Rivière Saskatchewan Nord | l'Encyclopédie Canadienne

article

Rivière Saskatchewan Nord

La rivière Saskatchewan Nord (longue de 1 287 km et dont les premiers 48,5 km ont été désignés rivière du patrimoine canadien) est un affluent majeur de la rivière Saskatchewan qui se déverse dans la baie d’Hudson. Son débit annuel moyen est de 241 m3/s, avec un maximum en juillet et un minimum en février. Cette rivière a été une importante voie de transport de la fin de la dernière époque glaciaire jusqu’au milieu du 20e siècle.
Rivi\u00e8re Saskatchewan Nord
Vue sur la rivi\u00e8re Saskatchewan Nord \u00e0 partir de la Promenade des Glaciers, dans le parc national Banff, en Alberta. Photographie prise le 20 juin 2007.

Cours

La rivière Saskatchewan Nord naît du glacier Saskatchewan, dans le parc national Banff, au cœur des Rocheuses, et s’écoule vers le sud-est à travers la partie septentrionale du parc. Elle descend ensuite les contreforts de la chaîne montagneuse où elle alimente le lac Abraham, créé par le barrage Bighorn. La rivière continue vers l’est jusqu’à Rocky Mountain House où elle est rejointe par la rivière Clearwater avant de bifurquer vers le nord et de joindre ses eaux à celle de la rivière Brazeau. Elle coule ensuite vers le nord-est, passe à côté de Drayton Valley, et traverse Edmonton (la plus grande ville du bassin) puis Fort Saskatchewan. La rivière Saskatchewan Nord continue alors vers l’est, puis plonge en direction du sud-est juste avant de passer la frontière entre l’Alberta et la Saskatchewan et d’arroser les villes de North Battleford et de Battleford. C’est là qu’elle est rejointe par le plus grand de ses affluents, la rivière Battle. La rivière reprend rapidement la direction du nord-est et juste à l’est de Prince Albert, en Saskatchewan, elle se joint à la rivière Saskatchewan Sud pour créer la rivière Saskatchewan.

Flore et faune

Les sources de la rivière Saskatchewan Nord, dans les Rocheuses, sont dominées par les sapins subalpins, les épinettes d’Engelmann et les pins tordus latifoliés. La rivière traverse ensuite les contreforts où dominent les forêts de trembles et les forêts-parcs constituées de peupliers baumiers et d’un mélange d’herbes et de buissons. Une grande partie de la vallée taillée par la rivière est utilisée pour l’agriculture, principalement la culture de céréales. Les berges de la rivière abritent des carex, des graminées, des joncs et des arbustes, notamment des aulnes, des amélanchiers, des cerisiers de Virginie et des rosiers aciculaires.

Le cours supérieur de la rivière Saskatchewan Nord abrite des poissons d’eau froide, notamment des truites fardées, des truites arc-en-ciel, des ombles à tête plate, des ombles de fontaine, des truites brunes, des ménominis des montagnes, des meuniers rouges et des naseux des rapides. Plus en aval, la rivière s’écoule au milieu de prairies et accueille des espèces adaptées aux eaux plus chaudes, telles que le grand brochet, le doré jaune, le doré noir, la laquaiche aux yeux d’or, la perchaude, la brème d’Amérique, le chevalier rouge et l’esturgeon jaune. Les orignaux, les wapitis, les caribous des bois, les cerfs de Virginie, les coyotes, les lièvres, les renards, et les castors sont présents dans le bassin que fréquentent également la sturnelle de l’Ouest, le troglodyte familier, le tyran de l’Ouest ainsi que deux espèces menacées, le pluvier siffleur et la chevêche des terriers.

Problèmes environnementaux

La qualité de l’eau de la Saskatchewan Nord est maximale près des sources de la rivière. Elle diminue en aval à cause de l’effet cumulatif des activités humaines dans le bassin, en particulier l’agriculture et l’urbanisation. Les ruissellements provenant des terres agricoles transportent des pesticides et des engrais jusqu’à la rivière, tandis que plusieurs municipalités, telles que celle d’Edmonton, déversent des eaux usées traitées qui peuvent contenir de faibles concentrations de minéraux, de bactéries coliformes fécales, de produits pharmaceutiques, de produits de soins personnels et de substances perturbatrices du système endocrinien. Des contaminants peuvent de plus s’ajouter aux eaux de ruissellement des zones urbaines.

Le 21 juillet 2016, près de 225 000 litres de pétroles et d’autres contaminants se sont déversés dans l’environnement après la rupture d’un pipeline de Husky Energy. Environ 90 000 litres ont fini dans la rivière Saskatchewan Nord, près de Lloydminster, en Saskatchewan. Le réseau municipal d’approvisionnement en eau potable de North Battleford, Melfort et Prince Albert est resté fermé jusqu’en septembre 2016 et North Battleford a continué à s’approvisionner en eau potable auprès de la communauté voisine de Battleford durant le printemps 2017.

Le changement climatique a eu un impact sur la rivière Saskatchewan Nord en diminuant le manteau neigeux hivernal et en provoquant une crue de printemps plus précoce, ce qui engendre des niveaux plus faibles, en particulier durant la période estivale. De plus, le retrait du glacier Saskatchewan et des glaciers qui alimentent les affluents de la rivière a provoqué une réduction des débits estivaux et cette diminution devrait se poursuivre. Le changement climatique a également provoqué un déplacement des zones de végétation et une contraction des habitats fréquentés par les oiseaux aquatiques migrateurs.

Histoire

Pendant plus de 10 000 ans, les Premières Nations ont utilisé la rivière Saskatchewan pour se déplacer et elles ont subsisté grâce aux ressources alimentaires que son bassin leur a procurées. C’était la voie principale de communication entre l’est du Canada et les Rocheuses. Elle a joué un rôle majeur du 17e au 20e siècle, durant la traite des fourrures et l’installation des premiers colons européens. À la fin du 18e siècle, près de la moitié des voyageurs qui arrivent en canot à York Factory, sur la baie d’Hudson, sont passés par le bassin de la rivière Saskatchewan Nord.

Le cours supérieur de la Saskatchewan Nord est le territoire traditionnel de la Confédération des Pieds-Noirs, des Ktunaxas, des Stoneys-Nakodas et des Tsuut’ina. La région au sud du cours inférieur de la Saskatchewan Nord est le territoire traditionnel des Assiniboines tandis que la région au nord de la rivière est le territoire traditionnel des Cris. Les Métis ont quant à eux fréquenté toute la région. Les Autochtones pêchaient dans la Saskatchewan Nord et chassaient le bison, le caribou des bois, l’original et d’autres mammifères plus petits. Ils récoltaient également des racines et des baies dans le bassin de la rivière.

En 1754, Anthony Henday, un employé de la Compagnie de la Baie d’Hudson, voyage à plusieurs reprises par voie terrestre avec des guides cris le long de la rivière Saskatchewan Nord, croisant en chemin de nombreux affluents. Il remonte jusqu’aux contreforts des Rocheuses avant de redescendre en canot jusqu’à Fort Paskoyac, sur la rivière Saskatchewan, suivant la débâcle printanière. David Thompson fait de nombreux voyages dans le bassin de la Saskatchewan Nord à partir de 1798. En 1810, il remonte tout le bassin du cours supérieur de la rivière alors qu’il cherche un itinéraire pour traverser les Rocheuses. Parmi les autres explorateurs européens connus de la Saskatchewan Nord, on peut citer Peter Fidler (1792) et Peter Pond (1776-1778).

La traite des fourrures a eu un impact important sur le style de vie traditionnel des Premières Nations, notamment sur leurs migrations saisonnières et leurs activités économiques, en particulier lorsque les Autochtones sont passés de la chasse de subsistance à la chasse des animaux à fourrure pour le commerce avec les Européens. Les Cris et les Assiniboines, qui habitent à l’époque le cours inférieur de la Saskatchewan Nord, jouent le rôle d’intermédiaires entre les Européens et les Pieds-Noirs installés dans le cours supérieur de la rivière. Les maladies apportées par les explorateurs européens et les colons font des ravages au sein des communautés des Premières Nations, avec notamment des épidémies de variole en 1780, 1838, 1856 et 1869 qui tuent une grande partie des Autochtones et auront des répercussions durables sur leur tissu social et leur bien-être économique.