Juno Beach : Jour du courage | l'Encyclopédie Canadienne

editorial

Juno Beach : Jour du courage

L'article suivant est un éditorial rédigé par le personnel de l'Encyclopédie canadienne. Ces articles ne sont pas généralement mis à jour.

Le 6 juin 1944, les débarquements des Canadiens sur la plage de Juno de la côte de Normandie furent l'une des opérations militaires les plus réussies du Jour J.
Soldats canadiens
Des soldats d’infanterie canadiens débarquent sur une plage en Normandie.
Soldats canadiens
Des soldats d’infanterie canadiens débarquent de barges d’invasion à Normandie.
Soldats canadiens
Des troupes canadiennes descendent d’une péniche de débarquement de façon ordonnée, et prennent pied sur une tête de plage en Normandie.
Soldats canadiens
Des soldats canadiens arrivent en Normandie à bord d’un char amphibie, juin-juillet 1944.
Des soldats d’infanterie canadiens débarquent sur une plage en Normandie.

Juno était le nom de code choisi de façon aléatoire pour représenter environ cinq kilomètres de frontière côtière en Normandie, y compris les villages de Saint-Aubin et de Bernières, ainsi que le petit port de Courseulles-sur-Mer. Le " mur de l'Atlantique " de Hitler était beaucoup moins imposant sur la côte normande que sur celle de la Manche; toutefois, les défenses allemandes sur la plage française comprenaient une série de positions défensives fortifiées ainsi qu'un bastion complexe à Courseulles, là où le Centre Juno Beach est maintenant établi.

Hitler et ses généraux négligèrent la Normandie, et cela en partie à cause d'une opération de déception soigneusement établie par les Britanniques. Cette opération assurait une fuite de renseignements, renforçant ainsi les idées que se faisaient les Allemands du site prévu de l'attaque. Hitler et ses organismes de renseignement pensaient que " Garbo ", un agent contrôlé par les Britanniques, représentait une source de renseignements fiables sur les intentions des Alliés; ils continuèrent de croire, même longtemps après le Jour J, en ces rapports qui prédisaient une autre invasion sur un deuxième front. Les Alliés purent suivre les développements de leur déception grâce à " Ultra ", les renseignements à sécurité maximale qu'ils obtenaient en décryptant le code ennemi en radiodiffusion. " Ultra " fournissait régulièrement des mises à jour sur les forces ennemies et sur leurs emplacements, confirmant aux Alliés que le débarquement en Normandie avait de bonnes chances de réussite si l'ennemi était pris par défaut.

Si l'Opération Neptune, la partie assaut d'Overlord (le nom de code de l'invasion de Normandie), réussissait, les défenses sur la côte ne devaient pas être l'objet de bombardements aériens, ni de bombardements navals, sauf tout juste avant l'heure H du Jour J. Les termes Jour J et Heure H furent utilisés pour toutes opérations militaires. Étant donné que la date même du débarquement pouvait changer, le D indiquait le jour où l'attaque débuterait et H l'heure, ce qui permettait aux planificateurs de référer au jour précédent comme étant D-1 (D moins 1). Il en était de même pour l'heure précédente, soit H-1, permettant ainsi de décrire brièvement les tâches à accomplir avant et pendant le combat.

Le Jour J pour la Normandie avait d'abord été prévu pour le 5 juin, mais il fut remis à 24 heures plus tard à cause de la température. Le Général Eisenhower paria sur des prévisions du temps plus favorables pour le lendemain matin, et la bataille pour libérer l'Europe de l'Ouest commença alors le 6 juin. Bien que le temps un peu plus clément permit aux péniches de débarquement d'atteindre les plages ciblées à peu près au bon moment, l'ennuagement du ciel joua contre l'appui aérien, et à Juno, comme à Omaha, les défenses sur la côte ne subirent aucun dommage important.

L a description du Sergent Charlie Martin de l'assaut des Queen's Own Rifles sur la plage Nan White, Bernières-sur-Mer, où l'on ne trouva aucun signe de bombardement, peint un tableau obsédant, mais précis, des débarquements : Au fur et à mesure que nous nous éloignions du navire-mère et que nous nous rapprochions de plus en plus de la côte, ce fut tout un choc pour nous de constater que la flotte d'attaque derrière nous avait disparu. Soudainement, il n'y avait plus que nous et l'immensité de l'océan... Dix péniches étalées sur quinze cents verges de côte ne constituent pas une très forte force d'attaque. Les péniches diminuèrent de taille au fur et à mesure que l'écart entre elles grandissait, atteignant la longueur d'un terrain de football.

Suivant l'ordre de " descendre la rampe " à Nan White Beach, il n'y avait plus rien à faire que de se précipiter à toute allure en direction du rempart de cordon littoral tout en subissant les lourds tirs des mitrailleuses et les tirs au mortier. On ne pouvait apercevoir aucune trace des chars d'assaut Duplex Drive, ou chars DD, car ceux-ci n'avaient pas été lancés en mer à cause du mauvais temps. Afin de subjuguer le noyau de résistance à Bernières, les régiments blindés ne purent offrir qu'un tir d'appui au moment du stage final du combat. À 8 h 45, les deux compagnies de réservistes avançaient sur la ville et le bataillon du Régiment de la Chaudière était débarqué. Les Queen's Own Rifles (QOR) avait pénétré le " mur de l'Atlantique " en moins d'une heure. Les pertes, soit 61 morts et 76 blessés, furent les plus importantes pour tout bataillon canadien lors du Jour J.

Régiment de la Chaudière

Photo des sergeants du régiment de la Chaudière, prise à Armhest, en Hollande, à la fin de la guerre.

(Lorenzo Tremblay/Le Projet Mémoire)
Joseph Adélard Thibault
Joseph Adélard Thibault was a soldier of the Régiment de la Chaudière during the Second World War. This photo was taken in Lévis, Quebec, on 5 June 5 2010. (courtesy The Memory Project)
LORENZO TREMBLAY et JOSEPH ADÉLARD THIBAULT, Régiment de la Chaudière
Lorenzo Tremblay, sergent dans le Régiment de la Chaudière, participe au Débarquement de la Normandie à Bernières-sur-Mer, le 6 juin 1944. « On est embarqué à Southampton [Angleterre] le 5 [juin] à 5 heures le soir. On a passé la nuit sur l’eau et on est arrivé devant Bernières-sur-Mer vers 7 heures du matin. Après ça, la vraie guerre est commencée. » Joseph Adélard Thibault, un soldat du Régiment de la Chaudière, a passé la nuit du Débarquement près de la plage : « Le lendemain je ramassais des chapeaux avec des têtes dedans, des jambes. À qui appartient ceci? On ne le savait pas. On a mis ça dans un coin pour que ce soit enterré. » Écoutez leurs histoires sur l’archive en ligne du Projet Mémoire : Lorenzo Tremblay et Joseph Adélard Thibault.

Le North Shore (New Brunswick) Regiment put débarquer les deux compagnies d'assaut avec moins de pertes que les QOR. Cependant, le nœud de résistance qui comprenait un canon antichars de 50 mm, des mortiers et des mitrailleuses, étant encore complètement intact, tirait de façon continue et avec précision. La compagnie désignée pour déblayer le terrain s'aperçut que toutes les approches étaient protégées par des tirs de mitrailleuses et des tireurs d'élite : ces derniers pouvaient se déplacer dans des souterrains et d'une maison à une autre. Sans blindés, la tâche était difficile, mais un canon antichars de 6 livres attaché au bataillon fut amené de l'avant et une casemate (emplacement de tir abrité) fut détruite au moyen de deux tirs directs. Les mortiers de 2 pouces furent aussi utilisés efficacement, et ce avant même que la première unité blindée - un AVRE (Armoured Vehicle Royal Engineer) monté d'un pétard et les chars d'assaut Fort Garry - n'arrivent pour compléter la tâche.

La 7e Brigade d'infanterie canadienne et les chars d'assaut des First Hussars devaient atterrir sur les plages de Courseulles-sur-Mer pour capturer un point fort contenant un canon de 88 mm, un autre de 75 mm, ainsi que deux de 50 mm. Deux autres canons de 75 mm étaient positionnés sur les flancs de la ville pour en couvrir les approches. Douze casemates munies de mitrailleuses, des emplacements fortifiés de tirs de mortiers, et de gros abris protégés s'ajoutaient aux défenses, ce qui faisait de Courseulles l'une des positions les plus fortifiées qui furent attaquées en ce Jour J.

Les Royal Winnipeg Rifles, en atterrissant sur le côté ouest de la rivière Seulles, constata que les défenses ennemies n'avaient aucunement été atteintes par le bombardement. Leur journal de guerre contient cette entrée : 7 h 49. En dépit du fait que le bombardement aérien n'ait pu être neutralisé, que le bombardement RN (Réseau de systèmes du renseignement - Analyse ) ait été clairsemé, que les roquettes n'atteignent pas leurs cibles, et que les AVRE et les DD (Gestion de la maintenance du système de surveillance interarmées) aient été en retard, la Compagnie C du Canadian Scottish Regiment et les compagnies RWR (récepteurs d'alerte radar) débarquèrent toutes en sept minutes. Le bombardement n'ayant pas tué un sel soldat allemand, ou détruit une seule arme, ces compagnies durent prendre les positions d'assaut sans aide, ce qu'elles firent sans hésiter... Pas un seul homme ne recula devant la tâche.

À l'est de la rivière, l'expérience des Regina Rifles était semblable à celle de leurs camarades de Winnipeg. Aucun dommage n'avait été infligé à aucune des défenses, et il n'y avait aucune neutralisation apparente au moment où les Reginas essuyèrent des tirs avant de toucher au sol. Les soldats allemands de la 716 Infantry Division furent étonnés par le bruit et le montant de tirs, mais ils étaient en position lorsque la compagnie de Regina atteignit la plage directement en face de leur centre de résistance. Les Regina furent immédiatement cloués au sol par de lourds tirs. Les First Hussars lancèrent 19 chars DD à 2 000 verges et 14 se rendirent sur place sans couler : ils atterrirent cependant loin à l'est du centre de résistance. Le lieutenant Bill Grayson redressa la situation en neutralisant un poste de mitrailleuse, puis en capturant une position de canon de 88 mm. Cet époustouflant tour de force lui mérita la Croix militaire et permit au reste de sa compagnie de balayer le centre de résistance, pendant toute la matinée.

Pour ceux qui se penchent sur les événements des premières heures du Jour J, aucun ne reste indifférent vis à vis des réalisations des bataillons d'assaut. En grande partie, la mission d'appui-feu échoua et laissa à l'infanterie, aux génies d'assaut et aux troupes blindées de surmonter l'ennemi par les tirs directs. Il fallut un courage indicible pour simplement continuer d'avancer et les mots ne peuvent rendre justice aux individus qui répondirent à l'appel et menèrent des assauts contre les positions ennemies meurtrières.

Le jour J

Réserver la visite d’un orateur

Liens externes