Charles Oakes Ermatinger | l'Encyclopédie Canadienne

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Charles Oakes Ermatinger

Charles Oakes Ermatinger, négociant de fourrures, marchand, officier de milice et juge de paix (né le 1er février 1776 à Montréal, au Québec; mort le 4 septembre 1833 à Montréal). Charles Ermatinger a joué un rôle important dans la vie sociale et économique de la région de Sault Ste. Marie et de ce qui s’appelait alors le Pays d’en Haut

Canot et Voyageurs

Huile sur toile de Frances Anne Hopkins, 1869.
(avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada1989-401-1X; C-2771)

Jeunesse

Charles Oakes Ermatinger est le plus jeune fils du marchand d’origine suisse Lawrence Ermatinger et de son épouse Jemima, d’origine britannique. Il reçoit une bonne éducation à Montréal et devient commis pour la Compagnie du Nord-Ouest en 1795. En 1798, il se rend dans le Pays d’en haut, à l’ouest du lac Supérieur, en compagnie d’un négociant surnommé L’Étang, associé à la Nouvelle Compagnie du Nord-Ouest (aussi appelée Compagnie XY).

Mariage avec Mananowe

En 1799, Charles Ermatinger épouse Mananowe, la fille de Katawabeda [ou Katawabidai], le très influent chef de la bande ojibwée de Sandy Lake. Le mariage se déroule selon la tradition ojibwée. Ce type de mariage « à la façon du pays », entre négociants de fourrure blancs et femmes autochtones, est courant à l’époque. Si certains négociants considèrent ces mariages comme des arrangements temporaires, Charles Ermatinger demeurera avec Mananowe tout au long de sa vie. Mananowe, qui adopte le nom de Charlotte, portera 12 enfants dont cinq mourront en bas âge. En plus de l’anglais et du français, Charles parle la langue ojibwée. Dans la famille Ermatinger, les cultures autochtone et européenne sont toutes deux considérées comme importantes.

Compagnie du Nord-Ouest

À un certain moment Charles Ermatinger commence à travailler pour John Ogilvy, de la Nouvelle Compagnie du Nord-Ouest (NCNO). Toutefois, il se joint à sa concurrente la Compagnie du Nord-Ouest (CNO) en 1800. (En 1804, la CNO absorbe la NCNO). Les procès-verbaux de la compagnie indiquent que Charles Ermatinger est très respecté à la CNO.

En 1806, Charles Ermatinger est stationné à Bas de la Rivière, dans le département de lacOuinipique (Winnipeg), sous la direction de William McKay. Avec son collègue George Nelson, il parcourt un grand circuit dans la région de la rivière Rouge pour rencontre des clients autochtones. Charles Ermatinger plante des cultures et fonde une pêcherie pour compenser la diminution de la production de fourrures dans la région. George Nelson écrira plus tard dans ses Reminiscences que c’était « un pays vraiment dur […] qui exigeait la plus grande prudence, de la vision et de l’économie […] afin de se procurer à peine de quoi survivre. Il [Ermatinger] se débrouillait si bien, toutefois, qu’il parvenait à rendre l’hiver tolérable. »

Négociant indépendant

Charles Ermatinger quitte la CNO en 1807 pour des raisons inconnues. Dans ses Reminiscences, George Nelson note : « M. Ermatinger[…] est aussi “parti à Montréal”, l’équivalent, dans notre vocabulaire, d’une disgrâce, que pour bien des raisons, il ne méritait certainement pas. » La compagnie a peut-être jugé qu’il se montrait trop généreux à l’égard de la famille de son épouse. Lui-même était peut-être mécontent que la CNO ait réduit ses émoluments après avoir absorbé la NCNO. Quand il quitte la compagnie, Charles Ermatinger reçoit 600 £ et s’engage à ne pas s’engager dans la traite au détriment de la CNO pendant septans.

Malgré cette entente, Charles Ermatinger construit un poste de traite à Sault Ste. Marie, sur la rive nord (canadienne) de la rivière St. Marys, à peu près 2,5 km en aval des rapides où se trouve le poste de la CNO. Son frère Frederick William est son agent à Montréal. Charles Ermatinger est familier avec la région, ayant déjà travaillé pour un poste de la CNO du côté états-unien. L’entreprise est immédiatement profitable. Vers 1812, il emploie 50 personnes.

Maison de Charles Ermatinger

La vieille maison de pierre de Charles Ermatinger, dans le lieu historique national Ermatinger-Clergue, à Sault Ste. Marie, Ontario.
(Photo de
Fungus Guy/Wikimedia CC)


Guerre de 1812

Les frictions grandissantes entre la Grande-Bretagne et les États-Unis conduisent à l’adoption du Non-Intercourse Act, par le gouvernement américain en 1809. Cette loi a été conçue pour entraver les activités des négociants de fourrure canadiens sur le territoire des États-Unis. Charles Ermatinger poursuit ses activités au sud de la Rivière St.Marys, faisant concurrence à la compagnie de fourrure américaine de John Jacob Astor.

Le 17 juillet 1812, Charles Ermatinger est capitaine de milice dans l’expédition de Charles Roberts contre le fort américain de Michilimackinac. Charles Roberts reconnaît que c’est grâce à Charles Ermatinger et à son excellente connaissance de la région qu’il a réussi à prendre le poste sans effusion de sang. Pendant l’été 1814, Charles Ermatinger est fait prisonnier par les troupes américaines qui pillent le côté britannique de Sault Ste. Marie. Ses bâtiments font partie de ceux qui ne sont pas détruits, et il est libéré peu après.

Activités après la guerre

Après la guerre, Charles Ermatinger prospère à Sault Ste. Marie. Selon l’auteur et explorateur Gabriel Franchère, qui arrive dans la région le 31 juillet 1814, il possède une ferme, un moulin à vent et une « très élégante maison » en pierre.

Vers 1816, Charles Ermatinger est juge de paix à Sault Ste.Marie et agent de lord Selkirk, de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Il met sur pied une route express vers l’Ouest pour la compagnie, avec Sault Ste. Marie comme point de relais, et assurant l’approvisionnement de la Colonie de la rivière Rouge de lord Selkirk. Celui-ci se trouve dans la maison de Charles Ermatinger lorsqu’il apprend la mort du gouverneur Robert Semple et de vingt hommes de la CBH. (Voir Bataille de la Grenouillère.)

En 1816, le gouvernement américain vote l’Exclusion Act afin de décourager les étrangers de faire de la traite sur le sol américain. Malgré cela, Charles Ermatinger poursuit avec succès ses activités au sud de la frontière pendant plusieurs années, se liant d’amitié avec des représentants américains et faisant des affaires par l’intermédiaire de son beau-père ojibwé. Toutefois, le gouvernement américain finit par révoquer ses permis. En 1822, son poste sur le côté américain de Sault Ste.Marie est exproprié pour construire un fort militaire. Charles Ermatinger continue à pratiquer la traite dans le territoire américain, mais à un moindre degré.

Les commerçants de fourrure à Montréal

George Agnew Reid | (avec la permission de George Agnew Reid/Bibliothèque et Archives Canada/no. d'acc. 1990-329-1)


Retour à Montréal et décès

En 1827, le frère de Charles Ermatinger Frederick meurt, lui laissant une importante propriété à Longue-Pointe sur l’île de Montréal. Les conditions économiques à Sault Ste. Marie se sont détériorées à la suite de la fusion de la Compagnie du Nord-Ouest et de la Compagnie de la Baie d’Hudson, ce qui amène Charles Ermatinger à prendre sa retraite. Il déménage à Montréal avec sa femme et ses enfants. En 1832, Charlotte et Charles sont officiellement mariés devant l’Église. Il meurt l’année suivante.