Baleine à bec commune | l'Encyclopédie Canadienne

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Baleine à bec commune

La baleine à bec commune (Hyperoodon ampullatus), aussi appelée hypéroodon boréal, est une baleine à dents qu’on trouve dans les régions nordiques de l’océan Atlantique. Les eaux canadiennes abritent deux populations : une au large de la Nouvelle-Écosse, appelée population du plateau néo-écossais, l’autre au large du Labrador, appelée population de Baffin-Labrador. La population du plateau néo-écossais est en voie de disparition tandis que celle de Baffin-Labrador est considérée comme « préoccupante » par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). L’hypéroodon boréal est la plus grande baleine à bec de l’Atlantique Nord. (Voir aussi Animaux menacés au Canada.)

Baleine à bec commune

Baleines à bec communes dans le Gully, au large de la Nouvelle-Écosse, où vit la population dite du plateau néo-écossais, considérée comme en voie de disparition.

("Northern bottlenose whales spyhopping (Baleines à bec communes faisant de l'espionnage en surface)" par Hilary Moors sous licence CC BY-NC-SA 4.0.)

Description physique

La baleine à bec commune a un bec en forme de bouteille, qui lui donne l’air d’un dauphin. Elle est bien plus grande que la plupart des dauphins, cependant. Le baleineau typique fait 3,5 m de longueur, tandis que la plupart des adultes mesurent entre 7 et 9 m et pèsent de 5 à 8 tonnes. Le mâle mesure habituellement un mètre de plus que la femelle et pèse une ou deux tonnes de plus. La couleur varie du brun verdâtre ou jaunâtre au brun chocolat, avec parfois des taches gris blanc et un ventre plus pâle. Le front, appelé melon, est fortement proéminent, en général plus grand et plus plat chez les mâles, et plus blanc chez les mâles âgés. L’espèce fait partie des baleines à dents, mais seule une paire de dents sort des gencives, uniquement chez les mâles en général.

Répartition et habitat

Aire de répartition de la baleine à bec commune (Hyperoodon ampullatus)

La baleine à bec commune préfère les grands fonds et se tient le plus souvent en dessous de 1 000 m, soit environ deux fois la hauteur de la Tour CN. Son aire de répartition s’étend des glaces polaires de l’Atlantique Nord jusqu’aux parages de la Nouvelle-Angleterre et des îles du Cap-Vert, au large de l’Afrique. À l’approche de l’hiver, la plupart des individus migrent au sud à l’intérieur de ces limites. La population se concentre surtout dans les régions suivantes : au large de la Nouvelle-Écosse, au large de la côte nord du Labrador et dans le sud de la baie de Baffin, autour de l’Islande, autour du Svalbard et au large de la Norvège. En raison de ses concentrations démographiques, de ses habitudes de plongée en profondeur et de sa tendance à s’approcher des navires, il est difficile d’en estimer le nombre. D’après la plupart des estimations, l’espèce comprendrait aujourd’hui entre 15 000 et 40 000 individus.

Reproduction et durée de vie

La femelle vit en moyenne jusqu’à 27 ans et atteint sa maturité sexuelle entre 8 et 13 ans. Le mâle vit normalement jusqu’à 37 ans et atteint sa maturité sexuelle entre 7 et 9 ans. L’espèce est polygyne, c’est-à-dire qu’un seul mâle s’associe à un groupe de femelles pour la reproduction. La saison des amours s’étend du printemps au début de l’été et la gestation dure 12 mois. La femelle met au monde un seul baleineau, à intervalles de deux ou trois ans.

Comportement

Pour se nourrir, la baleine à bec commune peut plonger pendant plus de 90 minutes, jusqu’à plus de 2 000 m. Son régime se compose surtout de calmars du genre Gonatus, mais aussi de divers invertébrés et poissons de fond. Elle émet des clics ultrasoniques, amplifiés dans son melon; on pense que ces sons lui servent à repérer ses proies par écholocation. Elle produit aussi des sons de faible intensité, peut-être pour communiquer. Elle évolue normalement au sein d’un groupe comptant de 4 à 20 individus.

Curieuses de nature, les baleines à bec communes sont attirées par les navires stationnaires ou qui se déplacent lentement. Comme elles n’abandonnent pas une congénère blessée, elles étaient des proies faciles pour les chasseurs d’autrefois.

Relation avec les humains

Entre 1850 et 1973, la baleine à bec commune a été chassée couramment pour son huile et pour sa chair, utilisée dans la confection d’aliments pour animaux domestiques et autres. La chasse était pratiquée surtout par les Norvégiens, mais aussi par les Écossais et les Anglais. Les estimations sont vagues, mais il est probable qu’au moins 65 000 individus ont été abattus durant cette période. Au Canada, les témoignages sur la relation des peuples autochtones avec l’espèce sont plutôt rares. Quelques-uns suggèrent toutefois que les Inuits de Hopedale, au Labrador, en faisaient la consommation, mais on ignore dans quelle mesure.

Depuis le début des années 1970, la chasse commerciale décline pour diverses raisons. Le Royaume-Uni a interdit l’importation de chair de baleine et la Norvège a trouvé des sources moins chères d’aliments pour animaux. Les manifestations contre la chasse commerciale ont aussi joué un rôle. Il n’y a plus qu’aux îles Féroé, où s’échouent entre deux et cinq baleines par année, que la consommation est toujours permise.

Menaces

Si les humains ne chassent plus la baleine à bec commune, plusieurs menaces la guettent encore. Son principal prédateur est maintenant l’épaulard. Certains individus s’emmêlent dans des filets de pêche, mais la gravité de cette menace est jugée faible ou incertaine. Il y a aussi le danger des contaminants déposés dans les cours d’eau par l’activité humaine, comme les BPC, le DDT et les déversements de pétrole (voir Pollution de l’eau). La plupart des analyses de graisse prélevée chez les baleines révèlent de faibles concentrations de ces substances chimiques, mais les effets sont incertains. La pollution sonore présente aussi une grave menace. Comme la baleine à bec commune utilise des sons pour repérer ses proies, naviguer et communiquer, elle peut être perturbée par les bruits de l’activité humaine, dont ceux des sonars de la marine, des exercices militaires et de l’exploration pétrolière et gazière. Distant de quelque 5 km de la population principale du plateau néo-écossais, le gisement Primrose illustre bien le problème. Ses réserves de pétrole sont à ce jour intouchées, mais si on se met à les exploiter, le bruit pourrait avoir de lourdes conséquences pour les baleines.

Conservation

Plusieurs autorités ont produit des recommandations et des règlements pour protéger la baleine à bec commune. En 1977, la Commission baleinière internationale a fixé à zéro la limite de prises de l’espèce, décrétant du coup l’interdiction absolue de la chasse. Depuis 1984, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) interdit tout commerce de la baleine à bec commune. Au Canada, la population du plateau néo-écossais vit dans des canyons sous-marins, dont le Gully, qui a été désigné en 2004 aire marine protégée en vertu de la Loi sur les océans. Cela signifie qu’il est interdit d’y causer la moindre perturbation ou le moindre dommage à un organisme marin vivant ou à un habitat. Néanmoins, le canyon reste exposé à des contaminants et des bruits venus de l’extérieur. Depuis 2006, la population du plateau néo-écossais est considérée comme en voie de disparition dans la Loi sur les espèces en péril du Canada. En 2011, le COSEPAC a qualifié de « préoccupante » la population de Baffin-Labrador, c’est‑à‑dire qu’elle peut devenir menacée ou en voie de disparition.

Taxonomie de la baleine à bec commune

Règne

Animalia

Embranchement

Chordata

Classes

Mammalia

Ordre

Cetartiodactyla

Famille

Ziphiidae

Genre

Hyperoodon

Espèce

Hyperoodon ampullatus

Liens externes