Compagnie du Nord-Ouest | l'Encyclopédie Canadienne

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Compagnie du Nord-Ouest

Fondé en 1779, la Compagnie du Nord-Ouest (CNO) est une importante entreprise engagée dans la traite des fourrures à partir des années 1780 jusqu'en 1821.
Fort William (photo aérienne)
Fort William, en Ontario, était le centre de traite des fourrures du Nord-Ouest (avec la permission du ministère du Tourisme de l'Ontario).
Fort Kaministiquia
(avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/C-111791).
McGill, James
En tant que mécène, le puissant marchand de fourrures James McGill met sa richesse au service des institutions de Montréal, notamment de l'université qui porte son nom (avec la permission de la Metropolitan Toronto Reference Library/T14908).
La Compagnie du Nord-Ouest
Des voyageurs canadiens, La Compagnie du Nord-Ouest (gravure du capitaine Basil Hall, avec la permission des Archives nationales du Canada/C9461).
McGillivray, William
Oeuvre attribuée à sir Martin Shee, huile, 1820 (avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/C-167).

Fondé en 1779, la Compagnie du Nord-Ouest (CNO) est une importante entreprise engagée dans la traite des fourrures à partir des années 1780 jusqu'en 1821. Dirigée à l'origine par des Écossais des Highlands immigrés à Montréal après 1760 ou arrivés au Canada en tant que Loyalistes fuyant la guerre de l'Indépendance américaine, la CNO fait largement appel aux forces vives des Franco-Canadiens et à leur expérience. Au début, il s'agit d'un groupe de commerçants de Montréal qui, en 1776, mettent leurs ressources en commun pour réduire la concurrence qu'ils se livrent entre eux et pour être mieux en mesure de contrer les avances de la Compagnie de la baie d'Hudson (CBH) dans l'intérieur des terres.

Histoire

Débuts : 1779 à 1787

Originalement, les 16 parts de la compagnie sont détenues par 9 associés, dont trois homme d'affaires influents, Simon McTavish, Isaac Todd et James McGill. Lors d'une réorganisation en 1780, McTavish, les frères Frobisher, les McGill et les Ellice s'unissent à Peter Pond, qui leur servira d'agent dans la région d'Athabasca.

La querelle entre Pond et un commerçant, Jean-Étienne Waddens, suivie du meurtre de Waddens en mars 1782, et la concurrence croissante des Américains et de la CBH mettent en lumière le besoin d'une organisation plus unie, officielle et permanente. À cause de cela, au cours de l'hiver 1783-1784, la CNO devient un partenariat multiple et durable, avec à sa tête les Frobisher et Simon McTavish. Son chiffre d'affaires annuel atteint alors environ 100 000 livres.

Il demeure néanmoins une rivale puissante. La Gregory, McLeod and Co. appuie John Ross et d'autres commerçants qui ne font pas partie de la CNO. Une incessante rivalité se poursuit intensivement de 1784 à 1787. Pond est de nouveau associé à un meurtre, celui de John Ross dans l'Athabasca. Comme c'était le cas auparavant, la coalition s'impose comme solution, et, au milieu de 1787, les Nor'Westers et la Gregory, McLeod and Co. fusionnent. Sous la gouverne de la firme montréalaise McTavish, Frobisher and Company, des entrepreneurs dynamiques en viennent à travailler ensemble, des hommes tels que les McGillivray et, sortis des rangs de leurs anciens compétiteurs, Roderick Mackenzie et Alexander Mackenzie.

Expansion : les années 1790

Tandis que McTavish et Frobisher s'occupent des affaires à Montréal, Alexander Mackenzie se voit confier l'expansion dans l'intérieur du pays. Une fois réorganisé, le commerce de l'Athabasca est désormais dirigé depuis Fort Chipewyan, sur les bords du lac Athabasca. Un important système de brigades de canots, approvisionnées en pemmican des plaines, rapporte annuellement jusqu'à 20 000 plues. Cela permet également à Mackenzie d'explorer le fleuve Mackenzie, dont il atteint l'embouchure en 1789.

Au cours des années 1790 et 1791, McTavish tente vainement de persuader la Grande-Bretagne de mettre fin au monopole de la CBH. Des démarches ultérieures auprès de la CBH pour louer son droit de passage par ses comptoirs à la baie d'Hudson sont également infructueuses. La seule option possible est d'intensifier la concurrence directe avec les « Anglais », en train d'étendre leur propre réseau de postes dans l'intérieur. Pendant toutes les années 1790, la suprématie des Nor'Westers (c'est ainsi qu'on appelle les gens de la CNO) est manifeste. Dès 1795, la CNO exerce une mainmise sur plus des deux tiers du commerce des pelleteries au Canada, grâce à Mackenzie qui atteint le Pacifique par voie de terre en 1793. Un accord de coopération conclu en 1792 affaiblit les concurrents potentiels de Montréal.

En 1794, le Traité de Jay délimite la frontière entre les États-Unis et le territoire britannique et, ce faisant, bloque l'accès des Montréalais à Detroit, au lac Michigan, à l'entrepôt de Grand Portage sur le lac Supérieur et au commerce dans le Sud-Ouest. Une réorganisation en 1795 permet de satisfaire les intérêts des Montréalais qui, évincés du Sud, cherchent à s'assurer une partie du commerce dans le Nord. Cependant, les hivernants de la CNO, dont Alexander Mackenzie, sont mécontents de leur rang dans la compagnie. En 1797, Forsyth, Richardson and Co., qui n'est pas pris part à l'accord de 1795, commence à appuyer les hivernants et, en 1798, forme la Nouvelle Compagnie du Nord-Ouest ou Compagnie XY. Cette dernière, à laquelle se joint Alexander Mackenzie en 1800 (à l'expiration de son contrat avec la CNO), rivalise avec la CNO sur le territoire qui s'étend des Grands Lacs à l'Athabasca. La mort de McTavish permettra la réconciliation et la fusion des deux compagnies en novembre 1804.

Affrontement : début des années 1800

Entre-temps, les affrontements entre la CNO et la CBH se multiplient. Ayant acquis les postes du roi au Québec, la CNO étend ses activités jusqu'au lac Mistassini, dans la région intérieure de la baie d'Hudson. De 1803 à 1806, la CNO maintient un poste à la baie James, et, bien que cette entreprise se révèle non rentable, la rivalité s'intensifie ailleurs. La CNO garde la haute main sur l'exploration, grâce à Duncan McGillivray, à David Thompson et à Simon Fraser qui franchissent les Rocheuses, ces deux derniers se rendant jusqu'au Pacifique.

En juillet 1811, Thompson atteint l'embouchure du Columbia, où il trouve un nouveau poste établi par la Pacific Fur Company, de l'Américain John Jacob Astor. Isolé de ses sources d'approvisionnement pendant la guerre de 1812, Fort Astoria est vendu à la CNO en octobre 1813 et est finalement rendu aux Américains selon les termes du Traité de Gand. Deux nouveaux districts de traite de la CNO établis dans l'Ouest s'avèrent rentables pendant quelques années, mais les espoirs de développer un commerce avec la Chine et d'établir un lien avec la Compagnie des Indes orientales demeurent très minces.

Ce qui fait notamment obstacle à de tels développements est le fait que la situation à l'Est des Rocheuses s'est détériorée. La CBH pose des défis au commerce en projetant avec le comte de Selkirk d'établir une colonie agricole dans une région qui a toujours servi de pivot aux réseaux de transport et d'approvisionnement de la CNO. Cette dernière tente vainement de bloquer le projet en achetant toutes les actions de la CBH à Londres et en dissuadant les futurs colons en Écosse.

Il s'ensuit une série de violentes et coûteuses escarmouches dans la colonie de la rivière Rouge, au Fort William et ailleurs. L'incident de Seven Oaks, le 19 juin 1816, est le pire événement de ce conflit dont nul ne devait sortir gagnant. De 1815 à 1819, des escarmouches répétées, des captures d'hommes et des saisies de matériel dans l'Athabasca exacerbent les colères. En juin 1819, au grand rapide de la rivière Saskatchewan, une troupe de la CBH dirigée par William Williams, le nouveau gouverneur en chef de la Terre de Rupert, capture un grand nombre d'hommes, au nombre desquels figurent sept associés de la CNO. Cette année-là, tant les affaires que le prestige de la Compagnie du Nord-Ouest se détériorent, même si cette dernière arrive à entraver les activités à l'intérieur des terres des agents de la CBH John Clarke et Colin Robertson.

Coalition : 1821

En 1820, plusieurs facteurs se conjuguent pour amener la solution du conflit. Les associés de la CNO, inquiets de leur avenir, n'appuient plus sans réserves les mesures belliqueuses prises par McGillivray contre la CBH. Les divergences entre les hivernants et les agents de Montréal s'accroissent. Leur accord d'association échoit en 1821, et il est évident que les conditions de l'entente devront être revues en profondeur. La Grande-Bretagne se trouve entraînée dans le grave conflit qui oppose la CNO et la CBH, car chacune d'elles sollicite son appui. Le Ministère des Colonies souhaite que la paix se rétablisse et que soient réglées les épineuses questions territoriales et juridiques, lesquelles dépassent la portée du conflit, mais en sont aggravées.

En 1821, une loi du Parlement visant à calmer toutes les parties par la coalition, plutôt que par la fusion, accorde à la CBH de même qu'à William et Simon McGillivray et Edward Ellice de la CNO un droit de commerce exclusif. En vertu d'un acte unilatéral, 53 agents itinérants, 32 de la CNO et 21 de la CBH, deviennent agents principaux et chefs de poste détenteurs d'actions, sous la direction des gouverneurs de la CBH, William Williams et George Simpson, un nouveau venu. Le nom, la charte et les privilèges de l'ancienne CBH fournissent l'assise de la nouvelle entreprise, tandis que les talents et l'expérience des agents de la CNO apportent un dynamisme et une envergure qui serviront bien les intérêts de la compagnie.

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