Construction, histoire de l'industrie | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Construction, histoire de l'industrie

En 1779, des ingénieurs militaires du régiment britannique des Royal Engineers entreprennent, à la demande du gouverneur Haldimand, les premiers travaux publics (de petites écluses) aux rapides de Soulanges, en bordure du fleuve Saint-Laurent.
Cariboo, route
La route Cariboo, en Colombie-Britannique, est l'une des réalisations techniques les plus remarquables du début de l'ère des transports au Canada (avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/C-8077).
Travailleurs de la construction (1912)
Construction d'égouts sous l'avenue Stachan, à Toronto, en 1912 (avec la permission des City of Toronto Archives).
Grand Trunk Railway
Équipe de construction en train d'abaisser un talus dans les années 1870 (avec la permission des Public Archives of Ontario).

Construction, histoire de l'industrie

Les premières structures permanentes de PORT-ROYAL sont érigées en 1605 par des artisans français avec des matériaux locaux. En 1607, ils construisent tout près, sur la rive de la rivière L'Equille, le premier moulin à eau en Amérique du Nord pour faciliter la mouture de la première récolte locale de maïs. Les grands travaux commencent alors en même temps que la construction résidentielle et l'agriculture. Pendant presque 200 ans, les petites colonies de Nouvelle-France et d'Acadie utilisent de simples structures en bois. Les petits moulins à eau ou à vent fournissent l'énergie. De simples pistes servent de ROUTES. Occasionnellement, on a recours à la construction en pierres de maçonnerie pour quelques belles maisons et pour certaines églises, mais surtout pour les FORTIFICATIONS militaires comme à LOUISBOURG et au FORT PRINCE-DE-GALLES.

En 1779, des ingénieurs militaires du régiment britannique des Royal Engineers entreprennent, à la demande du gouverneur Haldimand, les premiers travaux publics (de petites écluses) aux rapides de Soulanges, en bordure du fleuve Saint-Laurent. Le percement du canal Grenville sur la rive de la rivière des Outaouais est un des premiers travaux publics d'importance; entrepris en 1819 par un autre régiment britannique, le Royal Staff Corps, ce canal est ouvert en 1834. Il faisait partie de la route militaire d'emprunt entre Montréal et Kingston, en Ontario, qui était devenue nécessaire après la guerre de 1812.

La partie principale de la route d'emprunt est le CANAL RIDEAU, une voie d'eau longue de 200 km entre Bytown (Ottawa) et Kingston, et qui comprend 47 écluses et 50 barrages. Le canal est construit au pic et à la pelle en seulement cinq saisons de travail (1826-1832) par des entrepreneurs civils et deux compagnies du Royal Sappers and Miners (Royaume-Uni) sous la direction du Royal Engineers. Il encore utilisé tel qu'il a été construit à l'origine.

La construction complète du canal, mais surtout celle de son barrage à grandes arches de Jones Falls, est une réalisation surprenante pour l'époque. Pour ces grands travaux, effectués par contrat, on utilisait le système de contrat qui est essentiellement le même de nos jours. L'apport du Royal Engineers au développement du Canada est considérable; la ROUTE CARIBOO, en Colombie-Britannique, est l'une de ses plus remarquables réalisations. Cependant, avec l'arrivée des CHEMINS DE FER, le développement s'accélère : les ingénieurs civils assument de plus en plus la responsabilité de la conception et les entrepreneurs canadiens améliorent régulièrement leur compétence.

La grande époque de la construction de chemins de fer commence dans les années 1850. Un important entrepreneur britannique travaille au GRAND TRUNK PACIFIC RAILWAY, alors que des entrepreneurs canadiens sont entièrement responsables de la construction de l'INTERCOLONIAL RAILWAY (1868-1876) qui relie Halifax à Montréal et, plus tard, de celle du CANADIEN PACIFIQUE terminée en 1885. Les entrepreneurs canadiens démontrent leur savoir-faire en construisant, de 1868 à 1874, le Hoosac Tunnel au Massachusetts, qui demeure le plus long tunnel ferroviaire à l'est du Mississippi. La fondation d'associations de constructeurs à Halifax (1862) et à Toronto (1867) souligne la maturité de cette profession.

En 1860, l'inauguration du pont Victoria qui enjambe le Saint-Laurent à Montréal est un événement mémorable dans l'histoire de la construction canadienne. Des marteaux-pieux à vapeur sont utilisés pour l'érection des jetées; le laborieux forage manuel cède la place aux perforatrices de roches à vapeur; l'utilisation de pelles à vapeur facilitent énormément les opérations d'excavation. Le béton de masse commence à remplacer la maçonnerie : il s'agit d'abord des ciments naturels de fabrication canadienne, qui seront remplacés vers la fin du siècle par le ciment Portland, fabriqué aussi au Canada. Le fer forgé utilisé pour la première superstructure tubulaire du pont Victoria est remplacé par l'acier de renforcement au tournant du siècle. Ainsi les principaux matériaux et équipements de construction modernes servaient déjà au tournant du siècle. Par la suite, les progrès dans le domaine se situent au niveau de l'envergure des travaux plutôt qu'au niveau de leur nature, sauf pour l'énergie motrice récemment passée de la vapeur aux moteurs à explosion.

La construction de canaux occupe obligatoirement une grande place dans l'histoire de la construction au Canada, à cause de l'importances des voies de navigation dans l'économie nationale. Avec des écluses de la dimension de celles de la VOIE MARITIME DU SAINT-LAURENT moderne, le quatrième CANAL WELLAND, qui a ouvert partiellement en 1913 et complètement à partir de 1932, est une autre réalisation d'importance. Les écluses jumelées en série de Thorold, en Ontario, ont fait les annales. Le contrat de cette gigantesque structure de béton massif, avec ses six écluses, d'une longueur de près d'un kilomètre, a été accordé à une entreprise de construction canadienne réputée.

Les entrepreneurs canadiens ont beaucoup innové dans plusieurs domaines. Les usines d'énergie hydro-électriques canadiennes, parmi les plus importantes au monde, ont souvent été construites dans des lieux éloignés où la logistique était extrêmement importante (voir CHUTES CHURCHILL; PROJET DE LA BAIE JAMES). Les Canadiens ont aussi apporté des innovations importantes dans la construction de PONTS et fait preuve de talents particuliers dans la construction d'immeubles sur des espaces urbains restreints. Le climat canadien présente ses propres défis, et les méthodes de construction hivernale canadiennes sont connues et admirées dans le monde entier. Un travail remarquable a aussi été réalisé avec la construction de routes, souvent en régions éloignées (voir ROUTE DE L'ALASKA). Au début de la Deuxième Guerre mondiale, le Corps royal de génie canadien a construit une voie de déviation dans le Surrey, en Angleterre, en un temps records jusqu'alors jamais vu au Royaume-Uni. C'est non seulement une contribution exceptionnelle, mais la preuve que l'élève est devenu le maître.

Voir aussi ARCHITECTURE; INGÉNIERIE, HISTOIRE DE L'; MÉGAPROJETS; DESIGN D'ENVIRONNEMENT.