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Islam

L’islam est une des principales religions dans le monde. C’est celle qui fait preuve de la croissance la plus rapide a l’echelle mondiale et canadienne. Elle compte 1,6 milliard de fideles disperses un peu partout au monde, avec une concentration plus dense en Asie du Sud et en Asie centrale, au Moyen-Orient, ainsi qu’en Afrique de l’Est et du Nord. En 2021, il y avait près de 1,8 million de personnes musulmanes au Canada (4,9 % de la population).

Calgary mosque, April 29, 2010

Islam

L’islam est une des principales religions dans le monde. C’est celle qui fait preuve de la croissance la plus rapide à l’échelle mondiale et canadienne. Elle compte 1,6 milliard de fidèles dispersés un peu partout au monde, avec une concentration plus dense en Asie du Sud et en Asie centrale, au Moyen-Orient, ainsi qu’en Afrique de l’Est et du Nord. Le mot « islam » est dérivé du mot arabe silm, qui signifie soumission, obéissance, abandon et paix. Les fidèles de l’islam, appelés musulmans, croient que l’islam est la religion de Dieu (Allah), décrétée par Lui à une succession de prophètes, dont Abraham, Moïse, Jésus et Mohammed afin de guider l’humanité. Les fidèles de ces prophètes plus anciens sont donc considérés comme croyant au même message divin.

Accepter l’islam, c’est choisir de vivre selon la volonté révélée de Dieu, de s’abandonner à Lui et à son jugement, et d’être vertueux. L’observance individuelle et collective des doctrines de la foi, en association avec le message islamique selon lequel tous les hommes sont égaux, conduit à l’élimination des discordes. Les enseignements de l’islam sont consignés dans le Livre d’Allah, le Coran. Les textes sacrés musulmans auraient été révélés par Dieu, par l’intermédiaire de l’ange Gabriel, en arabe, au prophète Mohammed entre 610 (alors qu’il avait 40 ans) et 632 (l’année de sa mort). Ces enseignements guident les musulmans dans leurs pratiques et leurs croyances.

Les musulmans doivent être fidèles aux commandements de la charia (la loi islamique), qui dicte les droits et les responsabilités exprimés par un système juridique et éthique complexe élaboré et amélioré au cours des derniers siècles. La charia est issue principalement du Coran et de la prise de Mohamet comme modèle (la sunna). Elle définit ce qui est halal (comportement acceptable) et haram (comportement défendu). Même s’il n’y a ni clergé ni sacrement dans la religion islamique, les commandements divins imposent tout de même certaines pratiques rituelles. Cinq pratiques religieuses souvent appelées « piliers de l’islam » incombent à tous les fidèles, soit le témoignage de la foi, la prière régulière, le don de bienfaisance annuel, le jeûne pendant le mois sacré du ramadan, et un pèlerinage aux lieux saints à La Mecque (une ville de l’Arabie saoudite) au cours de la vie d’un musulman. Afin d’éviter le formalisme, chacune présuppose une intention consciente de purification qui sert à rappeler au fidèle sa relation avec Dieu.

Pratique de la religion

La chahada (affirmation de la foi) est un témoignage de foi succinct et détaillé devant être affirmé et récité et pris en compte par tous les musulmans. En arabe cette formule veut dire : « Je témoigne qu’il n’y a d’autres divinités que Dieu et que Mohammed est le messager de Dieu ». Cette formule atteste un monothéisme radical et spécifie que la révélation à Mohammed est l’ultime vérité. On murmure cette formule à l’oreille du nouveau-né pour lui rappeler un engagement primordial conclu par chaque individu avec Dieu, de même qu’à l’oreille du défunt en préparation au jugement divin.

La salat (prière rituelle) est prescrite aux fidèles cinq fois par jour (à l’aube, à midi, dans l’après-midi, au crépuscule et à la nuit tombée) et doit se faire le corps tourné en direction de La Mecque. Par la prière, la vie quotidienne se place sous le sceau de la dévotion à Dieu. Elle doit être précédée par la pureté du cœur, de l’esprit et du corps, par conséquent des gestes rituels d’ablutions sont nécessaires. Les prières impliquent des récitations liturgiques effectuées debout, agenouillé ou prosterné.

La zakat (la dîme) est un acte de purification. Le Coran enseigne que la prière et la dîme vont de pair. L’engagement auprès de Dieu est incomplet sans les obligations envers la communauté. La dîme est fixée à 2,5 % de la somme des biens d’une personne et doit être versée aux pauvres, aux veuves et aux orphelins ou à des œuvres caritatives.

Pendant le saoum (jeûne du mois lunaire du ramadan, qui dure 29 ou 30 jours), les croyants évitent de manger, de boire et de faire l’amour dès l’aube, ou plutôt avant l’aube, c’est-à-dire du moment où on ne peut distinguer un fil blanc d’un fil noir, jusqu’au crépuscule. Le mois du ramadan est le 9e mois du calendrier islamique; l’Id-al-Fitr marque la fin du ramadan et le premier jour du Shawal, soit le 10e mois du calendrier islamique. ( Voir Fêtes religieuses.) Le temps que dure le jeûne est un temps de pénitence et de discipline; l’expérience de la privation, mais aussi la gratitude et la célébration qui caractérisent la fin de chaque journée de privation soude la communauté.

Le hadj (le pèlerinage à La Mecque), pour ceux qui en ont les moyens financiers, incombe aux croyants au moins une fois dans leur vie. Il commémore l’allégeance d’Abraham à Dieu et sa volonté de lui sacrifier son fils, qui selon la tradition musulmane est Ismaël, et non Isaac. La cérémonie commence avec l’acte de repentance devant Dieu et la sollicitation du pardon d’amis et de la famille avant le voyage à La Mecque. L’homme en pèlerinage porte deux pièces de tissu blanc qui symbolise la fraternité universelle (umma) à laquelle il fait partie, ainsi que le renouveau spirituel auquel il aspire. Le pèlerinage de la femme ne présente pas de différence de motifs, d’intentions ou de sens, toutefois son code vestimentaire diffère pour répondre aux exigences islamiques du port du hijab (voile). Le pèlerinage rappelle et dépeint les événements marquants qui auraient eu lieu au cours de la vie d’Abraham et de sa famille. En plus de s’abstenir des plaisirs de la vie, le pèlerin médite au mont Arafat au cours du rituel de lapidation du diable (symbolisé par un pilier installé à l’endroit où l’on croit que Satan est apparu à Abraham pour le convaincre de ne pas remplir ses devoirs), l’offrande sacrificielle d’un animal (en commémoration du sacrifice abrahamique), la coupe ou le rasage des cheveux de la tête de l’homme ou de la femme (toujours dans un but sacrificiel), une marche entre les montagnes Safa et Marwa (en mémoire de la tentative désespérée de Hagar de trouver de l’eau pour Ismaël dans le désert et la source qui y jaillit soudainement pour elle) et la marche de procession autour de la Kaaba, l’édifice construit par Abraham et Ismaël en dévotion à Dieu et qui est l’élément central de la Grande Mosquée à La Mecque.

Le lieu de culte islamique, la mosquée, se caractérise par un intérieur spacieux et ouvert de même qu’un toit en forme de dôme incluant un minaret, soit une tour d’où le muezzin appelle les fidèles à vénérer Dieu. Les mosquées sont laïques; tous les musulmans y sont les bienvenus. Les services sont célébrés quotidiennement au mihrab, une alcôve semi-circulaire qui fait face à La Mecque, mais le vendredi, avant la prière du midi, l’imam ou khatib prononce un sermon d’une chaire appelée minbar pendant que les fidèles sont assis devant lui sur des tapis au centre de l’édifice. Au Canada, la première mosquée, Al Rashid, est construite à Edmonton en 1938 et déménagée plus tard au parc historique Fort Edmonton. (Voir aussi Hilwie Hamdon.) Les autres mosquées et centres musulmans ne sont pas organisés dans les principaux centres urbains avant les années 1950 et 1970. Les mosquées sont généralement gérées par la congrégation. (Voir Architecture religieuse.)

L’affirmation de l’islam

L’affirmation doctrinale essentielle de l’islam, comme stipulée dans le Coran, est la croyance en Dieu, ses messagers, ses livres, ses anges et le Dernier jour. Dieu est le seigneur du monde et sa présence se révèle à travers la nature et l’histoire. Il dispense conseils et assistance par l’intermédiaire des messagers, dont le premier est Adam et le dernier, Mohammed. Il confie des Écritures à chaque messager (par exemple, Moïse est chargé de la Torah, et Jésus, de l’Évangile). Afin de prévenir tout changement aux écrits, les musulmans croient que le Coran, la révélation de Dieu à Mohammed, doit non seulement être affirmé et préservé par écrit, mais aussi mémorisé en entier par le fidèle. Le Coran enseigne que Dieu a créé les anges et ses serviteurs à partir de la lumière. Gabriel révèle qu’Izrail est l’ange de la mort, et Michael fait retentir la trompette annonciatrice de la Résurrection. Les musulmans croient que, au jour du Jugement, les humains devront rendre compte de toutes leurs intentions, pensées et actions. Celui qui est juste et vit selon les préceptes du Coran sera récompensé dans le Jardin, soit le paradis, mais celui qui ne suit pas les enseignements sera condamné au feu.

L’islam au Canada

La mosaïque islamique au Canada est le résultat d’une variété de facteurs incluant les changements dans les politiques d’immigration canadiennes autant que les bouleversements économiques et politiques qui touchent les musulmans dans leurs pays d’origine. Le recensement de 1871 indique qu’il n’y a que 13 musulmans au Canada. En 1931, on en compte 645, principalement en provenance du Liban, de l’Albanie, de la Syrie, de la Yougoslavie et de la Turquie. L’afflux d’immigrants après la Deuxième Guerre mondiale porte ce nombre à 33 370 en 1971. La majorité de cette vague d’immigrants est très instruite; ce sont des professionnels occidentalisés qui viennent s’installer au Canada afin d’y partager la prospérité économique. Ils viennent principalement du Liban, de la Syrie, de l’Indonésie, du Maroc, de la Palestine, de l’Égypte, de l’Irak et de la région du sous-continent indien, pakistanais et bangladais. De 1966 à 1970, des milliers d’ouvriers de descendance indo-pakistanaise immigrent afin d’échapper à la discrimination dont ils sont victimes en Afrique de l’Est et en Grande-Bretagne. Plus récemment, on compte parmi les immigrants musulmans des travailleurs venus du sud du Liban, de la Somalie et des Balkans fuyant un pays dévasté par la guerre et des réfugiés politiques venus de l’Iran et de l’Afghanistan.

Les premiers établissements musulmans se concentrent en Ontario et en Alberta puis dans les années 1930, au Québec. La plupart des musulmans qui arrivent au Canada depuis les années 1960 s’installent dans les centres urbains, et 70 % des musulmans vivent maintenant dans les régions métropolitaines de Toronto, Montréal et Vancouver; ce chiffre atteint presque 80 % si on inclut Edmonton et Calgary dans le résultat. L’Enquête auprès des ménages de 2011 de Statistique Canada révèle que plus de 1,05 million de Canadiens s’identifiaient comme musulmans, soit environ 3,2 % de la population canadienne. Ils appartiennent à un large éventail de cultures ethniques et parlent une variété de langues.


Institutions islamiques

Une forte majorité de musulmans, au Canada et dans le monde, sont sunnites, et les autres sont chiites. Ces deux appellations reflètent les vieilles divisions politiques de l’histoire de ce mouvement religieux. Alors qu’ils vivent tous selon les préceptes du Coran et les enseignements de Mohammed, les chiites, eux, croient qu’Ali (le beau-fils et cousin de Mohammed) a été désigné comme son successeur et que la direction de la communauté (connue sous le nom d’imamat) revient à la descendance de Mohammed. Tous les musulmans croient qu’il n’y a plus de prophète envoyé par Dieu; cependant, l’islam chiite accepte les imams comme chefs spirituels, dépositaires de la doctrine musulmane depuis la mort du Prophète.

D’autres groupes existent au sein de ces deux branches. Les chiites duodécimains croient que l’imamat culmine avec la disparition du 12e imam, en 874, alors que les ismaéliens croient en une succession d’Imams descendants du Prophète sous l’autorité de l’Aga Khan. Parmi les autres branches islamiques du Canada figurent les soufis (fidèles à la tradition mystique) et les sectes considérées comme non islamiques par la majorité, comme les druzes, les alaouites et les qadyanis.

Pour les musulmans sunnites, le Canada représente un défi particulier puisqu’ils n’ont pas de chefs désignés. L’organisation se fait depuis toujours essentiellement à l’échelle locale; cependant, de sérieux efforts ont été faits aux niveaux national et continental. La Fédération des associations islamiques des États-Unis et du Canada est formée dans les années 1950 par des musulmans de deuxième génération d’origine arabe. En 1962, l’Association des étudiants musulmans est formée afin d’insuffler la conscience islamique dans l’esprit des étudiants musulmans en Amérique du Nord. En 1972, d’anciens étudiants forment un conseil indépendant, le Conseil des communautés musulmanes du Canada en 1972, qui est cependant dissous dix ans plus tard. Le conseil essaie d’intégrer les musulmans aux autres groupes ethniques et linguistiques. Puis leurs objectifs se modifient et le conseil tisse des liens entre les musulmans canadiens et d’autres groupes nationaux et internationaux afin de mettre sur pied des camps jeunesse, d’offrir des bourses aux musulmans et de publier des manuels scolaires et des livres sur l’islam. Aujourd’hui, l’Islamic Society of North America (ISNA) joue un rôle comparable. La nature même des organisations et leurs objectifs changent à mesure que la communauté musulmane se diversifie. Au Canada, les groupes ayant pour mission l’avancement du programme politique des communautés musulmanes influentes protègent les droits des citoyens musulmans, notamment la Canadian Council on American-Islamic Relations (CAIR-CAN), le Congrès islamique canadien (CIC), le conseil canadien des femmes musulmanes et la fondation philanthropique Olive Tree Foundation. Le Congrès musulman canadien a pour mission d’encourager la discussion et l’interprétation de l’islam qui diffèrent des croyances religieuses de la majorité des musulmans.

Défis

Il est souvent difficile pour les immigrants d’intégrer les pratiques islamiques à leur vie au Canada en raison des pressions exercées par une société traditionnellement chrétienne et des différences de valeurs familiales. Ici, rien ne leur rappelle qu’il faut faire les cinq prières quotidiennes. De plus, il faut négocier des permissions spéciales auprès des écoles et des employeurs pour obtenir le temps nécessaire aux prières et aux fêtes religieuses. Quelques musulmans modernes remettent en question le besoin de payer la zakat, puisque le gouvernement canadien s’occupe des démunis. L’interdit islamique de la pratique de l’usure soulève aussi les questionnements, puisque le paiement d’intérêts sur les achats est une composante habituelle de la vie économique canadienne. Les restrictions alimentaires islamiques quant aux pratiques d’abattage d’animaux de consommation, au porc ainsi qu’à l’alcool sont souvent vues comme des freins à l’intégration sociale.

La source majeure de tensions entre les communautés musulmanes et l’ensemble de la société canadienne semble être la relation entre les hommes et les femmes. En effet, la culture traditionnelle musulmane définit des rôles propres à chacun des sexes qui n’existent pas dans les sociétés modernes occidentales. Des groupes religieux, dont des musulmans, soutiennent que le système juridique séculier ne prend pas suffisamment en compte les lois et les traditions de leurs religions. En 2003 et en 2005, des débats publics sont organisés en Ontario pour discuter d’une proposition faite par une organisation musulmane pour faciliter l’accès à l’arbitrage privé fondé sur les croyances de la charia. Les groupes de femmes, les organisations juridiques et le Congrès musulman canadien s’inquiètent des conséquences que ce choix pourrait avoir pour les plus vulnérables de la communauté. La Loi sur l’arbitrage de l’Ontario permet alors un « arbitrage basé sur la foi » quand cette solution est acceptée par toutes les parties concernées, ce qui permet aux gens de régler des contentieux en matière civile, entre autres dans les domaines du divorce, de la garde et du droit successoral en dehors des instances juridiques officielles.

Cette décision soulève plusieurs inquiétudes : l’arbitrage basé sur la religion pourrait être injuste ou inefficace pour les femmes; les normes internationales en matière de droits de la personne pourraient ne pas être respectées; l’arbitrage ne prendrait pas en compte toutes les interprétations possibles de la loi religieuse. Certains se demandent ainsi si les décisions rendues peuvent s’appliquer en vertu des lois canadiennes. Cette controverse encourage le premier ministre Dalton McGuinty à mandater l’ancienne ministre de la Justice et responsable de la question féminine Marion Boyd pour qu’elle enquête sur les risques que représente ce type de médiation. Suite à son étude, Boyd émet la recommandation de permettre l’arbitrage privé basé sur la religion, mais également de mettre en place les mesures de protection des droits appropriés pour les parties vulnérables. Toutefois, la réaction des citoyens à la publication des conclusions de l’enquête pousse McGuinty à interdire l’arbitrage religieux.

Le débat entourant les accommodements raisonnables des immigrants au Québec en 2007 et la recherche d’une définition de ce qu’est réellement un accommodement « raisonnable » sont déclenchés après l’adoption par la petite localité d’Hérouville d’un code de conduite des immigrants, appelés aussi « nouveaux arrivants », qui comporte un règlement interdisant la lapidation des femmes. Le village modifie son code de conduite pour le moins exagéré et ses descriptions des « normes dominantes » des habitants de la communauté rurale après une rencontre des femmes musulmanes du Congrès islamique canadien avec les membres du conseil municipal. Les conflits entre les exigences religieuses et les valeurs de la société laïque québécoise incitent le premier ministre Jean Charest à mandater d’éminents universitaires, Gérard Bouchard et Charles Taylor, pour étudier les concepts et les limites de « l’accommodement raisonnable » dans la société canadienne. Bouchard et Taylor se concentrent sur la religion et le rôle de l’interculturalisme au Québec (par opposition au multiculturalisme présent dans le Canada anglais) ainsi que sur l’identité culturelle de plus en plus variée de la société québécoise. (Voir Commission Bouchard-Taylor; Laïcité au Québec.)

Le débat sur la laïcité québécoise et les accommodements religieux a persisté au fil des ans. En 2013, le gouvernement du Parti québécois propose une Charte des valeurs québécoises. Cette proposition prévoit d’interdire à tous les fonctionnaires de porter des articles religieux, y compris le hijab, afin de faire respecter la laïcité de l’État. L’initiative est fortement critiquée par les défenseurs de la cause, car elle porte atteinte aux droits religieux des minorités. Le projet de loi n’est jamais adopté. En 2019, le gouvernement de la Coalition Avenir Québec de François Legault adopte le projet de loi 21. Celui-ci interdit aux fonctionnaires en position d’autorité (comme les enseignants, les policiers et les juges) de porter des symboles religieux. La loi utilise notamment la clause dérogatoire pour contourner la Charte canadienne des droits et libertés. De nombreux activistes musulmans critiquent la loi, estimant qu’elle empêche les femmes portant le hijab d’accéder à de nombreux emplois. Certains affirment même qu’elle encourage l’islamophobie. Un sondage Léger de janvier 2022 révèle que 55 % des Québécois soutiennent le projet de loi 21.

L’islam au Canada aujourd’hui

Le débat entourant l’islam, le multiculturalisme canadien (ou interculturalisme) et la diversité est rendu plus complexe en raison des politiques et des événements internationaux, notamment les attaques terroristes du 11 septembre et les guerres qui s’en suivent en Afghanistan et en Irak (voir Le 11 septembre et le Canada; Le Canada et la guerre en Afghanistan). Les problèmes internationaux créent un climat de méfiance entre les communautés musulmanes et les instances gouvernementales. Une étude réalisée par Statistique Canada révèle qu’en 2006, des 220 crimes de haine motivés par la religion, 21 % sont perpétrés contre des musulmans ou contre l’Islam. (Voir Islamophobie au Canada.) En 2017, un tireur attaque une mosquée à Sainte-Foy, tuant 6 personnes et en blessant 5 autres. ( Voir Fusillade à la mosquée de Québec.)

Des organisations communautaires islamiques tendent pourtant la main à d’autres groupes religieux et communautaires. Dans les années 1980, l’Islam West Associates encourage la compréhension mutuelle entre les musulmans et l’ensemble des Canadiens. Plus récemment, des efforts sont faits pour faire découvrir les apports culturels, scientifiques et artistiques des musulmans à l’ensemble de la société canadienne dans le cadre d’expositions présentées dans quelques-uns des plus grands musées au pays. En 2014, une collection permanente d’objets d’art et d’artefacts du monde musulman ouvre ses portes au musée Aga Khan de Toronto. En 2007, la CBC présente la première de la comédie Little Mosque on the Prairie qui raconte les péripéties d’une petite communauté musulmane dans une région rurale de la Saskatchewan. Un documentaire intitulé Me and the Mosque (v.f. Une femme dans la Mosquée), réalisé plus tôt par le créateur de Little Mosque Zarqa Nawaz, illustre le rôle de la femme dans les mosquées canadiennes. (Voir aussi Hilwie Hamdon.) Il décrit aussi la prise de conscience des musulmans canadiens de seconde génération du besoin de fusionner leur héritage religieux aux sensibilités canadiennes.

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