Judy Gingell | l'Encyclopédie Canadienne

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Judy Gingell

Judy B. Gingell (née Smith), C.M., OY, cheffe des Premières Nations, commissaire du Yukon, aînée (née le 26 novembre 1946 près de Rancheria, au Yukon). Judy Gingell est une aînée et membre de la Première Nation Kwanlin Dün (voir aussi Premières Nations au Yukon). Elle est depuis des décennies une figure de proue de l’avancement des droits des Autochtones au Yukon. Elle a occupé des postes de direction dans de nombreuses organisations des Premières Nations. À titre de présidente du Conseil des Indiens du Yukon (aujourd’hui le Conseil des Premières Nations du Yukon), elle a négocié et signé des accords visant à accorder aux Premières Nations du Yukon des revendications territoriales et d’autonomie gouvernementale (voir aussi Premières Nations autogouvernantes au Yukon). Elle a été la première personne autochtone nommée commissaire du Yukon.

L'aînée Judy Gingell

Jeunesse et formation

L’aînée Judy Gingell naît de Johnny et Annie Smith sur la concession de piégeage de ses grands-parents près de Rancheria, à quelque 320 km à l’est et au sud de Whitehorse. Elle est l’aînée d’une grande famille de huit enfants. Elle est membre de la Première Nation Kwanlin Dün (voir aussi Premières Nations au Yukon).

La jeune Judy Gingell et sa famille vivent de la terre et parcourent le Yukon au fil des saisons. Ils s’établissent à Whitehorse lorsqu’elle atteint l’âge scolaire. Judy Gingell est une survivante des pensionnats indiens. Elle commence à fréquenter le pensionnat baptiste de Whitehorse en 1951 et se rappelle avoir été amenée à avoir honte de son héritage et de son identité autochtones. Détestant les règlements stricts, elle quitte l’école à l’âge de 16 ans. Elle s’inscrit plus tard dans une école technique professionnelle, la Yukon Vocational School à Whitehorse, pour y suivre un cours de comptabilité.

Sortir du système des pensionnats et comprendre ce qui s’y est passé et qui n’aurait jamais dû se produire vous donne la force et les connaissances nécessaires pour aller de l’avant et faire une différence afin que cela n’arrive plus jamais à notre peuple, ni même à aucun autre être humain.
- Judy Gingell, aînée


Carrière

En 1969, l’aînée Judy Gingell travaille comme commis comptable lorsqu’on lui propose de devenir cheffe de bande de la Première Nation Kwanlin Dün. Cette même année, elle devient directrice fondatrice du Conseil des Premières Nations du Yukon. Elle y occupe le poste de secrétaire-trésorière et est à l’époque la seule femme de l’équipe de direction.

Tout au long de sa carrière, Judy Gingell joue un rôle actif au sein de nombreuses organisations autochtones. Dans les années 1970 et 1980, elle est membre du personnel de direction de l’Association des femmes autochtones du Yukon (Yukon Indian Women’s Association) et directrice fondatrice de la Radiodiffusion autochtone du Nord (Northern Native Broadcasting). En 1980, elle devient présidente de la Société de développement des Indiens du Yukon (Yukon Indian Development Corporation). Elle quitte son poste en 1989 lorsqu’elle est élue présidente du Conseil des Indiens du Yukon (aujourd’hui le Conseil des Premières Nations du Yukon).

De 1995 à 2000, Judy Gingell est commissaire du Yukon. Elle continue par la suite de jouer un rôle de premier plan au sein de sa collectivité. Elle est membre du conseil d’administration, présidente et vice-présidente du Réseau de télévision des peuples autochtones (APTN). Judy Gingell siège à de nombreux conseils d’administration, dont ceux du Collège du Yukon, du Conseil économique du Yukon (Yukon Economic Council), de la Maison de transition pour femmes du Yukon (Yukon Women’s Transition Home), de la société Han Fisheries Ltd. et de la régie du logement Grey Mountain Housing Society. Elle occupe également des postes de direction au sein du Projet des enfants disparus des pensionnats indiens du Yukon (Yukon Residential Schools and Missing Children Project), de la Première Nation de Kluane, du Cercle des femmes autochtones de Whitehorse (Whitehorse Aboriginal Women’s Circle) et de la Société de développement de la Première Nation Kwanlin Dü (Kwanlin Development Corporation).

Revendications territoriales et autonomie gouvernementale

Parmi les causes défendues par l’aînée Judy Gingell figurent les revendications territoriales et les accords d’autonomie gouvernementale pour les Premières Nations du Yukon (voir aussi Premières Nations autogouvernantes au Yukon). En tant que secrétaire-trésorière de la Fraternité des Autochtones du Yukon, elle est envoyée à Ottawa en 1973 pour représenter une délégation de dirigeants des Premières Nations du Yukon. La délégation a pour objectif d’entamer des discussions visant à donner aux Premières Nations du Yukon une autorité autonome au moyen d’un traité moderne. La délégation présente au premier ministre Pierre Trudeau et au ministre des Affaires indiennes Jean Chrétien un document intitulé Together Today for Our Children Tomorrow (Ensemble aujourd’hui pour nos enfants de demain). Ce document expose les griefs de la délégation et les solutions qu’elle préconise. À l’occasion du 45e anniversaire de la délégation, l’aînée évoque sa motivation : « Nous ne voulions pas que l’avenir subisse ce que nous avions vécu. Ce n’était pas une façon très agréable de vivre et nous voulions l’améliorer. ».

La délégation et le document servent de catalyseur au mouvement en faveur de l’accord sur les revendications territoriales au Yukon. Pendant les deux décennies suivantes, le gouvernement fédéral et les dirigeants des Premières Nations du Yukon négocient des ententes visant à donner de l’argent, des terres et des droits sur certaines ressources aux collectivités des Premières Nations du territoire.

Judy Gingell est présidente du Conseil des Indiens du Yukon (aujourd’hui le Conseil des Premières Nations du Yukon) au moment de la mise au point de nombreux accords importants sur les revendications territoriales. L’Accord-cadre définitif établit un cadre permettant aux Premières Nations du Yukon d’établir leurs propres accords définitifs et de régler les questions relatives aux terres, à l’indemnisation et à l’autonomie gouvernementale. Au cours de son mandat au Conseil des Indiens du Yukon, Judy Gingell est la négociatrice en chef des accords définitifs sur les revendications territoriales et l’autonomie gouvernementale pour quatre Premières Nations du Yukon. En tant que présidente, elle signe en 1993 l’accord-cadre et les quatre accords définitifs qui passent en loi en 1995. Son leadership marque le début d’une ère où les Premières Nations du Yukon reprennent le contrôle de leur propre gouvernance : 11 des 14 Premières Nations ont maintenant signé des ententes sur l’autonomie gouvernementale.

Si les accords ont apporté une certitude à notre peuple, ils nous ont également permis d’assurer notre prospérité économique… Plus important encore pour nous, les accords représentent un partenariat et une entente entre les gouvernements : Canada, Yukon et Premières Nations, au sujet de nos relations futures.
– Judy Gingell, aînée


Commissaire du Yukon

Le 12 juin 1995, le premier ministre Jean Chrétien nomme l’aînée Judy Gingell commissaire du Yukon. Elle est la première personne autochtone à occuper le poste. La fonction de commissaire du Yukon évolue depuis sa première nomination en 1897. Bien qu’il soit à l’origine chargé de superviser l’administration du gouvernement territorial, ce rôle devient, à compter du milieu du XXe siècle, plus cérémoniel, semblable à celui des lieutenants-gouverneurs provinciaux.

En tant que commissaire, Judy Gingell est notamment chargée de signer des cessions de terres et d’autres documents juridiques, d’ouvrir l’Assemblée législative du Yukon et de sanctionner des lois. Elle ne travaille pas dans un cadre strictement autochtone pour la première fois de sa carrière, mais elle utilise son poste pour accentuer la place des peuples des Premières Nations et de leur culture au Yukon. L’une des pièces maîtresses de son mandat, c’est l’organisation du potlatch de la commissaire, une célébration de trois jours à Whitehorse. Elle porte des vêtements d’apparat lors d’événements et ses armoiries en tant que commissaire portent une devise en tutchone du sud qui signifie « Tisser un avenir meilleur ».

Prix et récompenses