Communauté marocaine au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Communauté marocaine au Canada

Selon le recensement de 2016, on compte 103 940 personnes d’origine marocaine au Canada. Avec une population de 85 940 personnes vivant au Québec, près de 82.6 % des Marocains et Marocaines du pays résident dans la province à majorité francophone.

Immigration marocaine au Canada

La première cohorte de la communauté marocaine arrive au Canada dès les années 1950. Celle-ci est majoritairement de confession juive, car elle fuit le Maroc à la fin du protectorat français qui mène à l’indépendance du pays en 1956. Cette tendance migratoire se renouvelle durant les guerres israélo-arabes, notamment en 1967 avec la guerre des Six Jours. Cette cohorte d’immigration, qui s’établit majoritairement au Québec, se poursuit jusqu’à 1980 environ.

Avec l’ouverture de la politique d’immigration du Canada à la fin des années 1960, les ressortissants et ressortissantes de pays comme le Maroc peuvent immigrer plus facilement. Ottawa (voir Gouvernement fédéral) ne sélectionne plus selon l’origine, mais bien selon les compétences professionnelles et linguistique, les études et les liens familiaux.

Ayant été un événement phare pour le rayonnement du Québec, l’Expo 67 attire des personnes du monde entier, y compris celles en provenance du Maghreb. Des touristes d’origine marocaine ainsi qu’une importante délégation marocaine qui comprend une dizaine de dignitaires voyagent pour l’occasion à Montréal. Suite à l’événement, des étudiants et étudiantes d’origine maghrébine de même que des personnes issues du monde des affaires et du monde artistique affluent dans la province.

Les premiers Marocains et Marocaines de confession musulmane arrivent au pays à partir des années 1970. Vers la fin des années 1990, l’immigration marocaine à majorité musulmane s’intensifie. Face à la fermeture des pays européens et aux difficultés socioéconomiques qui s’accentuent au Maroc, ce groupe se dirige surtout vers le Québec et plus particulièrement Montréal.

En plus de cela, en 1979, Québec et Rabat signent une entente pour faciliter les démarches aux étudiants et étudiantes d’origine marocaine et réduire leurs frais de scolarité. En 2018, Ottawa met en place le Volet direct pour les études (VDE). Grâce à ce programme, les personnes étudiantes peuvent obtenir un permis d’études plus rapidement à condition de répondre à certaines conditions, dont le fait de posséder 10 000 $.

La province québécoise acquiert peu à peu plus de prérogatives en matière d’immigration et, grâce à l’Accord Canada-Québec de 1991, peut sélectionner et gérer les programmes d’immigration économique (voir Politique d'immigration québécoise). Le regroupement familial et l’immigration humanitaire (voir Politique canadienne sur les réfugiés) restent dans les prérogatives fédérales. Pour le Québec, c’est l’occasion de prioriser les personnes jeunes, scolarisées et surtout francophones, trois critères auxquels répondent les migrants et migrantes d’origine marocaine. Selon l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011, 96 % des Maghrébins et Maghrébines vivant au Québec parlent français.

En plus d’être majoritairement francophone, la communauté marocaine installée au Canada est jeune, très scolarisée et expérimentée dans leur domaine puisqu’ils arrivent majoritairement grâce à l’immigration économique. Les Marocains et Marocaines qui s’installent au Canada ont des identités variées en matière de religion, de mode de pratique du culte, de langue parlée, etc..

La croissance de l’immigration se poursuit dans les années 2000. Les politiques et dispositions accélèrent l’immigration des personnes d’origine marocaine au Québec, si bien que le Maroc devient le deuxième pays de naissance des personnes immigrantes admises entre 2008 et 2012 : 9,5 % étaient nées au Maroc, juste derrière l’Algérie (9.6 %), selon les statistiques du gouvernement du Québec. La situation évolue vers le bas les années suivantes : le Royaume du Maroc devient le 8e pays de naissance des personnes immigrantes admises entre 2015 et 2019. En 2018, après avoir été en projet pendant près de 15 ans, le gouvernement du Québec installe le Bureau du Québec à Rabat, son seul bureau en Afrique du Nord.

Intégration

Face à ces mesures de soutien qui font croître l’immigration, la communauté marocaine, et plus largement les groupes d’origine maghrébine, fait face à des difficultés. Sélectionnées pour leurs diplômes et leur expérience, les personnes immigrantes sont confrontées à des problèmes tels que la non-reconnaissance de leur diplôme et des compétences et expériences de travail acquises à l’étranger. Ce problème les pousse à travailler dans d’autres domaines (souvent moins payant) ou à reprendre leurs études.

Parallèlement, dès la fin des années 2000, le climat social se crispe au Québec et les tensions montent autour des questions de religion, d’identité, d’immigration (voir : Le 11 septembre et le Canada; Islamophobie au Canada; Laïcité au Québec) et de xénophobie aussi.

Il en résulte qu’en 2008, le taux de chômage des personnes d’origine maghrébine arrivées il y a moins de 5 ans au Québec atteint 27,9 % ― un record. Comparativement, à la même période, le taux de chômage de toutes les personnes immigrantes arrivées il y a moins de 5 ans est de 17,4 % et celui de la population née au Québec est de 5,5 %.

Dans le reste du Canada, le taux de chômage des personnes originaires du Maghreb et d’Afrique du Nord est également plus élevé que celui de la population canadienne. En 2016, le taux de chômage des personnes marocaines est de 12,3 % comparé à 7,3 % pour les personnes n’appartenant pas à une minorité visible. Plus largement, en mars 2022, les Canadiens et Canadiennes d’origine arabe souffrent du deuxième taux de chômage le plus élevé des minorités visibles avec 8,2 %. Comparativement, le taux de chômage pour l’ensemble de la population canadienne est de 5,3 %.

Vie communautaire, culturelle et sociale

La population marocaine au Canada crée une multitude d’associations, d’organismes et de groupes sur les réseaux sociaux, concentrés surtout au Québec. Par exemple, plusieurs écoles marocaines sont mises en place, dans le but de proposer des cours de langue, de culture et de religion. Le Congrès Maghrébin au Québec est fondé en 2009 dans l’objectif de soutenir l’intégration des personnes d’origine maghrébine dans la société québécoise. Le centre culturel marocain Dar Al Maghrib à Montréal est inauguré en 2012 et devient le premier centre de son genre en Amérique du Nord. Il est d’ailleurs soutenu par le gouvernement marocain.

Avec l’immigration grandissante des personnes maghrébines au Québec, un quartier est inauguré en 2009, le Petit Maghreb, situé à Montréal dans le quartier de Saint-Michel. On y trouve plusieurs commerces maghrébins, mais seulement une fraction de la population marocaine et maghrébine y réside.

Ailleurs au Canada, des organismes comme l’Association Marocaine de Toronto, Moroccan Jews in Canada ou Morocco House à Vancouver permettent aux Marocains et Marocaines de se réunir, de se soutenir dans leur immigration et leur intégration. Ces institutions font aussi rayonner leur culture dans leur pays d’accueil.

Il existe aussi plusieurs médias marocains, comme les pages web Maghreb Canada Express et le Groupe Atlas Média.