The Nature of Things | l'Encyclopédie Canadienne

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The Nature of Things

The Nature of Things est la plus longue série télévisée scientifique jamais diffusée. Elle a fait son apparition sur la chaîne CBC le 6 novembre 1960. Au départ une émission de trente minutes expliquant différents concepts scientifiques, elle est devenue une série documentaire à épisodes d’une heure lorsque David Suzuki, célèbre scientifique, en devient l’animateur de 1979 à 2023. L’émission novatrice a été parmi les premières à présenter des découvertes scientifiques sur des thèmes comme le VIH/sida et les changements climatiques. Comptant plus de 60 saisons et 900 épisodes, The Nature of Things a été visionnée dans plus de 80 pays. L’émission a reçu au fil du temps 17 prix Gemini et 7 prix Écrans canadiens.

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Débuts (de 1960 à 1978)

The Nature of Things est créée par le service de science et de technologie de la CBC. L’émission, qui survit d’ailleurs au service et à toutes ses autres émissions, est nommée d’après un poème épique du poète et philosophe romain Lucrèce, « De rerum natura » (en français « de la nature des choses » et en anglais on the nature of things).

La première saison de The Nature of Things traite de différents sujets scientifiques comme la photosynthèse et le cerveau humain. L’émission entièrement tournée en studio est diffusée en direct. Donald Ivey, professeur de physique de l’Université de Toronto, en est le premier animateur. À lui se joint parfois un coanimateur, son collègue Patterson Hume, lui aussi professeur de physique. (Il est l’un des trois physiciens à avoir mis sur pied la faculté d’informatique de l’Université de Toronto.) Le début des deux animateurs à The Nature of Things est décrit ainsi dans un hommage rédigé pour le magazine de l’Université de Toronto : « Leur approche était hilarante, surtout si l’on tient compte de leur apparence conventionnelle et "professionnelle". Le duo a su expliquer des lois naturelles en faisant éclater des ballons, en lançant des avions en papier et en créant des effets de caméra loufoques. »

En 1966, l’émission présente une série de cinq épisodes sur les îles Galapagos, dont un portant sur l’expédition de Darwin. Cette production révolutionnaire suscite un grand intérêt chez le public. Un titre du journal Calgary Herald se lit d’ailleurs comme suit : « L’île de Darwin filmée en couleur ». L’un de ces épisodes remporte une nomination pour un prix Emmy.

De 1961 à 1979, The Nature of Things n’a pas d’animateur permanent. Le rôle est plutôt rempli par un petit groupe d’animateurs invités, dont Donald Ivey et Patterson Hume, mais aussi Lister Sinclair, Donald Crowdis et John Livingston. En coulisses, les producteurs chevronnés Jim Murray et Nancy Archibald apportent eux aussi de grandes contributions créatives. C’est d’ailleurs Jim Murray qui recrute David Suzuki comme animateur.

Ère de David Suzuki (de 1979 à 2023)

The Nature of Things entre dans une nouvelle ère lorsque le généticien et environnementaliste canadien David Suzuki prend le rôle d’animateur le 24 octobre 1979, au début de la 20e saison. David Suzuki n’en est pas à sa première expérience, ayant animé de 1974 à 1979 Science Magazine, une émission scientifique de trente minutes. Tout comme The Nature of Things, elle était diffusée sur la chaîne CBC. L’une et l’autre sont alors fusionnées pour créer The Nature of Things with David Suzuki, une émission qui propose désormais des épisodes d’une heure. Dans un article soulignant le 60e anniversaire de l’émission, David Suzuki se remémore la raison pour laquelle il a accepté le poste : « À mon avis, l’émission était l’une des sources d’information les plus fiables sur le monde naturel et sur notre manière d’en dépendre et de l’influencer. »

Avec David Suzuki comme animateur, le style visuel de l’émission évolue et l’équipe adopte une plus vaste perspective sur le monde naturel. Les problèmes de santé et les préoccupations environnementales arrivent au premier plan. Dans sa première saison, David Suzuki parle notamment d’exploration pétrolière dans l’Arctique et de fécondation in vitro. Il fait également de la plongée en haute mer pour expliquer les changements psychologiques touchant les plongeurs.

David Suzuki

Le Globe and Mail remarque que le ton de l’émission commence à changer au milieu des années 1980. Elle commence notamment à avoir une « position plus agressive » par rapport aux problèmes environnementaux, allant de la pollution des Grands Lacs à la noyade massive de plus de 9 000 caribous au Labrador. De son côté, Michael Keating, du Globe and Mail, compare les images choquantes des caribous morts à un extrait du film Apocalypse Now.

The Nature of Things réussit à avoir des répercussions concrètes. Par exemple, l’émission filme la lutte entourant les coupes à blanc sur l’archipel Haida Gwaii lors d’un épisode de 1982 et pousse ainsi le gouvernement fédéral de Brian Mulroney et celui de la Colombie-Britannique à désigner une partie des anciennes îles de la Reine-Charlotte comme réserve de parc national Gwaii Haanas.

En matière de cotes d’écoute, l’émission atteint alors son apogée. Dans les années 1980, certains épisodes sont visionnés par 2 millions de personnes. En 1990, le nombre moyen de téléspectateurs chute à 800 000, puis continue son plongeon lorsque les chaînes de télévision se multiplient et que l’émission change de créneau horaire. Au début des années 2000, l’émission attire en moyenne 400 000 téléspectateurs par semaine.

C’est avec l’émission que le nom de David Suzuki se fait connaître. L’animateur est alors amené à voyager au Canada et à l’étranger, notamment dans la forêt amazonienne et sur les plaines du Serengeti, en Afrique. En 1999, il apparaît nu (avec une feuille de figuier) sur la couverture du guide télé du Toronto Star afin de promouvoir un futur épisode sur le pénis.

En 2019, David Suzuki célèbre ses 40 ans en tant qu’animateur de l’émission. Des animateurs invités prennent parfois la relève, comme la Dre Jennifer Gardy, scientifique canadienne qui anime de nombreux épisodes, notamment ceux de type « Myth or Science » (mythe ou science). La vedette hollywoodienne Ryan Reynolds narre également l’épisode « Curb Your Carbon » (en français, limitez votre carbone), qui porte sur la réduction de l’empreinte carbone et qui est diffusé en janvier 2022.

Le 6 novembre 2020, exactement 60 ans après le premier épisode de la série, The Nature of Things lance sa 60e saison avec un épisode intitulé « Rebellion » qui met en vedette Greta Thunberg et sir David Attenborough. En 2021, David Suzuki annonce à la CBC qu’il n’acceptera plus de prendre l’avion pour filmer, car le transport aérien produit trop d’émissions de carbone.

Départ à la retraite de David Suzuki

Le 23 octobre 2022, David Suzuki, âgé de 86 ans, annonce qu’il prendra sa retraite en tant qu’animateur de The Nature of Things à la fin de la 62e saison à venir, qui doit commencer en janvier 2023 et se terminer au printemps. Il déclare être resté en poste jusqu’à avoir la certitude que l’émission ne serait pas annulée après son départ, ajoutant qu’à son avis, il est temps d’y apporter « une contribution plus fraîche et plus imaginative ». « Je déteste utiliser le terme ‘retraite’ », déclare-t-il lors d’une entrevue accordée à Ian Hanomansing, de la CBC. « Je passe simplement à autre chose. » David Suzuki affirme également avoir l’intention de se consacrer davantage au militantisme environnemental. « Dans l’ensemble, je sens que j’ai échoué, que j’ai fait partie d’un mouvement qui n’a pas atteint ses objectifs », déplore-t-il. « Tout ce que je veux, c’est pouvoir dire à mes petits-enfants que j’ai fait de mon mieux ».

En décembre 2022, la CBC a annoncé que les deux nouveaux coanimateurs de l’émission seraient Sarika Cullis-Suzuki, la fille de David Suzuki, et Anthony Morgan, ancien animateur de la série scientifique populaire Daily Planet (2002-2018) diffusée sur le Discovery Channel. Tous deux avaient déjà animé des épisodes de The Nature of Things. Sarika Cullis-Suzuki est une biologiste marine qui détient un doctorat en biologie de l’Université de York, au Royaume-Uni. Anthony Morgan est un scientifique moléculaire qui a obtenu une maîtrise en communication scientifique de l’Université Laurentienne en 2014 et a précédemment travaillé sur diverses émissions scientifiques pour la radio de la CBC, Vice et YouTube. Sarika Cullis-Suzuki et Anthony Morgan devaient chacun animer un épisode de la dernière saison de David Suzuki avant de prendre la relève en tant que coanimateurs permanents pour la 63e saison de l’émission.

Une émission avant-gardiste

The Nature of Things, avant-gardiste à plusieurs égards, crée plusieurs précédents en matière de contenu et de production. En 1965, l’émission présente pour la première fois à la télévision une partie de l’intervention chirurgicale révolutionnaire visant à poser un stimulateur cardiaque. (Voir aussi John A. Hopps; Wilfred Bigelow; Découvertes et innovations médicales canadiennes.) La série de cinq épisodes sur les îles Galapagos diffusée en 1966 est quant à elle la première série en couleur de la CBC. The Nature of Things produit également l’un des premiers documentaires sur l’épidémie de sida à être diffusé à une heure de grande écoute, en 1987. En plus de permettre à la population canadienne de mieux comprendre le sida au plan scientifique, l’émission se veut également un plaidoyer pour le traitement éthique des victimes.

L’émission traite aussi des changements climatiques depuis les années 1980. En 1988, The Nature of Things réalise une entrevue avec un groupe de scientifiques réclamant une réduction de 20 % des gaz à effet de serre au cours des 15 années suivantes. En 1991, au cours de la « guerre contre la drogue », The Nature of Things remet en question l’opinion prédominante quant à la toxicomanie et avance que la consommation de drogues devrait être traitée comme un problème de santé et non comme une question d’application de la loi.

Producteurs principaux

Nom

Titre

Années de service

James Murray

Producteur délégué

De 1969 à 1972 et de 1977 à 1997

Nancy Archibald

Productrice déléguée

De 1972 à 1979

Michael Allder

Producteur délégué

De 1997 à 2010

Bob Culbert

Producteur délégué

De 2010 à 12

Caroline Underwood

Productrice principale

De 2008 à 2015

F.M. Morrison

Productrice principale

De 2008 à 2019

Sue Dando

Directrice responsable de la production

De 2012 à aujourd’hui


Distinctions

Prix Gemini

  • Meilleur animateur ou intervieweur (David Suzuki) (1986)
  • Meilleure série documentaire (James Murray) (1987, 1988, 1990, 1992)
  • Meilleur animateur d’une émission ou série de style de vie, de variété ou d’arts du spectacle (David Suzuki) (1997)
  • Meilleure série documentaire (Michael Allder, Michael Bennett) (1998)
  • Meilleur montage vidéo pour une émission ou série d’information (Michèle Hozer; « Race for the Future, Part 2 ») (2000)
  • Meilleure réalisation pour une série documentaire (David Tucker) (2001)
  • Meilleure émission documentaire sur la science, la technologie, la nature, l’environnement ou l’aventure (Kurt Schaad, Michael Allder, Howard Green; « The Investigation of Swissair 111 ») (2003)
  • Meilleure série documentaire (Michael Allder) (2004)
  • Meilleure réalisation pour une série documentaire (Caroline Underwood; « Arctic Mission ») (2004)
  • Meilleure trame sonore pour une émission ou série documentaire ou d’information (Marie-Claude Gagné, Hubert Macé de Gastines) (2004)
  • Meilleure photographie pour une émission ou série documentaire (Derek Rogers; « Shipbreakers ») (2005)
  • Meilleure musique originale pour une émission ou série documentaire (Aaron Davis, John Lange; « Everyday Einstein ») (2007)
  • Meilleure émission documentaire sur la science, la technologie, la nature, l’environnement ou l’aventure (Niobe Thompson; « Code Breakers ») (2011)
  • Meilleure photographie pour une émission ou série documentaire (Daron Donahue; « Code Breakers ») (2011)

Prix Écrans canadiens

  • Meilleure réalisation pour une émission ou série documentaire (Erna Buffie; « Smarty Plants ») (2013)
  • Meilleure émission ou série documentaire (Frances M. Morrison, Caroline Underwood, Bob Culbert) (2013)
  • Meilleure émission ou série documentaire sur la science ou la nature (Susan Dando, Mike Downie, Frances M. Morrison, David Wells; « Invasion of the Brain Snatchers ») (2015)
  • Meilleure émission ou série documentaire sur l’histoire (Elliott Halpern, Elizabeth Trojian; « Ice Bridge ») (2019)
  • Meilleure musique originale pour une émission ou série de non-fiction (Darren Fung; « Equus ») (2019)
  • Meilleure trame sonore, non-fiction (Jane Tattersall, Sue Conley, Lou Solakofski, Andy Malcolm, Sandra Fox; « Remarkable Rabbits ») (2020)
  • Meilleur montage vidéo, documentaire (Carole Larsen; « She Walks with Apes ») (2021)