CESAR, expédition polaire | l'Encyclopédie Canadienne

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CESAR, expédition polaire

L'expédition multidisciplinaire a pour principal objectif de procéder à l'étude géologique de la dorsale Alpha.
Weber, Hans (station arctique CESAR)
Vérification de l'équipement \u00e0 la station arctique CESAR.

CESAR, expédition polaire

 L'expédition canadienne d'étude de la dorsale Alpha (CESAR) de 1983 compte parmi les expéditions scientifiques les plus importantes jamais entreprises au Canada. La dorsale Alpha est une chaîne de montagnes submergée, dont la découverte remonte à 1963 et qui traverse l'Arctique depuis l'ÎLE D'ELLESMERE jusqu'au plateau continental de la Sibérie. S'élevant à 2,7 km au-dessus du plancher océanique et d'une largeur de 200 à 450 km, elle est la plus occidentale des trois chaînes de montagnes qui divisent le bassin Arctique. Les deux autres sont formées par la dorsale Nansen-Gakkel et la dorsale Lomonosov. Quarante chercheurs prennent part à l'expédition, de mars à mai. Le gouvernement fédéral assume le coût de l'opération, soit 1,7 million de dollars, dont les activités sont menées sous la direction de Hans Weber, de la Direction de la physique du globe à RESSOURCES NATURELLES CANADA. Un avion des Forces armées canadiennes assure le transport de 300 000 kg d'équipement, qui comprend le matériel nécessaire à l'installation d'une cuisine et d'un bâtiment pour les employés, les tentes dortoirs, les bâtiments préfabriqués en contre-plaqué devant servir de bureaux et de laboratoires, du matériel scientifique, de la nourriture, etc.

L'expédition multidisciplinaire a pour principal objectif de procéder à l'étude géologique de la dorsale Alpha. Les chercheurs apportent et installent donc sur la glace polaire un véritable arsenal d'instruments géotechniques servant à recueillir des données sismiques, gravimétriques et bathymétriques. Des observations relatives à l'origine de la dorsale sont également faites. La réponse à cette question revêt une grande importance puisqu'elle servira à déterminer si le Canada possède ou non un droit sur la ressource (voir CONTRÔLE DES RESSOURCES ) dans la région. Il est primordial d'établir s'il s'agit vraiment d'une dorsale océanique résultant d'un soulèvement de nature volcanique, prolongation du plateau continental d'Amérique du Nord, ou s'il s'agit plutôt d'un fragment qui pourrait provenir de la partie du plateau située du coté de la Russie. En vertu du DROIT DE LA MER, les pays possèdent des droits exclusifs sur les ressources que recèlent leurs plateaux continentaux. S'il est confirmé que la dorsale constitue l'extension du plateau de l'île d'Ellesmere, le Canada pourrait revendiquer une partie de la dorsale jusqu'à une distance de 322 km de part et d'autre. L'enjeu est capital car les plateaux continentaux situés dans l'Arctique canadien offrent d'excellentes perspectives d'exploration pétrolière (voir PÉTROLE, EXPLORATION ET PRODUCTION DE), comme le démontrent les sondages effectués dans la mer de Beaufort. Trancher définitivement la question de l'origine de la dorsale Alpha exigera des chercheurs beaucoup d'études, d'analyses de données et de discussions.

À l'instar de l'expérience portant sur la dorsale Lomonosov en 1979 (LOREX, « Lomonosov Ridge Experiment »), CESAR prend fin lorsque la glace sur laquelle est construit le camp se met à fondre. À l'automne 1984, on installe une station plus permanente sur une île de glace formée par un ICEBERG qui s'est détaché de la plate forme de glace Ward Hunt au large de l'île d'Ellesmere en 1982. Depuis, des données géologiques et géophysiques y sont recueillies pendant sa dérivation dans les eaux canadiennes.