Leslie « Les » McCreesh (Source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Leslie « Les » McCreesh (Source primaire)

« Je ne suis pas retourné à Arnhem ni au pont avant le 60e anniversaire en 2004. J’ai fait une promenade le mercredi soir en longeant la rivière, la route où on était, je suis monté sur le pont et j’ai regardé en bas les bâtiments qu’on occupait, ils ont été reconstruits. J’ai éprouvé un drôle de sentiment, c’était étrange. Ça a fait remonter tout un tas de souvenirs (...) »

Pour le témoignage complet de M. McCreesh, veuillez consulter en bas.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Transcription

Et l’objectif c’était d’arriver au pont [d’Arnhem, sur le Rhin] en cette fin d’après-midi ou début de soirée, de le capturer, de tenir la position [pendant l’Opération MARKET GARDEN, septembre 1944]. Et le reste des troupes devaient arriver plus tard et le deuxième largage [de parachutistes] devait arriver le lundi. Mais l’objectif c’était d’arriver au plus vite au pont, de le prendre, de le tenir. On a sauté avec un équipement prévu pour 48 heures, mais on savait bien que ça risquait de durer un peu plus longtemps. Alors on l’a tenu le lundi, le mardi, le mercredi, après l’avoir capturé dans la soirée du dimanche.

On était, on est arrivés là-bas juste à la nuit tombée le dimanche, et on est remontés jusqu’au pont, le peloton d’assaut, et on s’est fait accueillir par les tirs nourris d’une patrouille allemande, depuis le pont lui-même, je pense. C’est là que Pete Murray et Charlie Waderlive ont été grièvement blessés et moi j’avais une blessure légère, mais on avait réussi à garder le pont. On s’était, on s’est accrochés en quelque sorte, mais on n’a pas réussi à traverser le pont du tout, on n’est pas montés dessus, mais on a tenu l’extrémité nord.

En arrivant, on est restés sur la berge du côté où [le Colonel John] Frost [commandant le 2e Bataillon, Régiment de parachutistes] a installé son quartier général. Heureusement, quand on est arrivé au premier étage et qu’on a mis en place les PIAT [lance-bombes antichar d’infanterie], on était au même niveau que les abords, de la route au pont.

Une patrouille a essayé de retourner à Arnhem passant par le côté français (à l’ouest), vous savez, revenant à Arnhem, et ils ont essuyé de violents bombardements provenant de, on avait encore les canons de six livres [canons antichar anglais] qui étaient là-bas, avec en plus les PIAT. Et je sais qu’on avait un char [ennemi] qui s’est faufilé presque jusqu’à notre niveau et Arthur Rattery l’a frappé avec un PIAT et ça l’a stoppé. Et il y en avait deux de plus un peu plus bas. On a tourné et on a atteint trois voitures blindées, ce coup-là.

Les bâtiments tout autour de nous ont été bombardés le lundi, et puis le mardi, ils avaient certainement localisé, ils avaient des postes d’observation dans la ville, je pense, qui pouvaient repérer précisément là où on se trouvait, et ils ont juste bombardé tous les bâtiments qu’on occupait au mortier. C’est là qu’on a eu de grosses pertes et à ce moment-là que Frost a été blessé aussi, le mardi. Et même chose le mercredi. Alors on a continué à espérer que le XXXe Corps [de l’armée britannique] allait pouvoir passer. Mais, les échanges radio n’étaient pas terribles, on n’avait pas beaucoup de renseignements. On pensait, non, non, que diable, on va s’accrocher aussi longtemps que possible.

Les troupes allemandes [les 9e et 10e Divisions SS Panzer] nous encerclaient, des chars Tigre [chars lourds allemands] se tenaient dans le voisinage du pont et on n’avait plus de munitions antichars. Je suis retourné, j’étais avec deux autres gars de mon peloton, Davis et Smith, et on a essayé de quitter le bâtiment pour aller dans une autre section, et on a été pris dans une fusillade et Smith a été touché à la jambe. Et, avec Davis on l’a ramené dans le, c’était les premiers secours, l’abri pour les blessés, on s’est retrouvés nez à nez avec des soldats allemands. Ils étaient arrivés par l’autre côté. Alors on est juste restés en plan et voilà, c’était fini.

J’ai seulement appris à combien s’élevaient les pertes dans le peloton après la guerre, après notre retour en Angleterre. Bon, je sais qu’il y en avait cinq, cinq gars du peloton c’est sûr, et les blessés, j’ai perdu le compte des blessés, sans doute dans les 80 pour cent.

Les communications radio, c’était le problème. Les postes de radio, on n’arrivait pas à être en contact avec le 3e et le 1er Bataillon [Régiment de parachutistes], qui étaient coincés à essayer de nous atteindre sans y parvenir. On était tous coupés et sans contact.

Bon, certains ont dit qu’on avait peut-être visé un peu trop haut, c’était un petit peu trop loin. Il y avait trop d’obstacles qui entravaient la route du XXXe Corps, deux ponts, la rase campagne, pour arriver à rejoindre – tout simplement une trop grande distance à couvrir.

Je ne suis pas retourné à Arnhem ni au pont avant le 60e anniversaire en 2004. J’ai fait une promenade le mercredi soir en longeant la rivière, la route où on était, je suis monté sur le pont et j’ai regardé en bas les bâtiments qu’on occupait, ils ont été reconstruits. J’ai éprouvé un drôle de sentiment, c’était étrange. Ça a fait remonter tout un tas de souvenirs et les Hollandais, ils ont été formidables, je n’arrivais pas à y croire. Je veux dire, ils sont pliés en quatre pour nous.

Je veux dire, on ne leur a pas apporté de paix, on n’a pas réussi à faire ce qu’on voulait. On les a laissés dans un drôle d’état quand il a fallu qu’on se rende. Je veux dire, ça n’a pas été facile pour eux après ça si j’ai bien compris. En fait, ça a été vraiment difficile pour eux. Mais ils nous ont dit : « Ne vous en faites pas pour ça; vous avez fait tout ce que vous avez pu. » Et on savait que c’était le début de la fin.

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