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Manitoba Theatre Centre

En 1958, le Winnipeg LITTLE THEATRE, une troupe d'amateurs bien établie, et Theatre 77, une compagnie semi-professionnelle ambitieuse fondée par John HIRSCH et Tom HENDRY, fusionnent pour former le Manitoba Theatre Centre (MTC).

Manitoba Theatre Centre

En 1958, le Winnipeg LITTLE THEATRE, une troupe d'amateurs bien établie, et Theatre 77, une compagnie semi-professionnelle ambitieuse fondée par John HIRSCH et Tom HENDRY, fusionnent pour former le Manitoba Theatre Centre (MTC). Il en résulte un heureux mélange de solidité institutionnelle et de ferveur artistique qui s'avère la formule idéale pour un théâtre régional professionnel durable. Le MTC est le premier théâtre régional canadien et, à l'époque de sa fondation, l'un des rares théâtres du genre sur le continent.

Dès sa création, le MTC s'efforce de représenter sa communauté en soutenant diverses activités théâtrales. Les représentations ont lieu au Dominion Theatre, une vieille salle où l'on donnait des vaudevilles, au coin de Portage et Main, à Winnipeg. Hendry en est le premier directeur, et Hirsch, le premier directeur artistique. La compagnie commence ses activités comme une entreprise semi-professionnelle et devient tout à fait professionnelle en 1960, année où elle reçoit sa première subvention du CONSEIL DES ARTS DU CANADA (12 000 $). Au cours des dix années qui suivent, le Conseil cite le MTC en exemple aux autres théâtres canadiens régionaux.

Parmi les huit pièces qui composent le programme de la saison, Hirsch présente des classiques et des pièces modernes sérieuses, auxquelles viennent s'ajouter des œuvres plus légères. De nombreux comédiens canadiens renommés interprètent les rôles. Étant donné que la plupart d'entre eux jouent aussi au FESTIVAL DE STRATFORD (Ontario), le théâtre est connu pendant un certain temps comme le « Stratford West ». La mise en scène de Hirsch restée la plus célèbre est sans doute celle de Mother Courage (v.f. Mère courage et ses enfants) de Bertolt Brecht (1964-1965), qui met en vedette Zoe CALDWELL, Frances HYLAND, Douglas RAIN, William Needles, Len CARIOU et Martha HENRY.

Hendry quitte le théâtre en 1963 et Hirsch, en 1966. Edward Gilbert est directeur artistique de 1966 à 1969. Parmi ses réalisations notoires, retenons une mise en scène de Lulu Street d'Ann Henry (1967), qui est la dernière pièce inédite d'un auteur manitobain présentée sur la scène principale du MTC pour les 25 années qui suivent. À la suite de la démolition du Dominion Theatre, en 1968, la compagnie présente deux saisons au Centennial Concert Hall, qui compte 2263 places, avant de déménager dans un édifice neuf en novembre 1970.

Situé sur l'avenue Market, le théâtre de 789 places ne compte pas que des avantages. Bien que la salle soit confortable et bien équipée, les frais d'exploitation sont élevés et, de l'avis de plusieurs, le béton brut du décor nuit à la qualité acoustique et crée une ambiance peu accueillante.

Kurt Reis prend la relève comme directeur artistique pour la saison 1969-1970, et Keith Turnbull de 1970 à 1972. Jeunes tous les deux, l'un comme l'autre ont maille à partir avec le conseil d'administration et leur mandat prend fin prématurément. Edward Gilbert revient de 1972 à 1975. Len Cariou rentre de Broadway et assume la direction artistique en 1975, mais, après une brillante saison, en particulier avec son interprétation du Cyrano de Bergerac de Rostand et d'Equus de Peter Shaffer, il retourne à Broadway. Arif Hasnain assume la relève de 1976 à 1980 et s'illustre surtout au cours de la saison 1977-1978 en montant la pièce The Night of the Iguana de Tennessee Williams, avec une mise en scène impressionniste de Kurt Reis.

Au cours des années 70, le MTC est de plus en plus critiqué pour sa programmation traditionnelle, dépourvue d'œuvres canadiennes, et ses peu de contacts avec la population de la région. On retrouve rarement les mêmes comédiens d'une saison à l'autre et le recrutement se fait souvent par l'entremise d'une agence américaine.

Richard Ouzounian, directeur artistique de 1980 à 1984, fait revenir de nombreux abonnés qui avaient déserté le MTC et relève l'image de la troupe auprès de la communauté. Il tente d'établir une troupe à demeure et n'y réussit qu'en partie. Ouzounian laisse sa marque avec une version de The Taming of the Shrew dont l'action se déroule à Winnipeg, dans laquelle le personnage de Kate est « punk » et plusieurs personnages des caricatures de personnalités de la région.

James Roy, directeur artistique de 1984 à 1986, présente davantage de pièces canadiennes que ses prédécesseurs. Parmi celles-ci figure une comédie musicale inédite, Tsymbalay de Ted Galay, qui attire un grand nombre de spectateurs de la communauté ukrainienne de Winnipeg. Bien que Rick McNair (1986-1989) s'efforce lui aussi de présenter plus d'œuvres canadiennes, la fréquentation du théâtre connaît un déclin pendant son mandat.

En 1989, Stephen Schipper prend la relève comme directeur artistique et se donne pour objectif de rétablir la situation financière du théâtre. Son mandat a fait du MTC « ce qui se fait de mieux comme théâtre régional au Canada », tel qu'il s'en vante si bien en 1997. Schipper met l'accent sur les derniers succès de Broadway et de Grande-Bretagne, et de plus en plus sur des comédies musicales telles que Cabaret (1998-99), Camelot (2001-2002) et Evita (2002-2003). Il attire à la fois attention et nouveau public en offrant des rôles à des stars de Hollywood telles que Keanu REEVES (Hamlet 1994-1995), Judd Hirsch (Death of a Salesman 1996-1997) et William Hurt (Richard III 2002-2003). Il présente aussi une programmation plus audacieuse, dont trois nouvelles pièces de l'écrivaine locale Maureen Hunter (Transit of Venus, 1992-1993, Atlantis, 1995-1996, et Vinci, 2001-2002).

Une campagne de financement lancée en 1998 permet d'entreprendre des rénovations importantes sur les avant-scènes des deux salles du MCT, offrant ainsi de bien meilleures installations au public. La capacité de Schipper à saisir les goûts de la population locale entraîne un grand nombre d'abonnements qui, dans les bonnes années, atteint jusqu'à trois pour cent de la population de Winnipeg.

La réussite à long terme du théâtre est avant tout le résultat d'une fine gestion financière de Schipper et de son directeur général, Zaz Bajon. Bien que certaines années soient plus rentables que d'autres, le souci de la compagnie à équilibrer les dépenses et les revenus ne la contraint que très rarement à afficher un déficit. Dans un milieu aussi incertain que le théâtre, la sécurité du MCT s'acquiert grâce à des coussins financiers, dont une dotation de près de 10 millions de dollars et un fonds de réserve de un million de dollars. De plus, le théâtre connaît considérablement de succès avec ses campagnes de financement en recourant à beaucoup d'imagination.

Depuis 1960, le Manitoba Theatre Centre exploite une « seconde scène » de moindre envergure, installée depuis 1969 dans le Warehouse Theatre, qui compte 300 places. Au cours de ses premières années d'existence, l'établissement remplit pleinement son mandat initial (la mise en scène de nouvelles pièces) en présentant un grand nombre d'œuvres canadiennes et avant-gardistes. Ces dernières années, le MTC a présenté diverses œuvres de moindre envergure, dont plusieurs contiennent des éléments jugés trop discutables ou osés pour la scène principale.

Depuis 1988, le MTC administre le Winnipeg Fringe Festival, maintenant le deuxième des plus importants en Amérique. Il organise aussi un festival annuel consacré principalement au théâtre amateur et semi-professionnel, avec des pièces écrites par d'importants dramaturges, en commençant par BeckettFest, en 2001.