Télévision, dramatiques de langue anglaise à la | l'Encyclopédie Canadienne

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Télévision, dramatiques de langue anglaise à la

La télésérie a survécu à l'avènement des dramatiques télévisées.

Télévision, dramatiques de langue anglaise à la

 Les dramatiques télévisées sont des récits fictifs. Il peut s'agir de courts sketches explicatifs comme de scénarios complets et originaux. Les plus courantes sont les comédies de situation, les émissions policières, les feuilletons (ou téléromans), les séries et les miniséries, les sagas familiales, les sketches comiques avec des personnages attitrés, les docudrames et les drames basés sur des sujets d'actualité.

Essor et caractéristiques

La télésérie a survécu à l'avènement des dramatiques télévisées. Durant les années 50 et 60, la télévision présente des émissions comme Folio; Festival (télésérie de prestige comportant des programmes de deux heures de musique populaire, de téléthéâtre classique et moderne, de musique classique, d'opéra et de ballet, de poésie, de jazz et quelques docudrames); First Performance (scénarios canadiens rédigés en prévision d'une petites télésérie); The Unforeseen (les énigmes et l'inexplicable); Q for Quest (une demi-heure expérimentale); Playdate, et, pendant dix ans, G. M. Presents, qui, tout en se spécialisant dans des sujets plus populaires, présente surtout des scénarios canadiens, dont la version en deux épisodes de Riel de John COULTER.

Dans les années 70, le réseau anglais de Radio-Canada diffuse To See Ourselves (adaptations de nouvelles canadiennes); For the Record (drames journalistiques sur des sujets d'actualité) et Some Honourable Gentlemen (série de pièces empreintes d'un humour désabusé sur l'histoire canadienne). Au cours des années 80, les téléséries d'une durée d'une demi-heure deviennent la norme. Les années 80 et 90 sont marquées par des émissions comme The Way We Are; Family Pictures; Sons and Daughters (cinq nouvelles et un long poème adaptés en six épisodes, dont l'un a remporté un Oscar); Inside Stories (sur des communautés « ethniques » et leurs combats); Scales of Justice (docudrames construits avec rigueur sur des causes célèbres) et Straight Up (télésérie innovatrice sur la jeunesse dans les villes).

Ces émissions offrent au public nouvelles expériences, sentiments, histoire, comédie, tragédie, et des adaptations des meilleures oeuvres littéraires canadiennes et étrangères, classiques et contemporaines. Depuis 1952, les principaux centres de production de dramatiques sont Toronto et Montréal. Vancouver, Winnipeg, Halifax et St. John's produisent aussi, à certaines périodes, d'excellentes dramatiques régionales. Peu à peu, la plupart des téléspectateurs se sont habitués à consacrer quotidiennement une partie de leur soirée à une dramatique télévisée. Cependant, en 1982, les dramatiques produites au Canada ne représentent que 3 p. 100 des dramatiques télédiffusées au pays. En 1997, ce pourcentage atteint quelquefois 4 pour 100, quoique le nombre de Canadiens qui regardent à l'occasion certaines dramatiques de Radio-Canada dépasse largement le million.

À l'origine, le kinescope (procédé d'enregistrement d'images télévisuelles sur film 8 mm) permet d'enregistrer des émissions de télévision et d'envoyer les films dans des centres éloignés pour qu'elles y soient diffusées. Quand les enregistrements sur bande magnétoscopique réutilisable remplacent les kinescopes, on fait moins de copies, et on les efface parfois pour réutiliser le ruban. Toutefois, des collections éparses de scénarios, de kinescopes et de rubans de dramatiques télédiffusées par la SOCIÉTÉ RADIO-CANADA pendant presque cinquante ans ont survécu jusqu'à ce jour.

Le réseau anglais de Radio-Canada a passé un accord avec les Archives nationales du Canada pour y déposer des copies de toutes les émissions diffusées aux heures de grande écoute. Au début des années 90, le réseau national nomme pour la première fois un archiviste à temps plein à qui il donne le pouvoir et les ressources nécessaires pour veiller à la sauvegarde de notre patrimoine télévisuel, qu'il s'agisse d'écrits, de films ou de documents électroniques. Cependant, les compressions draconiennes imposées par les libéraux et les conservateurs au cours des années 90 menacent l'existence même de ces ressources. De nombreux diffuseurs privés ne se rendent toujours pas compte que leurs émissions sont des ressources importantes pour les chercheurs, pour leurs propres nouvelles et émissions d'actualité et pour la rediffusion d'anciens succès remis au goût du jour. La prolifération des chaînes spécialisées pourrait modifier cette situation, car elle ouvre la voie à de nouveaux marchés. La rediffusion par la chaîne Bravo des émissions d'art et de musique des années 60 du réseau anglais de Radio-Canada en est un exemple typique.

Les meilleures dramatiques de la télévision canadienne ont en commun certaines caractéristiques : la tolérance d'une certaine ambiguïté morale, les structures narratives à dénouement ouvert, la volonté de faire des expérience avec le médium lui-même et, enfin, un regard ironique sur les valeurs imposées. Les séries canadiennes qui ont du succès conservent d'ailleurs plusieurs caractéristiques propres aux téléséries. Depuis les débuts de la télévision, de nombreuses dramatiques typiquement canadiennes ont été vendues à l'étranger.

Le réseau anglais de Radio-Canada a diffusé certaines des meilleures pièces de théâtre canadiennes contemporaines, adaptées pour la télévision avec plus ou moins de succès : Ten Lost Years, The Farm Show, On the Job, Paper Wheat, Leaving Home, Les Belles-Soeurs, La Sagouine, Billy Bishop Goes to War, Joey (Smallwood), Ma (Murray) et Rexy (Mackenzie King). Les pièces de théâtre canadiennes modernes sont rarement adaptées pour le petit écran, bien que des dramaturges comme Judith THOMPSON, George Walker et Drew Hayden TAYLOR aient collaboré avec le réseau.

Modèles américains

Le réseau CTV, fondé en 1961, n'achète que quelques comédies de situation et émissions policières ou animalières aux producteurs canadiens indépendants. Il est impossible de différencier ces programmes de leurs modèles américains, malgré les conditions rattachées au permis délivré par le Bureau des gouverneurs de la radiodiffusion et par son successeur, le CONSEIL DE LA RADIODIFFUSION ET DES TÉLÉCOMMUNICATlONS CANADIENNES (CRTC). Jusqu'en 1988, les dramatiques diffusées à la télévision canadienne se limitent aux dramatiques présentées par Radio-Canada ou à des collaborations entre Radio-Canada et des producteurs indépendants.

Lorsque le CRTC fait de la diffusion de dramatiques canadiennes une condition pour le renouvellement des licences de CTV et de Global, les résultats sont mitigés. Global achète une télésérie de nouvelles canadiennes adaptées pour la télévision, crée une excellente série pour enfants et une série pour adolescents, et suit le mouvement de la fin des années 80 et du début des années 90, qui favorise la reconstitution d'événements réels (notamment, Missing Kids et Hearts of Courage). Ces productions sont peu coûteuses, mais sont assez mélodramatiques. Global présente aussi un téléroman d'aventures coproduit avec l'Allemagne, Destiny Ridges. La plus canadienne des téléséries d'époque reste Jake and the Kids, une adaptation des nouvelles de W.O. MITCHELL devenues populaire dans les années 40 et 50 avec la série du même nom, diffusée à la radio et à la télévision de Radio-Canada. Cette émission est agréable à regarder, mais elle n'atteindra pas la popularité de Wind at My Back, une série du réseau national sur la crise des années 30. La série dramatique pour adultes qui a obtenu le plus de succès est Traders, un mélange de téléroman rappelant Dallas, et de l'univers à la morale douteuse propre aux dramatiques canadiennes. Traders doit son énorme succès à l'univers qu'elle met en scène. Elle y montre le monde risqué, dynamique et fébrile de la bourse, auquel elle ajoute des sujets d'actualité du monde des affaires et des personnages attrayants. Au cours de sa troisième saison, afin de garder Traders en ondes, Global entreprend pour la première fois une coproduction avec Radio-Canada.

Bordertown, un western d'une demi-heure coproduit avec la France, figure parmi les émissions de CTV qui ont obtenu la faveur du public. Cette émission ajoute une touche de réalisme audacieux au cliché du policier à cheval canadien rigoureusement respectueux des règlements, en conflit avec un marshal américain rude et près à tout. La plus grande réussite de CTV dans les années 80 demeure cependant E.N.G., une série trépidante bien écrite qui s'est vendue partout à l'étranger. Ayant pour cadre une salle de presse, E.N.G. se déroule manifestement à Toronto. Les références canadiennes y abondent et les personnages attrayants ont une vie personnelle originale et examinent avec à propos des questions d'ordre social et éthique complexes, sans arriver à des solutions toutes faites ou à des conclusions tranchées. En 1994, CTV lance un téléroman d'une demi-heure, Family Affair, qui s'avérera un échec.

Au milieu des années 80 et dans les années 90 nous assistons à une prolifération des séries canadiennes produites industriellement. Il s'agit le plus souvent de coproductions. Au cours des années 80, CTV produit l'audacieux Night Heat, une oeuvre bien écrite, parfois ambivalente, et la série d'espionnage à saveur de pastiche Adderly, qui remportent toutes deux beaucoup de succès dans le créneau des films de fin de soirée de CBS. Durant les années 90, CTV s'inspire du genre action et aventure pour coproduire avec la France Counterstrike. Cette émission met en scène un agent britannique, un journaliste français et un agent de la CIA musclé, qui travaillent tous pour un milliardaire canadien installé à Paris. Des séries comme Matrix et Sweating Bullets, ainsi que la série culte mettant en scène des vampires, Forever Knight, remplissent les conditions exigées pour bénéficier des allègements fiscaux fédéraux et provinciaux, mais on ne peut y reconnaître un « produit canadien ». La série Nikita (1996-), d'une certaine élégance mais sans beaucoup d'intérêt, et le spectaculaire et énergique Once a Thief (1997-), inspiré du téléfilm du metteur en scène de Hong-Kong John Woo, sont les dernières réalisations de CTV.

Due South, la meilleure et la plus originale des coproductions de CTV, a des adeptes dans le monde entier. Il semble que cette série ait été influencée par le succès de l'émission qui l'a précédée à Radio-Canada dans les années 80, Seeing Things. Bien que chaque épisode de Seeing Things comporte toujours un meurtre, contrairement à Due South, les deux séries construisent des intrigues complexes à partir d'incidents mineurs. Les deux émissions tournent en dérision la culture populaire américaine. Due South se moque des pratiques policières et Seeing Things des détectives amateurs. Due South doit en partie son aspect drôle à la maladresse dont fait preuve le beau héros Fraser avec les femmes et de son innocence à toute épreuve. Dans Seeing Things, Louie, en mauvaise forme, chauve et d'âge mûr, est loin d'être beau. Pourtant, tout comme Fraser, il possède une aptitude surhumaine, non pas pour la poursuite ou pour le combat corps à corps (Louie ne fait jamais feu et brandit rarement une arme). Fraser fait appel à son incroyable odorat et à ses papilles gustatives tandis que Louie utilise ses « visions » étranges de meurtres qui révèlent aussi des indices propres à tenir le téléspectateur en haleine. Cependant, à la différence de Seeing Things, qui est un exemple de « production interne » désormais supprimée à Radio-Canada, Due South, malgré sa popularité au Canada et à l'étranger, a dû être annulée deux fois, en raison des problèmes causés par la coproduction.

  Radio-Canada a toujours essayé de faire des variantes à partir de genres télévisuels bien connus, et en a lancé de nouveaux. De 1959 à 1967, quelques épisodes de Cariboo Country sont présentés tous les ans. Il s'agit de l'une des meilleures séries produites au Canada, une télésérie d'un genre tout à fait inédit avec des personnages attitrés, un western des temps modernes. Wojeck (1966-1968), dont le personnage-titre s'inspire vaguement d'un coroner ayant existé, innove à la fois par son contenu et par son style visuel. Ce sera le premier grand succès du réseau anglais de Radio-Canada et sa première série filmée. Wojeck réunit un niveau d'écriture élevé et des analyses complexes sur des sujets d'actualité.

Depuis la première saison de télévision canadienne en 1952-1953, les dramatiques sont de plus en plus complexes, comme l'illustrent les séries « professionnelles » sur les avocats ou les émissions policières. D'autres, notamment les émissions sur les enseignants ou les travailleurs sociaux, ont disparu. D'autres encore ont tenté un retour : les westerns, après une absence de 20 ans, avec un succès mitigé, et des émissions mettant en scène le milieu médical dans le genre de la série américaine E.R., aux cotes d'écoute très élevées. L'émission Side Effects, à Radio-Canada, dont l'action se déroule dans une clinique de consultation sans rendez-vous, a remplacé la très populaire Street Legal qui faisait découvrir au téléspectateur le monde de la justice, et a été supplantée à son tour par Black Harbour, un habile mélange de téléroman et de série portant sur un couple qui, après avoir réussi à Hollywood, tente un retour dans un petit village de pêcheurs de la côte Est. En 1997, Radio-Canada s'essaie enfin au plus durable de tous les genres avec un téléroman intitulé Riverdale. Présenté à raison de deux épisodes par semaine, c'est un mélange de mélodrame américain traditionnel et de Coronation Street, un téléroman au rythme plus rapide. Les intrigues se dénouent très rapidement, tandis que les personnages et les dialogues tiennent à la fois d'Hollywood et de la tradition naturaliste canadienne.

Nouveaux besoins, évolution technologique

Plusieurs lois sur la radiodiffusion ont transformé le mandat de la Société Radio-Canada pour qu'elle s'adapte aux nouveaux besoins du pays et à l'évolution technologique rapide. Dans les années 1980, Radio-Canada a pour mandat d'éduquer, d'informer et de divertir des citoyens de tous âges, aux intérêts et aux goûts divers; d'exprimer des points de vue équilibrés sur des sujets controversés, dans toute la PROGRAMMATION TÉLÉVISUELLE; de participer activement à la protection des arts; de promouvoir l'unité canadienne et de refléter la diversité régionale et l'identité canadienne. Les dramatiques du réseau anglais ont répondu à ces objectifs avec des personnages fictifs aussi différents que Charlie Farquharson; Bob et Doug McKenzie; Ada; Nick Adonidas et Relic; le « roi » de Kensington, Wojeck, Maria, Louie Ciccone et Marg; Ol' Antoine et Smith; Leon, Carrie, Olivia et Chuck; Marge Delahunty; Mike de Canmore; Michelle, Albert et Peter, ainsi qu'avec des héros qui ont réellement existé, comme sir John A. MACDONALD, Norman BETHUNE, Louis RIEL, Stephen LEACOCK et Emily MURPHY.

Au pire, les dramatiques de la télévision canadienne-anglaise sont peu originales, fades, parfois incohérentes et faciles, comme Radisson (une riposte inepte au phénomène Davy Crockett des années 50) ou celles qui renforcent les stéréotypes de notre société. Par ailleurs, le réseau anglais de Radio-Canada ne s'est jamais vraiment intéressé à des réalités telles que les syndicats, les petites villes, les agriculteurs et les commerçants. Quoi qu'il en soit, la télévision est un miroir qui reflète son public, et ce public a bien changé au cours des années. Les dramatiques télévisées peuvent encourager la discussion sur des sujets controversés ou élargir la perception du public avec des scénarios innovateurs confiés à des réalisateurs, des metteurs en scène et des comédiens de talent.

Flight into Danger électrise son public; The Open Grave, une version en « cinéma direct » de la Résurrection, soulève des questions au Parlement; Anne of Green Gables (v.f. Anne... la maison au pignon vert), le classique de Lucy Maude Montgomery, est adapté pour le petit écran dans les années 80 par un producteur indépendant et attire le public le plus nombreux jamais enregistré pour une dramatique. Tar Sands pousse le premier ministre de l'Alberta, Peter LOUGHEED, à engager un procès, qu'il va remporter. Les garçons de Saint-Vincent permet aux Canadiens de prendre conscience de leur responsabilité collective en ce qui a trait à la sécurité et au bien-être des enfants sous la tutelle de l'État, alors que les médias d'information qui ont rendu compte des procès n'ont pas réussi à toucher l'opinion publique.

Dans les années 50 et 60, il y a très peu de dramaturges canadiens et encore moins de compagnies théâtrales. La télévision de Radio-Canada remplace la radio en tant que théâtre national et procure formation et travail à de nombreux comédiens, scénographes, réalisateurs, metteurs en scène, techniciens et compositeurs. Les objectifs à focale variable, les caméras et l'équipement audio plus mobiles, les bandes magnétoscopiques et l'avènement de la télévision couleur permettent à certains types de dramatiques de sortir des studios. Les dramatiques présentées en direct à la télévision disparaissent.

Cependant, dès le début, les limites imposées par la technologie et les conventions dramatiques sont converties en art avec des productions comme Ward Number Six (1959), Kim (1963), Pale Horse, Pale Rider (1964) et The Freedom of the City (1975). Quand les téléspectateurs délaissent les pièces de théâtre pour les séries dramatiques qui se concentrent sur quelques personnages, le réseau anglais de Radio-Canada produit Wojeck, précurseur des séries d'actualité. Quentin Durgens MP, et, par la suite, The Manipulators, The Beachcombers, The Collaborators, Sidestreet, A Gift to Last et Home Fires. Seeing Things et Hangin' ln contribuent, dans les années 80, à ce que les émissions ne puissent être classées dans un genre particulier avec leurs tons changeants et leurs innombrables références contemporaines.

For the Record (1977-1986) présente aux téléspectateurs plusieurs drames d'actualité qui soulèvent des questions familières, parfois de façon trop didactique, souvent avec d'excellents scénarios et des mises en scène imaginatives. Parmi les nombreux succès, citons Maria (sur l'organisation syndicale), The Winnings of Frankie Walls (sur le chômage), Blind Faith (sur le télévangélisme), Ready for Slaughter (sur la crise agricole dans l'industrie du boeuf), Cementhead (sur le hockey professionnel), Don't forget Je me souviens (seule dramatique du réseau anglais de Radio-Canada à ce jour sur la crise en cours avec le Québec), One of Our Own (sur le syndrome de Down), A Question of the Sixth (sur l'euthanasie).

Une fois For the Record disparu, il ne reste plus que des émissions spéciales, de très grande qualité, dont Chautauqua Girl (sur le populisme des débuts dans l'Ouest); Canada's Sweetheart: The Saga of Hal Banks (fascinant mélange de dramatisation, d'entrevues et de nouvelles séquences sur la corruption des syndicats et des gouvernements); The Other Kingdom (sur l'idée vivre avec le cancer du sein) et Where the Spirit Lives (sur un pensionnat pour les enfants autochtones) dans les années 80. Dans les années 90, on présente Love and Hate (sur la violence conjugale et l'impuissance de la loi dans l'affaire Colin Thatcher, qui a assassiné sa femme, Joanne); Conspiracy of Silence (sur le meurtre d'Helen Betty Osborne, adolescente autochtone); Butterbox Babies (sur la mort d'un grand nombre de bébés dans les orphelinats au cours des années 30 à cause du mauvais traitement et de la négligence); Million Dollar Babies (sur les quintuplées Dionne); le poignant Life with Billy (sur la violence conjugale); Liar Liar (sur un père accusé à tort d'inceste); le beau conte de Noël Small Miracles; une minisérie sur la montée et la chute de l'avion canadien AVRO Arrow; The Sleep Room, sur les tentatives financées par la CIA pour reprogrammer le cerveau des malades mentaux; Medecine River, un regard désabusé sur un photographe autochtone qui, après avoir réussi, retourne à sa réserve; enfin, le très controversé The Valour and the Horror, résultat d'une collaboration entre le réseau anglais de Radio-Canada et l'ONF, qui combine des séquences d'époque, des images fixes, des esquisses de peintres de guerre, des segments où l'on voit des soldats et des aviateurs retourner sur la scène de l'action et, le plus controversé, des extraits dramatisés qui racontent trois histoires : la Normandie, Hong-Kong et la bataille menée par le Bomber Command en Europe. Cette dramatique en trois épisodes a suscité l'envoi de milliers de lettres aux journaux, la tenue d'une audience spéciale du Sénat et des poursuites judiciaires, dont certaines sont toujours en cours. Parmi les dramatiques spéciales figurent aussi Dieppe et la superbe et complexe étude sur le mal, Les garçons de Saint-Vincent, une collaboration entre le réseau anglais de Radio-Canada et l'ONF accueillie par la critique avec enthousiasme et qui relate les mauvais traitements infligés par les religieux aux garçons de divers établissements. Les tribunaux ont censuré cette dramatique en Ontario et dans certaines régions du Québec, jusqu'à ce que les procès soient terminés. Toutes ces émissions spéciales, et beaucoup d'autres, ont été diffusées à l'étranger et certaines, présentées comme film de la semaine par les grands réseaux américains.

Après la suppression de For the Record, il n'y aura plus de téléséries régulières sur des sujets contemporains. Au début, Street Legal est un lieu où l'on présente et discute des questions d'actualité touchant la société. Plus tard, tout en continuant de mettre l'accent sur des sujets d'actualité placés dans leur contexte social et politique, des éléments de téléroman de grande écoute viennent s'y ajouter, et les cotes d'écoute augmentent. S'il est une série risquée dont la popularité n'a cessé de croître tant dans le Sud que dans le Nord, c'est bien North of 60 (1992-1997). À la suite des événements d'Oka, la série voulait faire connaître les peuples des Premières Nations et les liens qu'ils entretiennent avec la culture de masse. D'un côté, l'émission trace un portrait attendrissant de la vie dans un village isolé comme Lynx River; de l'autre, elle soulève des questions comme l'effet à long terme des pensionnats sur les autochtones et du désordre administratif engendré par un gouvernement paternaliste.

Le réseau anglais de Radio-Canada a aussi beaucoup de succès avec des émissions qui s'adressent aux adolescents aux heures de grande écoute. Les premières - Degrassi Street, Degrassi Junior High et Degrassi High - font leur apparition au milieu des années 80. Elles mettent en scène des enfants, dont les personnages sont réalistes, et décrivent les petits et les grands problèmes associés à la croissance. Ces séries seront transformées en téléroman pour adolescents intitulé Northwood. Plus récemment, dans Straight Up, le réseau anglais de Radio-Canada étudie le monde très particulier et beaucoup plus rude des adolescents des grandes villes. Il s'agit d'une série constituée de courts films expérimentaux dans lesquels les parcours des personnages se croisent quelquefois. The Rez, assez librement inspiré des nouvelles de W.P. Kinsella, se penche sur des jeunes qui sont du même groupe d'âge, mais qui vivent dans une réserve. Le ton se veut plus humoristique, mais certaines remarques à l'endroit des jeunes sont cinglantes et les dilemmes sont rendus plus compliqués par les politiques de la réserve et une ambivalence à l'égard du patrimoine autochtone.

L'émission Beachcombers (19 ans) et Road to Avonlea, après la très populaire minisérie Anne of Green Gables (v.f. Anne...la maison au pignon vert) et sa suite, ont compté parmi les programmes favoris de toute la famille pendant des années. Emily of the New Moon, série plus sombre, attire une nouvelle génération de téléspectateurs.

Les dramatiques télévisées demeurent le produit de base de la télévision le plus coûteux. Le rapprochement de diverses nouvelles technologies qui se fondent sur le téléphone, l'informatique, la télévision, les « étoiles de la mort » (des satellites qui transmettront 500 chaînes à de petites antennes paraboliques), les câbles optiques qui permettront un choix d'émissions « à la carte », les jeux vidéo et Internet, aura des répercussions dont la portée reste imprévisible. Les dramatiques télévisées verront plusieurs possibilités s'offrir à elles : un plus grand nombre de reprises de dramatiques canadiennes jusque-là non disponibles; de nombreuses séries étrangères anciennes et récentes (sous-titrées), en particulier les telenovelas et les téléromans en français; des dramatiques faites sur mesure pour répondre aux besoins des chaînes spécialisées (santé, questions judiciaires, romans Harlequin, sport, musique country, etc.); des épisodes supplémentaires (en ligne) de séries existantes; des épisodes de séries créées par des amateurs, ou même de nouvelles séries et de nouveaux téléromans; des dramatiques interactives écrites par des professionnels dans lesquelles les auteurs rédigent plusieurs débuts d'intrigue ainsi que des détails sur les personnages auxquels les téléspectateurs peuvent accéder afin de « construire » des histoires à leur convenance.

Cependant, la principale fonction des dramatiques télévisées restera la même. En fait, elles remplissent plusieurs fonctions. Les auditeurs communiquent quand ils s'inquiétent au sujet des PLOUFFE, des Sturgess ou des gens d'Avonlea, quand ils discutent à propos de Louis Riel ou quand ils rient du King. Les excellentes émissions pour enfants, nous permettent de raconter à nos enfants des histoires qui les concernent. Les dramatiques renseignent, rappellent l'histoire, brisent les vieux mythes et en créent de nouveaux.

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