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Journaux

Les journaux sont des publications imprimées paraissant chaque jour, chaque semaine ou à d’autres intervalles réguliers. Ils fournissent des nouvelles, c’est-à-dire des comptes rendus inédits d’événements importants ou dignes d’intérêt, des opinions et des analyses portant sur ces événements, ainsi que d’autres informations d’intérêt public. Leur équipe se compose de journalistes, de rédacteurs, de photographes et de graphistes. Les journaux tirent leurs revenus de la publicité, des abonnements et des ventes en kiosque. Leur contenu est disponible en ligne, où il est mis à jour plus fréquemment que dans les versions papier. À peu près un tiers des quotidiens canadiens exigent un paiement pour accéder à la totalité ou à une partie de leur contenu en ligne. Certains journaux ont cessé de publier en version papier et ne sont disponibles qu’en ligne. D’autres ont été créés en ligne, assurant la même fonction que les journaux existants.

En 2016, on comptait 98 journaux quotidiens au Canada, dont 84 payants et 14 gratuits, pour un tirage hebdomadaire total (versions papier et en ligne) de 31,6 millions de copies, et un tirage quotidien de 5,2 millions. Sur ces journaux, 85 % étaient publiés en anglais, 13 % en français et 2 % en chinois.

Couverture et contenu

On dit souvent que les journaux constituent la première ébauche de l’histoire puisqu’ils offrent une recension publique des événements et débats contemporains. Puisqu’ils divulguent les nouvelles du jour et enquêtent sur les grands enjeux publics, ils jouent un rôle essentiel dans la société (voir journalisme).

Les journaux canadiens couvrent une grande variété de sujets, de la politique aux affaires, en passant par les sports et les loisirs. Certains couvrent l’ensemble des sujets tandis que d’autres, comme les journaux financiers ou sportifs, se spécialisent dans un domaine spécifique. Chaque domaine est couvert dans une section du journal, par exemple les affaires, les loisirs, la vie quotidienne, les sports, etc., où les nouvelles y sont présentées dans des articles. Des cahiers spéciaux (par exemple, sur l’immobilier ou l’automobile) peuvent paraître certains jours de la semaine ou à certains moments de l’année, selon la publication. Les nouvelles les plus importantes ou pertinentes, selon le jugement de l’équipe éditoriale, sont présentées dans la première section. Celle-ci contient aussi, habituellement, des éditoriaux, des lettres d’opinion, des caricatures politiques, des nouvelles internationales et des bulletins météorologiques.

Les journaux comportent aussi souvent des articles de fond, qui abordent un sujet de manière plus approfondie, ainsi que des mots croisés et autres jeux, des bandes dessinées, des rubriques de conseils pratiques, des portraits, des recensions, des avis de décès et de naissances, etc.

Histoire des journaux canadiens

L’histoire des journaux au Canada débute au 18e siècle, au moment où les premières presses à imprimer arrivent à Halifax, Québec et Montréal. Cette histoire est présentée dans trois articles de survol : Premiers journaux au Canada, Journaux au Canada : de 1800 aux années 1900 et Journaux au Canada : de 1900 aux années 1990.

Quelques journaux canadiens d’hier et d’aujourd’hui

Le Canadien Globe and Mail Novascotian Le Soleil
Calgary Herald Grain Growers' Guide Ottawa Citizen Star Weekly
Le Devoir La Minerve Ottawa Journal Toronto Star
Edmonton Journal Montreal Gazette La Presse Vancouver Sun
Financial Post Montreal Standard The Province The Vindicator
Financial Times National Post The Quebec Mercury Winnipeg Free Press

Types de journaux

Les deux principaux types de journaux sont les grands formats et les tabloïds. Les grands formats sont pliés à deux reprises et assemblés en cahiers insérés les uns dans les autres. La plupart des quotidiens nationaux, comme le National Post et le Globe and Mail, et des quotidiens locaux, comme la Montreal Gazette et le Vancouver Sun, sont publiés en grand format. Les tabloïds sont pliés comme des livres et parfois reliés ou brochés, et leur taille est habituellement la moitié de celle des grands formats. Le format tabloïd est le préféré des hebdomadaires et des quotidiens locaux au Canada. À peu près 64 % des quotidiens canadiens sont des grands formats et 36 % sont des tabloïds.

L’expression tabloïd désigne habituellement des publications à tendance populiste offrant une couverture médiatique sensationnaliste. Parmi les tabloïds canadiens, on compte le Journal de Montréal et le Journal de Québec, en français, et la chaîne de journaux du Sun, en anglaisToronto, Edmonton, Ottawa et Calgary (voir Sun Media Corporation).

Plusieurs hebdomadaires alternatifs de gauche sont des tabloïds, comme le Georgia Straight (Vancouver), NOW (Toronto) et The Coast (Halifax). L’éditeur LGBTQ Pink Triangle Press a publié les tabloïds locaux Xtra! à Toronto, Vancouver et Ottawa jusqu’en 2015, quand il a choisi de se concentrer sur sa publication en ligne. En général, les hebdomadaires alternatifs sont distribués gratuitement et tirent leurs revenus de la publicité et d’importantes sections de petites annonces.

La presse multiculturelle (aussi appelée ethnique ou ethnoculturelle) reflète les besoins, les intérêts, la politique et la langue de communautés culturelles spécifiques du Canada. On y trouve les journaux chinois World Journal Daily, Sing Tao Daily et Ming Pao, de même que The Canadian Jewish News, Asian Vision (rédigé en pendjabi, en hindi et en anglais), Share et beaucoup d’autres.

Les journaux étudiants sont publiés indépendamment de leurs universités respectives et tirent leurs revenus de la publicité et des cotisations étudiantes. Parmi les principaux, on compte The Ubyssey (Université de Colombie-Britannique), The Varsity (Université de Toronto) et The McGill Daily (Université McGill).

Modèle d’entreprise

Le modèle d’entreprise de l’industrie des journaux s’est transformé plusieurs fois au cours de son histoire. À l’origine, les journaux sont en grande partie financés et contrôlés par les gouvernements coloniaux. Ces premiers journaux tirent des revenus supplémentaires de la publicité pour des produits et services locaux (voir Premiers journaux au Canada).

Avec la diminution du coût d’achat et d’utilisation du papier et des presses, des imprimeurs indépendants se lancent dans la publication de journaux. Ceux-ci ne sont pas entièrement indépendants, car ils sont souvent financés ou contrôlés par des partis politiques (voir Système des partis). Le tirage des journaux augmente avec l’alphabétisation, faisant croître une autre source de revenus : les abonnements payants et les ventes en kiosque. Les journaux tirent aussi plus de revenus de la publicité, le lectorat captif qu’ils rejoignent étant plus important (voir Journaux au Canada : de 1800 aux années 1900).

Au tournant du 20e siècle, les journaux commencent à délaisser leurs affiliations politiques, s’en remettant à la publicité, aux abonnements et aux ventes en kiosque pour assurer leur financement. Les journaux obtiennent à peu près 80 % de leurs revenus en vendant entre 50 et 60 % de leur espace à des annonceurs, et seulement 20 % des ventes aux lecteurs. La concurrence s’accroît entre les journaux, qui se disputent les ventes d’abonnements et de publicité. Nombre de journaux disparaissent, sont fusionnés ou sont achetés par des chaînes qui prospèrent dans cet environnement (voir Southam Inc. et Quebecor Inc.). Cette consolidation entraîne un déclin du nombre de quotidiens au Canada (qui passe d’un sommet de 143 en 1911 à 110 en 1986). Les publications restantes génèrent d’importants profits pendant les années 1980.

Contraction et consolidation de l’industrie

À l’aube du 21e siècle, le modèle d’entreprise de l’industrie des journaux se métamorphose à nouveau, alors que le tirage des copies payantes diminue de presque la moitié. Ce changement est en partie imputable à la croissance de la publicité en ligne, où les contenus sont offerts gratuitement. Simultanément, d’autres plateformes en ligne offrent gratuitement des services qui sont payants dans les journaux, comme les petites annonces. Des sites comme Craigslist et Kijiji privent ainsi les journaux d’une autre importante source de revenus. En outre, la récession de 2008-2009 entraîne une importante chute des revenus publicitaires, car les annonceurs réduisent leurs dépenses en publicité imprimée. Le déclin de la publicité imprimée découle aussi du fait que le lectorat se tourne vers les plateformes en ligne pour consulter les nouvelles. À leur tour, les journaux resserrent leurs budgets de fonctionnement, réduisent leurs équipes de rédaction, cessent de paraître certains jours ou les fins de semaine, et, dans certains cas, abandonnent leur édition papier pour publier uniquement en ligne.

La consolidation de l’industrie se poursuit, atteignant un nouveau sommet dans les années 2010. En 1994, trois des plus grandes chaînes de journaux possèdent plus de 58 % des journaux du pays. Dix ans plus tard, les cinq plus grandes chaînes détiennent 72 % des journaux. En 2017, les quatre plus grandes chaînes possèdent 68 % des journaux du Canada, dont 45 % sont aux seules mains de Postmedia Network Inc. Les deux chaînes au second rang pour le nombre de journaux, Torstar et SaltWire Network, possèdent respectivement neuf et huit journaux. La chaîne moyenne est propriétaire de trois ou quatre journaux.

Publications en ligne et verrous d’accès payants

Les journaux commencent à publier leur contenu en version électronique dans les années 1980, d’abord à l’aide de services vidéotex comme Telidon, puis grâce à Internet dans les années 1990. L’accès au contenu en ligne est initialement gratuit et le demeure dans les années 1990 et au début du 21e siècle. Certains journaux choisissent ensuite d’installer des verrous d’accès payants qui limitent l’accès à leur contenu en ligne à leurs abonnés. Par exemple, le Toronto Star introduit un verrou d’accès en 2013 puis le retire en 2015 car le nombre d’abonnés est insuffisant. D’autres publications, comme le Globe and Mail et le Toronto Sun, permettent aux lecteurs d’accéder gratuitement à un nombre déterminé d’articles à chaque mois, après quoi ils doivent payer. Certains journaux lancent des versions de leurs publications pour appareils mobiles, par exemple les applications pour tablettes créées par La Presse en 2013 et le Toronto Star en 2015.

Voir aussi : Magazines ; Médias alternatifs ; Journalisme.

Pensez comme un historien : La bataille de la crête de Vimy

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