Bataille des Hauteurs-de-Queenston | l'Encyclopédie Canadienne

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Bataille des Hauteurs-de-Queenston

La bataille des Hauteurs-de-Queenston se tient le 13 octobre 1812 durant la guerre de 1812. L’un des affrontements les plus célèbres de la guerre, la bataille des Hauteurs-de-Queenston est un combat pour prendre le contrôle d’une portion de l’escarpement du Niagara qui surplombe Queenston où plus de 1 000 soldats américains envahissent le Haut-Canada. Une partie des forces américaines atteint le sommet, encercle l’artillerie britannique et chasse les Anglais des hauteurs. Le général Isaac Brock, l’un des chefs militaires britanniques les plus respectés de l’époque, meurt durant la contre-attaque. Les chefs mohawks John Norton et John Brant ainsi que quelque 80 guerriers haudenosaunee et delaware empêchent les Américains d’avancer durant des heures, le temps que les renforts arrivent et que les Anglais puissent conserver cet avant-poste crucial.

Bataille des Hauteurs-de-Queenston

Date

13 octobre 1812

Lieu

Queenston, Haut-Canada (Ontario)

Participants

Grande-Bretagne, milice du Haut-Canada, Haudenosaunee et Delaware; États-Unis

Pertes

105 Britanniques, miliciens et guerriers des Premières Nations (incluant 28 morts)

300 Américains


Cette gravure de James Dennis, datant de 1836, montre les troupes américaines (en uniforme bleu) traversant la rivière Niagara et débarquant à Queenston. Les troupes britanniques et canadiennes (en uniforme rouge) commandées par le général Isaac Brock repoussent les Américains jusque dans les hauteurs.
(tableau de James B. Dennis; avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada/C-014614)

Contexte

La guerre de 1812, un conflit entre les États-Unis et la Grande-Bretagne, est livrée surtout en Amérique du Nord. Elle dure de 1812 à 1814 et s’associe aux guerres napoléoniennes qui divisent alors l’Europe.

La bataille des Hauteurs-de-Queenston se produit peu après l’éclatante victoire du major général Isaac Brock et de Tecumseh contre les forces américaines à Détroit. La prise de Détroit mène à un cessez-le-feu temporaire entre les autorités américaines et britanniques. Mais au lieu d’encourager la paix, le temps d’arrêt permet aux deux côtés de se regrouper afin de poursuivre les hostilités. La guerre éclate de nouveau aux hauteurs de Queenston.

Les opérations américaines contre le Haut-Canada dans la région du Niagara (aujourd’hui en Ontario) sont menées par le général Stephen Van Rensselaer, un milicien parmi les plus riches citoyens américains. Le cessez-le-feu lui permet de rassembler ses forces et de les mener par voie terrestre d’Albany, dans l’État de New York, jusqu’au Haut-Canada.

Isaac Brock, stationné à Fort George, protège la frontière contre une invasion américaine au moment où le cessez-le-feu est levé. Avec 1 500 soldats et 250 alliés autochtones, il répartit ses forces, ne sachant par où la prochaine tentative d’invasion va se produire.

Invasion américaine du Canada

Stephen Van Rensselaer subit les pressions de Washington et de la population américaine qui veulent venger la honte de la défaite de Détroit devant une armée plus faible. Prêt à tout pour se faire un nom en tant que commandant de l'armée, Stephen Van Rensselaer traverse la rivière Niagara pour entrer dans le Haut-Canada à Queenston.

La nuit du 12 octobre 1812, la milice de New York lance l’assaut en traversant les courants traîtres du Niagara. Isaac Brock est convaincu qu’ils traverseront un peu plus loin, à Fort George. De plus, la première tentative à Queenston est si mal organisée que le général Brock croit qu’il s’agit d’une feinte. C'est pourquoi il n'y consolide guère ses troupes, ce qui permet au général Van Rensselaer de réitérer sa tentative le 13 octobre, peu avant l'aube.

Découvrant un sentier caché vers le sommet de l’escarpement, les Américains parviennent à s’emparer d’une position britanno-canadienne, un redan d’où un canon empêche leurs renforts de traverser la rivière. Cette capture permet aux Américains d’avoir la haute main sur la bataille.

Mort d’Isaac Brock

Isaac Brock se réveille au son des tirs qui font rage à Vrooman’s Point et le long des berges à Fort George. Il se prépare à la hâte pour le combat, tandis que les Américains s’emparent des hauteurs de Queenston. Il galope à vive allure jusqu'à Queenston, où il rassemble ses forces et mène lui-même une charge pour reprendre le canon dont les Américains se sont emparés. Brandissant son épée, il lance l’assaut et devient une cible facile pour les tireurs. Il est touché juste au-dessus du cœur et meurt aussitôt (voir Isaac Brock : un héros tombé au combat).

Le mort de sir Isaac Brock, la bataille des Hauteurs de Queenston
La bataille des Hauteurs de Queenston qui se déroule le 13 octobre 1812 est à la fois une victoire et une tragédie pour les troupes britanniques et canadiennes contre l'envahisseur américain. C'est au cours de cette bataille que sir Isaac Brock est tué (au premier plan).
(tableau de John David; avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada/C-000273)

Les guerriers des Premières Nations coincent les Américains

L’aide de camp d’Isaac Brock, le lieutenant-colonel John MacDonell, est mortellement blessé dans un assaut semblable. Cependant, le major général Roger Hale Sheaffe, arrivant de Fort George avec des renforts, soit 300 soldats et 250 miliciens, escalade l’escarpement sans être vu par les Américains. L’accompagne aussi le Coloured Corps du capitaine Robert Runchey, un régiment d’hommes noirs.

La plupart des Américains prennent position dans les hauteurs, mais sont entourés par un petit groupe de guerriers des Premières Nations loyaux aux Britanniques. Les actions des chefs mohawks John Norton (Teyoninhokarawen) et John Brant (Ahyonwaeghs), ainsi que celles de quelque 80 guerriers haudenosaunee et delaware, sont déterminantes à cette phase de la bataille (voir John Norton et la guerre de 1812).


John Norton prend la brillante décision tactique de monter l’escarpement à une distance considérable, un peu plus loin sur la route à l‘ouest de Queenston, ce qui représente une escalade plus facile que celle que le général Brock a tentée plus près de la rivière Niagara. Les bois sur le flanc droit des troupes américaines, qui se déplacent vers l’ouest dans les hauteurs, offrent une couverture idéale pour John Norton et ses guerriers pendant qu’ils empêchent l’ennemi d’avancer jusqu’à l’arrivée du major général Sheaffe et de ses troupes (voir Participation des Premières Nations et des Métis à la guerre de 1812).

Attaquant par l’arrière, le major général Sheaffe coince l’ennemi entre l’armée et l’escarpement. Les réservistes de Stephen Van Rensselaer, tous des miliciens new-yorkais qui attendent de traverser la rivière, sont appelés au combat, mais en entendant le rugissement des canons, ils refusent de participer, faisant valoir que d’un point de vue juridique, ils ne sont pas tenus de se battre en sol étranger. Incapables d’engager une nouvelle attaque ou de renforcer leur défense, les troupes du général Van Rensselaer se réduisent : à peine 350 soldats réguliers et 250 miliciens qui n’ont que peu de munitions et peu de volonté pour continuer.

LE SAVIEZ-VOUS?
La Company of Coloured Men (appelée le Coloured Corps) de Robert Runchey est une milice d’hommes noirs formée durant la guerre de 1812 par Richard Pierpoint, esclave affranchi et vétéran de la Révolution américaine. Créé dans le Haut-Canada, où l’esclavagisme est limité depuis 1783, le corps est constitué de Noirs esclaves ou affranchis. Plusieurs d’entre eux sont des vétérans de la Révolution américaine, dans laquelle ils se sont battus du côté des Anglais (voir Loyalistes noirs).

Reddition américaine

Les salves de fusils et les charges de baïonnettes britanno-canadiennes surprennent les troupes américaines. Aux côtés des 41e et 49e régiments de fantassins, la Company of Coloured Men de Robert Runchey « tire une seule salve puis charge dans un formidable tumulte », entraînant la reddition des Américains.

Le lieutenant-colonel américain Winfield Scott prend le commandement lorsque le capitaine John Wool est blessé et brandit un mouchoir blanc pour signaler la capitulation des Américains. Une fois la fumée retombée, près de 1 000 Américains sont faits prisonniers. Les pertes américaines se montent à 300 morts ou blessés, tandis que la bataille n'a fait que 28 morts et 77 blessés parmi les vainqueurs, dont des soldats britanniques réguliers, des miliciens du Haut-Canada et des guerriers haudenosaunee et delaware.

Hélas, les Britanniques y essuient une perte incommensurable : celle du major général Isaac Brock, héros de guerre tant admiré. Sa mort, ainsi que la victoire des Britanniques, ont comme effet de secouer la population du Haut-Canada, qui, au début de la guerre, avait commencé la guerre dans l’apathie et le doute quant à une possible victoire contre le puissant voisin et ennemi du Sud.

Malgré deux victoires à leur actif, les troupes britanniques et canadiennes, privées d’Isaac Brock, leur chef dynamique, populaire et énergique, doivent toutefois réfléchir à leurs prochaines manœuvres (voir aussi Lieu historique national du Canada de la bataille-des-Hauteurs-de-Queenston).

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