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Ragtime

Ragtime. Genre de musique d'origine américaine-africaine remontant aux années 1890, surtout populaire jusqu'à la fin des années 1910, mais qui connut une renaissance au milieu du XXe siècle.

Genre de musique d'origine américaine-africaine remontant aux années 1890, surtout populaire jusqu'à la fin des années 1910, mais qui connut une renaissance au milieu du XXe siècle. Dans sa forme la plus stricte, le ragtime adhère à une structure à 4 thèmes de 16 mesures chacun, au rythme syncopé et ainsi répartis : AABBACCDD. Son origine et son caractère particulier proviennent de la vitalité mélodique et rythmique des chansons et danses folkloriques américaines-africaines. Le ragtime fut immédiatement précédé du cakewalk - danse qui connut une vogue effrénée et dans les sociétés noires et dans les sociétés blanches - et de chansons nègres (« coon songs ») à tendance raciste mais néanmoins populaires, telle « The Bully », chantée dans des théâtres des États-Unis par May Irwin (1862-1938, originaire de Whitby, Ont.) et enregistrée sur ses 78t. Victor de 1907. Des éléments de ces deux courants à la mode, particulièrement leur rythme syncopé caractéristique, préparèrent le public américain au ragtime.

Son origine est généralement liée au premier spécimen publié sous ce nom, Mississippi Rag de H. Krell (1897), bien qu'il s'agisse d'un cakewalk. Le ragtime proliféra sous forme de musique imprimée; les pièces les plus faciles (ou adaptations d'oeuvres plus difficiles) connurent une grande vogue dans les boîtes américaines et européennes. La figure dominante du ragtime fut le pianiste-compositeur Scott Joplin (1868-1917). Sa composition la plus populaire est Maple Leaf Rag (1899), ainsi baptisée d'après le Maple Leaf Club à Sedalia, Mo., boîte où Joplin travaillait. Ses propriétaires en étaient Will et Walker Williams qui, d'après la légende, étaient originaires de London, Ont., et avaient nommé le club d'après le populaire symbole de leur pays natal. Durant les années qui suivirent, le ragtime fut adopté par des musiques comme celle de John Philip Sousa (souvent sous la direction de Herbert L. Clarke) et commercialisé par des éditeurs du Tin Pan Alley. Mike Bernard, Zez Confrey et d'autres, notamment au Canada Willie Eckstein et ses protégés Vera Guilaroff et Harry Thomas, en firent un usage excessif dans des pièces de genre, foncièrement exhibitionnistes et techniquement extravagantes.

Bien qu'il soit né chez les Noirs, le ragtime a eu de nombreux protagonistes blancs dont Joseph (Francis) Lamb (Montclair, N.J., 1887 - Brooklyn, N.Y., 1960) est considéré comme le plus grand. Avec Joplin et James Scott, il constitue le triumvirat des principaux compositeurs actifs dans le genre. Joseph Lamb vécut après 1901 à Berlin (aujourd'hui Kitchener), Ont., étudiant en vue de la prêtrise au Saint Jerome's College. Il y écrivit plusieurs chansons et valses, publiées par H.H. Sparks, tout comme ses premières pièces de ragtime (dont la liste paraît dans They All Played Ragtime), notamment Walper House Rag (1903) et Rapid Rapids Rag (1905). En 1907, J. Lamb se trouvait déjà à New York et travaillait dans l'industrie des textiles à Brooklyn, composant à temps perdu ses meilleures pièces. Plusieurs compositeurs canadiens dans cet idiome étaient aussi de race blanche, à l'exception de Shelton Brooks (dont « Some of These Days » et « Darktown Strutters' Ball » ont été qualifiés de ragtimes chantés), Nathaniel Dett (qui écrivit After the Cakewalk - March Cakewalk en 1900 alors qu'il était encore au Canada) et Lou Hooper. Les plus anciens compositeurs, sur qui l'on sait peu, furent l'éditeur de Toronto W.H. Hodgins, qui écrivit A Rag Time Spasm (1899), et G.A. Adams, compositeur de The Cake Winner (Amey & Hodgins 1899). D'autres compositeurs et/ou pianistes canadiens ou nés au Canada s'adonnèrent ultérieurement au ragtime, parfois durant peu de temps : Tom Brown des Six Brown Brothers, Eckstein, J.-B. (Jean-Baptiste) Lafrenière, George E. Lynn (dont l' Ottawa Rag fut publié par Northern Music Co., Ottawa, en 1913), Geoffrey O'Hara (sous le pseudonyme « de Vere »), Charles Harrison et Charles Wellinger. Lafrenière (Maskinongé, près Trois-Rivières, Québec, v. 1875 - Montréal, v. 1911), pianiste professionnel qui travailla à Montréal dans l'orchestre de l'El Dorado (années 1890) et au Ouimetoscope, au théâtre Français et au théâtre National (années 1900), écrivit des valses et marches (dont quelques-unes furent publiées dans Le Passe-Temps) ainsi que Balloon Rag, Taxi Rag et, sa pièce la mieux connue, Raggity Rag (Delmer 1907), qui fut rééditée dans The Ragtimer (vol. VI no 2, 1967). Charles Edward Wellinger (Hamilton, v. 1889 - Londres, Angleterre, 10 août. 1956; enterré à Toronto), aussi pianiste professionnel semble-t-il, oeuvra à Hamilton, Ont., avec I.W. Lomas à l'Opera House et probablement avec le Royal Connaught Winter Garden Dance Orchestra aussi dirigé par Lomas. Il écrivit et publia plusieurs chansons, valses et rags. Son Intermission Rag (Roger Graham 1919) fut arrangé pour orchestre et son oeuvre la plus poplaire, That Captivating Rag (Wellinger 1914) a été réimprimée dans The Ragtimer (vol. VI no 1, 1967) et enregistrée par John Arpin.

En 1950, la publication de l'ouvrage historique They All Played Ragtime marqua un renouveau d'intérêt pour cette musique, intérêt qui s'était estompé avec l'ascension du jazz avant les années 1920 (même si, au Canada, le ragtime était encore enregistré comme un genre nouveau dans les années 1920 par Eckstein, Thomas et Guilaroff). Alors qu'il renaissait, le ragtime trouva un champion au Canada dans le pianiste « Ragtime » Bob Darch (né à Detroit, 1920) qui se produisit à divers cabarets de Toronto dont le Club 76 (1959-62) où il présenta notamment Joseph Lamb - alors septuagénaire et qui venait tout juste d'être redécouvert. La Ragtime Society, fondée à Toronto en 1962 par John Fisher et d'autres, attira l'attention internationale sur le ragtime par sa publication The Ragtimer, ses enregistrements sur étiquette Scroll et son « Ragtime Bash » annuel, réunissant des exécutants et enthousiastes de toute l'Amérique du Nord. John Arpin, un protégé de Darch, fut en tête des pianistes au Canada durant l'ère du renouveau. Une approche moins officielle du ragtime, à l'affiche des cabarets plutôt que des salles de concert, est illustrée dans le jeu de (Douglas) Alexander « Ragtime » Read (Niagara Falls, Ont., 1923 - Mississauga, Ont., 1980), qui se produisit à la radio et à la télévision de la SRC et grava cinq micr. (1962-67) chez CTL. Le ragtime connut quelques années de popularité auprès des masses en Amérique du Nord au milieu des années 1970 à la suite du succès du film amér. The Sting / L'Arnaque (1974) dont la musique incluait plusieurs rags de Joplin. Divers pianistes canadiens classiques et populaires, actifs dans les années 1970 et 1980, ont inscrit le ragtime à leur répertoire, tels Professor Piano (Scott Cushnie), Ron Davis, Dave Flowitt, Monica Gaylord, Gordon Sheard et Catherine Wilson de Toronto, Lou Hooper de Montréal et Charlottetown, Mitch Parks de Winnipeg, Charles Foreman de Calgary et Buck Evans d'Edmonton. David R. Lee (Hamilton, Ont., 1934), un avocat de Dundas, Ont., commença à composer des rags en 1974; il en publia et enregistra plusieurs par l'entremise de sa propre maison, Dun-Val Music. Austin Kitchen de Mississauga, Ont., Rodney J. Anderson de Cobourg, Ont., et Helena Bowkun de Toronto ont également composé et exécuté leurs propres rags. Les guitaristes Colin Linden et David Wilcox ont inclus des rags dans leur programme. Durant les années 1970 et 1980, les compositions en ragtime figuraient au répertoire de groupes aussi divers que le Canadian Brass (dont le micr. Rag-ma-tazz comporte des pièces de Ben McPeek et Eldon Rathburn), Nexus, One Third Ninth, le Stratford Ensemble (Canadian Chamber Ensemble) et plusieurs orchestres de jazz traditionnel et de dixieland.

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