Exploitation minière | l'Encyclopédie Canadienne

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Exploitation minière

L’exploitation minière est l’une des principales industries primaires du Canada. Elle consiste à extraire, à raffiner ou à traiter des roches et des minéraux présentant une valeur économique.
Mines de cuivre Noranda
Le Canada se place au quatrième rang en matière d'exploitation minière du cuivre dans le monde. Cette mine se situe à Murdochville, au Québec (photo de Bob Anderson).
Mine LaRose
Mine LaRose, en 1910, un des importants producteurs d'argent dans la région de Cobalt, en Ontario (avec la permission de la collection John Mitchell/Canadian Kodak).
Extraction des sables bitumineux
L'extraction de la terre du bitume goudronné afin de le traiter et de le raffiner pour en faire du pétrole nécessite un outillage très lourd (avec la permission du Bureau de recherche et de technologie des sables bitumineux de l'Alberta).
Exploitation minière
Exploitation à ciel ouvert à Marmora en Ontario (avec la permission d'Aerocamera Services).
Or, mine d
La mine de Hemlo dans le Nord de l'Ontario (photo de Brian Milne/First Light).
Nickel
La mine Nickel Plate, à proximité de Hedley en Colombie-Britannique (photo de Michael Breuer).

L’exploitation minière est l’une des principales industries primaires du Canada. Elle consiste à extraire, à raffiner ou à traiter des roches et des minéraux présentant une valeur économique. Les produits minéraux – notamment l’or, l’argent, le fer, le cuivre, le zinc et le nickel – sont essentiels pour une société industrielle moderne. Bien que l’exploitation minière ait été un vecteur clé de la colonisation et du développement du Canada, l’industrie est critiquée depuis quelques décennies pour ses impacts environnementaux et sociaux. Le Canada demeure l’un des premiers pays miniers du monde et est devenu un centre international de finance et d’expertise en matière d’exploitation minière.

Description

L’exploitation minière consiste à extraire des minerais, c’est-à-dire des roches de la croûte terrestre qui contiennent des minéraux utiles.Le terme peut également faire référence à l’exploitation d’une carrière ou le prélèvement de sable, de gravier ou d’agrégats pour la construction. Même si l’excavation des sables pétrolifères est similaire, la production de pétrole et de gaz n’est généralement pas considérée comme relevant de l’exploitation minière. Les produits minéraux canadiens importants sont les métaux précieux (or, argent, platine), les diamants, les métaux communs (fer, cuivre, plomb, zinc et nickel), les minéraux énergétiques tels que le charbon et l’uranium, et les minéraux industriels (calcaire, sel gemme, potasse et gypse).

L’expression générique « exploitation minière » fait souvent référence non pas seulement à la seule extraction des minéraux mais plus généralement au cycle complet allant de leur découverte à leur traitement. L’exploration minérale comprend l’identification des formations géologiques susceptibles de contenir des minerais utiles. Ces formations peuvent être découvertes par des prospecteurs qui explorent en surface ou (de plus en plus fréquemment) par reconnaissance aérienne à l’aide d’instruments de télédétection sophistiqués. Lorsqu’un gisement est identifié et qu’une société minière en réclame les droits d’exploitation, l’extraction minière proprement dite peut commencer si les conditions de marché sont favorables et que des investisseurs se présentent.

Processus

Extraction des minéraux

L’extraction des minéraux peut se faire à l’aide de procédés simples s’appuyant sur des techniques de base ou mettre en jeu des processus de grande envergure gourmands en énergie et en ressources financières. Par le passé, les minerais à « haute teneur » (qui contiennent des concentrations importantes des minéraux visés) étaient extraits simplement à l’aide d’une pelle et d’une pioche ou par des techniques de séparation à l’eau (batées, écluses, etc.), souvent par un seul mineur ou une petite équipe.L’or a souvent été extrait de cette manière. Les gisements à haute teneur s’épuisant progressivement, la nécessité de mettre en œuvre des technologies plus élaborées telles que le dragage et l’extraction hydraulique (lavage des sédiments à l’aide de jets d'eau à haute pression) a imposé des investissements en capitaux plus lourds. Le dragage, par exemple, fut essentiel pour maintenir la production dans les champs aurifères du Klondike une fois épuisés les sédiments à haute teneur des cours d’eau. Les mines de charbon et de métaux communs nécessitaient habituellement des travaux de creusement et de dynamitage en profondeur pour suivre les filons de minerais. Des galeries minières s’enfoncent par exemple loin sous les montagnes tandis que d’autres s’étendent sous des plans d’eau (comme celles de la mine de l’île Bell, à Terre-Neuve). Tout au long du 20e siècle, l’apparition de nouveaux outils tels que les wagons souterrains, les machines de levage et les grosses pelles mécaniques a permis de réduire l’intensité du travail humain ainsi que la fréquence et la gravité des accidents industriels.

Après la Deuxième Guerre mondiale, le déclin de la qualité des minéraux et l’arrivée de nouvelles technologies, notamment de grosses machines de terrassement, entraîne le développement des exploitations à ciel ouvert. Ces méthodes, aussi appelées exploitation de surface, ou « en découverte », consistent à enlever les matériaux de surface, les « morts-terrains », pour avoir accès à de vastes dépôts de faible teneur situés en dessous. L’élimination de la végétation et du sol et la création d’immenses fosses lors de ce type d’exploitation a rendu cette technique controversée à cause de la dégradation du paysage et de la pollution de l’eau qu’elle provoque.

Traitement des minéraux et résidus connexes

Les minéraux ne représentent habituellement qu’une faible fraction de la roche extraite. Aujourd’hui, les mines exploitent souvent des minerais qui contiennent moins d’un pour cent de minéraux ayant une quelconque valeur. Le traitement des minéraux, aussi appelé la « valorisation », consiste à extraire les minéraux visés à l’aide de diverses techniques thermomécaniques ou chimiques. Les résidus d’extraction, une poudre de rochers connue sous le nom de refus de broyage, posent un difficile problème d’élimination.Ils contiennent souvent des métaux lourds (cadmium, arsenic, plomb, zinc, etc.) qui peuvent se disperser dans les cours d’eau, le sol et l’air (sous forme de poussières) et atteindre des concentrations nocives pour les humains et la faune. De plus, les refus de broyage issus des dépôts de minéraux sulfurés peuvent réagir avec l’eau en formant de l’acide sulfurique (on parle alors de « drainage minier acide ») qui peut à son tour dissoudre des métaux lourds toxiques présents dans la roche ou les tas de résidus situés aux alentours. Dans le cas de l’extraction de l’uranium et du radium, les matériaux radioactifs présents dans les refus de broyage peuvent présenter un danger pour les populations locales d’humains et d’animaux. Sur les sites d’un grand nombre de mines, le volume des déchets d'enrochement (« stériles ») et des refus de broyage peut devenir prodigieux, créant ainsi des éléments de relief artificiels tels que des arêtes et des collines, sans compter les fosses immenses d’où les matériaux ont été extraits. Le traitement des minerais dans les fonderies, où les roches sont chauffées à très haute température pour extraire les métaux communs, peut entraîner une pollution par les cheminées sous la forme de produits toxiques tels que le dioxyde de soufre et le trioxyde de diarsenic. Même si des progrès technologiques ont permis d’améliorer la capture de ces polluants avant leur émission à partir des cheminées des fonderies, l’accumulation de poussières extrêmement toxiques, contenant notamment du trioxyde de diarsenic, peut poser de nouveaux problèmes d’élimination des déchets. Plus généralement, la combinaison d’une augmentation de la demande durant la période d’après-guerre, du déclin de la qualité des minéraux et de l’augmentation du volume des roches et des refus de broyage fait que l’exploitation minière génèrent aujourd’hui plus de déchets que toute autre industrie.

Histoire

Premières explorations

Les Autochtones canadiens de l’époque préeuropéenne utilisent et échangent des minéraux de valeur tels que le cuivre, l’or, l’argent et la pierre à feu.L’exploration et la colonisation européenne de la partie septentrionale de l’Amérique du Nord ont été motivées en partie par la recherche de minéraux précieux. En 1577-1578, Martin Frobisher établit une mine sur l’île de Baffin mais le minerai qui en est extrait se révèle sans valeur et l’entreprise s’effondre. Le marchand de fourrures Samuel Hearne et son guide Matonabbee traversent la région à l’ouest de la baie d’Hudson jusqu’à l’embouchure de la rivière Coppermine entre 1770 et 1772, à la recherche des dépôts de cuivre exploités par les Dénés (notamment par les Couteaux-jaunes, ainsi nommés pour leurs outils en cuivre). Pendant cette première période coloniale, les colons et les marins exploitent de petites quantités de ressources souterraines, en particulier des affleurements de charbon sur l’île du Cap-Breton et au Nouveau-Brunswick, pour un commerce local au milieu du 17e siècle.

Dix-neuvième siècle

L’exploitation industrielle des ressources minérales à grande échelle au Canada commence aux Forges du Saint-Maurice, au Québec. Elles sont alimentées par des dépôts de fer situés à Trois-Rivières et fonctionnent de 1738 à 1883. La demande industrielle en charbon et en fer stimule l’expansion des exploitations minières et des fonderies durant la fin de la période coloniale. L’exploitation du charbon se développe rapidement près de Sydney, au cap Breton, et au milieu du 19e siècle, d’importants dépôts de charbon sont découverts sur l’île de Vancouver.

Les découvertes de gisements de métaux précieux au 19e siècle accélèrent la colonisation et le développement de l’arrière-pays d’un bout à l’autre du Canada. La présence de dépôts alluviaux d'or au Québec et en Nouvelle-Écosse motive la promulgation d’importantes nouvelles lois sur l’exploitation minière tandis que les grandes ruées vers l’or dans le canyon du Fraser, en Colombie-Britannique (1858), et au Klondike, dans le Yukon (1896), provoquent l’extension de l’administration coloniale et, finalement de l’autorité fédérale canadienne sur ces régions. Dans les années 1850, les découvertes de gisements de minerai d’argent au nord du lac Supérieur motivent la négociation de traités avec les Premières nations locales pour permettre la prospection et la mise en valeur de ces ressources minérales. La mine Silver Islet, en Ontario, se démarque comme étant le premier site à utiliser une foreuse à diamants et des foreuses pneumatiques. Les découvertes de gisements de minerai d’argent près de Mayo, dans le Centre du Yukon, amène à l’établissement du campement minier de Keno Hill, dont la production entre 1913 et 1989 dépassera la valeur extraite dans le Klondike.

La construction du chemin de fer à la fin du 19e siècle ouvre de nouveaux territoires miniers dans le Nord de l’Ontario et partout ailleurs dans le pays. La construction du chemin de fer du Canadien Pacifique s’accompagne du développement de deux des plus importantes mines du Canada: la mine de nickel de Sudbury dans les années 1880 et, plus tard, la mine Sullivan de plomb et de zinc dans la région de Kootenay, en Colombie-Britannique. Les voies ferrées associées à la colonisation dans le Nord de l’Ontario permettent l’importante découverte du gisement de minerai d’argent, à Cobalt (1903), qui fut pour un temps la plus grande mine d’argent de toute l’Amérique du Nord. Durant la période qui précède la Première Guerre mondiale, de l’or est également découvert à Porcupine (rebaptisé plus tard Timmins) et à Kirkland Lake, en Ontario.

Vingtième siècle

Dans la première moitié du 20e siècle, le Canada émerge comme un leader mondial pour la production d’une vaste variété de minéraux. Les mines du Bouclier canadien produisent non seulement des métaux précieux mais aussi, et en quantités croissantes, des métaux communs essentiels tels que le cuivre, le plomb et le zinc. Les mines de Flin Flon (cuivre et zinc) et de Sherridon (nickel), au Manitoba, contribuent à consolider l’expansion de la province vers le Nord. Les découvertes de radium au Grand lac de l'Ours et d’or à Yellowknife, dans les années 1930, engendrent des transformations spectaculaires similaires et inaugurent la riche histoire minière des Territoire du Nord-Ouest. À l’Est, les mines d’or sont ouvertes à l’intérieur de la ceinture aurifère de Rouyn-Noranda – Val-d’Or, au Québec, dans les années 1920.

Caractérisée par une forte demande en matériaux brut partout dans le monde, la période qui suit la Deuxième Guerre mondiale voit une rapide expansion de l’industrie et d’importants développements axés sur les minéraux récemment découverts, tels que l’uranium au Grand lac de l'Ours, dans le Nord de la Saskatchewan et de l’Ontario, la potasse dans les Prairies et au Nouveau-Brunswick et les minéraux industriels tels que l’amiante, le molybdène et le gypse. Bien que le pays ne soit pas un important producteur mondial, l’industrie canadienne du charbon s’étend aussi, même avec l’épuisement des champs de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve, grâce au développement de vastes exploitations à ciel ouvert en Colombie-Britannique.

À partir des années 1960, les exploitations à ciel ouvert permettent une expansion massive de la production canadienne de minéraux d’un océan à l’autre.Les principaux sites d’extraction sont les suivants:Pine Point, Territoires du Nord-Ouest (plomb, zinc), Highland Valley, Colombie-Britannique (cuivre), Nord de la Saskatchewan (uranium);Thetford Mines, Québec (amiante), la mine Brunswick no 12 à Bathurst, Nouveau-Brunswick (plomb, zinc et cuivre)ainsi que la mine de Schefferville, au Québec, et de Labrador City, à Terre-Neuve (minerai de fer). Les exploitations minières arrivent également dans le Grand Nord canadien. La mine de nickel de Rankin Inlet, très éphémère, fut la première mine arctique du Canada. Elle fut suivie des mines Nanisivik et Polaris, les premières mines ouvertes en Extrême-Arctique.Plus récemment, une importante mine de nickel a été installée en bordure de la baie Voisey's, au Labrador, et des mines de diamants (Ekati et Diavik) dans les Territoires du Nord-Ouest ont été ouvertes dans les années 1990, alors même que les mines d’or dans cette dernière région commençaient à décliner. Depuis les années 1990, le Canada se positionne comme un grand producteur mondial de diamants et des métaux du groupe du platine, tandis que les terres rares (utilisées dans les technologies vertes et l’électronique grand public) présentent d’importante perspectives d’avenir.

Les industries du traitement des minerais se développent également durant cette période, partant de quelques fonderies (en particulier à Trail, en Colombie-Britannique, à Sudbury, en Ontario et à Arvida, au Québec) pour parvenir à une douzaine d’affineries de métaux communs dans le pays, des usines de ferro-alliages pour le traitement du minerai de fer ainsi qu’un certain nombre d’autres types d’installations de valorisation des minerais. Des alumineries sont installées avant la guerre dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, au Québec, et en 1951 à Kitimat, en Colombie-Britannique, tirant partie des grandes installations hydroélectriques locales.

L’exploitation minière et l’économie

La valeur de la production minérale s’envole durant la période de l'après-guerre, passant d’un peu plus de 400 millions de dollars à plus de 5 milliards de dollars en 1975. Même si l’industrie souffre de ralentissements cycliques de la demande et des prix – habituellement associés aux récessions, telles que celles qui surviennent au début des années 1980 et 1990 – la valeur totale des minéraux non combustibles atteint 21,7 milliards de dollars en 2004. Après un retrait en 2011, la production minérale estimée du Canada en 2012 atteint un maximum de 46,8 milliards de dollars, soit 3,4 p. cent du produit intérieur brut du pays. Bien que son importance pour l’économie canadienne et l’emploi ait décliné, l’industrie minière reste importante au niveau régional, en particulier dans les parties septentrionales des provinces et dans les territoires du nord. L’Ontario, la Colombie-Britannique, la Saskatchewan et le Québec sont les premières provinces productrices de minéraux.

Le Canada n’est pas seulement un important producteur de minéraux et de métaux essentiels mais aussi un centre mondial de finance et d’expertises pour l’industrie minière. La bourse de Toronto et la bourse de croissance TSX sont devenues des centres internationaux pour l’investissement dans les sociétés d’exploitation et d’exploration minières. Les sociétés canadiennes gèrent des mines dans le monde entier mais leurs pratiques et les impacts de leurs activités dans les pays en voie de développement font l’objet d’analyses et de controverses croissantes. Des questions similaires concernant l’impact des développements miniers à grande échelle sur les territoires autochtones voisin au Canada (en particulier dans le Nord) forcent les sociétés minières à adopter des plans axés sur la « responsabilité sociale des entreprises », notamment des mesures visant à consulter les communautés locales et à négocier des ententes sur les répercussions et les avantages.

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