Lionel Bourboing (Source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Lionel Bourboing (Source primaire)

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

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Carte d'identité de la Commission de l'Indo-Chine délivrée au sergent Lionel Bourboing en date du 26 septembre 1955. Lieu: Saigon.
(Avec la permission du Projet Mémoire)

Lorsque je suis arrivé au Laos faut pas oublier que c’était dans la jungle là. On n’était pas dans la ville de Montréal là. Alors quand je suis arrivé là-bas la saison de la pluie n’était pas finie.

Transcription

Au lieu de souper nous autres, on était quatre qui s’en allait au Laos (en 1955-1956, dans le contexte d’une mission internationale d’observation durant la guerre civile au Laos qui dura de 1953 à 1975). Puis avant de prendre l’avion le soir à minuit on a décidé d’aller manger dans un restaurant pour prendre un repas pas québécois, mais canadien à Ottawa, là. On a demandé au gardien au dépôt sur Montréal Road à Ottawa. Le gars il dit oui d’ici à l’autre coin de rue il y a un restaurant Italien. On s’est rendu au restaurant italien. On est rentré on a réservé une table pour quatre. On s’est assis bien tranquille on s’est commandé chacun une bière. Puis on a commandé notre souper. En fin de compte le « waiter » (serveur) nous demande : « Qu'est-ce qui se passe avec vous autres? D’habitude les militaires qui viennent ici du dépôt ça parle fort, ça compte des histoires. Vous autres vous êtes bien tranquille et tout ça. » Tranquillement je dis au gars : « C’est pas difficile, à minuit à soir on prend l’avion on s’en va au Laos, un petit pays en Asie. Je ne peux pas vous dire exactement où il est, mais je sais que je m’en vais là. On part pour là. »


Ça reste là. Quand le gars nous emmène le spaghetti ce n’était les spaghettis qu’on avait commandés c’était un spaghetti il y en avait des champignons pis de la sauce au coton. Le gars nous arrive avec une bouteille de vin, met la bouteille de vin sur la table, quatre verres. On n’a pas commandé de verres. Non il dit correct ça vient avec le repas. Il met ça là. Quand c’est le temps du dessert, un beau gros morceau de gâteau avec de la crème à glace. Quand on a fini le patron qui arrive avec un petit cabaret. Il met ça sur la table il y a cinq verres de cognac dans le plat. Là le gars, le propriétaire cogne sur la bouteille puis là il invite tout le monde qui était dans le restaurant de se lever avec leurs verres et de nous saluer nous les quatre Canadiens qui partaient en mission représenter le Canada dans un petit pays le Laos. Tout le monde s’est levé. Ils nous ont souhaité bon voyage. Ils sont tous venus nous donner la main avant de partir. Quand on est venu pour payer le patron a dit non, c’est la maison qui paye. Ça, c’est le plus beau souvenir que j’ai eu avant de partir pour l’Indochine.


Même si j’étais instructeur d’armes j’ai été obligé de suivre mes cours médicaux la même chose. Normalement. Une bonne journée ils voulaient avoir quelqu’un pour envoyer en Indochine, un gars qui était qualifié sur plusieurs secteurs. Parce que j’étais qualifié en hygiène, qualifié côté médical. Ils ont dit ça va faire juste envoyé ça au Laos, il va être capable de faire les deux « jobs » en même temps. Alors c’est une des raisons. Puis le colonel Tremblay c’est encore un autre qui me connaissait, qui connaissait mon père (un ancien sergent-major de compagnie, vétéran de la Première Guerre mondiale avec le 22e Bataillon canadien-français). C’est vrai ton garçon ça ferait un bon homme pour envoyer là, bingo ils m’ont shippé (dépêché) là.


Lorsque je suis arrivé au Laos faut pas oublier que c’était dans la jungle là. On n’était pas dans la ville de Montréal là. Alors quand je suis arrivé là-bas la saison de la pluie n’était pas finie. Le monsoon (mousson) comme qu’ils disent. Quand je suis arrivé là, il y avait comme six pouces d’eau dans ma chambre. Alors j’ai été au bureau et j’ai refusé ma chambre. Le major qui était mon boss il dit : « Viens voir ma chambre ». Il m’a emmené dans sa chambre et il m’a dit : « On change tu de chambre tous le deux? ». J’ai regardé ça et il avait la même chose lui aussi. Six pouces d’eau dans sa chambre. Ça finit par là. Mais pour la balance ça bien été vue que moi, tout de suite au départ vu que j’étais médical, mon ouvrage personnel¸ ça ne tenait pas occupé huit heures de temps ça. Alors on m’a donné beaucoup de petites choses, d’ajout. Comme j’étais responsable des gardiens, j’étais responsable moi là des cuisines. Il y avait pour l’ambassadeur, l’ambassadeur, j’étais responsable de sa maison. De m’assurer que toute la nourriture était correcte, « les boys » faisaient bien le bon ménage et tout ça. Je servais de liaison avec les Français. Pis quand ils avaient besoin d’un interprète français à 65% des cas, c’était moi qui y allais. Pour interpréter, pour faire l’interprétation d’un à l’autre.


Les Français étaient assez heureux de s’en retourner. Parce que, je me suis fait énormément d’amis parmi eux. J’ai toujours été bien reçu partout où j’ai mis les pieds chez les Français. J’ai toujours été invité à aller manger avec eux, prendre un pot avec eux, prendre le break le matin avec eux. Il y a même des gens que quand ils me voyaient sacrifice! Habillé en militaire ils ne croyaient pas que j’étais un Canadien ils pensaient que j’étais un Breton. Le comportement des Français puis nous avec les Canadiens il n’a jamais eu de problèmes, jamais eu d’histoires rien. Ç’a toujours été beau.


Presque tous les soirs j’allais faire un petit tour à l’aéroport pour voir revenir l’avion ambulance qui ramenait les blessés du nord au Laos. Parce que le Laos était en guerre tout le temps, tout le temps que j’ai été là. Parce qu’eux autres, les Laotiens du nord, c’était des communistes, les deux provinces la Vallée des Jarres puis (…) c’était le côté communiste, mais on avait des Canadiens qui étaient là pareil, il y avait deux Canadiens dans ces deux provinces-là. Mais excepté qu’il y avait toujours de la guerre. Alors à tous les soirs il y avait un avion ambulance qui ramenait les blessés. J’allais faire un tour voir ça puis aller discuter avec eux autres. Puis prendre des nouvelles puis en même temps s’il y avait du courrier qui rentrait de nos Canadiens je ramenais ça au bureau. Ça faisait partie de mes attributions, le courrier. C’est moi qui allais chercher le courrier de l’ambassadeur pis tout ça. Je donnais notre courrier qui sortait.

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