Kelly-Ann Way | l'Encyclopédie Canadienne

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Kelly-Ann Way

Kelly-Ann Way, cycliste et massothérapeute autorisée (née le 18 septembre 1964 à Windsor, en Ontario). Talentueuse cycliste sur piste et sur route, Kelly-Ann Way s’est démarquée en gagnant une étape du Tour de France en 1984, devenant ce faisant la première Nord-Américaine à finir en tête à une étape des Tours de France féminin et masculin. Elle a également été la première Canadienne à porter le maillot jaune en tant que chef de file du tour féminin. Kelly-Ann Way a représenté le Canada à deux éditions des Jeux olympiques d’été (1988 et 1992) et est montée sur le podium aux Jeux du Commonwealth.

Kelly-Ann Way
Kelly-Ann Way (droite) du Canada participe à l’épreuve de cyclisme sur route aux Jeux olympiques de Barcelone de 1992.

Début de carrière et éducation

Kelly-Ann Way naît au sein d’une famille de cyclistes invétérés; elle commence elle-même le vélo dès ses 7 ans. Son père et entraîneur, Gordon Way, a lui-même été un cycliste accompli en Grande-Bretagne. Kelly-Ann Way se joint au Windsor Bicycle Club en 1975 et devient en 1977, à 13 ans, une cycliste enregistrée. Cela lui permet de participer à des courses sanctionnées à l’échelle nationale et internationale.

À 15 ans, Kelly-Ann Way remporte le championnat de cyclisme sur route de l’Ontario de 1979, battant des concurrents de tous les âges. L’année suivante, elle se rend à Montréal pour prendre part à sa première course nationale sur route. En 1982, à seulement 17 ans, elle remporte la médaille d’argent à la course aux points individuelle et une médaille de bronze à la poursuite individuelle sur 3000 mètres aux championnats nationaux de vélo sur piste à Edmonton. En 1983, Kelly-Ann Way est championne à la poursuite individuelle aux championnats nationaux sur piste à Montréal, ainsi que des médailles de bronze au contre-la-montre sur 1000 mètres, à la course aux points et à l’omnium. Cette même année, elle devient membre de l’Équipe nationale canadienne de cyclisme. Elle entreprend également des études à l’Université de Windsor, d’où elle obtient un baccalauréat avec mention en sciences de l’activité physique (1987).

Tour de France féminin

En 1984, Kelly-Ann Way participe au premier Tour de France féminin. En effet, les femmes sont depuis longtemps écartées du Tour de France, une course ouverte exclusivement aux hommes depuis sa création en 1903. En 1984, toutefois, les organisateurs décident d’ajouter un grand tour pour les cyclistes féminines, qui a lieu en même temps que le Tour de France. Tout comme pour la course masculine, le Tour féminin se déroule sur 3 semaines, mais compte 18 étapes plutôt que 23. Les femmes arpentent un parcours similaire à celui des hommes, incluant toutes les ascensions difficiles. Les circuits, cependant, sont plus courts, en vertu de règlements de l’Union cycliste internationale (UCI) régissant la distance maximale pouvant être demandée des cyclistes féminins (les participantes parcourent environ 1080 km au total, contre 4000 pour les hommes).

Kelly-Ann Way est une concurrente de taille au Tour de France féminin de 1984; elle en gagne d’ailleurs la 8e étape, un trajet de 70 km d’Aire-sur-l’Adour à Pau, en Aquitaine, qu’elle complète en 1 heure 52 minutes et 39 secondes. Elle bat la Hollandaise Jacoba Wignen-Hage et l’Américaine (et éventuelle championne de Tour) Marianne Martin. Kelly-Ann Way est la première Nord-Américaine à finir première à une étape individuelle du Tour de France ou du Tour de France féminin (l’Américain Greg LeMond ne connaît sa première victoire qu’en 1985, tandis que Steve Bauer devient le premier Canadien à remporter une étape au Tour de France masculin en 1988). À la fin de l’étape 10, la cycliste est quatrième au classement général. Malheureusement, elle chute à l’étape 12 et se blesse à l’épaule. Malgré la douleur, elle complète la course et finit au 20e rang du classement général.

Kelly-Ann Way prend part également au Tour de France féminin en 1985, en 1987 et en 1989. Elle est brièvement en tête au Tour de 1989, devenant par le fait même la première canadienne à revêtir le maillot jaune (le Canadien Alex Stieda est le premier Nord-Américain à porter le maillot jaune au Tour masculin en 1986).

Kelly-Ann Way et l’Américaine Katrin Tobin se détachent du peloton principal à la quatrième étape du Tour 1989, alors qu’elles arpentent le col du Labouret, s’élevant à plus de 1240 mètres. Bien que ce soit Tobin qui remporte l’étape en fin de compte, le temps enregistré par Kelly-Ann Way est suffisant pour la laisser en tête au classement général avec 23 secondes d’avance sur la Française Jeannie Longo, l’ancien chef de file et éventuelle championne du Tour. « Même Longo, incontestablement la meilleure cycliste du monde, a été soufflée par l’effort donné par Way et son équipe canadienne, » écrit Robert Zeller pour le Globe and Mail. « “Way a vraiment brûlé le pavé aujourd’hui”, a déclaré Longo après avoir perdu le maillot jaune au profit de la Canadienne. “Rien n’aurait pu l’arrêter.” » Kelly-Ann Way connaît cette année-là sa meilleure performance en carrière au Tour de France féminin, finissant 10e sur 70 compétitrices au classement général.

En 1991 et 1992, Kelly-Ann Way participe au Tour de la CEE féminin, qui succède au Tour de France féminin depuis 1990.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Le Tour de France féminin s’est tenu de 1984 à 1989. Malgré son parcours exténuant et épique, le Tour féminin n’attire pas le même intérêt des médias ou du public que la course masculine. En 1986, les organisateurs du Tour de France raccourcissent la course d’une semaine, un format qui perdure de 1987 à 1989. De 1990 à 1993, la course est modifiée pour inclure d’autres pays que la France et renommée Tour de la CEE féminin (communauté économique européenne). En 1992, un club français crée le Tour cycliste féminin, qui a lieu en août et n’est pas officiellement lié au Tour de France (Pendant deux ans, il fait compétition au Tour de la CEE). Renommée la Grande Boucle féminine internationale en 1998, elle a lieu pour la dernière en 2009. Une autre course féminine, la Route de France féminine internationale, est créée en 2006, mais annulée à plusieurs reprises à cause de problèmes au sein de l’organisation.

Autres exploits nationaux et internationaux

Kelly-Ann Way réalise de nombreux autres exploits en tant que cycliste, tant au Canada qu’à l’étranger. En 1988, elle participe aux Jeux olympiques d’été à Séoul, en Corée du Sud, où elle se classe en 38e rang à l’épreuve individuelle féminine sur route. En 1989, elle finit quatrième au Tour de l’Aude, en France. L’année suivante, elle gagne le Tour de Tasmanie, en plus de décrocher la médaille de bronze à la poursuite individuelle aux Jeux du Commonwealth de 1990 en Nouvelle-Zélande. La même année, elle finit à la 2e place au Women’s Gastown Grand Prix à Vancouver.

En 1991, Kelly-Ann Way remporte l’omnium (total des points) aux championnats nationaux sur piste à Winnipeg. L’année suivante, elle établit un nouveau record canadien à la poursuite individuelle sur 3000 mètres aux Essais olympiques canadiens sur route à Calgary (son record a depuis été battu). Aux Jeux olympiques d’été de 1992 à Barcelone, Kelly-Ann Way se place à la 14e place à la poursuite individuelle et 31e au classement à l’épreuve individuelle sur route. La même année, elle obtient une médaille d’or à l’épreuve nationale de contre-la-montre en équipes avec Clara Hughes et Sue Palmer (équipe Ontario). Kelly-Ann Way prend sa retraite du cyclisme compétitif en 1993. Elle travaille depuis comme massothérapeute autorisée à Windsor, en Ontario.

Importance

Au Tour de France féminin de 1984, Kelly-Ann Way devient la première Nord-Américaine à gagner une étape aux Tours de France féminin et masculin. Le cyclisme est pendant longtemps considéré comme un sport européen, mais les athlètes nord-américains, tant hommes que femmes, ont commencé à faire leur marque sur la scène internationale. La même année où Kelly-Ann Way remporte son étape, l’Américaine Marianne Martin gagne le Tour de France féminin complet. Deux ans plus tard, le Canadien Alex Stieda devient le premier Nord-Américain à porter le maillot jaune au Tour de France masculine tandis que l’Américain Greg LeMond obtient la première de trois victoires en tant que chef de file.

Si les Canadiens en général sont plus au fait des réalisations des cyclistes masculins comme Stieda, Steve Bauer et Curt Harnett, il demeure que les athlètes canadiennes elles aussi se démarquent sur la scène internationale. Lors de ses années au sein de l’équipe nationale de cyclisme (1983-1992), Kelly-Ann Way a pour coéquipières Sara Neil, médaillée aux Jeux panaméricains; Susan Palmer-Komar, médaillée aux Jeux du Commonweatlh; Clara Hugues, médaillée olympique; et Alison Sydor, championne du monde. Les athlètes canadiennes continuent de remporter du succès en cyclisme sur piste et sur route et en vélo de montagne, notamment grâce à Lori-Ann Muenzer, Tara Whitten, Marie-Hélène Prémont, Gillian Carleton, Jasmin Glaesser et Catharine Pendrel, qui ont toutes gagné des médailles aux Jeux olympiques ou aux Championnats du monde.

Prix et honneurs

  • Athlète féminine de l’année, Association ontarienne de cyclisme (1984, 1986, 1987, 1988, 1990)
  • Temple de la renommée du sport de Windsor/Essex County (1998)