Thomas Paton | l'Encyclopédie Canadienne

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Thomas Paton

Thomas Laird (Tom) Paton, athlète, homme d’affaires, bénévole (né le 30 septembre 1855 à Montréal, au Québec; décédé le 10 février 1909 à Montréal). Thomas Laird Paton était un athlète amateur accompli qui a excellé dans la crosse et le hockey. Grâce à sa contribution en tant que gardien de but au Montreal Hockey Club, il a mené son équipe au championnat de la ligue six fois d’affilée (1888‑1893). Pendant sa dernière saison, son équipe a remporté la Dominion Hockey Challenge Cup (future Coupe Stanley). Infatigable promoteur du sport amateur à Montréal, Thomas Paton a contribué à différentes organisations sportives, dont le Montreal Curling Club et la Montreal Amateur Athletic Association (M.A.A.A).

Vie sportive

Né au Canada et fils d’immigrants écossais, Laird Paton et Ann Scott, Thomas Laird Paton grandit à Montréal au sein de la grande communauté écossaise de la ville. Son père, charpentier et maçon, fonde sa propre entreprise en 1873, Laird Paton & Son Ltd, avec ses fils James et William Paton. (La collection du Musée des sciences et de la technologie du Canada comprend deux toboggans produits par l’entreprise.)

La famille Paton est membre de l’église presbytérienne Erskine. C’est aussi là que Thomas Paton est baptisé et, plus tard, qu’il se marie et fait baptiser ses enfants. Erskine joue un rôle important dans la fondation de l’Église presbytérienne nationale du Canada (1875), dont l’histoire est curieusement liée à celle du hockey. En effet, selon les archives de l’Église presbytérienne au Canada, l’union des églises presbytériennes est célébrée le 15 juin 1875 à la patinoire Victoria, où s’est déroulé trois mois auparavant, le premier match de hockey intérieur organisé, le 3 mars 1875.

Au 19e siècle, Montréal est un foyer de développement et d’organisation du sport et le siège de nombreux clubs sportifs, comme le Montreal Curling Club, et probablement le berceau de la crosse moderne. Thomas Paton est une figure importante du monde du sport à Montréal. Il commence à jouer pour le Montreal Lacrosse Club en 1876, au début de la vingtaine, et figure dans les rangs de l’organisation pendant 15 ans. Plus tard, il devient président du club.

Aussi raquetteur passionné, Thomas Paton remporte la coupe du Montreal Snow Shoe Club de deux milles et la médaille d’argent de la course à obstacles annuelle du Club sur le mont Royal. En 1881, le commis de 25 ans devient membre fondateur de la Montreal Amateur Athletic Association (M.A.A.A.), la première organisation de ce type au Canada. Fondée par trois grandes organisations sportives, le Montreal Lacrosse Club, le Montreal Snow Shoe Club et le Montreal Bicycle Club, la M.A.A.A. chapeautera la création d’autres clubs, comme le Montreal Hockey Club (fondé en 1884). Thomas Paton participe longtemps à l’administration de la M.A.A.A. et en est un temps le président.

Carrière au hockey

Outre ses succès en tant que joueur de crosse et raquetteur, Thomas Paton se passionne pour le hockey. Il est un des membres fondateurs du Montreal Hockey Club. Il est aussi reconnu pour avoir introduit le hockey à Toronto lors de son séjour en 1887. La plus ancienne mention de cette histoire remonte à 1893, dans l’article « Hockey in Ontario » de W. A. H. Kerr dans le Dominion Illustrated Monthly. D’après W. A. H. Kerr, Thomas Paton est en voyage d’affaires quand il dit à J. Massey et C. McHenry que « le hockey devient rapidement le sport d’hiver principal » à Montréal et qu’ils devraient intéresser les Torontois à ce sport. « Avec l’énergie qu’on lui connaît, il [Thomas Paton] télégraphie le jour même à Montréal pour demander dix‑huit bâtons, une rondelle et quelques exemplaires des règles du jeu. » L’équipement arrive le lendemain soir, et Thomas Paton organise une partie avec dix patineurs passionnés. Arthur Farrell, auteur du livre Hockey: Canada’s Royal Winter Game (1899), le félicite également d’avoir introduit le jeu à Toronto, de même que les historiens du sport – Michael McKinley dans Hockey: A People’s History (2006) et Stephen Smith dans Puckstruck (2014).

De 1885 à 1893, Thomas Paton est gardien de but pour le Montreal Hockey Club. À partir de 1887, l’équipe compétitionne au sein de l’Amateur Hockey Association of Canada (ACHA), qui ne comprend que des équipes anglophones jusqu’en 1905. Durant sa carrière au hockey, Thomas Paton se distingue à de nombreuses reprises. Pendant deux saisons consécutives (1889‑1890 et 1890‑1891), il se tient bien au‑dessus de ses pairs, assurant des victoires successives à son équipe. Grâce à son jeu dynamique, le club remporte un titre au championnat de la ligue six fois d’affilée (1888‑1893).

Le Club de hockey de la M.A.A.A. de Montréal, 1889
Les membres du Club de hockey de l'Association des gymnastes amateurs de Montréal sortent vainqueurs du championnat de l'Association canadienne de hockey amateur en 1889.\r\nRang arri\u00e8re, de gauche \u00e0 droite : A. A. \u00ab Archie \u00bb Hodgson, ailier gauche; W. L. Maltby, président; J. A. \u00ab Jimmy \u00bb Stewart, marqueur; W. \u00ab Billy \u00bb Barlow, rempla\u00e7ant; A. E. \u00ab Archie \u00bb McNaughton, centre.\r\nRang avant, de gauche \u00e0 droite : W. S. \u00ab Bunny \u00bb Lowe, ailier droit; T. L. \u00ab Tommy \u00bb Paton, gardien du but; Allan Cameron, défenseur; J. A. \u00ab Jack Findlay \u00bb, demi\u2011centre.

De 1885 à 1893, Thomas Paton est gardien de but au Club de hockey de Montréal. À partir de 1887, l’équipe participe à l’Association canadienne de hockey amateur (ACHA) — composée seulement d’équipes anglophones jusqu’en 1905. Cette période est marquée par sa forte domination. Pour deux saisons consécutives (1889‑1890 et 1890‑1891), il se tient bien au‑dessus de ses pairs, assurant des victoires successives à son équipe. Grâce à son jeu dynamique, le club remporte un titre au championnat de la ligue six fois d’affilée (1888‑1893).

À la fin de la saison 1892‑1893, une fois de plus champion de l’ACHA, le Montreal Hockey Club est le premier à remporter la Dominion Hockey Challenge Cup, qui deviendra plus tard la Coupe Stanley. Offerte en 1893 par le gouverneur général du Canada, Frederick Stanley, la coupe deviendra le trophée le plus prestigieux du hockey. De 1893 à 1912, elle est disputée parmi les champions des ligues de hockey amateurs du Canada dans une période désignée comme l’« ère compétitive ».

Le Club de hockey de Montréal, 1893
Le Club de hockey de Montréal (Montreal Hockey Club) est la premi\u00e8re équipe \u00e0 remporter la Coupe Stanley.

Vie privée et bénévolat

Thomas Paton accroche ses patins en 1893, terminant sa carrière en beauté après avoir mené à nouveau son équipe au championnat et à la Coupe Stanley. Peu après, il a une autre raison de célébrer : le 20 avril 1893, il épouse Lilly (ou Lillie) S. Bowie à l’église presbytérienne Erskine à Montréal. Le couple aura quatre enfants : William George, Stewart Laird, Isabelle et Thomas Laird Paton. Selon les répertoires de la ville de Montréal, Thomas Paton est agent commercial au moment de son mariage et en 1908, il possède une entreprise qui vend des fournitures à des usines.

Thomas Paton poursuit ses activités d’ambassadeur du sport à Montréal, promouvant sans relâche une variété de sports amateurs. Il est membre de la direction de plusieurs associations sportives et préside notamment le Montreal Snow Shoe Club, les fameuses Tuques bleues. Il est aussi vice‑président de la Canadian Amateur Skating Association du Canada et président du Montreal Curling Club, la plus ancienne association sportive de l’Amérique du Nord encore active à ce jour.

Les engagements de Thomas Paton ne se limitent pas au monde sportif. Il préside aussi le comité caritatif de la St. Andrew’s Society, une organisation dédiée à la célébration du patrimoine écossais au Canada.

Décès

En 1907, Thomas Paton tombe gravement malade et, selon la Gazette de Montréal, il ne s’en remet jamais complètement. Deux ans plus tard, le 10 février 1909, il meurt subitement à l’âge de 54 ans. Le sportif se rend à sa résidence d’été à Lakeside pour se reposer, mais il subit un arrêt cardiaque et décède peu après son arrivée. Il laisse dans le deuil sa femme, qui se trouve sur la patinoire du Montreal Curling Club au moment de sa mort. Il est enterré au cimetière Mont-Royal avec son fils Thomas, mort durant son enfance en 1901.

Le 11 février 1909, la Montréal Gazette informe ses lecteurs que Thomas Paton est mort : « Important mécène et passionné de sport amateur [...], il était un homme avec une armée d’amis et aucun ennemi. Il n’a jamais été autre chose qu’un génie à l’âme charitable. » Une notice nécrologique paraît aussi dans le Globe, journal torontois, qui présente Thomas Paton comme « un des sportifs les plus connus de Montréal ». D’ailleurs, ni la Gazette ni le Globe ne mentionnent sa victoire à la Coupe Stanley, et seule la Gazette évoque ses prouesses de joueur de hockey. Les deux publications mentionnent ses compétences à la crosse. Le Globe écrit : « Dans sa jeunesse, il a été le joueur de crosse le plus important. » Ceci n’est peut-être pas étonnant, car la crosse a longtemps été considérée comme le sport national. Le hockey et la Coupe Stanley n’occupaient pas encore la place dominante qu’ils ont prise depuis dans la conscience nationale.

Peu après son décès, la M.A.A.A. honore son membre fondateur en créant le trophée Thomas L. Paton, décerné chaque année par l’association dans une compétition de conditionnement physique.

Importance

Peu de Canadiens connaissent l’histoire de Thomas Paton, mais sa contribution au sport canadien est considérable. Outre son succès à la crosse et sur la glace, son engagement dans les sports amateurs à Montréal est d’autant plus significatif compte tenu de la contribution majeure de la ville de Montréal au développement des sports organisés. L’histoire de Thomas Paton est particulièrement importante pour le hockey sur glace, qui deviendra plus tard le sport d’hiver officiel du Canada. Selon certains historiens du hockey, c’est lui qui a introduit le hockey à Toronto et il a aidé à faire de ce sport une activité nationale. Et, bien sûr, même si de nombreux gardiens du but ont remporté la Coupe Stanley depuis 1893, seul Thomas Paton peut se vanter d’avoir été le premier.