Clavecin - Pratique et enseignement | l'Encyclopédie Canadienne

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Clavecin - Pratique et enseignement

Clavecin - Pratique et enseignement. Le clavecin est l'instrument à clavier le plus souvent associé à la musique ancienne et à la musique baroque. Au Canada, les clavecinistes se produisent avec des orchestres et des ensembles de musique de chambre et donnent aussi des récitals en solo.

Clavecin - Pratique et enseignement

Clavecin - Pratique et enseignement. Le clavecin est l'instrument à clavier le plus souvent associé à la musique ancienne et à la musique baroque. Au Canada, les clavecinistes se produisent avec des orchestres et des ensembles de musique de chambre et donnent aussi des récitals en solo. Les clavecinistes et les professeurs canadiens éveillent l'intérêt pour les répertoires contemporain et traditionnel du pays.

Histoire du clavecin au Canada

17e et 18e siècles
Louis Jolliet, au cours de ses études en France (1667- 1668), est peut-être le premier Canadien à apprendre à jouer des instruments à clavier. Il est peu probable cependant qu'il ait trouvé en Nouvelle-France un clavecin sur lequel il aurait pu s'exercer. Des documents de l'Hôpital général de Québec attestent cependant de la présence d'un « maître qui montroit a jouer du clavessin » dans cette ville au cours de la première décennie du XVIIIe, tandis que le haut fonctionnaire René-Louis Chartier de Lotbinière possédait une épinette. Le clavecin du marchand Jean-Baptiste Brousse et de sa femme Louise Alemand passa en 1722 à leur fille Marie Louise qui épousa le marchand Charles Perthuis. À Montréal, en 1748, Élizabeth Bégon, devenue veuve, dut vendre son clavecin à Antoine Salvail de Trémont, commandant des portes de Montréal. Pierre de Rigaud, marquis de Vaudreuil, dernier gouverneur de la Nouvelle-France, a peut-être possédé un clavecin, et, dans les années 1780, un monsieur Davis, un monsieur Hartog « auparavant maître de musique à Montréal », le signor Gaetano Franceschini et Guillaume Mechtler s'annoncent tous comme professeurs à Québec. En 1780, Davis offre d'enseigner chez lui de façon à accommoder ceux qui n'ont pas d'instrument. En 1788, la maison Woolsey & O'Hara annonce « un élégant clavecin pianoforte de facture nouvelle » et Frédéric-Henri Glackemeyer offre de réparer et d'accorder des clavecins, pour lesquels il vend aussi des cordes. En 1791, un clavecin à un clavier construit par Kirkman de Londres est vendu aux enchères à Québec et, deux ans plus tard, Glackemeyer annonce un instrument d'occasion. On peut présumer que l'approvisionnement en clavecins à Montréal, Halifax et d'autres villes est semblable.

Scène canadienne de clavecin de 1950 à 2000

Pendant la deuxième moitié du 20e siècle, le nombre de clavecinistes canadiens spécialisés dans le répertoire ancien s'accroît considérablement. Kenneth Gilbert, un ancien élève de Ruggero Gerlin, après une carrière initiale au Canada et aux États-Unis où il donne plusieurs récitals et lance des cours de clavecin au Conservatoire de musique de Montréal et à l'Université McGill, se mérite une réputation d'expert et une renommée internationale. Il enregistre pour des étiquettes internationales l'intégrale des oeuvres pour clavecin de Bach, de Rameau et de Couperin et réalise une édition des oeuvres complètes pour clavecin de Couperin, de Rameau et d'autres compositeurs pour les éditeurs français Heugel et Oiseau-Lyre. En plus de donner des cours de perfectionnement dans tous les pays d'Europe, il devient le premier Canadien à enseigner au Conservatoire de Paris et au Mozarteum de Salzbourg.

Denis Bédard, Hubert Bédard, Douglas Bodle, Hermel Bruneau, Glenn Gould (à l'occasion), John Grew, Martha Hagen, Kelsey et Rosabelle Jones, André Laberge, Bernard, Geneviève (Soly) et Mireille Lagacé, Hugh McLean, Kenneth Meek, Lucien et Réjean Poirier, Denis Regnaud, Donald Thomson, Arnold Walter, Patrick Wedd et Gerald Wheeler jouent comme solistes et avec des ensembles de chambre. Bodle et Wedd étudient tous deux avec Kraus. (En 1959, Bodle et Kraus exécutent un Concerto pour deux clavecins de Bach avec l'Orchestre symphonique de la SRC.) Regnaud et Bernard Lagacé sont les élèves d'Isolde Ahlgrimm à Vienne. Bruneau étudie puis enseigne au Conservatoire de musique du Québec à Québec et à Chicoutimi et fait des tournées avec les Jeunesses musicales du Canada. Joyce Redekop-Fink fait partie du Manitoba University Consort (1963-1970). Bradford Tracey enregistre des disques et donne des récitals au Canada, en Europe et aux États-Unis, et joue à la radio de la SRC.

Enseignement dans les conservatoires et universités canadiennes

Les écoles de musique canadiennes offrant des cours de clavecin en 2005 sont l'Université Memorial, l'Université McGill, l'Université Concordia, l'Université de Montréal, l'Université du Québec à Montréal, l'Université d'Ottawa, l'Université Wilfrid-Laurier, le Conservatoire royal de musique, l'Université de Toronto, le Tafelmusik Baroque Summer Institute, l'Université York, l'Université de Western Ontario, le Conservatoire de Québec, l'Université McMaster, l'Université Brock, l'Université du Manitoba, le Manitoba Conservatory of Music and Arts, le Medicine Hat College, le Prairie Bible College, l'Université de Victoria, l'Université de la Colombie-Britannique et le Centre d'arts de Banff. Plusieurs de ces écoles offrent des programmes de premier cycle ainsi que des programmes d'études supérieures et ont des ensembles de musique ancienne. La plupart emploient l'instrument historique plutôt que le clavecin en métal.

Voir aussi Clavecin - Composition, Clavecin - Facture, Collections d'instruments, Instruments d'époque.

Du 19e au milieu du 20e siècles

Avec la montée en popularité du pianoforte au cours du 19e siècle, le clavecin tombe en désuétude. Il revient peu à peu en usage dans les années 1880 lorsque Érard, Pleyel et Gaveau à Paris, Chickering à Boston et Dolmetsch en Angleterre (ainsi qu'à Boston et Paris comme consultant de Chickering et Gaveau) transforment graduellement sa facture en vue d'un usage moderne. Au Canada, une claveciniste nommée Laura Walker gagne en 1912 une bourse du Ladies' Morning Musical Club de Montréal pour aller étudier à Berlin. Le 21 janvier 1926, Wanda Landowska, de réputation internationale, fait ce qui semble être ses débuts canadiens, lors d'un concert du Women's Musical Club de Toronto. Landowska revient à Toronto au printemps de 1943 pour assurer les premières exécutions contemporaines de cinq concertos pour clavier de C.-P.-E. Bach qui sont découverts à Toronto.

À l'automne de 1931, la T. Eaton Co. achète un clavecin Pleyel à deux claviers et sept jeux pour l'Eaton Auditorium à Toronto. L'instrument est inauguré le 2 février 1932, lors du premier concert au Canada de Frances Duncan Barwick (Kalamazoo, Mich., 30 janvier 1909 - Ottawa, 19 novembre 1984; élève de Marguerite Delcourt à Paris et des Dolmetsch en Angleterre). Barwick achète le Pleyel d'Eaton au début des années 1940 et fait découvrir le clavecin aux auditoires d'Ottawa et de Montréal. Le 30 janvier 1945, elle joue le Concerto en ré mineur et le Concerto brandebourgeois no 5 de Bach avec la Petite symphonie de Montréal. Elle est active en musique de chambre à Ottawa, où elle se fixe après 1939.

En 1938, Greta Kraus arrive à Toronto de Vienne et se fait bientôt connaître comme soliste, musicienne de chambre, accompagnatrice et professeure. La première à jouer la basse chiffrée au clavecin plutôt qu'au piano lors d'exécutions d'oeuvres de Bach par le Choeur Mendelssohn de Toronto durant les années 1940, Kraus est durant nombre d'années la claveciniste la mieux connue et la plus active au Canada.

Des années 1980 à 2005

Depuis les années 1980, le Canada voit naître beaucoup d'ensembles, de séries de concerts et de festivals de musique ancienne, entraînant ainsi des opportunités d'interprétation au pays pour de nombreux clavecinistes canadiens. La radio et la télévision de la SRC, ainsi que des enregistrements commerciaux sous des étiquettes telles qu'Analekta et Atma, se font une réputation internationale et génèrent des invitations à se produire à l'étranger. L'intérêt pour le clavecin est ensuite soutenu par des organismes comme Early Music Vancouver et le Toronto Centre for Early Music ainsi que par des évènements tels que le Concours international de clavecin, qui a lieu à Montréal en 1997 et en 1999, et des festivals. La scène active du clavecin au Canada attire aussi des clavecinistes étrangers, dont certains deviennent citoyens canadiens.

Parmi les clavecinistes importants qui jouent au Canada, on compte Huguette Dreyfus, Albert Fuller, Igor Kipnis, Gustav Leonhardt, Françoise Petit, Daniel Pinkham, Fernando Valenti, Robert Veyron-Lacroix, Ton Koopman, Skip Sempé, Christophe Rousset, Olivier Baumont et Blandine Rannou. L'interprète respecté et expert de clavecin Colin Tilney quitte l'Angleterre pour s'installer au Canada pendant les années 1970. Le claveciniste Hendrik Bouman de Musica Antiqua Köln enseigne à l'Université Concordia et à l'Université Laval. Né en Angleterre, Edward Norman vient au Canada en 1967 et est actif à Halifax et à Vancouver. L'américain John Whitelaw (un élève de Kenneth Gilbert) vit au Canada de 1967 à 1971, remporte le Prix d'Europe en 1970 et va enseigner au Royal Conservatory à Gand.

Beaucoup de clavecinistes canadiens se font un nom dans la dernière partie du 20e siècle et au début des années 2000.

Région de l'Atlantique

Mary O'Keeffe interprète des pièces des répertoires de clavecin traditionnel et contemporain. En 2001, elle est coordonatrice du festival Le Clavecin d'hier et d'aujourd'hui à l'Université Bishop's. Elle enseigne le clavecin à l'Université Memorial.

Québec

Richard Paré est membre fondateur de Les Violons du Roy et enregistre avec eux. Il enseigne le clavecin à l'Université Laval. Olivier Fortin, aussi de Québec, fonde l'Ensemble Masque en 1998 et enseigne au Conservatoire de Musique de Québec. Hank Knox enseigne le clavecin et dirige le programme de musique ancienne à l'Université McGill. Il est membre fondateur de l'Ensemble Arion. Catherine Perrin est claveciniste pour I Musici. Christopher Jackson est directeur du Studio de musique ancienne de Montréal, lauréat de plusieurs prix. Luc Beauséjour, un important récitaliste et artiste de studio d'enregistrement, est nommé interprète de l'année par le Conseil québécois de la musique en 2003. En 1994, il fonde l'ensemble montréalais Clavecin en concert dont il est le directeur artistique. Alexander Weimann et son Ensemble Caprice viennent à l'origine d'Allemagne et sont maintenant basés à Montréal. Johanne Couture est une chercheuse en musique de clavecin française du 17<sup>e</sup> siècle. Josée April, une élève de John Grew, enseigne au Conservatoire de Québec à Rimouski. Vivienne Spiteri, aussi élève de John Grew, travaille dans le domaine de la nouvelle musique sur des reproductions d'instruments historiques. Elle se produit et enregistre dans le monde entier et commande de nouvelles œuvres pour clavecin. Geneviève Soly est une autorité en matière du compositeur Christoph Graupner. En 1997, elle reçoit un prix Opus du Conseil québécois de la musique et est directrice musicale de l'Ensemble des Idées heureuses.

Ontario

Parmi les interprètes de renom basés à Ottawa, nommons Thomas Annand, qui joue du clavecin pour l'Orchestre du Centre national des arts et Thirteen Strings. Remarqué pour ses interprétations de Bach et de Buxtehude, il se produit dans des festivals partout dans le monde et enregistre avec divers ensembles. Marie Bouchard joue avec Tafelmusik et pour la Société de musique de chambre d'Ottawa. Karen Holmes enseigne le clavecin à l'Université d'Ottawa depuis 1973. À Toronto, Charlotte Nediger est claveciniste solo de l'Orchestre baroque de Tafelmusik depuis 1980. Elle se spécialise en interprétation de continuo orchestral et enseigne à l'atelier d'été de Tafelmusik. Elizabeth Keenan se produit avec l'Opera Atelier et enseigne au Conservatoire royal de musique et à l'Université York. Paul Jenkins est membre du Toronto Consort. Stephanie Martin, anciennement claveciniste avec le Trio Arbor Oak, joue avec l'ensemble Aradia et dirige les ensembles de musique ancienne de l'Université York. Michael Jarvis, de Hamilton, se produit et enregistre en tant que soliste et musicien de continuo. Il est aussi directeur des Baroque Players de Hamilton. Cécile Desrosiers vit à Saint Catharines, où elle enseigne le clavecin à l'Université Brock. À London, Sandra Mangsen joue fréquemment en concert et est une experte en musique baroque. Elle enseigne à l'Université de Western Ontario. Cynthia Hiebert interprète de la musique traditionnelle et contemporaine pour clavecin et enseigne à l'Université Wilfrid-Laurier.

Provinces de l'Ouest

Eric Lussier se produit dans tout le Canada et à l'étranger. Il est directeur fondateur de l'Ensemble MusickBarock de Winnipeg (à l'origine la Harpsichord Association of Manitoba), et il enseigne au Manitoba Conservatory of Music and Arts. L'important récitaliste et expert de clavecin et Erich Schwandt se retire de l'enseignement à l'Université de Victoria. Colin Tilney, maintenant à Victoria, est membre fondateur et claveciniste des Coucous Bénévoles et enseigne le clavecin dans plusieurs écoles. Valerie Weeks, gagnante du grand prix du concours national de Radio-Canada de 1978 (la première année où les clavecinistes sont admis au concours), se produit et est musicothérapeute à Vancouver. Doreen Oke joue et enregistre avec le Pacific Baroque Orchestra et La Cetra au Early Music Festival de Vancouver et au Festival de Vancouver. Elle enseigne le clavecin à l'Université de la Colombie-Britannique. Martha Brickman, une élève de Gilbert à Montréal, remporte des prix, se produit au Canada, en Europe et aux États-Unis et enseigne le clavecin au Conservatoire de musique du Québec à Montréal et à l'Université Laval, avant de s'installer à Vancouver.