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Symboles de l'autorité

L'un des plus anciens symboles de l'autorité (ou du droit de se faire obéir) est probablement le gourdin. Son symbolisme dérive directement de son utilité concrète : le banal gourdin a été un instrument d'exercice du pouvoir et, par voie de conséquence, un symbole d'autorité.

Symboles de l'autorité

L'un des plus anciens symboles de l'autorité (ou du droit de se faire obéir) est probablement le gourdin. Son symbolisme dérive directement de son utilité concrète : le banal gourdin a été un instrument d'exercice du pouvoir et, par voie de conséquence, un symbole d'autorité. Portant depuis longtemps l'appellation plus noble de « masse », la trique de l'homme des cavernes, devenue au Moyen-Âge l'arme de combat en acier des chevaliers, puis le symbole du pouvoir royal, est encore le symbole de l'autorité au Parlement du Canada et dans les assemblées législatives des provinces. La masse fait partie des traditions britanniques du Canada. Tant qu'elle n'est pas déposée sur le bureau devant le fauteuil du président de la Chambre, les législateurs n'ont pas l'autorité voulue pour adopter ou abroger des lois. Ils n'ont effectivement pas de pouvoir, car ils n'ont aucune autorité pour l'exercer : le Parlement a le pouvoir de gouverner, mais il n'a ce pouvoir que sous l'autorité de la COURONNE.

Au sein du COMMONWEALTH, la Couronne est le symbole suprême de l'unité et de l'autorité; c'est en son nom que toutes les lois sont édictées et appliquées. Son pouvoir suprême au Canada est manifesté par le fait que l'extrémité supérieure de la masse est ornée d'une couronne, qui remplace le redoutable renflement de la trique de l'homme des cavernes et la boule garnie de pointes de la masse du guerrier médiéval. La fine nuance qui s'est établie entre autorité et pouvoir est illustrée par le fait suivant. Il y a plusieurs siècles, la couronne était représentée en miniature à l'extrémité du manche de la masse du roi. L'autorité était dans la main, mais le pouvoir était dans l'extrémité contondante. Lorsque l'emploi de la force n'a plus été nécessaire, la masse royale a cessé de servir à l'exercice direct du pouvoir sur les champs de bataille. Elle est devenue le symbole de l'autorité qui permettait de légiférer. De nos jours, l'aspect de la masse est inversé : une grande couronne, symbole de l'autorité, est en évidence à l'extrémité de la masse qui servait autrefois à frapper.

La couronne, ancien symbole de la monarchie, se reconnaît facilement, étant mise en évidence dans les armoiries du Canada (voir EMBLÈMES DU CANADA) et figurant de bien d'autres façons pour désigner l'autorité gouvernementale, judiciaire et militaire. Nous disons que c'est la Couronne qui intente les poursuites devant les tribunaux, qu'elle est détentrice des terres du gouvernement. On appelle SOCIÉTÉS DE LA COURONNE certains organismes gouvernementaux, et on parle des biens de la Couronne. À vrai dire, « Couronne » est un terme général qui désigne la personnalité juridique du pouvoir exécutif. Celui-ci, autrefois exercé personnellement par le souverain, a été confié, à la suite d'une évolution constitutionnelle, aux corps législatifs, qui l'exercent encore en son nom. Une occasion où l'autorité de la Couronne est encore manifeste est la sanction royale. Aucun projet de loi ne peut devenir loi à moins d'avoir reçu le nombre voulu de lectures et d'avoir été adopté par les deux Chambres du Parlement. Cela fait, un projet de loi reçoit automatiquement la sanction royale (l'assentiment symbolique de l'autorité suprême) et devient loi.

Le symbolisme de la Couronne imprègne profondément tout le processus démocratique britannique, dont le Canada a hérité. La Couronne est la détentrice de l'autorité, mais, en pratique, elle n'agit que sur les conseils des membres du CONSEIL PRIVÉ qui composent le Cabinet à un moment donné. Puisque les ministres sont aussi des parlementaires, ils ont, à ce titre, des comptes à rendre à l'électorat, de sorte que le peuple est souverain en réalité. La Couronne devient en conséquence le symbole de la souveraineté (ou de l'autorité) du peuple. La Couronne est aussi le symbole de l'unité politique, car le gouvernement et l'opposition loyale de Sa Majesté restent unies dans leur soumission à la Couronne pour le mieux-être du pays, même s'ils préconisent des politiques différentes en vue de réaliser ce mieux-être.

Les armoiries apparaissent au temps des croisades pour aider à identifier les guerriers sur le champ de bataille. Elles ne tardent pas à devenir des symboles d'autorité lorsque les insignes arborés sur les surcots, bannières et écus commencent également à figurer sur les cachets de cire, où ils tiennent lieu de signatures à une époque où même les plus hautes autorités risquent d'être analphabètes. La première utilisation connue des armoiries comme proclamation d'autorité suprême au Canada a lieu le 24 juillet 1534 lorsque l'explorateur français Jacques CARTIER dresse une croix à l'entrée de la baie de Gaspé. « Sous la traverse, nous avons mis des armoiries comprenant trois fleurs de lis; au-dessus de celles-ci, un écriteau où étaient gravés en grosses lettres les mots "Vive le roi de France". »Trois lis d'or stylisés sur un écu bleu sont les armoiries de François Ier, et Cartier affirme que les nouvelles terres appartiennent au roi en arborant ses armoiries, qui sont le symbole de l'autorité du roi sur ces terres.

Puisque les armoiries ne figurent pas seulement sur les écus mais aussi sur les bannières, il n'est pas étonnant que le symbole d'autorité érigé par Jean CABOT à Terre-Neuve en 1497, lorsqu'il revendique ce territoire au nom d'Henri VII d'Angleterre, soit la bannière royale. Une bannière est un drapeau carré ou oblong. L'impérialisme de l'époque ne connaît pas de symbole plus net de l'autorité que le drapeau d'une nation qui impose ou revendique son autorité sur un territoire éloigné et inexploité. De nombreux drapeaux, britanniques, français ou espagnols notamment, ont flotté au-dessus de ce qui est aujourd'hui le territoire du Canada. De plus, les drapeaux de la COMPAGNIE DE LA BAIE D'HUDSON et de la COMPAGNIE DU NORD-OUEST, entre autres, servent à signifier les revendications territoriales de ces entreprises commerciales.

L'autorité, quelle qu'en soit la source, s'incarne soit dans une personne, soit dans une charge. Au Canada, ces deux incarnations de l'autorité ont chacune leur sceau, qui authentifie toute attribution d'autorité. Le grand sceau du Canada est le sceau officiel. Il manifeste officiellement l'autorité traditionnelle et juridique qui permet à l'État de prendre des mesures dans l'intérêt du pays. Le sceau représente Élisabeth II assise sur le trône du couronnement, portant la couronne de saint Édouard et tenant en main d'autres symboles de l'autorité royale. Devant la reine se trouvent les armoiries du Canada. Ce sceau sert à sanctionner l'attribution de pouvoirs aux personnes nommées aux plus hautes charges de l'État. Il sert aussi à l'approbation officielle de divers genres de documents : lettres patentes instituant la charge de gouverneur général, proclamations, concessions de terres par la Couronne ou brefs d'élection.

Le petit sceau du gouverneur général, qui est un sceau personnel, porte les armoiries personnelles du titulaire de la charge. Certaines délégations de pouvoir sont officialisées par le petit sceau, notamment lors de la nomination des officiers des FORCES ARMÉES, dont le gouverneur général est le commandant en chef. L'utilisation du petit sceau dans ce cas dénote un aspect important de notre Constitution, à savoir que la légalité du recours à la puissance militaire au Canada est fondée en dernier ressort sur l'autorité personnelle du représentant du souverain. Elle n'est pas fondée sur le pouvoir du chef du gouvernement, bien que celui-ci, depuis l'avènement du GOUVERNEMENT RESPONSABLE, ait autorité sur le sceau officiel.

Lorsqu'un chef de parti prête le serment d'entrée en fonction et est investi de la charge de PREMIER MINISTRE, le pouvoir, qui émane du peuple, et l'autorité, qui émane de la Couronne, sont réunis. Par conséquent, le chef du parti qui forme le gouvernement, pendant la durée de ses fonctions, est la personne la plus puissante au pays. Pourtant, d'après le sociologue allemand Max Weber, personne n'a une autorité supérieure à celle du souverain, car cette autorité repose sur les trois fondements dont nous acceptons la légitimité : le charisme, la tradition et le droit.

En plus des nations, des communautés religieuses, des sociétés publiques et secrètes et d'innombrables associations du monde entier possèdent des symboles d'autorité qui incitent leur collectivité, leurs adeptes ou leurs membres à se conformer aux lois et règlements qui les régissent et les soutiennent. Les symboles d'autorité sont d'aspect très varié. Couronnes, masses, armoiries, sceaux, drapeaux, et même l'étoile de fer-blanc portée aux États-Unis. par les historiques ou légendaires shérifs qui faisaient respecter la loi à coups de fusil, sont des symboles d'autorité qui servent à gouverner les gens. Dans l'histoire du Canada, aucun symbole d'autorité n'a sans doute été reconnu plus rapidement et plus universellement que la veste rouge des agents de la POLICE MONTÉE DU NORD-OUEST et de leurs successeurs de la GENDARMERIE ROYALE DU CANADA.

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