Gérald Tremblay | l'Encyclopédie Canadienne

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Gérald Tremblay

Gérald Tremblay dirige la ville de Montréal pendant plus d’une décennie avant d’être contraint à démissionner en 2012 sur fond d’accusations de corruption.
Gérald Tremblay
Gérald Tremblay a été maire de Montréal de 2001 \u00e0 2012.

Gérald Tremblay, avocat, homme d’affaires, homme politique, maire de Montréal de 2001 à 2012 (né le 20 septembre 1942 à Ottawa, en Ontario). Après avoir été ministre dans le gouvernement libéral du Québec conduit par Robert Bourassa, Gérald Tremblay dirige la ville de Montréal pendant plus d’une décennie avant d’être contraint à démissionner en 2012 sur fond d’accusations de corruption.

Formation et début de carrière

Gérald Tremblay naît à Ottawa. Il est le fils cadet de Georges‑Albert Tremblay, avocat et criminologue, et de Rolande Forest‑Tremblay. Lorsqu’il a quatre ans, la famille déménage à Montréal dans le quartier Notre‑Dame‑de‑Grâce. Au collège, il joue au football au poste de centre arrière. Il étudie le droit à l’Université d’Ottawa et est admis au barreau du Québec en 1970. Deux ans plus tard, il obtient une maîtrise en administration des affaires de la Harvard Business School. Il travaille alors, de 1974 à 1977, comme analyste de crédit et analyste financier chez Dun & Bradstreet et enseigne à l’École des hautes études commerciales, l’école de commerce de l’Université de Montréal. Avec son épouse Suzanne, il fonde les premières franchises canadiennes du détaillant en cosmétique Dans un jardin qu’il vend en 1986.

Politique provinciale

La carrière politique de Gérald Tremblay débute en 1989, quand il est élu député libéral de la circonscription d’Outremont à l’Assemblée nationale du Québec. Le premier ministre Robert Bourassa le nomme alors ministre de l’Industrie, du Commerce et de la Technologie, un poste qu’il conservera jusqu’en 1994. Durant son mandat de ministre, il élabore et met en place le concept de « grappes industrielles », des concentrations géographiques d’entreprise et d’organismes partageant des technologies et des marchés. Il joue également un rôle essentiel pour ouvrir la voie au magasinage le dimanche dans la province.

Réélu en 1994, Gérald Tremblay abandonne la politique provinciale en 1996. De retour dans le secteur privé, il siège aux conseils d’administration de plusieurs entreprises, notamment Boutiques San Francisco, Tapis Peerless et Rolland.

Maire

Gérald Tremblay fait son retour en politique cinq ans plus tard, en tant que chef de l’Union des citoyens et des citoyennes de l’île de Montréal (devenue Union Montréal en 2007). Il fait campagne contre la fusion forcée de municipalités sur l’île de Montréal imposée par le gouvernement provincial du Parti Québécois. Lors des élections municipales du 4 novembre 2001, il remporte plus de 49 % des suffrages et devient maire de Montréal en battant le sortant, Pierre Bourque, qui s’est, lui, prononcé en faveur de la fusion. Il remporte à nouveau les élections et est élu à la mairie en 2005, une nouvelle fois contre Pierre Bourque, et en 2009. Il soutient qu’il a hérité de la direction d’une ville techniquement en faillite, présentant un déficit démocratique et un sous‑investissement chronique dans les infrastructures, sans planification en matière de transports publics et sans politique culturelle et avec un moratoire en place sur l’acquisition d’espaces verts.

En arrivant à la mairie, Gérald Tremblay doit également faire face aux retombées de la fusion montréalaise. En tant que maire, il lui incombe de réorganiser la Ville après la création, en 2004, par le gouvernement provincial d’un processus référendaire permettant à plusieurs municipalités de sortir de la nouvelle entité fusionnée. En 2006, 15 anciennes villes décident de défusionner.

Gérald Tremblay met également en place un processus de consultation publique des citoyens, autorise une période de questions lors des réunions du conseil municipal, crée un bureau de l’ombudsman et introduit la Charte montréalaise des droits et responsabilités. Durant son mandat, la situation financière de la Ville s’améliore ainsi que la notation de crédit octroyée par l’agence Moody’s.

Gérald Tremblay joue un rôle capital dans la création du Quartier des spectacles, le quartier de Montréal consacré aux manifestations culturelles et au divertissement qui accueille notamment aujourd’hui le Festival International de Jazz de Montréal et Juste pour rire. Il facilite également, en 2009, l’introduction d’un système de vélos en libre‑service, Bixi, qui permet d’emprunter et de ramener des vélos dans des stations d’ancrage. Toutefois, les tentatives de l’entreprise privée exploitant le système Bixi pour s’étendre à l’international échouent et elle est contrainte de demander la protection de la loi sur la faillite en 2014. Ce sont finalement les contribuables montréalais qui payeront une grande partie des 44 millions de dollars de dettes de la société.

Scandale

Les controverses ne manquent pas durant la période où Gérald Tremblay est à la tête de la municipalité de Montréal. Fin 2006, il est durement critiqué après avoir proposé de changer le nom de l’avenue du Parc en avenue Robert‑Bourassa afin d’honorer l’ancien premier ministre du Québec. Dans cette affaire, il finit par abandonner sa proposition après avoir perdu le soutien de la famille Bourassa. Finalement, une section de la rue University au centre‑ville de Montréal sera renommée, en 2015, en hommage à l’ancien premier ministre disparu, et ce, sans conflit.

En 2009, Gérald Tremblay se présente à sa propre réélection sur fond de toute une série de controverses, notamment le scandale des compteurs d’eau. En 2007, la ville avait octroyé un contrat d’une valeur de 355 millions de dollars pour l’installation et l’entretien de compteurs d’eau à un consortium contrôlé par un magnat de la construction, par ailleurs présumé avoir commis des fraudes et entretenir des relations avec le crime organisé. Le maire, après avoir annulé cette entente en 2009 à la suite d’un examen ayant révélé des irrégularités dans le processus d’appel d’offres, déclare que s’il se présente à un troisième mandat, c’est parce qu’il estime être la personne la plus à même de « faire le ménage ».

Gérald Tremblay est effectivement réélu, mais le pire est à venir. Le 30 octobre 2012, lors de son témoignage devant la Commission Charbonneau qui enquête sur les affaires de corruption mettant en jeu, au Québec, l’industrie de la construction, les fonctionnaires et les politiciens, un ancien organisateur du parti Union Montréal affirme que le maire savait que son parti s’adonnait à des pratiques illégales de financement avec la Mafia, mais ne voulait pas être mis au courant.

Le 5 novembre 2012, Gérald Tremblay annonce qu’il démissionne de son poste de maire, un an avant la fin de son mandat. Dans un discours annonçant son départ, il continue à nier avoir eu une connaissance directe d’affaires de corruption au sein de son administration, en ajoutant qu’il n’a toutefois d’autre choix que de démissionner face à ces accusations.

À l’occasion d’une brève allocution dans le hall d’honneur de l’hôtel de ville de Montréal, il déclare : « Jadis, mon père m’avait dit de ne pas aller en politique parce que c’était sale et qu’on allait me détruire. Mais ma passion et mon amour du Québec et de Montréal ont tracé la voie que je devais suivre. »

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