Rhythm and Blues | l'Encyclopédie Canadienne

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Rhythm and Blues

Rhythm and blues (R & B, Soul). Genre appartenant à la musique noire populaire d'origine américaine.

Rhythm and blues (R & B, Soul). Genre appartenant à la musique noire populaire d'origine américaine. Enraciné dans le « blues urbain » du début des années 1930, marqué par les orchestres de jazz noirs de l'ère du Swing, le R & B naît dans les années 1940, représenté d'abord par de petits groupes de « jump music » où chanteurs et musiciens (cuivres, orgue) essaient de nouvelles formules. En 1950, les chanteurs solos mettent au point ce style « crooner », mélange de blues et de recettes héritées des boîtes de nuit, qui leur attire l'auditoire blanc. À leur tour, les harmonies « doo-wop » et le style vocal gospel enfantent le « soul » passionné, élément actif de la musique populaire des années 1960. L'arrivée sur la scène R & B des compagnies de disques (Detroit, Chicago, New York, Philadelphie, Memphis) permet l'éclosion de nombreux styles régionaux.

Le R & B a de nombreuses significations : en 1949, la revue Billboard baptise « R & B » son ancienne rubrique « Race Records »; en 1969, le R & B se transforme en soul, qui cède la place au funk en 1974, le disco prend la relève à la fin de la décennie avant d'être détrôné par la Black Music au début des années 1980. Tous ces styles possèdent évidemment leurs caractéristiques propres. Vers 1990, le terme R & B, de nouveau à la mode, englobe le soul, le funk, le « quiet storm », le hip-hop et ses variantes « house music », sans oublier le « new jack swing ».

Le Canada contribue indirectement à l'expansion du R & B, tout comme à celle du pop, du country et du rock, de par son public fidèle et des acheteurs dont les goûts correspondent au marché américain. Les vedettes américaines ont toujours été populaires au Canada, phénomène inévitablement unilatéral. Dès les années 1950, des boîtes canadiennes accueillent orchestres « jump », « honkers (saxophonistes ténors) and shouters » et chanteurs à la mode - Louis Jordan, Amos Milburn ou encore Bill Doggett. Très tôt, des groupes de R & B ou de jazz investissent Toronto, derrière le pianiste Cy McLean (originaire de Sydney, en Nouvelle-Écosse) et sous l'impulsion du batteur Johnny Wiggins (Four Soul Brothers) et du trompettiste Billy Martin, à Montréal et dans ses environs.

Vers les années 1960, la popularité dont jouit le R & B auprès des jeunes Blancs donne naissance à de nombreux autres groupes nationaux. À Montréal, l'Apollo, le Club 217, l'Esquire Showbar, le Soul Heaven et l'Uptown sont les premiers à accueillir Dennis Dean, Skipper Dean, Eddie (Watson) and the Preachers, Kenny Hamilton, Roy Hamilton, Trevor Payne (qui chante avec les Soul Brothers et Triangle), les Persuaders, les Senators, les Soul Mates et Harrison Tabb. À Halifax (où Davy Wells est l'une des vedettes de l'émission locale de la SRC, « Music Hop »), on peut entendre du R & B à l'Arrow Club et au Club Unusual. À Toronto, le vent souffle sur la commerciale rue Yonge, entre autres dans les bars Bluenote, Hawk's Nest et Coq d'or ainsi que dans les cafés du quartier Yorkville, comme le Boris's, où se produisent aussi de nombreux interprètes de folk et de folk rock.

Le groupe typique est composé de musiciens blancs et de chanteurs noirs (canadiens ou américains) interprétant des succès à la mode aux États-Unis, morceaux moins connus et compositions originales. On estime que plus de la moitié des orchestres de bar torontois appartiennent à cette catégorie en 1965-1966. Toronto accueille Dianne Brooks et Eric Mercury (qui chantent avec les Soul Searchers avant d'entamer leurs carrières solos), David Clayton-Thomas and the Shays, Jack Hardin and the Silhouettes (qui incluent Brooks et sa toute jeune fille, Joanne), Shawne and Jay Jackson and the Majestics, Jon (Finlay) & Lee (Jackson) & the Checkmates, Ritchie Knight and the Mid-Knights, Bobby Kris(s) and the Imperials, R.K. (Roy Kenner) and the Associates, Eddie Spencer and the Power, les Five Rogues (qui prennent ensuite le nom de Mandala - voir Domenic Troiano), Motherlode, les Tierras, Jason King, Tobi Lark, Shirley Matthews et Jackie Shane.

Originaire de Harrow, Ont., Shirley Matthews connaît le succès en 1963 avec « Big Town Boy » et reçoit en 1964 le Prix Juno de la chanteuse de l'année. Renommé pour les spectacles hauts en couleurs qu'il donne avec Frank Motley and the Hitchhikers à la Sapphire Tavern de Toronto, la femme transgenre Jackie Shane se fait également connaître du public canadien par la chanson « Any Other Way » (1963). Après ces premiers exploits du R & B noir canadien apparaissent des groupes blancs comme les Shays (« Walk That Walk », 1965), Bobby Kris and the Imperials (« Walk On By », 1966) et le Jon-Lee Group (« Bring It Down Front », 1967). Si le « soul aux yeux bleus » du groupe Mandala domine la scène torontoise du milieu des années 1960 (son premier chanteur, George Olliver, se produit encore dans les années 1990), c'est le quatuor Motherlode, composé de Blancs et de Noirs, qui obtient le plus beau succès aux États-Unis avec « When I Die » (1969).

Entre-temps, à Yorkville, Luke and the Apostles, les Ugly Ducklings et d'autres groupes blanc R & B d'inspiration américaine se découvrent des affinités avec un blues rock britannique en plein renouveau (voir Blues). Vers 1965, toujours à Yorkville, le groupe rock Mynah Birds accueille en son sein - outre Neil Young- un grand nom du funk américain de la fin des années 1970, Rick James (James Johnson, de Buffalo) qui joue dans le groupe sous le nom d'artiste Rick Matthews.

À la même époque, le R & B américain compte plusieurs Canadiens dans ses rangs, dont R. Dean Taylor de Toronto et Harrison Kennedy de Hamilton, Ont., tous deux installés à Detroit. Taylor écrit des chansons pour l'étiquette Motown. Il coécrit le fameux « Love Child » chanté par les Supremes (1968) et remporte un succès international en 1970 avec la chanson pop (et non R & B) « Indiana Wants Me » (chez Rare Earth). Quant à Kennedy, il fait partie, de 1969 à 1974, de Chairman of the Board qui enregistre chez Invictus de nombreuses grandes chansons, dont « Give Me a Little More Time » (1970). Kennedy poursuit ensuite sa carrière à Toronto. Issu de la côte ouest du Canada, Bobby Taylor et ses Vancouvers se font connaître aux États-Unis avec « Does Your Mama Know About Me? » (1968).

Dans les années 1970, l'ascension du funk permet à des musiciens d'origine antillaise d'imprimer leur marque au R & B canadien. Les huit membres de Crack of Dawn, une formation similaire au groupe de musique progressive Earth, Wind & Fire, des États-Unis, se produisent alors dans les boîtes torontoises vouées au R & B (le Generator, la Colonial Tavern, le Savarin, le 4th Dimension, etc.). Avant de se disperser en 1977, ils enregistrent chez Columbia; « It's Alright [This Feeling] » remporte un modeste succès. Par la suite, deux d'entre eux, Carl Harvey et Glenn Ricketts, participent au développement de la musique noire canadienne (voir Reggae), et Rupert Harvey est l'un des fondateurs de Messenjah en 1981.

Au milieu des années 1970, de nombreux artistes de R & B et de soul vivant au Canada accordent la priorité à la danse (voir Disco). Le Canada, l'Angleterre et les États-Unis découvrent ainsi Claudja Barry (Montréalaise installée ensuite en Allemagne puis à New York), Alma Faye Brooks, John Usry (Stratavarious), Jimmy Ray (Katmandu), Goldie Alexander, Geraldine Hunt et ses enfants, Freddie James et Rosalind Milligan Hunt, dont le groupe, Cheri, accède en 1982, avec « Murphy's Law », au top 40 du Hot 100 de la revue Billboard. En 1976, Wayne St. John devient le premier artiste noir du Canada à atteindre la première place des sélections de RPM, avec une chanson de THP Orchestra, « [Theme from] S.W.A.T. ». D'autres interprètes marquent les années 1970, par exemple Salome Bey, Joanne Brooks, Phil Dino, Jackie Gabriel, Curtis Lee, Bill King, Aubrey Mann, le Mighty Pope (Earle Heedram), Jackie Richardson, Betty Richardson, Eugene Smith et Sweet Blindness.

Les années 1980 voient les boîtes revenir peu à peu au funk et au soul purs et durs, mais les grandes compagnies de disques canadiennes ne suivent pas le mouvement et préparent leurs poulains selon des critères radiophoniques. Ainsi produits, les chanteurs torontois Billy Newton-Davis, Liberty Silver et Erroll Starr connaissent un succès limité et se contentent, en guise de promotion, des Juno du meilleur enregistrement R & B et soul, Silver en 1985 pour « Lost Somewhere Inside Your Love », Newton-Davis en 1986 pour Love Is a Contact Sport puis en 1990 pour Spellbound, et Starr en 1989 pour « Angel ». Ce Juno est également décerné à Kim Richardson en 1987 pour « Peek-A-Boo » et, en 1991, à Simply Majestic (avec B. Kool) pour « Dance to the Music (Work Your Body) ». De même, le chanteur montréalais Georges Thurston (Boule Noire) (Bedford, Québec, 29 déc 1951 - Montréal, 18 juin 2007) adopte un style R & B commercial durant les années 1970 et 1980, tandis que le quintette Tchukon, créé à Montréal en 1981 par des musiciens américains et rebaptisé H3-Factor en 1990, combine R & B et influences funk, reggae et jazz sur l'album Here and Now. Le disque sort après la victoire du groupe à l'émission télévisée « Rock Wars » de la télévision anglophone de la SRC (1985) et du spectacle américain « Star Search » (1986) diffusé par les stations locales. Le groupe continue à jouer sous le nom H3-Factor au cours des années 1990.

Dans les années 1980, plusieurs autres artistes canadiens enregistrent de manière indépendante, comme les Torontois George Banton, David Bendeth, Demo Cates, Tony Douglas, Arlene Duncan, Cecile Frenette, John James, Glen Johnson, les Lincolns, Jay W. McGhee, Yvonne Moore, Oddett, Phase IV, George Saint Kitts, Lorraine Scott, Something Extra, Eddie Staxx, Sweet Ecstacy et Michael Thompson, sans oublier Al Hinton et Jimmy Young (Kitchener, Ont.) et les Montréalais Charles Biddle fils, Bones Jones, Normand Braithwaite, Fussy Cussy Nicodemus et Kenny Hamilton. Comme leurs prédécesseurs Pierre Perpall, dans les années 1960, et Thurston, Biddle et Braithwaite enregistrent des chansons en français.

En 1990, on sent déjà au Canada l'influence exercée par le rap innovateur sur le R & B, que ce soit musicalement - ainsi, dans les chansons « Dance to the Music (Work Your Body) » de Simply Majestic et B. Kool (1990) ou « I'll Respect You » de Debbie Johnson (1991), le rap se combine aux harmonies soul et gospel et aux rythmes dansants - ou sur une industrie du disque qui, délaissant les artistes R & B et soul, s'intéresse de plus en plus aux jeunes rappeurs.

Au début des années 1990, les grandes compagnies produisent bien plusieurs nouveaux venus (le duo Love and Sas, de Vancouver et Toronto, Chamberlain à Montréal, Alanis à Ottawa et les Torontois Lisa Lougheed, Porsha-Lee et Spunkadelic, composé de Ray Guiste et Ali Whittaker), mais en 1991, les véritables porte-parole du R & B canadien sont les rappeurs MC J et Cool J de Halifax (voir Rap), qui disent jouer du « double R & B » (rap, rhythm and blues, et un duo torontois au techno-soul dansant, Index, composé de Lennox Grant et Rupert Gayle, membres fondateurs du quatuor funk Traffic Jam (1983), puis du duo Streetbeat (1987).

Presque cinquantenaire, le R & B canadien survit et prospère parfois malgré les pressions exercées par la vieille garde fidèle à la tradition et par une industrie du disque qui privilégie la nouveauté pour conquérir de jeunes auditoires. Le public peut faire son choix parmi des artistes issus, au début des années 1990, des boîtes de Toronto (Network, Berlin, un second Blue Note, etc.) et de Montréal (le Checkers, par exemple). Ainsi, Sub Culture (avec Marcus) et Carle E and Lifetime représentent la nouvelle vague, face à Erica James et Corporate Funk Association, plus traditionnels.

La mise en valeur du R & B canadien

Vers 1995, le terme « musique urbaine » devient un nom fourre-tout utilisé pour faire référence à la musique de danse, principalement le R & B, le soul et le hip-hop. En réalité, la musique urbaine est simplement une expression servant à désigner poliment la « musique noire » qui, d'une certaine façon, permet aux directeurs de maisons de disques blancs de promouvoir plus facilement la musique des artistes afro-américains des États-Unis et du Canada. Peu importe le nom qu'on lui donne, le marché du R & B canadien évolue et arrive à maturité; des éléments importants manquent cependant à son infrastructure. La radio, qui est à l'époque le principal outil de promotion utilisé par les artistes et les maisons de disques, ne leur consacre pas de temps d'antenne. Sans l'aide de ce joueur de premier plan, le R & B (la musique urbaine) ne peut vraiment grandir ou prospérer. Sans l'appui de la radio locale, les artistes canadiens peuvent difficilement se faire connaître du public.

L'homme d'affaires torontois Denham Jolly est sensible à ce problème et y voit une occasion d'affaire. Il crée Milestone Radio Inc. Et, en 1990, présente au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) une demande de licence d'exploitation de station de radio de musique urbaine à Toronto. Sa demande est refusée. Six ans plus tard, Jolly fait une nouvelle demande de licence et essuie un second refus. Ce refus d'autoriser l'exploitation d'une station de musique urbaine du CRTC est fortement critiqué par les Torontois, qui vivent dans la ville la plus populeuse et multiculturelle du Canada. La ténacité de Jolly, qui fait une troisième demande de licence en 1998, est finalement récompensée en juin 2000 lorsque le CRTC retient sa candidature. En février 2001, CFXJ-FM est mise en ondes sous le nom commercial Flow 93.5 FM. C'est la première chaîne de musique urbaine au Canada.

En peu de temps, des stations de Vancouver, Kitchener et Calgary en profitent pour remplacer leur programmation habituelle par de la musique urbaine. Toutefois, ils décident par la suite de revenir à une programmation de type « top 40 ». En 2010, Flow est la seule station qui conserve une tendance musicale urbaine.

Avant l'apparition de la radio urbaine au Canada, un joueur de premier plan, la chaîne de télévision par câble MusicPlus, fait son apparition dans l'industrie de la musique en 1984. Largement inspirée de la chaîne américaine MTV, MusicPlus présente un grand nombre de vidéoclips de style pop américains et internationaux, mais aussi une très grande quantité de contenu canadien, comme l'exige le CRTC. Ce nouvel outil de promotion est dès lors accueilli favorablement par les artistes de tous genres, mais en particulier par les artistes du R & B, qui réalisent rapidement qu'une bonne chanson agrémentée d'un vidéoclip ingénieusement conçu leur permet de passer régulièrement en onde sur cette nouvelle chaîne nationale et, par conséquent, d'améliorer leurs ventes d'albums.

À ses débuts, MuchMusic (la chaîne francophone MusiquePlus sera lancée plus tard) met en vedette deux présentateurs charismatiques, souvent appelés « VJ », qui font la promotion de la musique d'un grand nombre d'artistes et de groupes canadiens soul et funk, dont Bass is Base, groupe composé de la super-vedette Ivana Santilli et du chef cuisinier célèbre Roger Mooking, B-Funn, Special G, Billy Newton-Davis, Errol Starr, Lorraine Reid et Debbie Johnson.

Michael Williams réalise et anime plusieurs émissions sur « the nation's music station » (qui se flatte d'être la chaîne musicale nationale) de 1984 à 1994, dont Soul in the City, Rap City, Electric Circus et The New Music, et Tony « Master T » Young anime Rap City et Da Mix. Ces animateurs sont les plus grands promoteurs de la scène musicale urbaine au Canada à ce jour. Leur détermination à lancer en ondes de nouveaux vidéoclips d'artistes canadiens talentueux a un impact des plus positifs sur les principaux courants musicaux en faisant découvrir des artistes nouveaux ou connus des consommateurs et des programmateurs radiophoniques. Bien qu'ils ne soient plus présents sur les ondes, Young et Williams travaillent encore aujourd'hui à plusieurs projets dans l'industrie musicale.

À l'époque du lancement de MuchMusic, l'animateur et promoteur Daniel Caudeiron crée la Black Music Association of Canada à Toronto. De 1984 à 1987, cette association remet des prix d'excellence dans neuf catégories aux BMAC Awards, dont le prix de la meilleure chanson R & B. Le gala de la BMAC est un événement important, mais n'a pas le poids médiatique et le prestige des Prix Juno, le gala le plus en vue de l'industrie musicale.

Malgré le fait que les Prix Juno (la version canadienne des Grammy Awards) soient remis annuellement depuis 1970, ils sont de peu d'importance pour les artistes de R & B puisque leur style musical n'est pas récompensé lors de ce gala. Ce manque est comblé en 1985, année où le prix du meilleur album soul et R & B est remis pour la première fois au gala des Prix Juno. Liberty Silver est le premier artiste à recevoir ce prix. Par la suite, des artistes de premier plan sont honorés dans cette catégorie, dont Deborah Cox (trois prix Juno), Billy Newton-Davis (deux prix Juno), Jacksoul et Love & Sas. Une autre étape importante est franchie dans le cadre des Prix Juno en 2001 lorsque Deborah Cox est la première chanteuse de R & B à se produire sur scène durant la portion télévisée du gala des Prix Juno.

Ironiquement, tandis que le R & B connaît des avancées dans plusieurs villes canadiennes, les grandes maisons de disques traitent le R & B avec indifférence et n'ont aucun artiste R & B sous contrat. C'est finalement un acteur de premier plan de l'industrie américaine qui apporte un vent de changement. En 1992, Clive Davis, président d'Arista Records, octroie un contrat d'enregistrement à l'artiste torontoise Deborah Cox. Il observe ensuite avec fierté l'ascension fulgurante dans les palmarès de l'album éponyme de sa protégée sur lequel on retrouve le succès Sentimental, un single R & B qui atteint la 5e position au palmarès, et Who Do U Love, un single pop qui atteint la 20e place au palmarès.

Cox reçoit deux prix Juno dans la catégorie du meilleur album soul et R & B pour cet album (1995-1996) en plus d'être nommée meilleure artiste de l'année au gala de l'American Music Awards en 1997. Elle connaît encore plus de succès en 1998 avec Nobody's Supposed to Be Here, une chanson qui demeure, pendant une période record de quatorze semaines, au palmarès des singles Billboard Hot R & B et hip-hop. Cox collectionne ensuite les honneurs et incite les maisons de disques américaines à explorer le marché canadien pour y découvrir de nouveaux artistes de talent n'ayant pas encore conclu d'entente d'enregistrement. Cet engouement permet à plusieurs artistes canadiens de décrocher des contrats, dont Tamia et Melanie Durrant (Motown), Glenn Lewis (Epic) et Jully Black (MCA).

Le succès commercial de ces artistes et un renouveau de popularité des stations de radio urbaines dans les villes canadiennes permettent principalement aux artistes canadiens de connaître un franc succès. Quelques-uns de ces artistes sont : le chanteur de Hamilton Haydain Neale (Jacksoul), Kreesha Turner et Jeff Hendrick d'Edmonton, Jarvis Church de Toronto, Keisha Chante d'Ottawa et Remy Shand de Winnipeg qui, pour son premier album The Way I Feel, reçoit un Prix Juno en 2003 dans la catégorie Meilleur enregistrement R & B et soul. Il est également mis en nomination dans quatre catégories des Grammy Awards.

Bien avant l'apparition de la radio urbaine et des vidéoclips au Canada, un groupe de gens d'affaires du milieu de la musique urbaine, de promoteurs, de producteurs et d'activistes, dont Ivan Berry, Rupert Gayle, Jonathan Ramos, Ebonnie Rowe, Trevor Shelton, Ron Nelson, Orin Isaacs, Derek Brin, Carl Allen, Victor Bains Marshall, Norman Otis Richmond, Clifton Joseph et Farley Flex, contribue au développement de la scène musicale urbaine. En 1997, Berry's Beat Factory Records signe des ententes de distribution avec EMI et BMG, permettant de lancer sur le marché des compilations de qualité de chansons rap et R & B d'artistes canadiens. Ces ententes contribuent à mettre en valeur, auprès d'un vaste auditoire, plusieurs étoiles montantes canadiennes, dont Glenn Lewis, Carlos Morgan, Wade O. Brown et Jamie Sparks de Halifax. La compilation produite par la maison de disques GroovEssential en 1997 comprend trois chansons mises en nomination aux Prix Juno dans la catégorie R & B et soul.

La contribution d'Ebonnie Rowe à l'avancement du R & B canadien est exceptionnelle. Elle est la fondatrice et PDG de PhemPhat Productions, une société de production composée entièrement de femmes qui a pour mission de mettre en valeur les jeunes talents féminins dans le domaine de la création musicale urbaine. Rowe met sur pied l'événement annuel Honey Jam (15e anniversaire en 2010) qui permet à des artistes de se faire découvrir, entre autres, la jeune chanteuse de Victoria (C.-B.) Nelly Furtado, qui atteint le statut de super vedette. D'autres talents rehaussent l'image de Honey Jam : Jully Black, Graph Nobel, Divine Brown, Amalia Townsend, Masia One, Rosina Kazi, Jennie Laws, Denosh Bennett et la star médiatique du gospel Patricia Shirley.

Corneille, crooner québécois du R & B, connaît autant de succès en France que chez lui au Québec. En 2005, ce chanteur d'origine allemande qui vit à Montréal reçoit le prestigieux prix NRJ Music Video of the Year Awards pour sa chanson Parce qu'on vient de loin. La cérémonie de remises des prix NRJ, créés par la station de radio NRJ en partenariat avec la station de télévision TF1, se tient chaque année à Cannes (France) dans le cadre du MIDEM NRJ (Marché international de l'édition musicale).

La création de l'Urban Music Association of Canada (UMAC) en 1996 et celle de l'African Nova Scotian Music Association en 1997 constituent une autre avancée majeure pour la croissance de l'industrie du R & B. La Black Music Association of Canada - division de Toronto créée en 1984, existe depuis plus longtemps, mais est moins active. C'est l'association qui est à l'origine de l'activisme de l'industrie de la musique canadienne. C'est néanmoins l'UMAC qui hausse les standards de la musique urbaine pour les artistes et l'industrie.

Mise sur pied à Toronto par plusieurs piliers de l'industrie passionnés de la musique urbaine, l'UMAC doit faire face à plusieurs problèmes de direction avant que l'ancien promoteur de chez A&M Records, Tony Sutherland, soit nommé à la tête de l'organisme en 1998. En cinq ans, Sutherland et son conseil d'administration composé de bénévoles contribuent à mettre sur pied une cérémonie de remise de prix télévisée dans tout le Canada pour récompenser différentes personnalités du monde des affaires et des médias qui contribuent de façon significative au développement de l'industrie. Parmi elles, on retrouve la légende du jazz Oscar Peterson, le directeur artistique Chris Smith, les pionniers du rap Maestro et Michee Mee et les éditeurs des revues Word et Peace. Will Strickland, natif des États-Unis, est nommé président de l'UMAC en 2006.

Au début du XXIe siècle, on compte encore bon nombre d'artistes solos ou faisant partie d'un groupe qui connaissent du succès au Canada, dont Gary Beals de Halifax, Shawn Desman, Wade O. Brown, Kaytee Burgess, Blackburn, God Made Me Funky, Toya Alexis, Di'Ja, Justin Bieber et Massari de Toronto, Uness de Montréal, Addictiv, Zaho, Carl Henry, Jordan Croucher de Halifax qui se produit encore sur scène ainsi que Chin Injeti, ancien chanteur de Bass is Base qui vit aujourd'hui à Vancouver et est toujours un artiste de premier plan de la côte ouest. Parmi les chanteurs soul, citons Charlene Smith, Sean Oliver et Sarah Daye de Toronto, Love & Sas de Vancouver ainsi que Sharon Musgrave de Hamilton qui connaissent plus de succès en Angleterre et en Asie, où leurs agencements de soul canadien, de R & B et de jazz sont très populaires auprès du public.

Vers 2010, l'engouement pour le R & B canadien ne s'éteint pas, tout au contraire, il progresse et évolue grâce aux artistes, associations, médias, promoteurs, animateurs, producteurs et auteurs de cette industrie. Aujourd'hui, de super vedettes du R & B qui connaissent leur premier succès au Canada, dont Drake, Melanie Fiona, Tamia et Deborah Cox, sont la preuve que des artistes de talent œuvrent en sol canadien et que si la chance leur est offerte, ils peuvent percer sur le marché international. De plus, avec la popularité grandissante d'Internet, outil de distribution, de promotion et de marketing efficace, l'ère numérique est très prometteuse pour les artistes montants et moins connus du R & B.

Discographie

George Banton, You're All I Need : (1985); Lovelight LLT-1105.

Claudja Barry, I, Claudja : (1987); Epic 40622.

David Bendeth, The Bendeth Band : (1981); RCA BXL1-4133.

Boule Noire, Resolution : (1991); Sony PFCK-80149.

Dianne Brooks, Some Other Kind of Soul : (1970); Revolver RLPS-503.

-Back Stairs of My Life : (1976); Warner MS-2244.

Demo Cates, In Flight : (1986); Abraham Records AALP-55.

Cheri, Cheri : (1982); 21 Records TIS-1-9001.

Corneille, Parce qu'on vient de loin : (2003); Wagram.

Deborah Cox, One Wish : (1998); Arista.

Crack of Dawn, Crack of Dawn : (1976); Col 90336.

Kenny Hamilton, Right Here Is Where You Belong : (1985); D.K. Productions DK-7777.

Jeff Hendrick, Soul Celebration : (2005); Bout Time.

Index, Now You're Gone : (1991); Blast et Justin Entertainment BL-1002 (CD et cass).

Jacksoul, Absolute : (1996); VIK/BMG.

(Glen) Johansen, Walking a Fine Line : (1988); Coach House CHLP-21188.

Harrison Kennedy, Live in the Eye : (1989); Independence Records IND. 99.

Aubrey Mann, Feeling Good : (1979); D.K. Productions DK-16.

Eric Mercury, Electric Black Man : (1969); Avco Embassy AVE-33001.

-Eric Mercury : (1975); Mer SRM-1-1026.

Motherlode, And When I Die : (1969); Revolver RLPS-501.

George Olliver, Natural Gas : (1970); Firebird FB-18.

-Dream Girl : (1987); Slott Records CSPS-31048.

Glen Ricketts, I Found a Love : (1986); D.K. Productions G.R.-7773.

Liberty Silver, Private Property : (1988). Eureka EK-12000.

Ivana Santilli, Brown : (2000); Brown Recordings.

Spundadelic, Spunk Jun : (1991); SBK et Cap K2-95826.

Remy Shand, The Way I Feel : (2002); Motown.

Erroll Starr, Temple of Love : (1987); A & M SP-9130.

Sweet Blindness, Sweet Blindness : (1976); Qual SV-1923.

Tchukon, Here and Now : (1987); Aquarius AQR-546.

THP Orchestra, Early Riser : (1976); RCA KPL1-0154.

Ugly Ducklings, The Ugly Ducklings : 1966-67; (1982); Yorktown YT-50003.

Artistes divers, Live at the Bluenote : (1983); Qual SV-2127.

-Made in Canada : volume one 1960-1970 : (1990); RCA KCD1-7157.

Lecture supplémentaire