Pionniers noirs de la révolution américaine | l'Encyclopédie Canadienne

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Pionniers noirs de la révolution américaine

L’unité des Pionniers noirs était une unité provinciale (c’est-à-dire recrutée localement) de l’armée britannique durant la Révolution américaine. Elle était la seule unité noire de l’établissement provincial. La plupart des membres de la compagnie étaient d’anciens esclaves qui avaient fui leurs propriétaires patriotes (rebelles) en réponse aux promesses de liberté des Britanniques. Bien que certains soldats noirs aient combattu pendant la guerre, les Pionniers fournissaient du soutien en matière de construction et d’ingénierie à l’armée britannique. Après la guerre, ils ont fait partie des milliers de loyalistes noirs qui ont été transportés en Nouvelle-Écosse.

Néo-écossais noirs

Contexte : la Révolution américaine

La Révolution américaine (de 1775 à 1783) est une rébellion de treize colonies britanniques le long de la côte est de l’Amérique du Nord. Lorsqu’arrive la fin de la guerre, les colonies ont réussi à conquérir leur indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne et elles forment alors les États-Unis d’Amérique. Les coûts sont élevés : des dizaines de milliers de personnes meurent au cours des combats, tandis que de nombreuses autres succombent à des maladies. De plus, la révolution oppose les colons les uns envers les autres, dont certains restent fidèles au gouvernement britannique.

Durant la guerre, les loyalistes forment des unités « provinciales » qui combattent aux côtés des soldats britanniques. Ces unités sont soumises à la discipline militaire britannique et elles reçoivent la même paie, les mêmes provisions, armes et munitions que les unités régulières britanniques. Des milliers de loyalistes non combattants se tournent également vers les forces britanniques pour obtenir une protection pendant et après le conflit. Ceci inclut des milliers de Noirs asservis qui fuient vers les lignes britanniques durant la guerre.

La Dunmore’s Proclamation (1775) et le régiment éthiopien

À l’époque, on compte environ 450 000 personnes asservies dans les treize colonies. De nombreux colons patriotes et loyalistes dépendent du travail des esclaves pour gérer leurs fermes et leurs entreprises. En novembre 1775, le comte de Dunmore, gouverneur royal de Virginie, déclare la loi martiale et il offre la liberté à tous les esclaves (appartenant à des rebelles) qui se battent pour la cause du roi.

Près de 300 personnes s’inscrivent au « régiment éthiopien » du comte de Dunmore au cours du premier mois seulement. La majorité d’entre elles sont des personnes en fuite venues de Virginie et du Maryland. Le régiment compte environ 800 hommes, mais il subit d’importantes pertes en raison d’épidémies de variole et de fièvre. Le 9 décembre 1775, les « Éthiopiens » combattent dans la bataille de Great Bridge en Virginie, que les Britanniques perdent. Lorsque le comte de Dunmore est contraint d’abandonner la Virginie en 1776, environ 300 hommes, femmes et enfants noirs l’accompagnent; près de 150 d’entre eux sont des soldats. Le régiment éthiopien se dissout peu après avoir atteint Staten Island en août 1776.

Les Pionniers noirs

En 1776, la même année de la dissolution du régiment éthiopien, une nouvelle unité noire est formée. L’unité des Pionniers noirs est la seule unité noire de l’établissement provincial et elle est créée par le général britannique Henry Clinton. En avril 1776, une expédition dirigée par Henry Clinton arrive en Caroline du Nord; des loyalistes blancs et noirs se joignent rapidement à eux. Henry Clinton enrôle 71 Noirs dans une unité pionnière; la plupart viennent de Caroline du Nord et de Caroline du Sud, tandis que quelques autres viennent de Géorgie.

Les Pionniers fournissent à l’armée britannique un important soutien en matière d’ingénierie et de construction. Ils participent notamment à la construction de fortifications, à l’entretien des bâtiments (par exemple les casernes), à l’élimination d’obstacles, au creusement de latrines et à l’approvisionnement de l’armée en bois et autres provisions. Cependant, les Pionniers ne sont pas armés et ils ne combattent pas. Ils reçoivent la même paie que les autres soldats britanniques et provinciaux.

Bien que les officiers commissionnés de l’unité soient blancs, les sous-officiers sont noirs. Henry Clinton demande aux officiers de traiter les hommes « avec compassion et humanité »; il promet également qu’il fera de son mieux pour les libérer à la fin de la guerre. L’effectif de la compagnie est d’environ 50 à 60 hommes tout au long de la guerre. Bien que de nouvelles recrues se joignent à l’unité alors qu’elle est stationnée à Newport, New York et Philadelphie, elles sont là pour remplacer les hommes perdus en raison de la fatigue et de la maladie.

Service de 1776 à 1783

La campagne britannique dans les Carolines prend fin lors de l’été 1776, et les forces de Henry Clinton, y compris les Pionniers noirs, naviguent vers New York pour se joindre à l’armée dirigée par le commandant en chef britannique sir William Howe. Les Pionniers font partie des forces britanniques qui capturent New York (en novembre 1776) et Newport dans le Rhode Island (en décembre 1776). Ils sont en poste en 1777-1778 à Philadelphie, où ils sont chargés de nettoyer les ordures de la ville.

En mai 1778, Henry Clinton devient le nouveau commandant en chef des forces britanniques en Amérique. Ses ordres sont d’abandonner Philadelphie et de concentrer ses forces britanniques à New York. Lorsqu’il transfère le quartier général britannique à New York cet été-là, les Pionniers noirs accompagnent le reste de l’armée.

En décembre 1779, les Pionniers noirs quittent New York, faisant partie d’une importante force britannique destinée à aller au sud. En mars, les Britanniques atteignent Charleston en Caroline du Sud, et ils commencent à assiéger la ville. Il est très probable que les Pionniers aient participé aux travaux de terrassement pendant le siège qui dure de mars à mai 1780. Charleston tombe aux mains des Britanniques le 12 mai 1780 et Henry Clinton retourne à New York, emmenant avec lui une partie de l’armée, incluant la plupart des Pionniers noirs. Ils y restent durant le reste de la guerre, mais ils ne servent que très peu en tant qu’unité militaire. Au lieu de cela, les membres des Pionniers noirs sont affectés à des officiers britanniques de haut rang en tant que serviteurs, cuisiniers et commerçants.

Réinstallation

À la fin de la guerre en 1783, les propriétaires d’esclaves patriotes tentent de récupérer leurs anciens esclaves. Même si la Grande-Bretagne a perdu la guerre, le nouveau commandant en chef britannique, sir Guy Carleton, veut tenir la promesse de liberté de Henry Clinton. On estime que 3000 hommes, femmes et enfants noirs sont évacués de New York entre avril et novembre 1783.

Les Pionniers noirs sont parmi les dernières unités provinciales à quitter New York et ils s’embarquent en novembre 1783 pour la Nouvelle-Écosse. Plusieurs d’entre eux s’installent à Brindley Town près de Digby. En tant que soldats provinciaux, on leur a promis des concessions gratuites de terres. Cependant, ils reçoivent des allocations et des provisions plus petites que les soldats blancs provinciaux. Le sergent pionnier Thomas Peters devient le porte-parole des loyalistes noirs frustrés en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick. Il contribue finalement au recrutement et à l’organisation de la migration de 1200 colons noirs de la Nouvelle-Écosse vers Freetown en Sierra Leone, en 1792.