William Philip Kennedy (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

William Philip Kennedy (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

William Philip Kennedy raconte son expérience durant la Deuxième Guerre mondiale, notamment le débarquement en Normandie le jour J.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.


Lt Gilbert Mine /Département de la défence nationale/ Bibliothèque et Archives du Canada / PA-206493
Lt Gilbert Mine /Département de la défence nationale/ Bibliothèque et Archives du Canada / PA-206493
Fantassins du régiment <em>North Nova Scotia Highlanders </em>à bord d'un bateau de débarquement LCI(L) 135 de la deuxième flotille canadienne (262e Marine Royale), le 9 mai 1944. William Kennedy a servi sur un vaisseau semblable, le LCI(L) 301, lors du Jour J. Lt Gilbert Mine /Département de la défence nationale/ Bibliothèque et Archives du Canada / PA-206493
Lt Gilbert Mine /Département de la défence nationale/ Bibliothèque et Archives du Canada / PA-206493
« Arrive enfin le Jour J et à l’aube, j’ai vu tous ces bateaux et tous ces avions qui les survolaient. Et comme nous approchions des côtes, les croiseurs britanniques tiraient et il y a eu cette explosion assourdissante. »

Transcription

C’était une corvette et le numéro de pavillon c’était le K177. Et le nom de la corvette c’était Dunvegan. Le court, à cette époque, les corvettes avaient un gaillard d’avant court et vous marchiez du pont de votre mess à la cuisine, là où le cuisinier servait les repas et puis on avait un repas appelé, on avait l’habitude de dire « red lead and half-tallies ». Red lead c’était bien sûr pour les tomates en conserve et half-tallies c’était des tranches de bacon. Et vous marchiez le long quand c’était votre tour d’aller à la cuisine récupérer ce repas et ce sacré vent qui sifflait juste en face de ce gaillard d’avant court et vous deviez batailler pour garder tout ça sur cette sacrée assiette.

Je prenais des cours de perfectionnement dans la signalisation visuelle et en fait le bateau est parti sans moi évidemment. Je savais que ça durait deux semaines ou quelque chose comme ça, je ne souviens plus combien de temps ça a duré, et puis j’avais vu qu’il y avait un bulletin à l’école à Halifax. Alors je suis parti sur l’Ile de France à la base navale NCMS Niobe en Ecosse, à Greenock en Ecosse, et je ne me rappelle pas du nombre de semaines que j’ai passées là-bas à l’entraînement et puis on a pris tout simplement le train de Greenock à Southampton et on est monté à bord de cette péniche de débarquement. Et c’était la LCI-301, de la 260ème flottille.

Alors finalement le jour J est arrivé et quand le jour s’est levé j’ai vu tous ces bateaux et tous ces avions en route, et alors qu’on arrivait sur le rivage, j’ai pu voir les croiseurs britanniques tirer le canon et cette explosion à rendre sourd. Et on était – il y avait environ 12 péniches dans notre flottille. Et on a été l’un des quatre premiers de notre flottille à arriver à terre – de ce type de péniches de débarquement – sur la plage de Normandie.

Or, la ville où on a débarqué s’appelait B-E-R-N-I-E-R-S. Et je ne sais pas si ça se prononce (Bernières-sur-mer). Ce qu’on a fait c’est qu’on avait le, quand on remontait sur la plage, on jetait une ancre à jet à la poupe et après quand on avait déversé – fait descendre nos soldats, je crois qu’on transportait une centaine de soldats à bord – ils allaient sur le rivage et ensuite on remontait l’ancre et on dégageait de la plage. Bon, le troisième jour après notre arrivée, ils ont jeté l’ancre à jet et ils manquaient de corde. Et nous voilà échoués sur la plage. Et donc il a fallu qu’on attende la marée montante. Et alors moi, et on devait être trois ou quatre, on est allés à terre. Et il y avait un anglais, je pense qu’il était sergent major ou c’était un sergent responsable de la circulation là-bas et il a dit, qu’est-ce que vous foutez ici les gars ?

On avait notre petit chien avec nous, un joli petit chien noir et blanc, il devait avoir sept ou huit mois. Il nous a fait laisser le chien là et il a dit, retournez sur ce bateau et il a dit, et il montrait du doigt cette maudite – il y avait une église là qui avait une flèche haute dessus – il a dit, il y a encore des tireurs isolés à cet endroit. Il a dit, on en a fait le tour et on l’a laissée à part et vous savez, on ne sait tout simplement pas ce qu’il y a là-dedans. Alors il a dit, retournez sur votre bateau. Mais on ne l’a pas fait, vous savez, on devait aller voir ce qui se passait et je me souviens être entré là-dedans, c’était une tranchée qu’ils, d’un emplacement de canon à l’autre. Et dans cette tranchée, j’ai regardé et cette tranchée avait l’air de mesurer, oh je ne sais pas, soixante-cinq centimètres de profondeur ou quelque chose comme ça. Et je me souviens d’avoir vu deux soldats allemands, morts évidemment, et l’un d’eux, et ce souvenir est tellement réel, avait un crayon à la main. Je ne sais pas s’il prenait un message ou s’il apportait un message. Et l’autre, pas très loin de là où il était étendu mort, je crois qu’ils appellent ça une « potato masher », c’est un type de grenade, une grenade à main, quelque chose comme ça.

Et puis alors, et je me souviens d’avoir vu le bétail là-bas qui avait été tué, parce qu’ils avaient bombardé l’endroit depuis le ciel pendant des jours et des jours. Et ils étaient tout gonflés et ils étaient couchés là avec les pattes en l’air, vous savez, et mon Dieu, ils étaient gros comme des ballons – de gros, gros ballons. Et quoiqu’il en soit, alors on est retournés à notre navire, à notre péniche de débarquement – ce n’était pas un navire, c’était un bateau ou une péniche de débarquement – et notre commandant, notre capitaine, il allait nous accuser de désertion devant le feu ennemi. Et bien sûr, Dieu merci, le chef de la flottille qui était lieutenant commandant avait dit non, pas question que vous fassiez ça.