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Échecs

Environ 20 p. 100 des adultes canadiens jouent au moins une partie d'échecs par année. On s'y adonne pour le simple plaisir, dans son sous-sol ou son arrière-cour, mais pour plusieurs milliers de joueurs qui participent à des tournois, le jeu d'échecs est chose sérieuse.
Yanofsky, Abe
Il obtient le titre de grand ma\u00eetre en 1964 \u00e0 l'olympiade de Tel Aviv. Yanofsky est l'un des trois seuls Canadiens \u00e0 détenir le titre de grand ma\u00eetre international (Winnipeg Free Press).

Échecs

Environ 20 p. 100 des adultes canadiens jouent au moins une partie d'échecs par année. On s'y adonne pour le simple plaisir, dans son sous-sol ou son arrière-cour, mais pour plusieurs milliers de joueurs qui participent à des tournois, le jeu d'échecs est chose sérieuse. En 1993, le Canada compte environ 5000 joueurs actifs « cotés » selon les résultats obtenus dans les tournois. Les tournois organisés commencent à Montréal, en 1844, avec la fondation du premier cercle de joueurs d'échecs, et, en 1872, la Canadian Chess Association est fondée à Hamilton afin d'organiser des championnats canadiens. La Fédération canadienne des échecs (FCE) en est l'équivalent contemporain. Elle a ses bureaux à Ottawa et commandite la revue bimensuelle En Passant. La FCE est affiliée à Fédération internationale des échecs (FIDE) et le champion canadien se qualifie automatiquement pour les compétitions interzones, qui sont des tournois internationaux préliminaires qui déterminent ceux et celles qui se disputeront le titre mondial.

Jusqu'en 1993, on compte 68 championnats fermés canadiens, de type rotation, réservés aux champions provinciaux ou aux joueurs de haut calibre. Les championnats ouverts canadiens, accessibles à tous les joueurs, ont lieu depuis 1956 et comprennent généralement 10 rondes jouées selon le système suisse qui oppose les joueurs ayant obtenus les mêmes résultats. En 1956, le premier championnat ouvert attire 88 joueurs dont le jeune Bobby Fisher. L'édition de 1966, à Kingston, est la première à attirer plus de 100 joueurs. Le nombre record d'inscriptions (648) est atteint à Montréal en 1974. Les premiers championnats féminins ont lieu à Ottawa en 1975, et Smilja Vujoseviç, de Toronto, y remporte le titre. Nava Shterenberg (maintenant Nava Starr), émigrée soviétique habitant Toronto, remporte les finales à Vancouver (1978) et à Toronto (1981). Depuis 1970, le Canada tient des championnats junior, et, depuis 1978, 12 joueurs participent à ce tournoi rotation.

Cinq Canadiennes détiennent le titre de maître international : Vujoseviç, Starr, Diane Mongeau, Vesma Baltgailis et Urmila Das. Du côté masculin, trois Canadiens détiennent le titre de grand maître international : D.A. « Abe »YANOFSKY, Duncan SUTTLES et Kevin SPRAGGETT. Douze autres détiennent le titre de maître international : Laszlo Witt, Leon Piasetski. Bruce Amos, Zvonko Vranesiç, Camille Coudari, Lawrence Day, Jean Hébert, Bryon Nickoloff, Deen Hergott, Tom O'Donnell, Brian Hartman et Alexandre Lesiège.

Le Canada a été le théâtre de plusieurs matchs internationaux importants. Montréal est l'un des commanditaires du tournoi pour le Championnat du monde de 1894, alors que Wilhelm Steinitz cède son titre à Emanuel Lasker. Les étapes qui ont conduit Bobby Fisher au championnat du monde incluent un match disputé à Vancouver en 1971, où il élimine le grand maître soviétique, Mark Taimanov, en remportant six matches consécutifs. En 1957, Toronto est l'hôte des Championnats du monde junior (remportés par l'Américain Bill Lombardy), et, en 1967, un tournoi de grands maîtres se déroule à Winnipeg à l'occasion du centenaire du Canada. Bent Larsen (Danemark) et Klaus Darga (Allemagne) terminent ex aequo en tête. Un des plus grands tournois de grands maîtres à jamais être présenté a lieu à Montréal en 1979. Anatoly Karpov, champion du monde, et Mikhail Tal, ancien champion du monde, remportent ce « Tournoi des étoiles ». En 1988, Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, est l'hôte du Festival mondial des échecs, qui regroupe un nombre record de joueurs de haut calibre. Le fait saillant du festival est sans aucun doute la victoire spectaculaire de Spraggett sur le grand maître soviétique Andrae Sokolov. L'année suivante, on présente à Québec un match opposant Spraggett et un des plus grands joueurs au monde, le soviétique Artur Yusupov.

Le Canada a participé à 15 championnats mondiaux par équipe (Olympiades) depuis 1939, année où l'équipe canadienne se classe 17e sur 27 équipes à Buenos Aires. Lors des Olympiades, une équipe est composée d'un maximum de six joueurs, mais le match ne se joue que sur quatre échiquiers. En 1939, J.S. Morrison (cinq fois champion canadien) est au premier échiquier et D.A. Yanofsky, jeune prodige de 14 ans de Winnipeg, est au deuxième. Yanofsky est la vedette du tournoi. Il remporte le prix du meilleur pourcentage au deuxième échiquier. Malheureusement, ces Olympiades sont interrompues par la Deuxième Guerre mondiale. Ce n'est qu'en 1946, à Groningen, que Yanofsky a l'occasion de jouer en Europe. Il y connaît son meilleur résultat individuel en battant le champion mondial en herbe, Mikhail Botvinnik. Après la guerre, un grand nombre de maîtres de l'Europe de l'Est émigrent au Canada, notamment Fyodor Bohatirchuk d'Ukraine, Paul Vaitonis, ancien champion de Lithuanie, et Geza Fuster, ancien champion de Hongrie.

En 1954, le Canada participe aux 11e Olympiades à Amsterdam et termine 14e sur 26 équipes. Yanofsky joue au premier échiquier, suivi du Torontois Frank Anderson, de Vaitonis et de Bohatirchuk. Anderson, alité pendant la majeure partie de son enfance, a alors appris à jouer aux échecs. Il remporte le prix du deuxième échiquier à Amsterdam et répète cet exploit aux Olympiades de Munich (1958), où le Canada termine 15e sur 36 équipes. Si sa santé ne l'avait pas empêché de mener une carrière active aux échecs, Anderson serait devenu un grand maître.

Le Canada obtient ses meilleurs résultats à Tel Aviv en 1964 en terminant 12e sur 50 pays. L'équipe se compose de Yanofsky, Anderson, Zvonko Vranesiç de Toronto (qui a fait défection d'une équipe de soccer yougoslave à Paris), Elod Macskasy de Vancouver, Laszlo Witt de Montréal (tous deux immigrants hongrois) et du prodige Duncan Suttles de Vancouver. Yanofsky obtient son meilleur résultat et reçoit le titre de grand maître. Le Canada rate les finales à La Havane, en 1966 (il termine 23e sur 52), mais il se reprend à Lugano, en 1968, en se classant 13e sur 53 et il connaît une performance encore meilleure à Siegen, en 1970, terminant 11e sur 60 pays. En 1968, Suttles est le pivot de cette puissante équipe, et, en 1970, Vranesiç obtient le meilleur résultat.

À la fin des années 60, de jeunes Canadiens sont prêts à affronter les maîtres immigrés. Lawrence Day devient membre de l'équipe en 1968, et Bruce Amos, en 1970. Au Championnat canadien de 1969, Suttles, en éliminatoires contre Vranesiç, remporte le titre par une faible marge de 2 1/2 points à 1 1/2 point. En 1971, à Porto Rico, le Canada participe pour la première fois au Championnat mondial étudiant par équipes. L'équipe remporte le bronze et rate l'argent par un demi-point seulement. L'URSS remporte l'or avec Karpov, futur champion du monde, au troisième échiquier. L'équipe canadienne comprend Suttles, Amos, Day, Camille Coudari, Denis Allan et Peter BIYIASAS. Ce dernier progresse rapidement et remporte un tournoi fermé à Toronto, en 1972, et un autre à Calgary, en 1975.

Aux Olympiades de Skopje (1972), le Canada est devancé par la Suède lors des préliminaires et termine 19e sur 62 pays. La même année, Suttles devient le deuxième grand maître canadien grâce à une performance extraordinaire à San Antonio. À Nice (1974), le Canada connaît sa pire performance de tout temps en se classant 24e sur 73 équipes. Cependant, le Canada se ressaisit à Haifa (1976) et termine 8e sur seulement 48 équipes (le tournoi est boycotté par le bloc soviétique). Biyiasas mène l'équipe à Haifa et réalise le premier tiers de son titre de grand maître. En 1978, de bonnes performances à Lone Pine et à New York confirment son titre, juste avant le tournoi fermé de Toronto remporté par Jean Hébert de Québec. Biyiasas représente le Canada aux Olympiades de Buenos Aires (1978). Il remporte un prix au deuxième échiquier et mène son équipe à une égalité partagée de la 7e place à la 11e place sur 66 pays. Biyiasas émigre aux États-Unis en 1979.

À Maltes (1980), le Canada termine à égalité partagée pour la 8e place et la 9e place parmi un nombre record de 82 équipes. L'équipe est composée de Hébert, Day, Yanofsky, Milan Vukadinov (un immigrant yougoslave), Vranesiç et Allan. À Maltes, toujours, le Canada participe aussi aux Olympiades féminines et termine ex æquo de la 17e place à la 24e place sur 42 pays. L'équipe féminine est composée de Nava Shterenberg, Céline Roos (une immigrante française de Montréal), Urmila Das (une immigrante tchèque de Calgary) et Angela Day. Les Olympiades de 1982 ont lieu à Lucerne, en Suisse. Les hommes obtiennent une égalité partagée de la 15e place à la 20e place sur 92 pays, et les femmes terminent ex æquo de la 17e place à la 22e place sur 45 équipes. En 1984, à Thessalonique (Grèce), l'équipe masculine se classe à égalité de la 17e place à la 20e place sur 91 pays, et l'équipe féminine termine 17e sur 51 équipes. La même année, Céline Roos remporte la médaille d'or au deuxième échiquier.

Cent huit équipes masculines participent aux Olympiades de 1986, à Dubaï (Émirats arabes unis). Le Canada se classe à égalité de la 18e place à la 23e place, et aucune équipe féminine ne participe à ces jeux. Aux Olympiades de Manille (1992), Alexandre Lesiège, future vedette canadienne, remporte une brillante victoire contre un des leaders mondiaux. Né à Montréal, Lesiège est présentement le champion junior canadien et le champion canadien. Tous affirment qu'il sera bientôt un grand maître.

En juillet 1980, Igor Ivanov quitte La Havane pour Moscou et profite d'une escale à Gander pour émigrer au Canada. En un an, ce Russe d'origine s'impose comme le meilleur joueur canadien. Au tournoi fermé de 1981, à Montréal, il remporte aisément la victoire devant Kevin Spraggett et Jean Hébert. Ivanov est maintenant citoyen américain.

En 1981, Suttles devient le premier grand maître par correspondance. Après une absence de six ans du jeu, Suttles partage la première place avec Tony Miles, grand maître britannique, lors d'un tournoi international suisse tenu à Vancouver la même année. Suttles se démarque sur la scène internationale comme l'un des pionniers de la stratégie moderne des échecs, et plusieurs de ses idées innovatrices font maintenant partie du répertoire des maîtres contemporains. L'éloignement géographique du Canada l'isole en quelque sorte des principaux courants européens de la théorie des échecs et explique pourquoi les Canadiens ont souvent adopté des ouvertures inhabituelles pour l'époque. N.M. MacLeod, qui a représenté le Canada au grand tournoi de New York, en 1889, se spécialisait dans ce qui sera connu plus tard sous le nom de défense de l'hippopotame. W.H.K. Pollock utilise la défense Benoni moderne à Hastings, en 1895, défense peu utilisée à l'époque. Aux échecs, les Canadiens sont prudents et préservent leurs options. Ce style de jeu est souvent associé à une lente progression des pièces.

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