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Conrad Santos

Conrad Santos, politicien canadien d’origine philippine (né le 26 novembre 1934 à Bulacan, aux Philippines; décédé le 29 février 2016 à Winnipeg, au Manitoba). Conrad Santos a été le premier Canadien d’origine philippine à être élu à une assemblée législative au Canada. À partir de 1981, il a été élu député cinq fois (voir Députés des législatures provinciales et territoriales). Il a représenté les circonscriptions de Burrows, Broadway et Wellington à Winnipeg jusqu’à sa défaite en 2007.

Conrad Santos

Jeunesse et éducation

Le nom de Conrad Santos à sa naissance est Conrado de Regla Santos. Il est l’un des sept enfants de Federico Santos et d’Eugenia Marcelina de Regla. La famille vient de la ville de Malolos dans les Philippines. Sa famille et ses amis l’appellent Conrado ou ka Rading.

Conrad Santos passe l’examen du barreau aux Philippines en 1960 après avoir obtenu deux diplômes en droit de l’Université des Philippines. Il fait également sa maîtrise en administration publique l’année suivante. Plus tard, il étudie à la Harvard University Law School et il obtient sa maîtrise en droit en juin 1962. Cette même année, il étudie à l’Université du Michigan où il obtient son doctorat en sciences politiques en 1964.

Conrad Santos épouse Emerita G. Maglaya et ils ont trois enfants : Evelyn, Conrad, et Robert.

Immigration

Conrad Santos déménage à Winnipeg, au Manitoba, en 1965. Il devient chargé de cours en études politiques à l’Université du Manitoba. Alors qu’il travaille à l’université, il suit également des cours de droit pour pouvoir repasser l’examen du barreau. Il est également boursier postdoctoral à l’Université de Chicago de 1971 à 1972.

En 1972, il devient consultant pour l’Agence canadienne de développement international. Il est consultant pour le ICAP, ou Instituto Centroamericano de Administracion Publica (Institut centraméricain d’administration publique) du Costa Rica. Fondé en 1954, le ICAP forme des fonctionnaires et fournit des conseils aux gouvernements d’Amérique centrale. De 1977 à 1980, Conrad Santos est également membre du conseil d’administration du Citizenship Council of Manitoba. (Voir aussi Citoyenneté canadienne.)

Carrière politique

La première tentative de Conrad Santos pour se porter candidat à une élection pour une charge publique a lieu lors des élections générales de 1973 au Manitoba (voir Système électoral canadien). Plus tard, il mentionnera qu’il est entré en politique pour avoir un gouvernement qui répond aux besoins d’une communauté diversifiée. Il se présente comme candidat du Nouveau Parti démocratique (NPD) dans la circonscription de Fort Garry, mais il perd ses élections.

Conrad Santos se présente à nouveau pour une charge publique en 1977, mais cette fois lors des élections municipales (voir Politique municipale). Il annonce sa candidature au conseil municipal de Winnipeg pour représenter le quartier Pembina, mais sa candidature est rejetée cette année-là. En 1980, sa campagne au conseil municipal échoue encore une fois.

La deuxième campagne provinciale de Conrad Santos est un succès en 1981. Le 17 novembre, il est élu dans la circonscription de Burrows, située dans le nord-ouest de Winnipeg. Il remporte la circonscription avec une majorité de 3506 voix. Conrad Santos devient le premier Canadien d’origine philippine à être élu à une Assemblée législative au Canada. (Voir Députés des législatures provinciales et territoriales.)

Conrad Santos prononce son premier discours à l’Assemblée législative du Manitoba le 26 février 1982. Il souligne l’importance de l’intégrité des fonctionnaires. Il évoque également la responsabilité du gouvernement dans l’exercice de son pouvoir et dans la promotion des droits du peuple. Son discours est accueilli avec des éloges. Conrad Santos est réélu lors des élections de 1986, et il devient ensuite vice-président de l’Assemblée législative. Il est également nommé au conseil d’administration de la Société d’assurance publique du Manitoba par le premier ministre provincial de l’époque, Howard Pawley. Conrad Santos représente sa circonscription en tant que député néo-démocrate pendant sept années consécutives.

En 1988, le gouvernement néo-démocrate au pouvoir fait face à des divisions internes et est défait lorsqu’un député néo-démocrate fait défection à l’opposition. À l’approche des élections de 1988, Conrad Santos perd l’investiture de son parti dans la circonscription de Burrows au profit de son collègue néo-démocrate Doug Martindale. Conrad Santos est à l’époque aux prises avec de la controverse. Il est accusé d’avoir utilisé son influence politique pour empêcher la division scolaire de Winnipeg d’exproprier sa maison. Conrad Santos croit qu’il a perdu l’investiture parce que certains de ses partisans n’étaient pas inclus dans les listes électorales.

En 1988, le premier ministre Howard Pawley démissionne de son poste de chef. Conrad Santos tente de se présenter comme chef de parti du NPD, mais il se joint à la course un peu tard. Finalement, il n’obtient que cinq votes. Il passe en politique municipale, et se présente pour devenir maire de Winnipeg lors des élections municipales de 1989. Il arrive quatrième parmi les dix candidats.

En 1990, Conrad Santos annonce qu’il se porte candidat pour le NPD à l’investiture de Broadway. Cependant, les chefs de parti préfèrent Marianne Cerilli, âgée de 28 ans, comme candidate officielle. Celle-ci est une candidate plus jeune avec beaucoup de potentiel. Néanmoins, Conrad Santos bat Marianne Cerilli par une voix. Les résultats des élections générales qui suivent sont également très serrés. Le 11 septembre, Conrad Santos est déclaré vainqueur contre la députée libérale siégeante Avis Gray par une différence de 108 voix seulement.

Conrad Santos représente la circonscription de Winnipeg durant neuf ans après avoir été réélu en avril 1995. En 1999, la circonscription électorale de Broadway est dissoute et morcelée. Au lieu, Conrad Santos remporte l’investiture du NPD dans la nouvelle circonscription de Wellington, et il est réélu à l’Assemblée législative du Manitoba le 21 septembre. Il est également nommé vice-président (voir aussi Président de la Chambre des communes), bien qu’il ne soit pas inclus dans le cabinet du gouvernement. Il sert un deuxième mandat dans la circonscription après que ses électeurs le réélisent en 2003.

Conrad Santos est un politicien avant-gardiste. Sa carrière au sein de l’Assemblée législative du Manitoba ouvre la voie à d’autres politiciens d’origine philippine. Il promeut l’éducation multiculturelle pour apaiser les tensions raciales et tenir la police responsable de ses actes. Il est également un fervent partisan des luttes de la classe ouvrière immigrante (voir aussi Il est reconnu pour sa bicyclette vintage sur laquelle il se déplace entre l’Assemblée législative et son domicile à Fort Garry. Il porte également typiquement un béret militaire et un sac en bandoulière.

En 2002, Conrad Santos reçoit la Médaille du jubilé d’or de la reine Elizabeth II pour ses années de services communautaires.

Retombée

Conrad Santos se retrouve embourbé dans un scandale d’adhésion peu avant les élections de 2007. Il est accusé d’avoir recruté des membres du parti de manière inappropriée. Il aurait payé de sa propre poche les cotisations d’adhésion des nouvelles recrues, ce qui n’est pas autorisé. Initialement, Conrad Santos nie ces allégations. À l’approche des élections, il démissionne du NPD et devient candidat indépendant. Il termine dernier dans la course. Flor Marcelino est élue en tant que nouvelle députée néo-démocrate. Elle devient la première femme racialisée à être élue au Manitoba, et la première femme d’origine philippine à être élue à une assemblée législative provinciale.

Conrad Santos plaide éventuellement coupable d’avoir enfreint la Loi sur le financement des élections de la province. Il admet avoir sollicité 100 personnes pour joindre le parti afin de pouvoir conserver sa nomination. Il est condamné à une amende de 200 $ pour fausses adhésions et à 150 $ de frais judiciaires.

Bien que Conrad Santois soit reconnu coupable, son assistant exécutif fait savoir qu’il tentait simplement d’aider ses partisans ayant de faibles revenus. L’assistant déclare que le député « n’avait pas le cœur » d’exiger des frais d’adhésion à des personnes qui n’arrivaient pas à nourrir leurs propres familles. Il invoque également la mauvaise santé de Conrad Santos comme une entrave à sa prise de décision.

Vie ultérieure

Conrad Santos demeure actif au sein de la communauté philippine durant plusieurs années. Il est impliqué dans plusieurs organismes de Winnipeg, incluant la Bulacan Association of Winnipeg et les Knights of Rizal. Il offre également des conseils à des groupes tels que la Philippine Association of Manitoba et le Conseil national des associations canadiennes des Philippines. Conrad Santos meurt à l’hôpital Victoria General de Winnipeg le 29 février 2016, à l’âge de 81 ans.