Projet de la baie James | l'Encyclopédie Canadienne

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Projet de la baie James

En 1971, Hydro-Québec et le gouvernement du Québec lancent le Projet de la baie James, un gigantesque aménagement hydroélectrique sur la côte est de la baie James. (Voir aussi Hydroélectricité au Canada.) Au long des deux phases du projet, huit centrales sont construites pour permettre au Québec de produire de façon non polluante une part importante de son électricité. Par contre, le projet a aussi profondément bouleversé l’environnement et les communautés autochtones vivant dans cette région. Les répercussions du projet se font encore sentir aujourd’hui.


Phase 1

La phase 1 du projet est réalisée au coût de 13,7 milliards et nécessite d’énormes détournements des eaux des rivières Eastmain, Opinaca et Caniapiscau vers des réservoirs artificiels sur la rivière La Grande. Le débit moyen de la rivière La Grande passe de 1700 à 3300 m3/s. Un déversoir en gradins de trois fois la hauteur des chutes du Niagara est creusé à coups d’explosifs dans le sous-sol rocheux. Terminée en 1982, la centrale La Grande 2 (LG-2), désormais connue sous le nom Robert-Bourassa, demeure le plus important site de production d’énergie d’Amérique du Nord. D’une longueur de 483 m, la centrale génère une puissance électrique de 7 722 MW. L’achèvement de LG-3, en février 1984, et celui de LG-4, en mai 1984, complète la phase 1 du projet.

Incidence sociale et environnementale

Le projet de la baie James, qui est entamé sans obtenir la permission des peuples cris et inuits vivant dans la région, soulève une controverse en raison de ses effets sur les peuples autochtones et l’environnement. À son annonce par le premier ministre du Québec Robert Bourassa en 1971, le projet est contesté par les Cris, qui n’en avaient pas été informés. En 1975, la Convention de la Baie James et du Nord québécois met fin au différend : les Cris et les Inuits cèdent leurs revendications territoriales contre 225 millions de dollars, mais conservent des droits de chasse et de pêche spéciaux (voir Industrie de la Pêche.)

Le projet inonde 11 500 km2 de terres sauvages habitées par les Cris et les Inuits de la baie James. Le village de Fort-George (population de 2 373 habitants), à l’embouchure de la rivière La Grande, est déménagé en amont et est renommé Chisasibi. Le village d’Eastmain (population de 356 habitants) est maintenant situé dans un estuaire d’eau salée, la rivière Eastmain ayant été réduite à un mince filet d’eau. L’inondation provoque aussi une contamination du poisson par le mercure libéré par la décomposition des végétaux dans les réservoirs, contribuant à la mort d’environ 10 000 caribous. De vastes zones sauvages sont inondées et des forêts incendiées dans un effort de se débarrasser des débris.

Phase 2

La phase 2 du projet commence en 1989 avec l’aménagement de LG-1 à l’embouchure de la rivière La Grande, à l’endroit où celle-ci se jette dans la baie James. Durant la phase 2 du projet, on propose la construction du projet de Grande Baleine et d’autres barrages sur les rivières Grande-Baleine, Nottaway et Rupert. Les Cris s’opposent d’autant plus vigoureusement à cette phase du projet qu’à la première. Ils se battent contre le gouvernement devant les tribunaux et font entendre leur voix au sud de la frontière canadienne, car l’électricité générée par la phase 2 est destinée aux États américains de New York, du New Hampshire, du Maine et du Vermont. Pendant plusieurs années, les activistes cris exercent des pressions auprès des législatures américaines en les demandant de ne plus participer aux projets de la baie James. En 1992, Mario Cuomo, alors gouverneur de l’État de New York, ordonne à la New York Power Authority d’annuler l’engagement pris avec Hydro-Québec et de se concentrer sur la conservation de l’énergie et l’achat d’électricité provenant d’autres sources. L’achèvement du projet de Grande-Baleine est suspendu indéfiniment, faute d’acheteur potentiel d’hydroélectricité.

Au cours des phases 1 et 2 du projet de la baie James, les eaux d’au moins 6 rivières non aménagées ont été déviées et endiguées, inondant une zone d’une superficie comparable à un tiers de celle de la Belgique.

Détournement de la rivière Rupert

En 2002, les Cris et le gouvernement du Québec signent un nouvel accord nommé l’Entente concernant une nouvelle relation entre le gouvernement du Québec et les Cris du Québec (« La Paix des braves »). (Voir aussi Traités autochtones au Canada.) Cet accord s’appuie sur la Convention de la baie James et du Nord québécois et stipule que les Cris et le gouvernement sont conjointement responsables de gérer les terres cries et d’en partager les revenus tirés des ressources minières, forestières et hydroélectriques. Dans la foulée de la Paix des braves, une entente conclue en 2004 permet d’amorcer l’évaluation environnementale du projet de détournement de l’une des plus grandes rivières du Québec, la rivière Rupert. En novembre 2006 et février 2007, le projet, estimé à 4 milliards de dollars, reçoit les approbations nécessaires. La construction des centrales Eastmain-1-A et Sarcelle et le détournement de la rivière Rupert sont achevés en 2012. Le détournement de la rivière Rupert vers la centrale La Grande réduit de 50 % par an le débit moyen à l’embouchure de la rivière, ce qui diminue de 18 % le débit d’eau douce dans la baie de Rupert.

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