Traité de l’île Michilimackinac, Nº 1 (1781) | l'Encyclopédie Canadienne

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Traité de l’île Michilimackinac, Nº 1 (1781)

En mai 1781, les Anichinabés (Chippewas/Ojibwés) de la région du détroit de Mackinac ont cédé l’île Mackinac aux Britanniques (voir aussi Les cessions de terres du Haut-Canada). Le traité a été répertorié à la fois par écrit et sur un wampum. Les traditions juridiques anichinabées et britanniques ont été utilisées pour confirmer le transfert de la propriété de l’île à la Couronne britannique. Cet accord a confirmé l’utilisation et l’occupation britannique de l’île où une nouvelle fortification et un nouveau village étaient en construction.

Contexte

En 1775, la violence éclate entre les 13 colonies et la Grande-Bretagne. Par conséquent, le détroit de Mackinac devient stratégiquement important. À l’époque, le Fort Michilimackinac est un fort britannique situé sur la rive sud du détroit. Il sert de poste de traite et de centre diplomatique. Les commandants du fort utilisent l’endroit pour renforcer les alliances. Ils encouragent les peuples autochtones à combattre les Américains ou à rester neutres. En 1778 et 1779, le succès des Américains à l’extrémité sud du lac Michigan rend les Britanniques très conscients de la vulnérabilité du fort. Il a une palissade de bois exposée et un port qui n’est pas à l’abri.

Patrick Sinclair, le lieutenant-gouverneur et surintendant de Michilimackinac, arrive en 1779. Il commence rapidement à établir des plans pour déplacer les Britanniques dans un endroit où la position est plus favorable. Après son arrivée, Patrick Sinclair, accompagné d’un maçon, d’un charpentier, d’un briquetier, et d’un fermier, arpente l’île Mackinac. Ils y localisent un bon port, que Patrick Sinclair nomme Haldimand Bay. Ce port est défendable. Une fortification pourrait y être construite sur le promontoire dominant. Le port contient également tout le nécessaire pour construire un nouveau fort et un village: du bois, des pierres, de l’argile, et des terres arables. À la suite de cet arpentage, Patrick Sinclair dessine des plans pour le nouveau fort et il les envoie au gouverneur Frederick Haldimand au Québec. Plutôt que d’accepter la proposition de Patrick Sinclair de donner au fort prévu le nom du gouverneur, Frederick Haldimand ordonne qu’il soit nommé Fort Mackinac.

Avant d’entreprendre le défrichement des terres ou toute construction, le lieutenant-gouverneur a besoin de la permission des Anichinabés. Patrick Sinclair planifie de construire un quai et un village à Haldimand Bay à l’extrémité sud de l’île. Les Anichinabés utilisent cet endroit comme lieu de rassemblement depuis des générations. De plus, les falaises où il prévoit de créer une fortification ont une importance spirituelle pour les Anichinabés. Alors, Patrick Sinclair embauche Charles Gautier pour présenter le wampum aux Anichinabés locaux afin d’obtenir la permission d’utiliser les ressources de l’île. Le chef accepte de permettre aux Britanniques de « couper quelques buissons cet hiver ». Patrick Sinclair commence immédiatement à défricher les terres où il a l’intention de construire le fort.

Au cours de l’hiver 1780, Patrick Sinclair emploie des soldats, des employés du ministère des Affaires indiennes (voir Ministères fédéraux des Affaires autochtones et du Nord), et des marchands passant l’hiver au Fort Michilimackinac. Ils travaillent à défricher les terres pour le nouveau village et le fort, ils scient du bois, taillent des pierres, et fabriquent du mortier. Comme l’armée britannique n’a pas envoyé d’ingénieur pour aider Patrick Sinclair, il conçoit le fort seul et nomme le capitaine Samuel Richardson superviseur de la construction quotidienne. Patrick Sinclair emploie des marchands et leurs employés, ainsi que des troupes britanniques pour construire le fort et aider à l’aménagement du village. Il demande aux troupes de démonter les baraques, le magasin du roi, et le poste de garde de l’île, et de tout déplacer. Pour encourager les habitants à se reloger au nouveau site du village, il fait démonter et réassembler leur église sur l’île. Lors de l’été 1781, les troupes britanniques déménagent du continent sur l’île.

L’entente avec les Anichinabés ne comprend que le débroussaillage. Même si Patrick Sinclair considère que l’entente originale est complète, le lieutenant-gouverneur désire obtenir une reconnaissance plus officielle de l’occupation de l’île Mackinac. Selon l’historien régional Stanley Newton, les Anichinabés croient que Patrick Sinclair a violé l’entente originale, alors ils contestent l’occupation de l’île, et ils menacent les troupes britanniques en 1780. Au cours du printemps de 1781, Patrick Sinclair et les Anichinabés parviennent à un accord concernant l’île Mackinac. Après avoir assemblé un conseil de traité conformément aux instructions de la Proclamation royale de 1763, Patrick Sinclair obtient le consentement des Anichinabés pour céder ou transférer l’île à la Grande-Bretagne. Pour confirmer cet accord, Patrick Sinclair présente une ceinture wampum de sept pieds de longueur aux chefs Anichinabés pour commémorer la reddition, ainsi que deux titres identiques. Les chefs Kitchie Negon, Pouanas, Koüssie et Magoussehigan acceptent le wampum et signent les deux titres avec leurs marques totémiques. Patrick Sinclair, John Mompessor, R.B. Brooke, et John Robert McDougall signent au nom de l’armée britannique et du roi. Matthew Lessey, David Rankin, Henry Bostwick, Benjamin Lyon, Étienne Campion, et Pierre Antonie Tabeau signent en tant que colons témoins.

Finalement, la perte de Fort Mackinac et de l’île sous les termes du Traité de Paris de 1783, et ensuite du Traité Jay de 1794, force les Britanniques à chercher un nouvel emplacement stratégique dans la région supérieure des Grands Lacs. Ils s’installent éventuellement sur l’île Saint-Joseph du lac Huron en 1796.

Termes du traité et négociations

Patrick Sinclair consigne la reddition de l’île Mackinac dans deux titres identiques. Les documents sont signés par lui-même ainsi que par des représentants de la communauté militaire et civile. Les Anichinabés placent leurs totems sur les documents pour démontrer leur acceptation. Une copie de titre est envoyée au gouverneur du Québec alors que l’autre copie demeure au poste. Conformément aux protocoles anichinabés, les chefs reçoivent une ceinture wampum de sept pieds de longueur qu’ils conservent. Les titres et le wampum sont censés servir à « perpétuer, garantir et commémorer ladite transaction dans notre nation à tout jamais dorénavant ». De plus, les chefs, au nom de leurs peuples, acceptent la somme de 5000 livres en devise de New York sous la forme de divers biens de commerce en tant que paiement pour la reddition.

Le saviez-vous?
Après la signature des deux titres de l’île Mackinac, l’un des titres a été envoyé au gouverneur du Québec et l’autre est demeuré au fort. Le titre qui est demeuré au fort a été perdu peu après sa signature. En 1957, le titre a été trouvé en Écosse, et a été éventuellement donné à l’Université du Michigan.


Legs et importance

Le Traité de l’île Michilimackinac crée une occupation durable des colons sur l’île Mackinac. De plus, l’obtention de l’île entière pour les militaires, la traite, et la colonisation sert de précédent au Traité de l’île Saint-Joseph (nº 11) en 1796.

Fort Mackinac

L’île Mackinac est transférée aux États-Unis en 1796. Par la suite, elle est reprise et détenue par les Britanniques tout au long de la guerre de 1812 (voir aussi La bataille de l’île Mackinac). L’île revient aux États-Unis à la fin de la guerre. Son importance en tant que poste militaire, centre de traite, et plaque tournante du transport maritime décline tout au long du 19e siècle. Après la fin de la guerre civile, le tourisme devient le centre de l’économie de l’île. En 1875, l’île Mackinac devient le deuxième parc national aux États-Unis. En 1895, le gouvernement fédéral américain transfère ses terres de l’île Mackinac au Michigan, faisant ainsi de l’île Mackinac et du Fort Mackinac le premier parc d’État. Aujourd’hui, le parc d’État, le village, et le fort continuent d’attirer des touristes sur l’île qui désirent en apprendre davantage sur son histoire, qui est un aspect clé de la reddition de 1781.

Lecture supplémentaire

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