The Brunswick Four | l'Encyclopédie Canadienne

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The Brunswick Four

The Brunswick Four renvoie à quatre femmes lesbiennes – Adrienne Rosen (auparavant Adrienne Potts), Pat Murphy, Sue Wells et Lamar Van Dyke (auparavant Heather Elizabeth Nelson) – chassées d’un bar à Toronto le 5 janvier 1974. L’expulsion et la détention de ces femmes entraînent des accusations et d’importantes protestations publiques à l’égard du traitement que leur ont infligé le personnel du bar et la police. L’affaire des Brunswick Four suscite la prise de conscience publique en matière de l’homophobie et du harcèlement et alimente le mouvement pour les droits de la communauté LGBTQ2S+ qui prend de l’ampleur à Toronto.

The Brunswick House

Toronto, 2016.

L’incident

Le 5 janvier 1974, Adrienne Rosen, Pat Murphy, Sue Wells et Lamar Van Dyke participe à une soirée de spectacle amateur à la Brunswick House, un pub populaire dans le quartier torontois The Annex.

Trois d’entre elles montent sur scène et chantent I Enjoy Being a Dyke (J’aime être une lesbienne), leur reprise parodique de la chanson I Enjoy Being a Girl (J’aime être une fille) composée par Rodgers et Hammerstein. Bien que cette performance suscite les applaudissements des autres clients, le bar refuse de servir les quatre femmes par la suite. Le gérant du pub les chasse de l’établissement et appelle la police lorsqu’elles refusent de quitter les lieux.

Huit agents de police de la ville de Toronto traînent Adrienne Rosen, Pat Murphy, Sue Wells et Lamar Van Dyke hors de la Brunswick House et, ce faisant, blessent deux d’entre elles. Les quatre femmes déclarent ultérieurement que les agents de police leur ont lancé des propos impropres et harcelants pendant qu’ils l’escortaient à la station. Aucune accusation n’est portée à leur égard, mais les quatre femmes refusent d’exercer leur droit d’appeler un avocat au cours de leur détention. Après leur mise en liberté, Adrienne Rosen, Pat Murphy, Sue Wells et Lamar Van Dyke refusent de quitter la station et se voient ultimement expulsées de force de l’immeuble. Pendant le conflit qui s’en suit, un agent de police donne un coup de poing à Adrienne Rosen et la jette à terre.   

Après la garde à vue, les quatre femmes retournent à la Brunswick House pour recueillir les propos de témoins potentiels de l’incident qui a eu lieu plus tôt cette nuit. Dans le pub, le gérant, les agents de sécurité et les policiers présents leur ordonnent de quitter les lieux. Une fois de plus, on chasse les quatre femmes hors de l’établissement par force. Adrienne Rosen, Pat Murphy, et Lamar Van Dyke sont menées à la station de police où elles sont détenues pendant plusieurs heures. Durant la détention des trois femmes, des agents de police leur profèrent des insultes et des propos homophobes. Cette fois, la police accuse Adrienne Rosen, Pat Murphy, et Lamar Van Dyke d’avoir troublé la paix et Lamar Van Dyke est accusée d’entrave à un agent de la paix.  

Le procès

Judy LaMarsh, avocate à Toronto et ancienne ministre au Cabinet du gouvernement libéral, défend les quatre femmes en cour. En effet, l’indignation que ressent l’éminente avocate à l’égard du traitement infligé aux Brunswick Four par la police la pousse à se charger du dossier. Des membres de la communauté LGBTQ2S+ de Toronto se rallient à la cause des quatre femmes en organisant des soirées dansantes pour lever des fonds et en assistant chaque jour au procès. Au cours du procès, on accuse aussi Adrienne Rosen d’entrave à la justice. Cette accusation supplémentaire est retirée ultérieurement, mais elle est inculpée pour avoir troublé la paix et écope d’une condamnation avec sursis et ordonnance de probation de trois mois. Toutes les autres accusations sont rejetées. 

Le procès met en lumière l’ampleur réelle de la maltraitance subie par les quatre femmes. Pat Murphy déclare qu’en quittant la station de police avec ses amies, elle a entendu un des agents de police dire que ces femmes étaient « le rebus de la terre » et qu’elles devraient « être fusillées ». Une enquête menée en 1976 sur les pratiques policières reconnaît uniquement que, au cours de l’incident, « certains agents de police » ont employé « un langage abusif lorsqu’ils s’adressaient aux femmes ». Selon le rapport, ce langage serait justifié, car il s’agirait d’une réponse au langage abusif qu’employaient les femmes.

Réaction de la communauté et importance

L’arrestation des Brunswick Four et leur procès ont lieu au cours d’une période où les lesbiennes au Canada subissent fréquemment de la discrimination et du harcèlement dans les espaces publics. À l’époque, le militantisme de la communauté LGBTQ2S+ prend de l’ampleur (voir Droits des lesbiennes, des gais, des bisexuels et des transgenres au Canada) et les Brunswick Four inspirent la communauté LGBTQ2S+ torontoise à continuer de défendre ses droits. (Voir aussi Descentes de police dans des saunas de Toronto [1981].)

« J’entendais dire que j’étais courageuse. Avec du recul, et à présent, je constate qu’il a toujours été question de survie – physique, émotionnelle et spirituelle. Il s’agissait de maintenir son intégrité et son désir d’influencer positivement les circonstances sociales dans lequel nous nous trouvions, moi et bien d’autres. »— Pat Murphy