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Musique country

Musique country. Genre de musique populaire originaire du sud des États-Unis, également appelée « hillbilly » (« montagnarde ») dans les années 1920 et 1930 et « country et western » dans les années 1940 et 1950.

Genre de musique populaire originaire du sud des États-Unis, également appelée « hillbilly » (« montagnarde ») dans les années 1920 et 1930 et « country et western » dans les années 1940 et 1950. Ses origines remontent aux chansons de folklore et « ballads » apportées en Amérique du Nord par les immigrants angloceltiques et conservées surtout dans le sud des États-Unis (Voir Bill C. Malone, Country Music, U.S.A., Austin, Tex. 1968, pour un exposé plus poussé sur les origines folkloriques de la musique country. Voir aussi Musique folklorique et Musique folklorique canadienne-anglaise pour un exposé de cette tradition au Canada.) La musique country présente la même simplicité mélodique et harmonique que ces chansons de folklore et ces « ballads ». Au début, elle était chantée avec la voix aiguë et nasillarde qui caractérise le chanteur traditionnel du sud des Étas.-Unis. Durant les années subséquentes, toutefois, les styles de chant country se diversifièrent sous l'influence d'autres genres de musique pop. L'expansion et l'évolution de l'accompagnement instrumental (guitare, banjo, violon, contrebasse, steel guitar, guitare dobro et batterie) furent des facteurs déterminants de la transition d'une musique du genre folklorique à une autre, du genre pop.

Ses origines au Canada

La musique country fut introduite auprès des auditoires canadiens par la radio des Étas-Unis. Les premières émissions aux stations WBAP, Fort Worth (à partir de 1923), WLS, Chicago (« WLS Barn Dance », 1924) et WSM, Nashville (« Grand Ole Opry », 1925), tout comme celles, ultérieures, de l'influente station WWVA, Wheeling, Virg. O., furent entendues dans de nombreuses régions du Canada. Les émissions de George Wade and His Cornhuskers à la station CFRB, Toronto, en 1928, et de Don Messer à CFBO, Saint-Jean, N.-B., en 1929, marquèrent bientôt les débuts de la musique country à la radio canadienne. Les violoneux américains Eck Robertson et Henry Gilliand sont cités comme les premiers interprètes hillbilly des Étas-Unis à avoir enregistré en vue d'une diffusion commerciale (Victor, 1922). Cependant, des instrumentistes traditionnels canadiens-français enregistrèrent dès 1918, tel le violoneux J.B. Roy chez Victor. En 1925, le catalogue Apex (voir Compo) comportait déjà des 78t. de plusieurs musiciens traditionnels canadiens-anglais dont les violoneux Percy Scott, Dennis O'Hara et Jock McDonald, de même que Billy Russell, harmoniciste et joueur d'ukulélé. Aux Étas-Unis, la musique country connut sa première période de popularité à la fin des années 1920, comme le montre le grand succès d'interprètes tels que Vernon Dalhart, Jimmie Rodgers (« The Singing Brakeman », première vedette de la musique country qui influença Wilf Carter et, surtout, Hank Snow), la famille Carter des É.-U. et plusieurs groupes instrumentaux. En 1932, Wilf Carter adopta le nouveau style commercial et A. Hugh Joseph en fit l'enregistrement chez Canadian Victor. Sa chanson « My Swiss Moonlight Lullabye » fut un succès national, le premier au Canada gravé par un Canadien. Sa popularité incita Victor à enregistrer d'autres Canadiens, notamment George Wade (1933), Hank Snow (1936) et Hank LaRiviere (1941). Toutefois, le succès des disques canadiens demeura limité à cause de la nature restreinte et mal définie du marché au pays. Ainsi, durant de nombreuses années, la présentation solo de spectacles et le travail à la radio demeurèrent les principales activités des interprètes canadiens de musique country, notamment les groupes populaires au niveau régional tels que les Gully Jumpers, Charlie Hannigan and His Mountaineers, Billy Hole and the Livewires à Toronto, Bert Anstice and His Mountaineers, qui se firent entendre sur les ondes de la CCR à Montréal, et les Red River Mates d'Andy DeJarlis à Winnipeg. Les Corn Huskers furent probablement le premier groupe country à faire des tournées à l'échelle nationale - des Maritimes aux Prairies - durant les années 1930.

Sa croissance en popularité et sa diversification de style

Plusieurs facteurs (discutés dans l'ouvrage de Malone, chapitre 6) aboutirent à une popularité encore accrue de cette musique aux Étas-Unis. Le bouleversement social causé par la dépression des années 1930 et la Deuxième Guerre mondiale rapprocha les gens des divers milieux et entraîna la fusion et le nivellement des goûts musicaux. On assista à l'avènement des films de Hollywood mettant en vedette des « cow-boys chantants » comme Gene Autry, Tex Ritter et Roy Rogers, dont les styles étaient intentionnellement modérés afin de plaire au public des villes. Enfin, les auteurs-compositeurs de Tin Pan Alley adoptèrent certains procédés superficiels de la musique country. Le Canada suivit ces tendances, qui se maintinrent jusqu'aux années 1950 et furent marquées par la popularité persistante de Carter, Snow et Earl Heywood, de même que par l'émergence, entre la fin des années 1930 et le début des années 1950 de nouveaux interprètes, notamment les Bunkhouse Boys, les Hillbilly Jewels (incluant Joe Brown, plus tard le patriarche de la Family Brown) et Tex Cochrane dans les Maritimes, Sid Plamondor and His Western Pals en Ontario, les Happy Wanderers, Cammie Howard and His Western Five et Mac Beattie à Ottawa, Jim Magill and the Northern Ramblers à Toronto, Abe Andrews and His Canadian Ranch Boys à Saint Catharines, Ont., Bob Boyd and His Red River Playboys à Winnipeg, Sleepy and Swede and the Tumbleweeds à Saskatoon, (voir Rhythm Pals), Cactus Mack and His Saddle Tramps et Vic Siebert and His Sons of the Saddle à Calgary, ainsi que King Ganam and His Sons of the West à Edmonton. Les chanteurs incluaient Stu Davis, Allen Ermin (le « Calgary Kid »), Bob (« Mr. Sunshine ») King, Myrna Lorrie, Bev Monro, Jimmy Arthur Ordge, Stu Phillips, Orval Prophet, Keray Regan, Donn Reynolds (« Canada's Singing Yodeller »), Oral Scheer, Scotty Stevenson, Billy Whelan et les Canadian Sweethearts (Lucille Starr et Bob Regan). Plusieurs des principaux violoneux du Canada commencèrent également leur carrière à cette époque (voir Violoneux). Le western swing, un genre hybride réunissant musique country et jazz, popularisé aux Étas-Unis durant les années 1930 par Bob Wills, Milton Brown et d'autres, eut ses adeptes canadiens au cours des années 1940 avec Andrews, Ganam, Plamondor et Siebert.

Au Québec, la montée de popularité de la musique country (inspirée des styles des Étas-Unis plutôt que de la musique traditionnelle canadienne-française et comportant un répertoire de chansons originales et de traductions de succès américains) fut marquée par les premiers enregistrements, au milieu des années 1940, de Paul Brunelle et de Willie Lamothe. Les premières chansons de La Bolduc et du soldat (Roland) Lebrun montraient une certaine ressemblance avec le country au niveau du sentiment exprimé et des thèmes abordés. Dans La Chanson québécoise (Montréal 1974), Benoît L'Herbier écrivait : ... le succès du western au Québec s'explique aisément. Comme les Américains moyens, les Québécois, en majorité cultivateurs, habitant la campagne, près de la terre, éprouvaient les mêmes sentiments devant la vie, l'existence et le monde... Leur monde de simplicité pleura la disparition de La Bolduc, s'attarda au soldat Lebrun. Le western leur apparut comme une suite logique. D'ailleurs, les <chansons de cow-boy> possédaient les saveurs folkloriques, adaptées à un climat <moderne>. D'autres pionniers de la musique country au Québec dans les années 1940 et 1950 furent Bobby Hachey, Marcel Martel, Paul Ménard, Roger Miron, Ti-Blanc Richard et Oscar Thiffault. Plus tard, Lévis Bouliane, André Breton, Denis Champoux, Julie et Paul Daraîche, Armand Desrochers, Elaine, Regis Gagné, Georges Hamel, André Hébert, Marie King, Carole Laure, Renée Martel, Patrick Norman, Claude Patry, Larry Robichaud, Jerry et Jo'Anne (Robitaille) Gildor Roy et Roch Voisine s'ajoutèrent au nombre des vedettes country. Le succès du Festival western de Saint-Tite, établi près de Shawinigan en 1968, témoigne de la grande vogue de cette musique au Québec.

Ailleurs au pays, les Provinces maritimes et Terre-Neuve ont eu une musique country semblablement autosuffisante. Beaucoup des exécutants s'inspirent, pour leurs chansons, de sujets locaux et de traditions folkloriques régionales, de même que de l'oeuvre d'autres artistes country de l'Est du Canada. Parmi ceux-ci, on note Omar Blondahl (Terre-Neuve) et Charlie MacKinnon (Cap-Breton). Quelques interprètes de l'Est canadien des années 1970, « Stompin' Tom » Connors, Harry Hibbs, Dick Nolan, Roy Payne, Michael T. Wall et d'autres, ont misé sur leurs origines et ont connu une grande popularité dans les autres provinces, là où des émigrants de l'est du Canada étaient venus s'établir, en particulier à Toronto.

Après son déclin en popularité au milieu des années 1950 - en partie à cause de la montée du rock 'n' roll - la musique country reprit du terrain au cours des années 1960 en s'appropriant des éléments d'autres styles pop. Plusieurs artistes au Canada, tels Tommy Hunter, les Mercey Brothers, Stu Phillips, les Rhytm Pals et d'autres, abandonnèrent l'accompagnement traditionnel en faveur d'un autre plus sophistiqué et d'un style vocal country moins caractéristique. Réciproquement, John Allan Cameron, Shirley Eikhard, Rita MacNeil et Anne Murray, entre d'autres qui n'étaient pas identifiés spécifiquement au country, furent influencés par cette musique et furent populaires auprès des auditoires country.

La fusion des chansons et de l'instrumentation country avec les rythmes et attitudes rock, qui a eu lieu à la fin des années 1960 dans la musique des Byrds, de Poco et d'autres groupes américains, fut annoncée par l'ensemble Great Speckled Bird associé à Ian and Sylvia et adoptée par la suite au Canada par les Good Brothers, Ronnie Hawkins, Danny Hooper, Murray McLauchlan, Sue Medley, Matt Minglewood, One Horse Blue, Colleen Peterson, Prairie Oyster, Rock 'n' horse et Jesse Winchester, pendant une partie ou la totalité de leur carrière. Un important courant de musique country s'est aussi manifesté tout au long des années 1970, 1980 et au début des années 1990 chez des artistes établis ou plus jeunes tels que Carroll Baker, Bootleg, Marie Bottrell, Canadian Zephyr, Glory-Anne (Carriere), Terry Carisse, Errol Ranville, le C-Weed Band, Eddie Eastman, Family Brown, Gary Fjellgaard, George Fox, Gilles Godard, Dallas Harms, le Midnite Redeo Band, Anne Murray, Chris Nielson, Anita Perras, Ronnie Prophet, Donna Ramsey, Lee Roy, R. Harlan Smith, South Mountain, David Thompson et LauraVinson.

Beaucoup de chanteurs ou groupes des années 1980, dont Blue Rodeo, Ray Condo and the Hard Rock Goners, les Cowboy Junkies, les Dots, Grevious Angels, Junior Gone Wild, Rang Tango, les Razorbacks et surtout k.d. lang ont intégré de nouveaux éléments aux styles country traditionnels ou, à l'inverse, des éléments country dans la musique rock et pop, tout en présentant cette musique à un plus vaste public. lang a également participé au mouvement néotraditionaliste des années 1980, comme l'a fait le Great Western Orchestra.

Infrastructure (enregistrement, édition, radio, télévision, cinéma, publications, organismes, prix et festivals)

Même si les principales compagnies d'enregistrement au Canada, à commencer par Victor (RCA Limitée) et Compo (sur ses étiquettes Apex et Point), ont inclus des exécutants de musique country dans leurs catalogues (voir aussi Disques Capitol, Sony, London et Quality), seules des compagnies plus modestes et souvent régionales, d'une longévité variable, se sont consacrées au genre de façon exclusive. Celles-ci incluent Aragon Records d'Al Reusch (fondée à New Westminster, C.-B., 1947) qui enregistra Stu Davis, Cowboy Joe and the Salmon River Boys, Keray et Bob Regan, Buddy Reynolds, les Rhythm Pals (avec Juliette), Vic Siebert et d'autres; Rodeo Records de George Taylor (1951) qui, plus tard, créa l'étiquette Banff et prit la suite des affaires de la compagnie Celtic lancée en 1933; Marathon Records de Jack Hosier (Toronto, 1970, reprise en main par Condor Music de Lonnie Salazar en 1975), notamment avec les artistes Dick Damron, Tommy Hunter, Julie Lynn et Marg Osburne; Broadland Records de Gary Buck (Toronto, 1971); Boot Records de « Stompin' Tom » Connors (Toronto, 1971); Royalty Records de l'auteur-compositeur-interprète R. Harlan Smith (Edmonton, 1974), Book Shop de Gilles Godard (Cornwall, Ont., 1980) et Savannah Records de Brian Ferriman (Toronto, 1983), qui a enregistré Terry Carisse, Gary Fjellgaard, les Good Brothers, Matt Minglewood, Anita Perra et Tim Taylor, ainsi que Michelle Wright. Au Québec, Bonanza et Trans-World ont à leur actif une longue liste d'enregistrements country. L'impresario et auteur-compositeur de Thunder Bay Don Grashey (décès sept 2005) fonda successivement trois étiquettes de musique country sur une période de 30 ans : Zero, Gaiety et Golden Eagle. Il a joué un rôle important dans les carrières des chanteuses Loretta Lynn, Myrna Lorrie, Carroll Baker et, à la fin des années 1980, Cindi Cain. Parmi les autres étiquettes canadiennes indépendantes se consacrant entièrement ou partiellement aux artistes country, on retrouve MBS (exploitée par les Mercey Brothers), Roto-Noto, Snocan et Stony Plain. Durant les années 1980, une étiquette allemande, Cattle, se mit à lancer des micr. contenant des enregistrements des années 1950 de Kidd Baker, Tex Cochrane, Eleanor Dahl, « Dixie » Bill Hilton and His Calgary Range Riders, Smilin' Johnnie and His Prairie Pals, Reg Smith, Billy Whelan et d'autres artistes. Parmi les éditeurs canadiens, BMI Canada Berandol), Canadian Music Sales, Empire, Jarman et Thompson ont inscrit du matériel country à leur catalogue.

La radio demeura un média utile pour les artistes country jusqu'au milieu des années 1950, alors que les disques commencèrent à être utilisés de façon généralisée. Ces disques étaient surtout amér., même si la réglementation du CRTC mise en vigueur en 1970 rétablit dans une certaine mesure l'équilibre de la programmation. En plus des émissions mettant en vedette Don Messer, King Ganam, Cammie Howard et, plus tard, Tommy Hunter, au réseau de la SRC, plusieurs émissions de musique country furent présentées à des stations privées. Parmi celles-ci figuraient l'émission de l'annonceur W.D. « Billy » Hassell durant les années 1930 à la station radiophonique CJOR, à Vancouver; « CKNX Barn Dance », de 1937 à 1963 à Wingham, Ont.; « Bill Rae's Roundup » (années 1940) à la station CKNW, New Westminster, C.-B.; « Fiddler's Fling » (années 1940, voir Orval Prophet) et « The Happy Wanderers » (années 1950, avec Joe Brown et Bob King) à la station CFRA, Ottawa, ainsi que « Main Street Jamboree » (années 1960, avec le comique Gordie Tapp, plus tard vedette de l'émission de télévision du réseau NBC « Hee Haw » diffusée depuis Nashville) à la station radiophonique CHML, Hamilton. Une des conséquences de la diffusion des émissions en direct fut le phénomène des annonceurs-chanteurs tels que Ted Daigle (CKBY, Ottawa), Earl Heywood (CKNX, Wingham), Ray Kovisto (CKCY, Sault Sainte Marie, Ont.), Stu Phillips et d'autres. La station CFGM de Toronto, première station au pays à ne faire jouer que de la musique country (à partir de 1968), produisit l'émission « Opry North », distribuée par un syndicat. Établie en 1976 dans la foulée du Grand Ole Opry de Nashville, elle poursuivit ses activités jusqu'à ce que CFGM mette fin à sa politique relative à la musique country en 1990. Un sondage mené auprès de quelque 600 stations radio MA et MF au Canada en 1991 (Contact : The Essential Canadian Music Business Directory, Toronto 1991) a déterminé qu'au moins 115 d'entre elles mettait au programme un certain pourcentage de country.

La musique country a occupé une petite place à l'horaire de la télévision canadienne depuis 1952 avec « Holiday Ranch » à la SRC. Suivirent d'autres émissions de la SRC qui présentèrent en vedette des artistes renommés tels Messer, Phillips, Ganam, Hunter et Lorrie. Le « Tommy Hunter Show » a célébré sa 25e année en 1989. Ultérieurement, le réseau CTV offrit plusieurs séries de courte durée, notamment « Cross Canada Barndance » en provenance de Halifax et des émissions mettant en vedette King Ganam et Ronnie Prophet. Des émissions relayées par plusieurs stations privées incluaient « At the Caribou » de Harry Hibbs (1969-75), « Don Messer's Jubilee » (1969-73) et « The George Hamilton IV Show » (1972-79), toutes à la station CHCH-TV de Hamilton, ainsi qu'une suite de séries mettant en vedette la Family Brown et Ronnie Prophet à CJOH, Ottawa. Plusieurs interprètes animèrent des séries locales ou régionales, notamment Louis Bilodeau (« Soirée canadienne » à CHLT TV, Sherbrooke, Québec, 1960), Gary Buck, Jerry et Jo'Anne, Willie Lamothe, Tex Lecor, André Lejeune (« À la canadienne » à la station CFTM, Montréal, 1972-77), Lorrie, Ti-Blanc Richard, Ray Saint Germain, Brian Sklar, Ian Tyson, Sylvia Tyson et d'autres noms. Des films documentaires ont été tournés sur Jean Carignan, Wilf Carter (Wilf Carter in Calgary, 1988), Cal Cavendish (Cavendish Country, ONF 1973), « Stompin' Tom », Willie Lamothe, Don Messer, Anne Murray, Monsieur Pointu et d'autres. Les films documentaires incluent aussi Country Music, Montreal '71 et Every Saturday Night (ONF 1973, sur les Badlanders de Drumheller, Alb., groupe formé dans les années 1930). Le milieu de la musique country a servi d'ambiance au film dramatique canadien The Hard Part Begins (Cinépix 1973) inspiré de la carrière de l'auteur-compositeur-interprète Cliff Carroll, et à d'autres films mettant en vedette Willie Lamothe et Marcel Martel.

La couverture de la musique country dans la presse fut, durant plusieurs années, limitée à des articles occasionnels dans des journaux et revues. Des chroniques canadiennes sont apparues dans des publications américaines, même si, détail significatif, une chronique dans le Country Song Roundup (années 1950) qualifiait souvent la musique canadienne de « musique folklorique ». Plus tard, quelques publications canadiennes se spécialisèrent sur le sujet - Country Gentleman (Toronto, 1965), Country Music Vanguard (d'abord The Underground, Montréal, 1967-69, 1971-87), World of Country Music (Toronto, 1972-73), Country Music News (Langley, C.-B., 1972-74), Down Home (Orangeville, Ont., 1976-81), Country Music Connection (Edmonton, 1976), Fan Fair Country Music Magazine (Saint Catharines, Ont., 1980-81, plus tard Jamboree Country Music), Capital Country News (fondé à Ottawa en 1980 et rebaptisé Country Music News en 1982), Country (né à Toronto en 1989) et Country Wave (Vancouver 1991) - partageant toutes leurs articles à des degrés variables entre interprètes canadiens et américains. RPM, The Record et Country Music News ont compilé et publié des palmarès de succès country. RPM et The Record, de même que Billboard (New York) sont examinés dans Country Canada de Ted Kennedy (Kelowna, C.-B. 1989). Des biographies ont été écrites sur ou par Carter, Hunter, Lamothe, Messer, Patrick Norman et Ti-Blanc Richard. Une histoire complète du genre figure dans l'étude du CRTC The Country Music Industry in Canada (Ottawa 1986).

Le country a attiré l'attention du monde universitaire pour la première fois à l'Université Memorial, par l'entremise du programme de recherche et de publications de sa Folklore and Language Archive. L'élargissement du champ des recherches en ethnomusicologie, durant les années 1980, a produit davantage de recherches sur le genre. Tim B. Rogers et Neil V. Rosenberg (voir BIBLIOGRAPHIE) ont effectué un travail important dans ce domaine. Rogers a rédigé des articles historiques, « Back to the 50's with Doc Rogers », en 1988-89 dans Country Music News. La croissance de la musique country au Canada entraîna la création de plusieurs organismes et événements au cours des années 1970 et 1980. La Canadian Academy of Country Music Entertainment a été fondée en 1975 et a pris le nom de Academy of Country Music Entertainment (ACME) en 1976. L'Assn de la musique country canadienne est née en 1986. RPM mit sur pied les Big Country Awards en 1975. Ils furent abandonnés lorsque les deux organismes précités organisèrent leur propre remise de prix en 1982, mais RPM les reprit en 1985. D'autres prix ont été offerts par les regroupements de plusieurs provinces, comme les Manitoba Association of Country Arts Awards et les British Columbia Country Music Awards, qui datent toutes deux de 1978. Au Québec, le Willie, ainsi nommé en l'honneur de Willie Lamothe, a été créé par l'Académie country du Québec, fondée en 1987. Dès leurs débuts, les Juno Awards et les trophées Félix ont eu des catégories country, les Juno pour les artistes et, de 1965 à 1974 seulement, pour les disques, et les Félix, pour les disques.

Les musiciens country ont également leur « temples de la renommée » aux niveaux national, provincial et régional. Le Hall of Honor de la CCMA a été établi en 1984 et Wilf Carter, Tommy Hunter, William Harold Moon (de BMI Canada) et Orval Prophet y ont été les premiers admis, suivis de Don Messer et Hank Snow (1985), Papa Joe Brown (1986), Lucille Starr (1987), Jack Feeney (de RCA, 1988), Don Grashey et Ian Tyson (1989), ainsi que Ron Sparling et Gordie Tapp (1990). Le Canadian Country Music Hall of Fame, mis sur pied en 1981 par Gary Buck, ouvrit à Kitchener, Ont., en 1989 avec l'admission de Brown, Carter, Messer, Prophet, Snow, Starr, Tyson, Maurice Bolyer, Charlie Chamberlain, Al Cherny, King Ganam, Ray Griff, Dallas Harms, Earl Heywood, Myrna Lorrie, les Mercey Brothers, Bob Nolan, Marg Osborne, les Rhythm Pals et Gordie Tapp dans la catégorie des musiciens, ainsi que Feeney, Moon, Larry Delaney (rédacteur en chef de Country Music News), Don Grashey et Hank Smith (premier prés. de la Canadian Academy of Country Music Entertainment) dans la catégorie des « constructeurs ». Des temples de la renommée ont été érigés dans la vallée de l'Outaouais en 1981 et au Nouveau-Brunswick en 1983. D'autres existaient en Alberta et en Saskatchewan en 1990. Le Canadian Country Music Hall of Fame possède son propre lieu d'exposition, mais la plupart des temples le sont de nom seulement.

Entres autres organismes canadiens, l'Oldtime Country Music Club of Canada a été établi par Bob Fuller au Blue Angel, un bar de Montréal ouvert en 1966. En plus des cérémonies de remise de prix de la CCMA et des activités de la Semaine de la musique country, on retrouve certains événements notables dont plusieurs festivals et concours. Le Big Valley Jamboree, fondé en 1983 à Craven, Sask., a attiré des foules de 50 000 personnes venues applaudir des musiciens du Canada et des États-Unis, ce qui en a fait l'un des plus importants festivals country au monde. Parmi les événements plus petits, l'All Star Country Music Picknic and Rodeo, établi en 1977 à Innisfail, Alb., et le Gatineau Clog de Wayne Rostad, fondé en 1980 à Tucker Lake, près de Low, Québec, ont connu une certaine popularité, tout comme le Canadian Open Old Time Fiddlers' Contest, né en 1951, ainsi que le Canadien Open Country Singing Contest, mis sur pied en 1975 à Simcoe, Ont. On a également pu entendre de la musique country à plusieurs festivals folk, dans le cadre, au cours des années 1980, d'un retour aux sources dans la programmation.

Son caractère canadien

La musique country canadienne a généralement suivi le modèle de celle des É.-U. mais elle a aussi développé certaines caractéristiques distinctives. Du fait que les cultures ethniques n'aient pas été assimilées au Canada comme elles le furent aux États-Unis, le folklore européen et les styles de musique populaire ont eu une influence indéniable sur la musique country, particulièrement dans l'Ouest. Ces influences sont bien visibles dans la musique des accordéonistes Gaby Haas (tchécoslovaque), Walter Ostanek (slovène) et Olaf Sveen (norvégienne), des violoneux Al Cherny et Victor Pasowisty (ukrainienne), de la Carlton Showband, de Larry McKee and the Shandonairs et des Irish Rovers (irlandaise), ainsi que des Emeralds, Polka Dots, Western Senators et D-Drifters 5 (européenne de l'Est).

Les styles vocaux du country canadien diffèrent également de ceux des Étas-Unis dans la mesure où ils utilisent des accents régionaux. Les chanteurs canadiens ont généralement une voix plus grave et moins nasillarde que leurs collègues américains, avec une prononciation plus nette, moins nonchalante et escamotée. Le style canadien, particulièrement celui de Hank Snow et de Wilf Carter, a influencé à son tour plusieurs chanteurs américains dont Johnny Cash. Les sujets communs aux chansons country des Étas-Unis - que George Hamilton IV appelait « des fraudes sur l'alcool, les femmes et l'errance » (Globe and Mail, Toronto, 4 mai 1974) - ne sont pas absents des chansons canadiennes. Cependant, un plus grand nombre de chansons canadiennes restent liées à la tradition de la « ballad » de la musique folklorique nord-amér. Comme beaucoup de ces chansons plaisent également à un auditoire non rural, il existe au Canada une catégorie unique d'interprètes et de compositeurs (sans équivalent important aux É.-U.) populaires à la fois auprès des auditoires ruraux et urbains. Parmi ceux-ci figurent Willie P. Bennett, Roy Forbes, les Good Brothers, Gordon Lightfoot, Murray McLauchlan, Colleen Peterson, Bob Ruzicka, Ian Tyson, Sylvia Tyson, Valdy et Sneezy Waters, dont quelques uns ont cherché à répondre, ces dernières années, aux goûts de l'auditoire country en raison du temps d'antenne limité accordé au genre folk. En retour, l'influence de la musique folk contemporaine est présente dans les chansons des artistes country Dick Damron et Gary Fjellgaard. Beaucoup de chansons country canadiennes ont été endisquées par des musiciens américains. Parmi les plus populaires, on retrouve « Bluebird on Your Windowsill » (Elizabeth Clarke), « Canadian Pacific » (Ray Griff), « Countryfied » (Dick Damron), « Four Strong Winds » (Ian Tyson), « The Ghost of Bras d'Or » (Charlie MacKinnon), « I'm Movin' On » (Hank Snow), « The Morning After Baby Let Me Down » (Griff), « Paper Rosie » (Dallas Harms), « Out Among the Stars » (Adam Mitchell), « Please Don't Go » (Jackie Rae), « Ribbon of Darkness » (Gordon Lightfoot), « Shutters and Boards » (Scott Turner et Audie Murphy), « Snowbird » (Gene MacLellan, « Someone Loves You Honey » (Don Devaney), « Tumbling Tumbleweeds » (Bob Nolan) et « When I Dream » (Sandy Mason-Theoret). Plusieurs autres Canadiens ont connu du succès au pays et à l'étranger comme auteurs-compositeurs, entre autres Lee Bach, Barry Brown (Family Brown), l'équipe de Terry Carisse (avec Bruce Rawlins et autres), J.K. (John Ken) Gulley, Ron Irving et Cyril Rawson.

Au nombre des artistes country nés au Canada et qui ont connu une carrière fructueuse aux États-Unis se trouvent Wilf Carter (sous le nom de « Montana Slim »), Don Devaney, Sonny Green, Ray Griff, Ernie Hagar, Bob Nolan, Stu Phillips, Ronnie Prophet, Bob Regan et Lucille Starr, Hank Snow, et Scott Turner. Neil Young a fait de la musique country un de ses principaux intérêts. Il a endisqué et fait des tournées dans ce contexte au milieu des années 1980. D'autres Canadiens connurent des succès sur disque aux États-Unis mais sont restés au Canada ou y sont revenus. Il s'agit notamment de Gary Buck, Tommy Hunter, k.d. lang, Myrna Lorrie, Anne Murray, Orval Prophet et Joyce Smith (« Leave It On Your Mind », 1961). Parmi les interprètes nés aux États-Unis et qui ont longtemps vécu, travaillé ou enregistré au Canada figurent Harold « Lone Pine » Breau et son épouse Betty Cody, Ronnie Hawkins, Tom Russell et George Hamilton IV, originaire de la Caroline du Nord, qui a été, grâce à ses enregistrements et à ses émissions de télévision, un ardent partisan de la musique country canadienne. Beaucoup de Canadiens ont aussi connu la popularité en Europe : Carroll Baker, Dick Damron et Dallas Harms, entre autres. Certains ont commencé à y faire des tournées au milieu des années 1970. Lucille Starr et les artistes associés avec l'étiquette Savannah (Gary Fjellgaard, les Good Brothers, Anita Peras, etc.) y ont effectué la première de plusieurs visites à la fin des années 1980. Au début de la décennie suivante, lang et Murray ont conservé leur statut international et plusieurs nouveaux musiciens ou groupes ont commencé à susciter de l'intérêt aux É.-U. : Sharon Anderson, Blue Rodeo, Eagle Feather, George Fox, Prairie Oyster, Brian Sklar, Michelle Wright et Lori Yates.

Voir aussi Autochtones, Bluegrass.

Lecture supplémentaire

Liens externes