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Léo Major

Léo Major, D.C.M. avec barrette, soldat et héros de guerre (né le 23 janvier 1921 à New Bedford, au Massachusetts; décédé le 12 octobre 2008 à Montréal, au Québec). Léo Major était un ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale et de la guerre de Corée. Il est le seul Canadien à avoir reçu la Médaille de conduite distinguée (D.C.M.) à deux reprises dans deux guerres différentes.

Deuxième Guerre mondiale

Léo Major grandit pendant la Crise des années 1930 dans un quartier ouvrier chaud de Montréal. Il s’enrôle dans l’Armée canadienne en 1940 et se joint au Régiment de la Chaudière. Il débarque en Normandie le 6 juin 1944 en tant qu’éclaireur et tireur de peloton et contribue le jour même à la prise d’une autochenille allemande. Plus tard, au cours d’un affrontement avec une patrouille allemande de quatre hommes, l’explosion d’une grenade au phosphore lui fait perdre partiellement la vue de l’œil gauche. Néanmoins, il insiste pour rester auprès de son unité : en tant que tireur, il affirme que son œil droit lui suffit. Il poursuit le combat en portant un cache-œil.

Pendant la bataille de l’Escaut, l’automne suivant, Léo Major fait 93 prisonniers à lui seul. En février 1945, dans les âpres combats de la Bataille du Rhin, il est à nouveau blessé quand son véhicule frappe une mine, le jetant au sol. Léo Major a les deux chevilles cassées et est blessé au dos. Après son traitement, il refuse d’être évacué et revient dans le Régiment de la Chaudière.

Le 12 avril 1945, le Régiment de la Chaudière occupe des positions près de Zwolle, au centre de la Hollande, une ville de 50 000 habitants occupée par les Allemands. En prévision d’une attaque, Léo Major et le caporal Wilfrid Arsenault se portent volontaires pour effectuer une reconnaissance des défenses ennemies. Les deux hommes partent le 13 avril à 21 h 30. Ils rencontrent un avant-poste allemand et tuent ses occupants, puis ils se tiennent cachés un certain temps. Reprenant la route à 23 h, Léo Major franchit une voie ferrée, mais Wilfrid Arsenault est tué en traversant. Léo Major décide de continuer seul, mais avant tout, de se débarrasser de ceux qui sont responsables de la mort de son camarade.

Armé de deux fusils Sten et de plusieurs grenades, Léo Major arrive dans le centre-ville vers une heure du matin. Les rues sont désertes. Il circule dans la ville pendant plusieurs heures, tirant de son fusil et lançant des grenades, pour faire croire aux Allemands qu’ils sont attaqués par une force importante. Quand le dernier Allemand quitte les lieux, Léo Major, épuisé, revient à son unité avec la dépouille de Wilfrid Arsenault.

Léo Major reçoit la Médaille de conduite distinguée pour avoir libéré Zwolle. Dans sa citation, on peut lire : « La conduite galante de ce soldat, son initiative personnelle, son courage intrépide et son oubli de sa sécurité personnelle, ont été une inspiration pour tous. »


Guerre de Corée

Le 25 juin 1950, la guerre éclate quand la Corée du Nord envahit la Corée du Sud. Le Canada se joint aux forces des Nations Unies pour rétablir la situation, tandis que la Chine soutient la Corée du Nord. Léo Major se réengage et combat avec le rang de caporal dans le peloton d’éclaireur du deuxième bataillon, Royal 22e Régiment (« Van Doos ») sous le commandement du lieutenant-colonel Jacques Dextraze. Le 22 novembre 1951, le Van Doos occupe des positions sur le flanc droit des Canadiens. Soudain, l’artillerie et les soldats chinois attaquent et prennent la colline 355, une importante position élevée à l’est. Le 23 novembre, un bataillon ennemi attaque la compagnie D du Van Doos. Puis les Chinois occupent la colline 227 tout proche, encerclant pratiquement la compagnie D. Les Canadiens parviennent à repousser toutes les attaques, mais pendant une autre offensive, le 24 novembre, le peloton No 11 se voit débordé. Jacques Dextraze réunit 20 hommes du peloton d’éclaireur afin de former un groupe d’assaut, sous la direction de Léo Major, afin de reprendre la position. Les hommes s’ébranlent à minuit, chaussés d’espadrilles afin de pouvoir marcher silencieusement.

Quand le groupe de Léo Major attaque l’ennemi par l’arrière, les Chinois se retirent. Vers 00:45, Léo Major occupe son objectif. Une heure plus tard, les Chinois contre-attaquent et Jacques Dextraze ordonne à Léo Major de retraiter. Celui-ci refuse et recule de quelques mètres jusqu’à quelques trous d’obus. À partir de là, Léo Major lance un feu d’artillerie, de mortier et de mitraillettes sur les assaillants chinois, incluant ceux qui se trouvent près de sa position.

Les hommes de Major conservent leur position pendant trois jours, jusqu’à ce qu’intervienne un accord provisoire de cessez-le-feu des Nations Unies. Léo Major reçoit une deuxième Médaille de conduite distinguée. Dans sa citation on peut lire : « Contre une force supérieure en nombre, le caporal Major a simplement refusé de céder le terrain. Son courage personnel et son leadership ont été inestimables. Remplissant une mission bien au-delà de son rang, il a réussi à obtenir la pleine confiance de ses hommes, inspirés par sa bravoure personnelle, son calme et son leadership. »

Postérité

Les deux Médailles de conduite distinguée dans deux guerres différentes de Léo Major demeurent un exploit unique au Canada, et qui restera inégalé jusqu’à ce que la D.C.M. soit remplacée par une autre médaille en 1993. Léo Major a été invité plusieurs fois à Zwolle, il a établi des liens étroits avec ses habitants et il a été fait citoyen d’honneur en 2005. Les Hollandais ont baptisé une rue « Leo Majorlaan » (voie Léo Major) en son honneur.

Un documentaire intitulé Léo Major : Le fantôme borgne a été lancé en 2019. Le 8 mai 2020, Postes Canada a émis un timbre commémoratif soulignant le 75e anniversaire du Jour de la Victoire (en Europe), sur lequel figure une image de Léo Major.

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