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Microéconomie

La microéconomie est la branche des sciences économiques qui étudie le comportement des individus et des entreprises dans l’allocation des ressources limitées. De son côté, la macroéconomie s’intéresse à l’économie dans son ensemble, étudiant des questions telles que l’emploi, l’inflation, les déficits publics et le commerce international. Comme tous les domaines de l’économie, la recherche microéconomique vise à élaborer et tester des théories à l’aide de données économiques.

La longue histoire de la microéconomie remonte au tout début des sciences économiques en tant que discipline. Une grande partie de la théorie microéconomique repose sur la notion d’individus en tant qu’acteurs rationnels s’efforçant de maximiser l’utilité des biens et des services ou leur satisfaction à l’égard de ces derniers. Plus récemment, la recherche en économie comportementale a combiné les connaissances en sciences économiques et en psychologie pour remettre en question ces hypothèses.

Développement et écoles de pensée

La microéconomie est née des travaux de philosophes utilitaristes comme Jeremy Bentham, ainsi que de ceux de la première vague d’économistes classiques comme David Ricardo, Thomas Malthus, Adam Smith, Karl Marx et John Stuart Mill. Ces économistes plaidaient souvent en faveur du libre-échange, au détriment du mercantilisme associé à une approche à somme nulle du commerce international.

Le saviez-vous?
Richesse des nations, un ouvrage d’Adam Smith publié en 1776, est souvent décrit comme le premier livre moderne de sciences économiques.


Tandis que la Grande-Bretagne et d’autres puissances impériales européennes s’industrialisent aux 18e et 19e siècles, les sciences économiques se développent, proposant d’expliquer l’essor du capitalisme et le comportement du secteur privé florissant. De façon parallèle, la science économique devient une discipline de plus en plus mathématique. Au cours de cette période, des savants tels que Daniel Bernoulli et Jules Dupuit étudient d’abord le concept d’utilité dans leurs analyses économiques..

Cependant, c’est la révolution marginale des années 1870 qui ouvre la voie aux sciences économiques du 21e siècle. William Stanley Jevons, Carl Menger et Léon Walras développent tous trois le principe de l’utilité marginale à peu près au même moment de cette décennie. Selon leur théorie, les gens prennent des décisions concernant les unités marginales (ou les dernières unités) de biens économiques, ce qui signifie qu’on leur attribue une valeur en fonction de leur rareté et du nombre d’unités déjà consommées ou produites. Les trois économistes résolvent le paradoxe de l’eau et du diamant sur lequel Adam Smith s’est penché auparavant : les biens disponibles en grande quantité, comme l’eau, peuvent être bon marché malgré leur valeur, tandis que les diamants, produits en quantité limitée, coûtent cher.

Léon Walras aura la plus grande influence, parmi les économistes, dans la création de modèles mathématiques visant à décrire l’utilité marginale. De ses travaux découle la théorie de l’équilibre général, qui décrit un marché doté d’une fonction de demande et d’une fonction d’offre et qui présente un point d’équilibre où un prix unique satisfait les consommateurs comme les producteurs. Léon Walras est l’auteur d’un cadre analytique qui sous-tend aujourd’hui la quasi-totalité des principes économiques modernes.

Plus tard, en 1890, l’économiste britannique Alfred Marshall introduit des concepts tels que l’élasticité de la demande et les économies d’échelle dans ses Principes d’économie. Ses idées sont à l’époque influencées par des économistes classiques comme John Stuart Mill et jettent les bases de l’économie dite du bien-être. Alfred Marshall fonde la Cambridge School of Economics, qui comptera plus tard parmi ses étudiants des sommités du domaine comme A.C. Pigou et J.M. Keynes.

Ces théories microéconomiques servent d’inspiration à l’école néoclassique d’économie du 20e siècle, qui fait appel à une modélisation mathématique abstraite et suppose l’intervention d’acteurs rationnels et de marchés efficaces. Avec l’essor de la macroéconomie keynésienne dans les années 1930, la microéconomie marginaliste et la macroéconomie keynésienne se combinent dans ce que l’on désignera sous le nom de synthèse néoclassique, les économistes John Hicks et Paul Samuelson faisant partie de ceux qui cherchent à réconcilier les deux domaines. (Voir aussi Économie keynésienne au Canada.) La synthèse de ces idées domine la science économique pendant plusieurs décennies et se poursuit encore aujourd’hui, bien que l’avènement du monétarisme dans les années 1970 et la modélisation des attentes rationnelles viennent remettre en question les hypothèses existantes et introduire de nouvelles approches. (Voir aussi Macroéconomie.)

Microéconomie moderne

On enseigne la microéconomie dans la quasi-totalité des universités canadiennes qui proposent des cours d’économie. Quant aux outils d’analyse microéconomique, ils sont employés par les gouvernements, les entreprises, les organismes sans but lucratif et les organismes internationaux du monde entier.

La microéconomie traditionnelle se concentre généralement sur les entreprises et les ménages. Elle étudie souvent l’interaction entre l’offre et la demande dans différents marchés ainsi que la maximisation de l’utilité, la mesure économique du bonheur. La microéconomie étudie notamment la théorie du consommateur, la théorie du producteur, la théorie des jeux, l’élasticité des prix, les monopoles et les oligopoles, de même que la théorie du coût d’option.

Économie comportementale

Un domaine d’étude ayant pris de l’ampleur en microéconomie est l’économie comportementale. Des économistes tels que Daniel Kahneman, Amos Tversky et Richard Thaler ont démontré que les gens n’agissent souvent pas dans leur propre intérêt lorsqu’ils prennent des décisions économiques et qu’ils peuvent être influencés par des facteurs psychologiques difficiles à éviter et souvent même à détecter.

Parmi les effets étudiés par Daniel Kahneman et Amos Tversky, citons l’heuristique de disponibilité (le fait de croire qu’un événement, comme un accident d’avion, est plus fréquent parce qu’on en entend parler plus souvent), le cadrage et l’aversion aux pertes (le fait d’accorder plus de valeur à une chose s’il existe une possibilité de la perdre), et la rationalité limitée (le fait de prendre des décisions sans disposer d’informations complètes ou en ignorant les informations disponibles).

Richard Thaler, de son côté, est l’auteur de recherches portant sur des idées telles que l’erreur des coûts irrécupérables, soit la fausse croyance selon laquelle il est rationnel d’investir davantage dans une entreprise ayant échoué. Par exemple, une personne pourrait se rendre à un concert même si elle doit traverser un blizzard ou subir d’autres désagréments, même si le coût d’achat du billet de concert ne peut être récupéré et ne devrait pas affecter la décision d’y assister ou non.

Le développement de l’économie comportementale, remettant en question la notion d’acteurs économiques rationnels, a permis de faire évoluer le domaine de la microéconomie vers une vision plus réaliste du comportement humain.

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