeuvre par profession, il est possible d'estimer en gros l'entrée sur le marché du travail des nouveaux travailleurs détenant certaines qualifications professionnelles en surveillant continuellement les diplômés qui sortent des établissements d'enseignement et de formation, des programmes structurés d'apprentissage et de formation industrielle en cours d'emploi, ainsi que les qualifications professionnelles des immigrants. Une telle estimation serait cependant imprécise parce qu'elle ne tient pas compte des compétences acquises de façon informelle et de la formation en milieu de travail, qui n'apparaissent pas normalement dans les statistiques, ni du nombre de travailleurs qui occupent un emploi ne faisant pas appel à leurs qualifications réelles. Selon une étude menée en 1989, le tiers des diplômés universitaires, 40 p. 100 des diplômés collégiaux et le tiers des diplômés du secondaire occupent alors un emploi qui ne fait pas appel à leurs qualifications.

Par ailleurs, il n'existe pas non plus de données précises sur les compétences perdues par ÉMIGRATION. Il serait donc plus exact de déterminer la répartition réelle de la main-d'oeuvre par profession en mesurant la demande de qualifications, plutôt que l'offre. Le fait que le Canada se fie depuis longtemps sur les immigrants pour obtenir certaines qualifications et que, en période de faible chômage, les employeurs se plaignent souvent de la pénurie de gens de métier montre bien que l'offre nationale de certaines qualifications reste inférieure à la demande.

La demande sur les marchés du travail

La demande de travail est indirectement déterminée par la demande de biens et de services que ce travail produit. Elle a une dimension géographique et professionnelle, mais elle est aussi fortement touchée par la répartition des qualifications par catégorie d'activité économique et par l'organisation des industries. Sur le plan géographique, elle ne correspond en général pas à la répartition de l'offre. Par conséquent, des emplois pratiquement identiques seront souvent marqués par des différences régionales de taux de chômage et de salaires moyens.

Selon la répartition de la population en emploi par catégorie d'activité économique, l'écart entre la répartition des hommes et celle des femmes est encore une fois assez prononcé, principalement en raison des différences dans la composition de la demande de travail par professions dans les diverses industries. Les chiffres révèlent une croissance plus rapide de l'emploi dans les industries tertiaires, qui est semblable à la tendance à la hausse du nombre de cols blancs parmi les professions.

Salaires et chômage

Dans un modèle économique parfait du marché du travail, les salaires s'ajustent de façon à éliminer le chômage. Ainsi, au fil des ans, la main-d'oeuvre se déplacerait entre régions, professions et industries jusqu'à l'égalisation des taux de salaires réels après rajustements commandés par les différences de qualification, de scolarité et de formation, ainsi que par les coûts non monétaires et les avantages de chaque milieu de travail. En réalité, cette situation idéale n'existe pas, et il continue d'y avoir des écarts entre l'offre et la demande, surtout entre les régions et entre les emplois nécessitant des qualifications semblables. Les exigences en matière de formation et les conditions de travail diffèrent largement entre les professions et entre les régions, et il en est de même pour le taux de chômage. Il est très difficile d'analyser ces disparités, mais les disparités régionales montrent bien à quel point la situation canadienne est loin de l'équilibre de l'offre et de la demande énoncé dans la théorie économique des marchés du travail.

Le concept de marché du travail doit être considéré comme un outil complexe et imparfait d'analyse du système d'allocation de l'offre globale de travail au Canada (y compris les employeurs, les cadres et les travailleurs indépendants), entre toutes les possibilités d'emploi que présente l'économie.

Taux d'activité

Représentant la proportion des personnes d'un groupe d'âge et de sexe donné qui participent au marché du travail, le taux d'activité subit des changements considérables au cours des dernières années parce que de plus en plus de femmes entrent sur ce marché. En 1961, moins de 30 p. 100 des Canadiennes s'y trouvent. En 1996, cette proportion a presque doublé, du fait surtout que de moins en moins de femmes quittent la population active pour se marier ou pour élever une famille. Par contre, chez les hommes, ce taux affiche une certaine constance malgré une baisse régulière de la participation des hommes de 65 ans ou plus par suite de l'amélioration des allocations de retraite. En dépit de cette tendance, le taux d'activité des hommes âgés de 15 ans ou plus demeure considérablement supérieur à celui des femmes. Ainsi, en juin 1996, il atteint 74 p. 100 par rapport à 58,7 p. 100 pour les femmes.