Service féminin de la Marine royale du Canada (SFMRC) | l'Encyclopédie Canadienne

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Service féminin de la Marine royale du Canada (SFMRC)

Le Service féminin de la Marine royale du Canada (SFMRC) a été créé le 31 juillet 1942 pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il était l’équivalent maritime du Service féminin de l’Armée canadienne (CWAC), et du Service féminin de l’Aviation royale du Canada qui l’a précédé en 1941. Le SFMRC a été établi en tant que service distinct de la Marine royale du Canada (MRC). Il a été dissous le 31 août 1946.

Service féminin de la Marine royale du Canada (WRCNS)

Service féminin de la Marine royale du Canada : faits importants

Fondé le 31 juillet 1942
Dissous le 31 août 1946
6 783 femmes ont servi dans les rangs du SFMRC
11 sont mortes en service actif (de maladies ou d’accidents)
Le personnel a servi au Canada, à Terre-Neuve (à l’époque un dominion distinct), aux États-Unis et en Grande-Bretagne
Les « Wrens » ont servi dans 39 métiers, incluant le travail administratif et le travail de bureau, le travail de signalisation, de codage, et de radiotélégraphie

Origine

Lorsque le Canada entre dans la Deuxième Guerre mondiale en septembre 1939, des milliers d’hommes canadiens se portent volontaires pour le service. Cependant, le recrutement échoue à suivre le rythme des demandes croissantes. En avril 1941, des représentants de l’Armée canadienne, de la Marine royale du Canada, et de l’Aviation royale canadienne se réunissent à Ottawa pour discuter de la possibilité de faire entrer les femmes en service dans des rôles non militaires et non médicaux. Bien qu’initialement, ils se prononcent tous contre cette suggestion, l’armée de l’air change d’idée rapidement. En juillet, le Corps auxiliaire féminin de l’Aviation canadienne est créé, il est éventuellement renommé Service féminin de l’ARC. Le Service féminin de l’Armée canadienne est créé au mois d’août.

La Marine est le dernier service à créer un auxiliaire féminin. Le Service féminin de la Marine royale du Canada est fondé en juillet 1942. Son modèle s’inspire du British Women’s Royal Navy Service (WRNS). Le terme « Wrens » est le surnom donné aux femmes membres du SFMRC. Il est basé sur le nom anglophone du Service féminin, WRCNS, qui est l’adaptation de l’acronyme du WRNS (Women’s Royal Naval Service) britannique. En effet, comme il n’existe pas de modèle naval canadien, le SFMRC suit de près le modèle britannique, et des postes de haute direction sont temporairement occupés par des Wrens britanniques qui ont été prêtées. Trois membres du WRNS arrivent au Canada en mai 1942 afin de développer le noyau du nouvel organisme. L’agente en chef WRNS Dorothy Isherwood est la première directrice du SFMRC, et elle occupe ce poste jusqu’en septembre 1943.

Entraînement

En septembre, un premier cadre de 67 Canadiennes suit une formation à Kingsmill House, à Ottawa. Peu après, le Centre d’instruction élémentaire NCSM Conestoga est fondé à Galt, en Ontario, dans une ancienne école de réforme pour jeunes filles, au grand amusement des femmes. Les classes commencent en octobre 1942. Contrairement aux hommes qui se joignent à la Marine royale du Canada à titre d’officiers ou de matelots (sous-officiers), toutes les Wrens, à l’exception d’un très petit nombre, commencent leur service en tant que militaires du rang, et elles doivent passer par le Conestoga avec ce titre. Certaines femmes sont sélectionnées pour devenir officières et suivent une formation supplémentaire à Hardy House, à Ottawa. Le premier des 21 cours a lieu en février 1943.

Leadership

En juin 1943, l’une des diplômées du premier cours, la capitaine de corvette Isabel Macneill, est nommée commandante du Conestoga. Elle devient la première femme à commander un navire militaire canadien (en termes navals, un établissement à terre commandé avec la désignation NCSM s’appelle frégate de pierre).

Le 18 septembre 1943, la commandante (plus tard capitaine) Adelaide Sinclair devient la première Canadienne à diriger le SFMRC, un poste qu’elle conserve jusqu’à la fin du service. Anciennement chargée de cours en science politique à l’Université de Toronto, Adelaide Sinclair occupe, après la guerre, des postes importants dans la fonction publique. De 1957 jusqu’à sa retraite en 1967, elle occupe le poste de directrice générale adjointe au Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).

Adelaide Sinclair

Opérations

La Marine a pris du retard dans la création d’un service féminin en partie à cause d’une certaine étroitesse d’esprit. Un autre facteur important est que la marine se développe à un rythme plus lent que les autres services en raison des longs délais de construction navale. Les demandes de main-d’œuvre sont donc plus lentes dans la marine que dans l’armée et dans l’aviation. La mobilisation totale du SFMRC est également retardée par des problèmes initiaux de recrutement. Ils sont résolus après décembre 1942 en intégrant le recrutement des femmes à celui des hommes et en construisant de nouveaux logements dans les grands centres de population navale.

Lorsqu’arrive le 31 août 1945, 6 783 femmes sont enrôlées dans le SFMRC. À son apogée, l’organisme compte 5 893 membres, dont plus de 1 000 servent à l’extérieur du Canada. Aucune d’entre elles n’a été tuée au combat, mais 11 sont mortes en service à la suite de maladies ou d’accidents.

Les femmes occupent environ 39 métiers différents. Les Wrens situées au Canada occupent principalement des postes administratifs sur les bases navales de Halifax et d’Esquimalt, dans les centres d’entraînement naval associés, et au quartier général du service naval, à Ottawa. Cependant, leur rôle le plus mémorable est sans doute la préparation des cartes des zones d’opération dans les quartiers généraux de commandement. Elles constituent aussi l’essentiel du personnel des sites de renseignement sur les transmissions navales sur les côtes Atlantique et Pacifique.

Plus de 500 Wrens sont postées à la base navale NCSM Avalon, à St. John’s, à Terre-Neuve (à l’époque un dominion distinct). Cinq cents autres sont postées aux établissements à terre de NCSM Niobe (principalement à Londres, Plymouth et Londonderry) et environ 50 autres sont dans les bureaux de la Marine à Washington, DC et à New York.

Le saviez-vous?
Beatrice Worsley, la première femme informaticienne du Canada, est une des milliers de Wrens à avoir servi pendant la Deuxième Guerre mondiale. Après avoir obtenu un baccalauréat en mathématiques et en physique, elle s’est jointe au SFMRC en tant que sous-lieutenante stagiaire à bord du NCSM Conestoga. Rapidement, elle reçoit un grade et est mutée à l’établissement de recherche navale du NCSM Stadacona à Halifax, où elle travaille comme chercheuse en défense portuaire. Elle analyse notamment des données sur le dégaussement des navires, un processus visant à réduire l’empreinte magnétique des navires pour limiter le danger posé par les mines magnétiques allemandes. Beatrice Worsley demeure à l’établissement jusqu’en 1946, année où elle débute une maîtrise en mathématiques et en physique au Massachusetts Institute of Technology (MIT).


Legs

Un service féminin est reconstitué en 1951 pendant la guerre de Corée en tant que partie de la réorganisation de la Marine royale canadienne (réserve). En 1955, on autorise la création d’une composante féminine pour la Marine régulière, mais en tant que service distinct. Cependant, le surnom « Wrens » garde sa popularité chez les femmes de la Marine, et continue d’être utilisé après la dissolution de la Marine royale canadienne et de son unification avec l’Armée canadienne en 1968. Le nom est particulièrement populaire dans la réserve navale, qui maintient un nombre plus élevé de femmes en service que les forces régulières.

Aujourd’hui, les femmes sont entièrement intégrées dans la Marine, y compris dans les rôles de combat, et le terme « Wrens » n’est plus utilisé autrement que pour des associations sentimentales et nostalgiques. En date de mai 2023, les femmes représentent plus de 20 % du personnel naval canadien, soit 22,4 % des officiers et 20 % des militaires du rang. Au total, les femmes représentent environ 16,5 % des Forces armées canadiennes (Force régulière et Première réserve) : 19,6 % des officiers et 15,4 % des militaires du rang.

(Voir aussi Femmes de la Marine canadienne pendant la Guerre froide; Femmes dans les forces armées; Les femmes canadiennes et la guerre.)

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