Julie Payette | l'Encyclopédie Canadienne

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Julie Payette

Julie Payette, C.C., CMM, COM, C.Q., C.D., astronaute, ingénieure, pilote d’avion à réaction, musicienne (née le 20 octobre 1963 à Montréal, au Québec). Julie Payette est la première astronaute canadienne à monter à bord de la station spatiale internationale, ce qu’elle a fait deux fois. Elle a assumé les fonctions d’astronaute en chef pour l’Agence spatiale canadienne de 2000 à 2007. De 2013 à 2016, elle a été directrice de l’exploitation du Centre des sciences de Montréal et vice-présidente de la Société immobilière du Canada. Scientifique accomplie et respectée, musicienne et athlète, Julie Payette est membre du conseil d’administration d’À nous le podium et du Comité olympique canadien. En juillet 2017, le premier ministre Justin Trudeau recommande la nomination de Julie Payette comme 29e gouverneure générale du Canada. Elle a défendu ce mandat du 2 octobre 2017 au 21 janvier 2021, moment de sa démission suivant des allégations de comportements abusifs envers son personnel.

Julie Payette
L'astronaute de l'ASC Julie Payette; spécialiste de mission pour STS-96; armée d'une caméra sur le pont arrière de la navette Discovery alors que l'équipage procède à l'arrimage avec la Station spatiale internationale (avec la permission de l' Agence spatiale canadienne).
Portrait de Julie Payette, astronaute 1999

Jeunesse et formation

Julie Payette grandit dans le quartier d’Ahuntsic, dans la banlieue nord-est de Montréal, au Québec. Sa mère, Jacqueline, était comptable pour un théâtre, tandis que son père, André, était ingénieur. Ses parents l’encouragent à poursuivre ses ambitions et sa curiosité tout en valorisant sa détermination. Fascinée par l’espace dès son plus jeune âge, Julie Payette poursuit sa scolarité au Collège Regina Assumpta de Montréal.

Elle décroche une des six bourses canadiennes octroyées pour des études au United World College of the Atlantic, dans le Sud du pays de Galles, au Royaume-Uni. Après avoir reçu son baccalauréat international en 1982, elle obtient une bourse prestigieuse lui permettant de poursuivre ses études à l’Université McGill. Elle y obtient un baccalauréat en génie électrique en 1986. En 1990, elle décroche une maîtrise en sciences appliquées, spécialité génie électrique et informatique, de l’Université de Toronto.

Début de carrière

Grâce à ses travaux de deuxième cycle et à son expérience professionnelle précoce chez IBM et Recherches Bell-Northern, Julie Payette acquiert une expérience de chercheuse en informatique, en particulier dans le domaine du traitement du langage naturel, de la reconnaissance vocale automatique et de l’application des technologies interactives au contexte spatial. De 1986 à 1988, elle travaille en tant qu’ingénieure pour IBM Canada. De 1988 à 1990, alors qu’elle étudie à l’Université de Toronto, elle est assistante de recherche sur un projet portant sur des architectures informatiques de hautes performances. En 1991, elle est chercheuse invitée au sein du laboratoire de recherche en communication et en informatique d’IBM à Zurich, en Suisse. De retour au Canada en janvier 1992, Julie Payette se joint au groupe de recherche sur la parole de Recherches Bell-Northern, à Montréal.

Astronaute

En juin 1992, l’Agence spatiale canadienne sélectionne Julie Payette avec trois autres personnes parmi 5330 candidats pour suivre une formation d’astronaute. Elle suit un entraînement de base rigoureux au Canada, puis travaille comme conseillère technique pour la mise au point du système d’entretien mobile sur le module robotique qui constitue la contribution canadienne à la station spatiale internationale (SSI). Elle fonde le groupe de recherche sur l’interaction personne-ordinateur et est l’une des spécialistes techniques du groupe international d’études RSG-10 sur le traitement de la parole, au service de l’OTAN (de 1993 à 1996). De 1995 à 1998, elle siège également au Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG).

Dans le cadre de sa préparation au voyage dans l’espace, Julie Payette étudie le russe et effectue plus de 120 heures de vol dans des conditions de pesanteur réduite à bord d’avions en vol parabolique (KC-135, T-33, Falcon-20, DC-9). En février 1996, elle obtient son grade de capitaine d’avion à réaction militaire à la base des Forces armées canadiennes de Moose Jaw, en Saskatchewan, sur le Tutor CT-114 des Snowbirds. Au total, Julie Payette accumule plus de 1300 heures de vol. En avril 1996, à Vancouver, elle termine avec succès un programme d’entraînement de plongée en eaux profondes dans un scaphandre pressurisé et obtient son brevet d’opératrice.

En août 1996, elle entame sa formation initiale d’astronaute au Centre spatial Johnson de la NASA, à Houston, au Texas. Elle devient spécialiste de mission pour la NASA en avril 1998 et est alors affectée à un projet technique au sein de la division Robotique du Bureau des astronautes.

Mission spatiale STS-96

Du 27 mai au 6 juin 1999, Julie Payette prend part à la mission STS-96, d’une durée de 10 jours, à bord de la Navette spatiale Discovery à destination de la SSI. Elle devient ainsi la première Canadienne à participer à une mission importante d’assemblage sur la station. L’équipage composé de sept astronautes de diverses nationalités a acheminé quatre tonnes d’équipements jusqu’à la SSI. Dans le cadre de cette mission, Julie Payette est notamment responsable du pilotage du bras robotique Canadarm, des essais du système de vision spatiale permettant de le guider et de la supervision de deux sorties dans l’espace.

Astronaute en chef, Agence spatiale canadienne

De 2000 à 2007, Julie Payette est astronaute en chef au sein de l’Agence spatiale canadienne. Durant cette période, elle travaille comme Capcom au centre de contrôle de mission à Houston, au Texas. Elle y supervise les communications entre les contrôleurs au sol et les astronautes en vol. Elle assume les fonctions de Capcom en chef lors de la mission STS-121 de la navette spatiale (2006).

Mission spatiale STS-127

Du 15 au 31 juillet 2009, Julie Payette participe à une mission spatiale de 16 jours à bord de la navette spatiale Endeavour. Lors de cette 29e mission vers la SSI, elle occupe le poste de mécanicienne de bord et de spécialiste de mission no 2. Les sept membres d’équipage ont terminé la construction du module expérimental japonais Kibo et livré des pièces détachées et des batteries de remplacement. Ils ont également installé plusieurs expériences scientifiques, notamment pour étudier les effets de la pression artérielle sur les syncopes dans l’espace et sur Terre, ainsi que la diffusion des liquides. L’équipage a également livré à la SSI la dernière paire d’ailes solaires génératrice d’électricité et le segment de poutrelle S6, rendant ainsi la station prête à accueillir les équipages pour les expériences scientifiques à venir. Lors de cette mission, Julie Payette pilote trois bras robotiques — le Canadarm, le Canadarm2 et un bras japonais sur Kibo — afin d’aider ses collègues astronautes lors de cinq sorties difficiles dans l’espace.

Elle rencontre également à cette occasion l’astronaute canadien Robert Thirsk. Ce dernier est arrivé précédemment sur la SSI en mai 2009 à bord d’une capsule russe Soyuz pour une mission de longue durée. Ce fut l’occasion de la première rencontre entre deux astronautes canadiens dans l’espace. Au total, 13 astronautes de différents pays se retrouvent à bord de la SSI, un record. Avec deux missions à son actif, Julie Payette cumule plus de 611 heures et plus de 16 millions de kilomètres dans l’espace.

Carrière depuis 2010

Célébrée pour son talent, son enthousiasme et sa détermination, Julie Payette est choisie pour porter le drapeau olympique lors des cérémonies d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver. Elle est depuis devenue membre du conseil d’administration d’À nous le podium, le programme canadien de haute performance olympique.

En 2011, elle accepte une bourse de recherche en politique publique au Woodrow Wilson Center for International Scholars (Washington, D.C.). Représentant le ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation du Québec, elle devient ainsi une autorité scientifique du Québec à Washington. En 2013, elle quitte l’Agence spatiale canadienne.

De 2013 à 2016, elle est chef des opérations au Centre des sciences de Montréal et vice-présidente de la Société immobilière du Canada. En 2014, elle devient membre du conseil d’administration de la Banque Nationale du Canada. En 2016, elle est nommée membre du conseil d’administration du Comité olympique canadien.

Julie Payette est membre de plusieurs organismes prestigieux, notamment de l’Ordre des ingénieurs du Québec et de l’Académie internationale d’astronautique.

Autres intérêts

Athlète et musicienne de talent, Julie Payette est douée pour les sports de raquette, le ski, la course à pied et la plongée sous-marine. Elle parle six langues et est une flûtiste, une pianiste et une chanteuse accomplie. Elle a chanté avec l’Orchestre symphonique de Montréal et l’ensemble musical Tafelmusik à Toronto.

Nomination au poste de gouverneure générale et intérêt médiatique

En juillet 2017, Julie Payette est nommée à titre de 29e gouverneure générale et succède à David Johnston. Après l’annonce du 13 juillet, les médias canadiens se mettent à enquêter sur la fameuse vie privée de l’astronaute. Deux incidents survenus en 2011 ne tardent pas à refaire surface : une accusation d’agression (retirée par la suite par son ex-mari Billie Flynn), et un accident de la route ayant entraîné la mort d’une piétonne malvoyante de 55 ans.

Les médias s’intéressent aussi à l’interminable divorce de Julie Payette et de Billie Flynn. Il se tient dans le Maryland et se termine finalement en juin 2017, tout juste avant l’annonce de la nomination de Julie Payette au poste de gouverneure générale. En août 2017, Julie Payette demande à la Cour de retirer les documents relatifs à son divorce des archives publiques afin de protéger la vie privée de sa famille. Toutefois, un regroupement de médias canadiens, y compris le Globe and Mail, le Toronto StarCBCCTV et Postmedia conteste sa demande, avocats à l’appui. Avec la controverse publique au sujet de la transparence politique et le processus de nomination au poste de gouverneure générale, Julie Payette abandonne sa requête le 21 août 2017 : « j’ai décidé de laisser tomber cet appel et de donner accès au dossier, et ce, pour des raisons de transparence et pour éviter que subsiste tout doute », affirme‑t‑elle. Elle accorde également sa confiance aux médias, à leur capacité de distinguer ce qui est d’intérêt public et ce qui est d’intérêt privé. Les actes du divorce regagnent les archives publiques et témoignent d’une séparation plutôt civilisée.

Le 20 septembre 2017, Julie Payette rencontre la reine Elizabeth II au château de Balmoral. Le 2 octobre suivant, elle est officiellement nommée la 29e gouverneure générale du Canada.

Démission à titre de gouverneure générale

À l’été 2020, des rapports font état d’allégations faites par des employés actuels et anciens de Rideau Hall selon lesquelles Julie Payette et sa secrétaire, Assunta Di Lorenzo, ont été verbalement abusives à leur égard. Plusieurs membres de l’équipe de communication de Julie Payette ont également soit démissionné, soit pris congé. Un ancien employé, dans une entrevue à CBC News, déclare que Payette « crie et humilie le personnel devant les autres ». Un autre ancien employé déclare à Global News : « Dès le début, j’ai été consterné par ce qui se passait… L’atmosphère, le stress, les plaintes constantes, c’était tout simplement… c’était insupportable. »

En réponse, le Conseil privé demande à la société Quintet Consulting Corporation de mener une étude à l’automne 2020. Lorsque le rapport est publié le 21 janvier 2021, les médias le qualifient d’« accablant » et de « sans appel ». Julie Payette présente sa démission plus tard dans la journée. Conformément à la convention constitutionnelle, le juge en chef de la Cour suprême du Canada, Richard Wagner, assumera les responsabilités de la fonction jusqu’à la nomination d’un remplaçant.

Distinctions honorifiques

Julie Payette reçoit en carrière de nombreux prix et distinctions. Elle est compagnon extraordinaire de l’Ordre du Canada, commandeur extraordinaire de l’Ordre du mérite militaire, Commandeur de l’Ordre du mérite des corps policiers et chevalière de l’Ordre national du Québec. Elle est titulaire de 27 doctorats honorifiques d’universités des quatre coins du pays.

Prix

  • NASA Space Flight Medal (1999)
  • Chevalière de l’Ordre de la Pléiade de la francophonie (2001)
  • Chevalière de l’Ordre National du Québec (2002)
  • Prix d’excellence pour le leadership au Canada de l’Université d’Ottawa (2009)
  • NASA Space Flight Medal (2009)
  • Médaille d’or d’Ingénieurs Canada (2010)
  • Intronisée au Temple de la renommée de l’aviation canadienne (2010)
  • NASA Exceptional Service Medal (2010)
  • Officier de l’Ordre du Canada (2010)
  • Compagnon extraordinaire de l’Ordre du Canada (2017)

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